Un court recueil de nouvelles. Que l'on peut classer en deux sortes : d'abord des récits "imaginaires", des histoires à la troisième personne, et à la fin du tome, des récits à la première personne, racontés par une petite fille, qui ressemble beaucoup à l'auteur, dont le vécu semble très proche du sien, sans qu'il soit possible, à moi tout au moins, qui ne connaît sa vie que d'une façon somme toute superficielle, de me rendre compte à quel point ils sont autobiographiques ou inventés.
Il y a dans ces textes un côté détails, sensations, de toutes petites choses, perceptions, observées et saisies. Mais dans ces nouvelles, surtout celles qui ne semblent pas avoir des aspects autobiographiques, à un moment, à partir de tous ces détails tellement concrets, il y a comme une sorte de sur-naturel qui surgit, comme le si concret et précis, poussé au bout, débouchait sur autre chose. J'ai eu la sensation d'être presque dans des sortes de contes, des contes cruels, que l'on ne raconterait sans doute pas aux enfants sous cette forme, mais des contes quand même. Les récits où Elizabeth Bishop semble se mettre en scène sont un peu moins sur ce registre, quoi qu'il y ait aussi, dans l'enfance, une façon de comprendre et d'interpréter ce que l'on voit, qui passe du détail le plus réaliste, à une explication qui fait appel à autre chose.
Et tout cela est magnifié par une écriture, maîtrisée de bout en bout, dont chaque mot fait sens, se trouve tout simplement au bon endroit, le seul qui convienne. Une façon de raconter qui ménage ses effets de bout en bout, on pourrait disséquer certaines phrases et les donner comme modèle à ceux qui voudraient écrire des nouvelles. J'ai été enchantée de la première à la dernière page. Touchée et émue aussi, très fortement. Une lecture que je ne suis pas prête d'oublier, et que je compte poursuivre avec les poèmes.
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