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sur 9979 notes
Lu collégienne. A vrai dire, je me souviens de cette lecture comme une histoire qui ne m'avait pas donné de frissons particuliers.
Augustin tombe amoureux d'une Yvonne inaccessible. Par pure loyauté, son ami et confident François ne marchera pas sur ses plates-bandes...
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"Mais quelqu'un est venu qui m'a enlevé à tous ces plaisirs d'enfant paisible."

A la recherche du sentier perdu.

Mystérieux aérolithe, Augustin Meaulnes est entré par effraction dans la vie rabougrie du narrateur, François Seurel (que l'onomastique semble davantage reclure et isoler). Ce garçon gauche et timide jouit alors, par procuration, des aventures de son nouvel ami et héros : invitation à de fantomatiques noces, éblouissement amoureux pour la diaphane Yvonne de Galais, attachement passionné pour Frantz, le jeune frère de son idole, recherche obstinée de la fugitive Valentine...

François se souvient. Et ces remembrances d'un temps révolu, celui d'adolescences fantasmées, déplorent la perte des illusions et la navrure d'un trivial présent. Un temps d'avant les regrets et les pleurs.

Dans ce roman chagrin, Alain-Fournier coiffe sa lampe d'une lanterne magique qui substitue au gris-mauve morbide d'une insondable Sologne "d'impalpables irisations, de surnaturelles apparitions multicolores" où les légendes intimes sont détaillées "comme dans un vitrail vacillant et momentané"*. Car tout est vapeur et brume dans ce colloque sentimental entre hier et aujourd'hui : les silhouettes tremblées des personnages se dissipent de page en page, leurs amours fanées se mordorent de reflets équivoques et une odeur de fleurs pourries corrompt ces souvenirs de jeunesses désormais éteintes. Vieillir c'est déjà mourir.

Comme dans une tapisserie de haute lisse où l'endroit velouté dissimule un envers délavé, l'histoire du Grand Meaulnes exsude de méphitiques poisons. le conte champêtre à la George Sand se veine de cruautés, la gentille pantomime grimace sous les masques et la mort s'y fait omniprésente. le bohémien Ganache -Pierrot horrifique- et son sourire édenté, le front étoilé de Frantz, les érubescences d'Yvonne ou les scènes de sommeil itératives émaillent le récit de sombres présages.

Anormalement chastes, comme empêchés, les héros de ce roman étrange passent leur temps à se fuir. Voulant saisir l'absolu, ils esquivent, éludent ou diffèrent le profane et le prosaïque : engagements, mariage, sexualité... Souvent, au détour d'un paragraphe, Alain-Fournier maquille le désir sous le fard blanc de l'innocence feinte et le lecteur, surpris, a l'impression de déflorer de juvéniles secrets.

J'avais le souvenir, lointain et imprécis, d'une oeuvrette fastidieuse et vaguement cucul la praline et je découvre -l'avais-je lu, au fait ?- un livre qui écorne le coeur et l'âme avec ses féeries frelatées et ses réminiscences vaguement nôtres.

Poème courtois, roman d'aventures, délire symboliste, le Grand Meaulnes est une caverne d'Ali Baba où s'abouchent Dickens et Debussy, Verlaine et Ensor, Stevenson et Perrault. Comme un (mauvais ?) rêve où flottent, indistincts, les spectres de notre passé...

L'écriture fluide et cristalline d'Alain-Fournier, la lumière éthérée dont il enrobe ses phrases, ses énigmatiques, car limpides, têtes de chapitre, les passions chimériques qui meuvent ses personnages, tout concourt à faire de ce roman une merveille de mélancolie.

* M. Proust, du côté de chez Swann
Lien : https://lavieerrante.over-bl..
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C'est un coup de coeur après une relecture : ce roman fait partie de ceux qui m'ont le plus marquée dans ma jeunesse, et que je tenais à relire. Curieusement, j'y ai trouvé des raisons différentes de l'aimer...

L'intrigue, pour la plus grande part racontée par François Seurel, fils d'un couple d'instituteurs de campagne, âgé de 15 ans, rayonne de mystère et de nostalgie. La vie de François est bouleversée lorsqu'entre à l'école un autre pensionnaire, Augustin Meaulnes, grand jeune homme taciturne, à l'esprit rebelle, qui se confiera à lui et lui permettra de suivre à distance le déroulement de ses aventures, auxquelles sera parfois mêlé le jeune garçon.

Tout commence lors d'une fugue d'Augustin, qui détourne une charrette et son cheval, et arrive par hasard en un étrange endroit, un manoir dans lequel se prépare une fête extravagante, où les enfants sont rois, événement destiné à fêter les fiançailles d'un jeune homme, Franz de Galais. Au fil de ces festivités échevelées, Augustin va de surprise en surprise et fait connaissance d'une ravissante jeune fille, sérieuse et réservée, qui n'est autre que la soeur de Franz, Yvonne de Galais. Il ne faut que de brèves entrevues pour que le jeune homme s'enflamme et tombe amoureux, promettant de revenir. Mais la fête tourne court lorsque Franz revient secrètement, sans sa fiancée Valentine, et confie à Augustin sa décision de repartir pour toujours...

Le roman nous fait état des errances et retrouvailles des personnages, nouant une histoire d'amour désordonnée et désespérée, ainsi que la recherche effrénée d'un lieu secret, introuvable, comme sorti du temps. François prend fait et cause pour la quête de son ami, jusqu'à le seconder de lui-même dans ses recherches. C'est finalement un roman d'apprentissage, car il grandit grâce à ces rencontres : Augustin qui déroule le fil de l'aventure, puis Franz le bohémien, et enfin Yvonne - aventure dont il donne en contrepoint sa vision à la fois distante et impliquée, saisi lui-même par le charme d'Yvonne.

Le roman m'a fait l'effet d'un coup de maître quant à sa composition, les moyens narratifs sont variés et habilement mis en oeuvre, incluant un récit écrit de Meaulnes lui-même, des dialogues qui prêtent à chacun une voix et donnent à voir les relations complexes qui se jouent entre les protagonistes. le rôle du narrateur est finement maîtrisé, et l'on peine à deviner qui de Meaulnes ou de François Seurel est le porte-parole de l'auteur. J'ai été impressionnée par la maturité de ce roman, de ses thématiques, chez un si jeune auteur de 26 ans, qui sera emporté par la Grande Guerre un an plus tard. L'écriture est simple, naïve en apparence, mais elle court comme une guirlande aux ampoules colorées, restée suspendue dans les arbres après la fin du bal, lorsque tout est consommé, et que le temps écoulé ne reviendra plus jamais.
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Alain Fournier s'est inspiré de son histoire d'amour impossible avec Yvonne de Quiévrecourt (Yvonne de Galais dans le livre) pour écrire cette romance mélodramatique qui fait la part belle au rêve et au conte fantasmagorique, entouré de mystères.
Tandis que la mort, à peine voilée est omniprésente dans le manuscrit, l'amour et l'espoir résistent contre vents et marées et finissent par triompher.
J'ai relu avec un réel plaisir ce bijou de la littérature dans lequel la naïveté se teinte de duplicité, le courage côtoie la faiblesse et la gaieté masque la détresse.
Les chapitres sont courts et bien ordonnancés et le récit, pour une grande part autobiographique, ressemble à un journal intime secret dans sa forme à la fois sensible, pudique et élégante. Les souvenirs d'enfance, ces enfantillages empreints de malice et d'audace, scrupuleusement relatés et détaillés par l'auteur ne sont pas sans rappeler les témoignages de Marcel Pagnol dans ses deux chefs-d'oeuvre : « La Gloire de mon père » et « le Château de ma mère », tant la narration et le style d'écriture révélent un bel enthousiasme et de purs moments d'émotions sertis dans un magnifique écrin de poésie.
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Oeuvre la plus lue dans le monde après le Petit Prince

« À la fin du xixe siècle, par un froid dimanche de novembre, un garçon de quinze ans, François Seurel, qui habite auprès de ses parents instituteurs une longue maison rouge –l'école du village–, attend la venue d'Augustin que sa mère a décidé de mettre ici en pension pour qu'il suive le cours supérieur: l'arrivée du grand Meaulnes à Sainte-Agathe va bouleverser l'enfance finissante de François…

Lorsqu'en 1913 paraît le roman d'AlainFournier, bien des thèmes qu'il met en scène –saltimbanques, fêtes enfantines, domaines mystérieux– appartiennent à la littérature passée, et le lecteur songe à Nerval et à Sylvie. Mais en dépassant le réalisme du xixe siècle pour s'établir, entre aventure et nostalgie, aux frontières du merveilleux, il ouvre à un monde d'une sensibilité toujours frémissante, et qui n'a pas vieilli. »
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Parfois, on imagine un roman. Avant même de l'avoir lu, avant le premier mot de la première phrase du paragraphe ouvrant le premier chapitre...
On imagine mal.

Je ne sais pas pourquoi, je me suis toujours fait cette fausse idée du Grand Meaulnes : un roman initiatique au sein d'une école d'avant Jules Ferry. Un certain élitisme. Une critique sociale. Bien évidemment, tout doit finir mal : amitié trahie, peut-être même suicide...
Le tout baignant dans une ambiance « Cercle des Poètes Disparus » ou encore « Cage aux Rossignols » (les Choristes en noir & blanc).

En réalité, Meaulnes est un pur roman à l'eau de rose. Enfin, aurait put n'être que cela, sans le talent d'Alain-Fournier. Cette fameuse écriture en noir & blanc, justement, qui lorgne parfois vers Proust.
Le décor, d'abord. Cette morne plaine du centre, le Cher campagnard, fait de petits villages, de domaines à l'écart des chemins, si difficiles non d'accès mais de simple découverte.
La pluie, omni-présente, même au coeur de l'été.
Enfin, le héros de l'histoire... dont on ne sait finalement pas grand chose, excepté son inconstance. Est-ce seulement de l'incertitude, de la versatilité ? N'y a-t-il point un secret caché derrière ? Ainsi, pourquoi se met-il dans la tête d'aller chercher les grands-parents à la gare d'une bourgade suffisamment éloignée pour parvenir à s'égarer et démarrer toute l'histoire.
A peine un modèle (comme je pouvais me le représenter dans mes illusions préconçues), Meaulnes possède une aura, propre aux grands rêveurs, aux idéalistes, aux entremetteurs.
Car il s'agit bien de former des couples, comme dans un vulgaire roman pour midinettes un peu godiches.
Mais le thème central du roman n'est pas dans ces épisodes sentimentaux ou matrimoniaux. Rien de charnel ici. Les corps n'existent pas, seuls les élans du coeur importent. Et encore. Ce n'est pas de l'amour, juste l'idée de l'amour. Les personnages ne tombent pas amoureux, ils aiment l'amour, ce sentiment évaporé porté à son plus haut point, inaccessible.
Non, ce qui apparaît quasiment à toutes les pages, c'est cette lutte des regrets contre les remords, cette culpabilité nostalgique de n'avoir pas réussi, ne pas être parvenu à prendre la bonne décision. Ah, si j'avais su !
Ces erreurs que l'on commet, parfois même en s'en rendant compte au moment même où l'on prend la mauvaise décision, ajoutent au sentiment du passé irrémédiablement perdu, les heures et les jours heureux qui ne reviendront plus.
Les souvenirs perdus (titre alternatif).
Meaulnes m'a fait penser à ces films d'après guerre, plus particulièrement aux acteurs et actrices très « rive gauche ».
Des Pierrots lunaires : Pierre Blanchar (cet étrange Monsieur Victor ou l'amour de Michèle Morgan dans la Symphonie Pastorale), Jean Louis Barrault ou, mieux encore, Raymond Rouleau (le couturier de « Falbalas ») dans le rôle de Frantz, le frère d'Yvonne – dont on aurait aimé en savoir plus, peut-être même lui consacrer un roman entier.
Michel Auclair ou Gérard Philippe pour incarner Meaulnes. Beau, assurément ; ténébreux, forcément.
Les demoiselles, Yvonne et Valentine, elles devaient être ces blondes au charme éthéré. A Michèle Morgan, trop connue, on lui préfère son sosie, Madeleine Sologne ou encore Edith Scob, Isabelle Pia (Marianne de ma Jeunesse), Suzanne Cloutier, Micheline Francey.
Pour orchestrer ce ballet de jeunes gens trop rêveurs, trop idéalistes, Marcel Carné évidemment. Mais Jean Cocteau aurait amené une touche de poésie qui rythme chaque page de ce beau roman désuet, empreint d'une nostalgie que l'on retrouve en croquant dans une madeleine...
Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve...

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Souvenir du Grand Meaulnes que j'avais lu au collège. Je me souviens avoir beaucoup aimé ce roman, m'être attachée aux personnages, avoir rêvé de cette belle fête dans ce château en Sologne qui apparaissait comme un mirage, un rêve. Et avoir trouvé la fin bien triste.
Je l'ai relu récemment maintenant adulte, presque 30 ans après ma première lecture. Tout était intact et les mêmes sensations sont revenues à cette seconde lecture. Un goût d'adolescence qui remontait.
Un grand classique, à lire.
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Quelle tristesse de finir ce livre et de perdre en le refermant son ambiance si magique, ses personnages et leurs histoires, ces lieux, le château etc.
Adaptation cinématographique bien fidèle au livre, même si c'est toujours étrange d'avoir si rapidement, le temps d'un film, tous les évènements qui s'enchaînent, quand il faut plusieurs jours pour lire un livre avec l'imaginaire qui s'en mêle entre chaque lecture... https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=108966.html
Dommage que son auteur, Alain FOURNIER, ait disparu si jeune pendant la guerre. Il aurait sûrement écrit d'autres merveilles...
Comme pour Marcel PAGNOL, on peut ici aussi aller marcher sur les traces des lieux qui ont inspiré l'auteur. Nous quittons la Provence pour un voyage au centre de la France cette fois-ci !
Lien : https://www.leberry.fr/epine..
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C'est un roman très poétique et magnifique. Cela a été écrit par Alain Fournier en 1913 avant de mourir en 1914 pendant la guerre. C'est une belle histoire avec la poésie qui côtoie le réalisme dans une romantique symbiose. On parle d'un jeune garçon qui habite dans un charmant village et qui à de nombreux amis comme son meilleur ami François qui raconte l'histoire. Il a environ 17 ans et par hasard il se retrouvera dans un domaine délabré perdu au milieu de nulle part. Il sait juste qu'une fête en hommage à de jeunes fiancés se trame . Il rencontre alors une femme mystérieuse qui le hantera toute sa vie , mais sa vie est ailleurs et il doit retrouver le chemin de chez lui. de retour dans son patelin, il changera de A à Z en rêvant continuellement de retrouver le domaine sans nom. Un roman merveilleux et transcendant nous rappelant l'importance de rêver .
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J' avais vu l'adaptation cinématographique il y a un moment et il me semblait que cette histoire m'avait enchantée. Et comme je suis tombée dessus dans une bouquinerie, je me suis dit "tiens, pourquoi pas".
Au final, je n' ai pas du tout été sensible à ce roman. La plume m'a paru un peu vieillotte, l' histoire caricaturale, les dialogues sans passion prononcés par des héros pourtant passionnés. Ce roman est court et m'a semblé interminable !
Un classique dont je me serais bien passé.
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Quand Meaulnes arrive chez les Seurel c'est pour :

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