Un prix Goncourt qui nous relate l'espionnage dont fut l'objet
Bertold Brecht après la guerre de 45 par une comédienne allemande de sa troupe.
Dans un contexte de guerre froide en Allemagne de l'est et période, avant et pendant la construction du mur de Berlin Amette nous livre une description d'un couple à trois ;
Brecht le grand homme autour duquel s'articule les activités de sa femme Hélène gestionnaire de la troupe et la maîtresse du moment Maria comédienne et espionne de la stasi à ses heures.
La RDA est exsangue et lugubre comme Berlin et Buckov lieu de villégiature de
Brecht et la Stasi met en place une mécanique de surveillance précise de
Brecht révélatrice de sa schizophrénie pour les intellectuels
Brecht est décrit comme un personnage antipathique un peu pompeux et toujours prêt à à faire profiter à son entourage de ses pensées fulgurantes sur le théâtre mais sur aussi la société allemande et la politique . Assez grossier dans ses rapports avec ses femmes il abuse d'une autorité de metteur en scène et de sa notoriété et se comporte en petit roitelet avec les siens
Sa femme qui subit sans broncher ses incartades mais militante et encarté au parti, mène avec efficacité la troupe berlinoise
Sa maîtresse Maria qui par pragmatisme, par admiration du maître et par idéologie on ne sait pas trop , va informer la Stasi sur tous ses faits et gestes et surtout ses dits Une petite fille malade à l'ouest et un père et mari nazis justifie son opportunisme envers
Brecht et son activisme modéré pour le communisme
En filigramme un espion est allemand Hans amoureux et mentor de Maria très cafardeux et triste à mourir mais le doigt sur la couture du pantalon
un deuxième espion Théo véritable Bérurier ronchonnant et « inculturé » de la stasi antipathique personnage mais qui paradoxalement met un peu d'ambiance avec ses sandwichs au pain noir mangés dans la Mercedes grise et ses préoccupations érotiques
Que dire de ce livre? Tout a été dit sur cette période du moins énormément de chose . Était-il nécessaire de reprendre les poncifs des livres précédents : paranoïa de la Stasi , les voiture grises ou noires en planque, le Zorki pour photographier les textes dans la poubelle, les rendez-vous dans des lieux blafards, des paysages est- allemands ( de mica) inévitablement mornes, pluvieux, noirs et moroses
Livre terreux en noir et blanc qui évoque une image ancienne mais nostalgique, entêtante et convenue d'un pays de l'est communiste forcement lugubre et ombreux Livre uniforme d'une ambiance froide avec une espionne atone et sans joie qui assure quotidiennement sa survie.
Livre d' espionnage de chuchotements silencieux et gris
Livre sur une vie bien ordinaire de
Brecht, amant bien ordinaire avec quelques petites préférences sexuelles particulière, dans une RDA bien ordinaire et un entourage tout ce qu'il y a de plus ordinaire
Il y a quelque chose de John le Carré dans cette histoire car il ne se passe strictement rien car la vie d'une taupe est vide et il n'y a donc par définition rien ! le Carré était déjà passé par là avec brio mais sans prix littéraire
Hormis quelques jérémiades et forfanteries de
Brecht, une scène érotique , raffinée mais très brève, avec un manche de brosse à cheveux , les émois amoureux de Hans et Maria maussades et aigres et aussi tenus qu'un friselis , les Mercedes grises en filature les aigreurs et noirceurs des rapports de ce monde consternant qui rivalisent avec les idées noires de
Franquin, c'est un livre bien inutile et terne
Mais pourquoi ce prix Goncourt?