L'auteur analyse ici les méthodes d'éducation qui, du XVIème au XIXème siècles, furent utilisées dans notre pays pour élever les "Demoiselles", filles de la noblesse en général et, au XIXème, filles de la bourgeoisie.
Par de larges extraits de leur oeuvre ou de leur correspondance, le lecteur y découvre, s'il ne les connaît déjà, des éducatrices telles
Jacqueline Pascal (Port-Royal), Mme de Maintenon (Saint-Cyr), Mme de Genlis (préceptrice du futur Louis-Philippe) et Mme Campan (les Maisons de la Légion d'Honneur créées par
Bonaparte.) Côté élèves, on y entrevoit la future
Marie d'Agoult et Aurore Dupin, plus tard
George Sand.
Sous les styles vieillis, on s'étonne souvent de découvrir chez ces femmes des côtés modernes qui nous parlent toujours. Mme de Maintenon affirme ainsi que, avec de l'amour, on peut obtenir beaucoup d'un enfant - bien plus qu'avec des punitions auxquelles on ne doit d'ailleurs recourir qu'en dernier ressort car, nous dit-elle encore, trop de punitions font perdre toute crédibilité aux éducateurs.
Certains s'étonneront également de découvrir un Rousseau qui, pour sa part, estimait que les filles pouvaient se passer d'apprendre à lire et à écrire. Cette recommandation est toujours soigneusement ignorée par ses hagiographes habituels mais hélas ! il l'a bien faite et refaite.
On note des contradictions souvent amusantes. Il était ainsi recommandé de n'enseigner ni latin, ni langues vivantes autres que le français aux petites Demoiselles des couvents et des maisons d'éducation aussi prestigieux que le Sacré-Coeur ou Saint-Cyr. Pourtant, les filles ne manquaient pas d'y avoir droit parce que ces connaissances pouvaient leur servir plus tard dans le monde.
On apprend entre autres que les pensionnats-couvents ont pris un réel essor au XVIIIème siècle et que Mme de Maintenon y fut évidemment pour beaucoup. Cette éducation reçue en-dehors du cercle familial était bien plus que ce que pouvaient espérer les Demoiselles lorsqu'elles restaient chez elle où, sauf exception somme toute assez rare, il n'était pas question pour elle de bénéficier des mêmes cours que leurs frères
Bien entendu, le poids de l'Eglise se fait sentir dans tous ces règlements, ces méthodes, ces programmes souvent plus riches qu'on ne s'y attend. Elle culminera au XIXème siècle, ère où la bourgeoisie triomphe enfin de l'aristocratie et où, peu à peu, l'"éducation brillante" se substituera pour beaucoup à la "bonne éducation."
De notre XXème siècle,
Paule Constant ne dit rien. Mais existe-t-il encore des "Demoiselles" ? ... ;o)