Si l'on croyait connaître l'Aveyron, l'auteure nous en décèle tant d'aspects intimes et matériels à la fois, que l'on sillonne cette région au fil des pages savantes: plus qu'un roman, c'est une promenade géologique, historique, une initiation aux moeurs régionales que l'on savoure ici; la langue elle aussi est savoureuse par sa précision, les investigations dans les domaines cités; là l'humain n'est qu'un modeste élément au sein de cette puissante mais austère nature, et la narratrice prudente et discrète ne s'accorde pas davantage d'importance qu'aux ancêtres . D'ailleurs, que le récit s'échelonne, de façon non linéaire, de 1675 à 2015... de quoi prendre son temps à le lire!
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Après Ligne & Fils premier tome de cette trilogie que j'avais beaucoup aimé comme tout ce qu'écrit par ailleurs cette auteure, je reste sur ma faim avec ce roman. Lignées de généalogies se mêlant à la description géographique de l'Aveyron et plus exactement aux roches, aux sources, Emmanuel Pagano remonte le temps. On navigue de son enfance à des temps que seules les archives contiennent. Donnant vie à ses ascendants, leur confiant paroles et pensées, malgré la musique de l'écriture très proche de la nature, il m'a manquée une cohésion, un rythme chronologique et des repères pour soutenir cette architecture un peu emmêlée. Dommage.
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Dans cet ouvrage, l'auteure n'hésite pas à faire un rude et profond labour de la mémoire familiale, à l'image de ces ancêtres à qui ils en coûtèrent en leurs chairs même de faire les "bêtes de trait". Nul doute que ces traits d'écriture ne se firent pas eux non plus, sans "stigmates".
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Après avoir lu Lignes et Fils, je pensais me réjouir avec Sauf riverains....et bien non, pas du tout, j'ai abandonné cette lecture qui pour moi, était insipide, lente, ressemblant plus à un bouquin de géologie qu'à un roman! Rare chez moi, mais là, je n'ai pas pu aller plus loin que les dix premières pages!
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À partir des vignes de son grand-père noyées sous les eaux d’un barrage, Emmanuelle Pagano étire une magnifique narration familiale et cosmique.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Une étrange autobiographie géologique qui prend naissance dans le big bang, et dans laquelle l'eau, la terre ou la roche de l'Aveyron ont la parole.
Lire la critique sur le site : Telerama
En essayant de me représenter, pour l'écrire, le regard des promeneurs par la baie vitrée de ma jeunesse, j'ai réalisé qu'en publiant ce livre, je construirai moi aussi une passerelle permettant à tout le monde de marcher là, sur le lac familial, et regarder dans notre maison. Je rendrai cet endroit visible, lisible par tous, j'ouvrirai le portail j’enlèverai le garde-fou des terrasses, je rendrai public ce récit privé. Ces moments de mon passé ne seront plus réservés aux seuls membres de la famille, plus jamais sauf riverains.
Les petits causses viennent de se répandre au fond des vallons de la ruffe. Une fois le relief inversé, ils se présentent comme des paliers, des marches de basalte entre la future vallée, bientôt creusée, et les vastes plateaux, les grands causses. Nommés Toucou, Auverne, ils se dressent au premier plan de ma carte personnelle, sans cesse pliée et dépliée, formant une étape géologique entre ma famille paternelle, celle du bas, et ma famille maternelle, celle du haut. Depuis mon point de vue étriqué et romanesque, ma courte généalogie, ils fossiliseront des aires de jeux et des rêveries à ciel ouvert et immense sur mon enfance. Ces hauteurs intermédiaires, par ce livre renversées, comme boules de neige artificielle sur ma mémoire, des boules de souvenir engourdis, sans cesse secouées pour l'écrire, dépasseront néanmoins de loin, et depuis longtemps, ce roman et ma petite vie.
La lave, remontée du manteau terrestre, a emprunté les fissures naturelles de la ruffe. Elle s’est hissée en elle, l’a débordée, s’est épanchée de préférence dans les dépressions. La protection magmatique fera défaut à la ruffe restée en relief et qui n’a pas été recouverte par la coulée basaltique, plus résistante à l’usure des éléments que les alluvions nues : lorsque l’érosion reprendra, elle sera plus forte sur les parties qui étaient précédemment en hauteur, et les dépôts volcaniques deviendront des sommets. Pour l’heure, cette lave neuve, arrivée en pression turbulente à la surface, se refroidit : elle durcit, s’assombrissant, cachant par endroits la chair rouge enfin sèche de la ruffe.
Emmanuelle Salasc - Ni de lait ni de laine - éditions P.O.L
Où Emmanuelle Salasc - qui s'est appelée Emmanuelle Pagano - tente de dire de quoi et comment est composé son recueil de nouvelles "Ni de lait ni de laine" et où il est notamment question de l'écriture de textes courts, du je et du nous, du il et du elle, de familles dysfonctionnelles et d'autobiographie, d'identification aux personnages et de non fiction, de la parution en "formatpoche de '"Nouons nous", -et où Emmanuelle Salasc lit la nouvelle "A trottinette"-, à l'occasion de la parution aux éditions P.O.L de "Ni de lait ni de laine", à Paris le 17 avril 2024
"La famille, tout le monde en a une, même ceux qui n'en ont pas, même ceux qui en ont plusieurs.
La famille, c'est l'endroit au monde où on est le plus aimé, le plus haï, le plus protégé, le plus violenté, le plus soutenu, le plus abandonné, le plus nié, le plus encouragé, le plus cajolé, le plus admiré, le plus dénigré, le plus compris, le plus incompris. La famille est un superlatif. On y est seul, on y est nombreux."
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