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Dominique Autrand (Traducteur)
EAN : 9782226470300
224 pages
Albin Michel (02/11/2023)
3.67/5   9 notes
Résumé :
Peut-on recommencer sa vie à près de cinquante ans ?

En faisant le choix de s'installer, seule, dans une maison isolée au bord de la Baltique, la narratrice laisse derrière elle ses plus précieux repères : sa fille unique et le père de celle-ci, qu'elle a quitté mais dont elle est restée proche.
Pour trouver sa place dans ce nouvel environnement, elle travaille comme serveuse dans un bistrot du port, tenu par son frère Sascha. Noue une amitié ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Daheim (2021) – Une clarté dans le lointain (2023) est un court mais non moins intense et subtil roman de tout juste deux cents pages dans lequel Judith Hermann s'intéresse aux thématiques de l'enfermement et de liberté, de l'appartenance et du recommencement. de l'ambivalence de la solitude aussi, une solitude qui peut se révéler à la fois douloureuse et libératrice.

Une clarté dans le lointain est une histoire de boîtes. Celle d'une boîte dans laquelle la narratrice est volontairement entrée trente ans auparavant pour se faire couper en deux par un magicien, celle d'une boîte dans laquelle une fillette devenue une jeune femme perturbée fut régulièrement enfermée par sa mère maltraitante, celle d'une boîte, enfin, devant servir à piéger la fouine qui gâche les nuits de la narratrice depuis qu'elle s'est installée dans une minuscule maison isolée quelque part au bord de la mer des Wadden, dans le Nord-Ouest de l'Allemagne.

Judith Hermann écrit avec subtilité et force l'enfermement, l'emprisonnement, qu'il soit subi, imposé, ou parfois choisi. Mais elle écrit aussi parfaitement le désir de liberté résultant du refus de se faire enfermer dans une vie jugée trop étriquée et conformiste.

Après que sa fille devenue majeure a quitté l'école et la maison pour s'en aller vivre libre de toutes attaches et naviguer quelque part sur les eaux glaciales de l'Arctique, la narratrice désormais divorcée a décidé de tout recommencer. C'est ainsi qu'à quarante-sept ans, elle a quitté ville, appartement et emploi pour s'installer, seule, dans une minuscule maison délabrée et isolée, quelque part à l'écart d'une bourgade que l'on devine être en Frise, dans le Schleswig-Holstein. C'est là qu'elle travaille cinq jours par semaine comme serveuse dans le bistrot de son frère Sascha. Pourra-t-elle retrouver un nouveau chez soi, se sentir véritablement chez elle, Daheim, dans ce nouvel environnement si différent du sien et entourée de gens solitaires et taciturnes dont certains n'ont jamais éprouvé le besoin de quitter leur maison, même pour un week-end?

Judith Hermann brosse des portraits très réussis de personnages hautement imparfaits, tous plus ou moins enfermés dans une vie qu'ils n'ont pas forcément choisie et en proie à des attentes, des peurs et des questionnements universels. Ainsi Otis, l'ex-mari de la narratrice avec lequel elle est restée en bon contact, est un survivaliste convaincu, un homme obnubilé, enfermé chez lui dans sa crainte de la fin du monde. Il a accumulé tant d'objets au fil des ans pour être sûr d'être prêt le jour J qu'il n'a jamais pu vivre ensemble dans le même appartement avec sa femme et sa fille. Arild, lui, se contente parfaitement de sa vie très solitaire, de son immense ferme et de ses mille cochons, tandis que sa soeur Mimi, une artiste et la seule voisine de la narratrice, ivre d'espace et de liberté chante parfois nue dans son jardin et pour se sentir vivante se baigne tous les jours nue dans la froide Mer des Wadden. Enfin, Sascha, le frère aîné de la narratrice, un célibataire de presque soixante ans, s'est enfermé dans une relation amoureuse avec une jeunette de vingt-ans, une jeune femme fortement perturbée qui le maltraite au quotidien mais qu'il ne semble aimer que davantage.

Si le style du roman m'a un peu déconcertée au début (j'ai d'ailleurs par la suite relu le livre en allemand pour comparer), je m'y suis ensuite habituée, tant et si bien d'ailleurs que j'envisage maintenant de lire l'un des quatre recueils de nouvelles qui ont fait toute la renommée de Judith Hermann. Sachant que je ne suis pas du tout une amatrice de ce genre littéraire, c'est peu de dire qu'elle m'a fait forte impression.

Un très bonne lecture et une autrice à découvrir.

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Connue et reconnue pour ses recueils de nouvelles, la Berlinoise Judith Hermann n'avait jusqu'alors publié qu'un seul roman, Au début de l'amour, un faux thriller qui se distinguait surtout par son étrange atmosphère. de retour dans la fiction (relativement) longue avec Une clarté dans le lointain, l'autrice signe un roman cette fois davantage réussi, pour peu que l'on apprécie les ambiances insolites, au fil d'un récit qui commence par un presque voyage à Singapour pour se poursuivre dans une maison située à proximité de la Baltique. Tous les personnages du livre sont bizarres, assez asociaux et solitaires, dans une vague impression de prémices de fin du monde. Judith Hermann excelle dans les situations absurdes et les moments de gêne, décrits avec un sens de l'humour sous-jacent délectable, pour peu que l'on soit sensible à ses subtilités. En vrac, l'héroïne a failli être l'assistante d'un magicien et elle n'aurait rien eu contre le fait d'être découpée en deux à chaque représentation ; elle cherche à piéger une hypothétique fouine qui lui échappe sans cesse et n'existe peut-être pas ; elle entame une relation avec un éleveur de porcs qui n'est autre que le frère de sa voisine ; elle cherche à séparer son propre frère quasi sexagénaire d'une jeune écervelée de 20 ans, passablement perturbée, etc, etc. Dans un style limpide et ironique et un paysage de polders, l'écrivaine nous offre un roman inclassable et vivifiant comme l'air de la Baltique.
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La narratrice, à l'aube de la cinquantaine, est partie s'installer dans une maison isolée au bord de la Baltique. Séparée de son mari, Otis, elle est aussi la mère d'Ann partie découvrir le monde et avec laquelle elle a des rapports très épisodiques et apparemment compliqués. Dans le village où elle a trouvé refuge, elle travaille comme serveuse dans le café de son frère qui, à soixante ans, entretient une relation quelque peu morbide et toxique avec une jeune fille d'une vingtaine d'années. A ces personnages s'ajoutent Mimi, une voisine avec qui la narratrice va nouer une amitié et le frère de celle-ci, Arild, qui va devenir l'amant de la narratrice.

La lecture de ce texte est une plongée dans un monde inconnu, un peu flou et dans lequel les actes des personnages ne paraissent pas avoir de motivations précises. Il ne se passe pas grand-chose dans ce récit qui est plus un roman d'atmosphère. Un voile de mystère semble toutefois flotter en permanence autour des personnages et en premier lieu autour de la narratrice dont on ne connait pas vraiment ce qui l'a conduite à cet endroit.

Au fil du récit, elle va se remémorer des bribes de son passé dont l'épisode qui ouvre le roman et qui semble avoir joué un rôle fondateur trente ans auparavant. Plus jeune, alors qu'elle travaillait dans une usine de cigarettes, elle a reçu l'étrange proposition d'un magicien pour devenir son assistante et l'accompagner à Singapour. Proposition qu'elle va finalement refuser.

Judith Hermann nous fait ainsi vivre au coeur de cette petite communauté de 5 personnages, que leurs failles et leur extrême pudeur rassemblent. Avec, en marge, les personnages d'Otis et d'Ann qui rattachent la narratrice à son passé.

C'est un roman tout en subtilité qui traite à la fois de différentes formes d'enfermement (dans un lieu, une relation, le passé, une caisse ou un piège...) et d'aspiration à la liberté (de l'esprit, des corps). C'est poétique, parfois cru mais étrangement toujours empreint d'une certaine douceur. Une auteure à part, à découvrir.
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Au début de ce roman, la narratrice revient sur un épisode vécu trente ans auparavant. Une anecdote dont son esprit ne veut pas se débarrasser. À cette époque, un magicien rencontré par hasard lui propose un travail d'assistante. Un rôle qui consiste à s'allonger dans une boîte et à être sciée en deux.

Après cette expérience courte et troublante, le récit rejoint précipitamment le présent. La narratrice expédie en quelques phrases
le résumé de sa vie.

“J'ai rencontré Otis, nous nous sommes mariés et avons eu une fille, Ann. Ann est grande, et Otis et moi nous sommes séparés. Je vis depuis presque un an à la campagne, sur la côte Est, près de chez mon frère.”

D'emblée, on est frappé par l'immense liberté de l'écriture. Judith Hermann pose des questions sans s'encombrer de point d'interrogation, préfère les silences et les gestes aux sentiments, choisit des personnages superbement imparfaits : elle fait ce qu'elle veut.

Son héroïne également, elle qui a fait le choix d'une existence solitaire et rustique au rythme des marées, de la lune et des verres de schnaps. Elle jouit d'une liberté étrange, teintée de nostalgie, d'amitié, de renoncement - “presque tout dans la vie échoue.” de peur aussi. Jusqu'à installer un verrou à la porte de sa chambre et un piège pour la fouine qui l'inquiète.

Sur cette terre aride de fin du monde, elle apprivoise sa vie nouvelle, sans sa fille, sans son mari, auprès d'une voisine bizarre, de son frère amoureux d'une fille en cage, et d'un éleveur de cochons. Avec un verrou à sa porte, certes, mais qui peut rester grande ouverte.
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critiques presse (2)
LeFigaro
21 novembre 2023
"Une clarté dans le lointain" est l’expression d’une subjectivité absolue, d’une vision du monde, celle de la narratrice et forcément un peu celle de l’auteur qui façonna cette créature de fiction.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
SudOuestPresse
30 octobre 2023
L’Allemande Judith Hermann évoque, avec « Une clarté dans le lointain » l’ambivalence de la solitude, à la fois douloureuse et libératrice. Portrait d’une femme qui abandonne ses repères pour recommencer son existence.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse

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