OVNI littéraire que ce roman qui m'a happée dans un tourbillon, une énergie tels que la lecture s'en est faite en un souffle.
On y suit les incroyables aventures du dénommé James Cooper un jeune homme plutôt terne, effacé et fade, plein de doutes, et ne s'imposant pas dans son milieu professionnel. Il faut dire que le milieu professionnel est déjà particulier: il est codeur dans une base classée défense, et est par conséquent très surveillé.
James Cooper (on apprendra ensuite que son réel prénom est Ash) est donc parfaitement insipide, ce serait presque un pauvre gars, qui n'est pas sans évoquer le héros un peu paumé de "
Haute fidélité" de
Nick Hornby, et dont l'existence se résume à une simple stagnation.
Il faut dire qu'il a eu une enfance plutôt marginale: des parents hippies, une première partie de son enfance au sein d'une communauté, les frasques et la séparation de ses parents, le départ de son père qu'il n'a ensuite jamais revu, le quasi abandon par sa mère partie vivre ses rêves de gloire musicale ....
Curieusement un jour, alors qu'il est à son travail, une alarme est déclenchée ... La cause? Est arrivée à son intention un boite métallique contenant ce qui ressemble à des cendres, avec inscrit dessus: "Reever Jack, DCD".
Son père, Jack Reever, est donc mort. Et Cooper en est très affecté. Pour plusieurs raisons:
* cette petite fantaisie a failli lui coûter son poste, en tout cas son accréditation est supprimée et il est mis à pied
* même si son père a fui ses responsabilité et n'a jamais été présent, il reste son père
* il ne s'est jamais réconcilié avec lui-même - lui qui a inconsciemment provoqué le départ de son père des années auparavant
* il ne sait pas qui est le mystérieux expéditeur de ce maudit colis.
Il décide donc de partir outre atlantique afin d'enquêter sur la disparition de son père.
C'est là le début d'un périple trépidant au travers du continent américain, truffé de rebondissements, à la dimension de rite initiatique, avec comme enjeu la réconciliation du fils avec le père, de l'homme avec lui-même.
Mais ce père était-ce juste un hippie farfelu se cherchant une vocation dans la sculpture? Au fur et à mesure du fil de l'histoire, le personnage de Jack Reever grandira aux yeux de son fils - et du lecteur, pétri d'une ambition à la limite de l'alchimie: concilier l'art et la science nucléaire. en une supreme symbiose Quelle sera son oeuvre ultime? Quel message Jack a-t-il voulu laisser à son fils et à la mémoire du monde?
Sur fond de contexte socio-historique efficacement illustré (évolution de l opinion publique face au nucléaire, ironie sur la société américaine de l'époque), l'auteur nous dévoile tout le raisonnement de l'artiste se dressant à la croisée des chemins, et à la recherche de sa destinée - car destinée il y a. D'ailleurs à cette occasion, le lecteur a le plaisir de parcourir des passages érudits et brillants, mais sans tomber dans le scolaire ni dans l'ennui, sur la technologie nucléaire, les corrélations avec l'alchimie.
Ce livre est donc un véritable "carnet de route", rendu hyper réaliste notamment de par l'ajout d'illustrations (photos, schémas, symboles ...); l'intrigue est réellement ciselée de façon adroite, la plume étant enlevée et rythmée, servi par une traduction bien faite, bref, un auteur à découvrir d'urgence si comme moi vous avez eu l'étourderie de le rater auparavant :p
Vous pouvez lire une interview de l'auteur (site officiel dédié à James flint ici) concernant notamment
Electrons libres en cliquant sur ce lien