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EAN : 978B00575E43M
Gallimard (30/11/-1)
4.8/5   5 notes
Résumé :
C'est dans son dernier roman, La Fosse de Babel, qu'Abellio parle pour la première fois de la structure absolue où l'un de ses héros veut voir "la clef universelle de l'être et du devenir, des situations et des mutations". Dès sa préface, l'auteur remet en cause la notion de "structure" qui jouit d'une si grande vogue dans la plupart des disciplines actuelles et qui ne semble devoir l'essentiel de son crédit qu'à une complaisante souplesse de sens. Comment les scien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Rien que pour cette merveilleuse généralisation de l'égalité de deux rapports et sa conséquence comme méthode de découverte (d'élargissement du champ de vision de l'esprit) ce livre vaut le détour.
Bien sur, tout comme Lupasco, Abélio est plus que dédaigné par les philosophe ayant acquis une patente permettant de discourir sur tout et de s'en réserver le droit.
Mais cela vaut plutôt comme titre de noblesse et devrait attirer l'attention de "l'honnête homme".
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le symbolisme de la Californie est clair : entre un désert et un océan elle est la ligne qui sert de limite à l'aire américaine. La frontière infranchissable de l’extrême-Ouest ...
Non seulement la Californie n'est pas l'Amérique, mais elle n'en est même pas la frange, elle est celle de l'occident tout entier, son Eldorado le plus lointain.
C'est là que les rêves d'expansion et de tranquillité nourris durant deux millénaires par les Européens viennent s'exalter , se fixer et mourir, et l'Océan qui baigne se rivage ne fut pas pour rien appelé "pacifique".
Cette mince ligne de terre est le pays de l'imagination non de l'action, et la vie y est rêvée, non vécue, on veut y épuiser, au-delà des possibles, l'infinité des possibles, mais on ne peut que les jouer.

http://wp.me/p5DYAB-2tf
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…aussi, si nous considérons maintenant la nature harmonique comme située « plus haut » que la nature rythmique, faut-il comprendre cette hiérarchisation dans un sens relatif et absolu à la fois. Dans un sens relatif d’abord, parce que la relation entre le rythme et l’harmonie est bi-univoque, ou, si l’on préfère, sphérique, au même titre qu’entre la réduction et l’intégration. Mais dans un sens absolu cependant, parce que la nature harmonique est aussi la transmutation qualitative de la nature rythmique et son intégration irréductible, au même titre que l’intégrale est une transmutation sommative qualitativement in-comparable aux différentielles qui s’y fondent.

L’harmonie est le saut d’une quantité rythmée saturée dans une qualité nouvelle et unique détachée du rythme, la transmutation paroxystique de celui-ci. Le rythme était le déploiement organique du temps, l’harmonie en est le resserrement fonctionnel. Tandis que la mélodie additionnait des mots et que le rythme additionnait des phrases en totalisant des mots, l’harmonie totalise des phrases et n’additionne plus riens. A la limite, et toujours en vertu du principe de la contiguïté des extrêmes, la réduction en est asymptotiquement absente comme elle l’est de la mélodie ou, plus exactement, elle n’y est plus sensible parce qu’elle est entièrement accomplie, tandis que dans la mélodie elle n’était pas encore sensible parce qu’elle était entièrement à accomplir.

L’harmonie rassemble dans un seul accent une multiplicité et même, à la limite, une infinité d’accords dont les bouclages partiels et mutuels, en nombre infiniment infini, constituent le symbole même de la vie universelle dans ses dénombrements, en sorte que le verbe de Dieu, qui n’est autre que l’harmonie ultime intégrant toute harmonie, est synonyme d’univers.
(…)
Nous dirons dès lors que la mélodie « pure » crée l’unicité du moment présent par abolition de toute relation « extérieure » à ce moment présent sa vision absolument opaque d’être-en-soi, tandis que l’harmonie « achevée » crée cette même unicité par insertion d’une infinité de relations « intérieures » dans ce moment dans sa vision absolument transparente d’être cause-de-soi. La première est absence d’explication, la deuxième comble d’implication. Les parties de la mélodie sont entièrement indépendantes et juxtaposées, « purement » réduites, celles de l’harmonie entièrement dépendantes et fondues, « absolument » intégrées. La mélodie est stratification ou sédimentation ; l’harmonie, cristallisation.

L’une et l’autre tendent ainsi vers une unité idéale qui est celle de la désintégration absolue dans un cas, de l’intégration absolue dans l’autre. Seul, entre elles, le rythme est porteur de l’ambiguïté transmutatrice du couple réducteur-intégrateur tout entier de l’être pour-soi, et ce couple n’est déséquilibré et génétique que parce qu’il participe justement, par ses deux pôles, des natures irréductibles de la mélodie et de l’harmonie.

A partir de la première, le rythme procède par fondation (du verbe fonder), il additionne ; en allant vers la dernière, il procède par fusion (du verbe fondre), il totalise. On comprendra encore mieux la nature de cette bipolarité correliée si l’on remarque que la mélodie n’est rien sans le temps, mais que le temps n’est rien sans l’harmonie. Le temps fonde la mélodie, l’harmonie fond le temps, elle se passe du temps, elle l’arrête, mais c’est parce qu’elle le remplit. Le comble du temps et la fin du temps. Aussi le secret ultime de la génétique est-il dans ce passage d’un temps vide à un temps rempli que ne peut pourtant contenir rien d’extérieur au temps.

La mélodie est la victoire du temps sur l’espace anorganique, l’harmonie est la victoire de l’espace organique sur le temps, mais ce n’est évidemment plus le même temps. Le premier est forme vide, sédimentation non cimentée d’intervalles tous égaux et interchangeables, et on l’appelle bon droit temps spatial ou géométrique. Le second est plénitude de contenu, paroxysme résolu dans un seul instant insécable, et on l’appelle durée vécue, concentration et suspension de la durée, accomplissement de la vie. (pp. 226-228)
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Lieu et moment éternels du Je transcendental dans le monde, l’Occident ne peut se constituer en tant que tel que par l’exploration préalable et permanente de la négativité divine. C’est cette situation qui donne une telle forme de conversion, en Europe, aux œuvres de l’existentialisme athée, malgré leur négation de la notion d’ineffable et à cause d’elle ; ces œuvres ont su récuser une conception optimiste et d’ailleurs indéterministe de la Providence, celle d’un Dieu satisfait de soi et proposant aux hommes un salut d’essence moraliste et non gnostique qui ne l’engage pas et n’engage même, au contraire, que les hommes.

L’époque actuelle, en Occident, est en effet celle d’une double crucifixion visible et se distingue des époques préparatoires en ce sens qu’elle va incarner et vivre en pleine conscience ce double archétype. Le problème de la séparation du Fils et celui de son retour, c’est-à-dire celui de la double transcendence de l’incarnation et de l’assomption, ne peut plus y être posé comme autrefois en termes de métaphysique spéculative.
(…)
La plupart des ontologistes, qui ne voient dans l’angoisse que le vide simple et non le vide également béant dans ce vide et que les bouddhistes Zen appellent le vide de vide, ne peuvent alors pas comprendre l’expérience paradoxale d’hommes comme Kierkegaard et Kafka qui pressentirent dans l’angoisse un centre gnostique et refusèrent la simplicité de l’angoisse pour sa duplicité, mais furent obligés, ne pouvant la transmuer en gnose, de la renverser dialectiquement et de façon régressive dans la recherche de la foi ou l’espoir de la grâce.
(…)
Aussi se fixèrent-ils sur le Père, non sur le Fils. Et c’est en cela qu’ils sont aujourd’hui dépassés par l’Occident pour n’avoir été porteurs que d’une négation, non de deux. Ils ne sont pas entrés dans la série des doubles. Le refus du mariage dans lequel leur angoisse essaya de s’éprouver et de se construire, et qui fut la décision fondamentale de leur vie, signifia qu’ils se détournaient de tout « succédané », de tout ce qu’ils croyaient être une solution adoucissante ou consolante dans une filiation.

N’étant pas eux-mêmes le Fils, ils se voulurent dans la liberté du Père avant sa limitation par la Mère, mais cette situation ne pouvait être soutenue, car ce qui constitue le Père, c’est la Mère. Nietzsche posa le même problème en l’inversant. Il vécut cruellement le destin du Fils souffrant, et il le vécut suffisamment pour maudire le Père et réclamer le triomphe de Dionysos sur le Crucifié. Pourtant, il ne pouvait être Dionysos. Dionysos était pour lui le Dieu re-unifié, mais il ne pouvait y atteindre, lui non plus que par le mariage androgynique avec cette Ariane qu’il appela toute sa vie sans l’obtenir et sans se l’avouer à lui-même. Car Ariane, sous le nom de Cosima ou de Lou-Andréas Salomé, ne fut jamais que le symbole de la connaissance, et Nietzsche était, comme Kierkegaard et Kafka, un agnostique.

Or, la gnose est la seule intensification possible de l’angoisse et sa seule résolution, le seul moyen de constituer le Fils en nous. Nous serons sans cesse renvoyés à la fonction gnosique du Fils et à la montée en lui de l’intelligence, qui correspond à sa féminisation transcendentale, au mariage à la fois perpétuel et final de l’Époux et de la Sophia, l’ascension de l’un étant l’assomption de l’autre. (pp. 330-332)
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Si l’on analyse le mot « être », on le trouve formé à partir du radical trilitère STR (d’où est issu l’ancien mot estre), radical dont le champ d’emploi géographique est universel et qu’on retrouve aussi bien dans le mot français astre, le grec astron, le latin astrum, l’anglais star, l’allemand stern, l’assyrien ishtar, etc. Ce même radical constitue aussi la première partie du célèbre tétragramme kabbalistique asataroth. Selon Van de Kerkhove, les trois syllabes de l’Asatar n’ont pas de sens plus profond que de mettre en évidence la dialectique internet de l’Être.

L’As est le signe de l’un à la fois cardinal et ordinal, du foyer insituable, de l’unique enfermé dans son as-éité. On le retrouve dans As-ie, nom du continent primordial. De cette force unique émane la lumière At en tant que substance se spécifiant selon les rayons Ar ou Ra. Cette dernière syllabe est présente dans les mots exprimant le rayonnement, la radiation, l’action expansive. Elle nomme aussi le dieu solaire. Mais il faut finalement au foyer, pour se manifester, non seulement l’émanation lumineuse At soutenue par le rayon Ar, mais un réceptacle Oth sur lequel cette émanation tombe. De Oth viendraient autel, outil. D’où le sacrifice de l’As qui descend sur un autel pour se voir et être vu. Coupé de son réceptacle, l’asatar s’enferme invisiblement en lui-même, mais il en est ainsi en quelque mesure de tous les mots.

Aussi bien notre science actuelle du langage n’est-elle engagée que dans une réduction et une intégration incomplètes, puisqu’elle n’est pas capable, d’une part, de réduire encore plus le sens des mots dans leurs phonèmes élémentaires, qui sont d’ailleurs eux-mêmes le produit de jeux physiologiques complexes, ni, d’autre part, d’intégrer tous les mots dans le Verbe unique intégrant tous les mots.

Ainsi est-elle et sera-t-elle toujours en marche vers la gnose absolue sans jamais l’atteindre, bien qu’elle confine toujours plus vers elle malgré sa régression dans la multiplicité de plus en plus tendue qui est son champ, et dont cette tension fait, il est vrai, la positivité conquérante. (pp. 168-169)
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La contradiction dialectique incluse tout rapport s’exprime d’ailleurs par la présence implicite en lui d’un troisième terme qui ne se révèle qu’au début de la réflexion, car ce troisième terme, qui se glisse entre les deux autres, est justement le regard ou le Je qui les dissocie.

En exprimant tout rapport a/b par la superposition de deux signes littéraux ou numéraux séparés par un trait horizontal, le symbolisme algébrique ou arithmétique rend compte de cette réalité : le rapport n’est pas simplement duel, il est trine, et le trait de séparation-liaison n’est pas autre chose que le symbole de l’intellect regardant, dans sa double fonction de dissociation réductrice et de ré-intégration. Le rapport est d’abord court-circuit vital entre deux pôles.

La fonction de dissociation, de réduction ou de séparation est la première qui soit attachée aux sens et particulièrement au regard. Elle créé de la distance dans le monde, nous dirons aussi de l’ampleur, ou comme les logiciens : de l’extension. L’ampleur est d’essence quantitative, elle est de la nature de l’espace. Mais la deuxième fonction qui est d’intégration reprend cette ampleur pour lui donner une propriété nouvelle : de cette séparation, elle fait une hiérarchie et par là transcende la transcende même et, en un sens, la néantit : elle met de la qualité dans le monde. (p. 51)
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