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EAN : 9782070319336
272 pages
Gallimard (17/11/2005)
3.67/5   29 notes
Résumé :

Pas facile pour Marie-Anne, jeune institutrice convaincue de son rôle, de s'apercevoir qu'absolument tout le village de Normandie où elle vient d'arriver est dédié à la distillation clandestine d'eau-de-vie !

Curé comme gendarmes se bouchent le nez et ferment les yeux. Calva pour les gosses aux récrés de huit, dix et douze heures !

Rien ne se perd, tout se consomme et le pommier gouverne. Des hommes pour cela veillent, dan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans ce roman écrit en 1962, , Jean Amila poursuit son exploration de la France des années 1960. le récit traite d'un sujet qui défraya la chronique en son temps, la force du lobby des bouilleurs de cru.
Le statut crée sous Napoléon cesse d'être transmissible par héritage à partir de 1959.
L'histoire montre comment un sénateur de Normandie, véritable schizophrène de la politique, peut défendre à Paris des mesures contre l'alcoolisme et soutenir les bouileurs de cru de sa circonscription, les assurant que Paris est un débouché pour leur Calvados.
Sur le terrain, Marie-Anne , une jeune institutrice formée aux règles hygiénistes de la République, entend proscrire dans sa classe la pratique du soupçon d'eau de vie (fortifiante) dans les boissons des jeunes enfants. Elle se heurte au silence passif de sa hiérarchie, sa directrice notamment la laisse faire face seule aux parents indignés.
Elle trouve un certain réconfort auprès de son cousin, un inspecteur des finances qui lui montre quelles sont les relations obscures entre les producteurs locaux, certains pouvoirs politiques et des tenanciers pas vraiment recommandables.
Une fois de plus, Amila réussit à faire évoluer ses personnages dans un contexte très réaliste, bien documenté, sans abandonner son style d'écriture mêlant avec talent sa hautre conscience politique et sons sens du dérisoire.
Les héros ne sont pas que des hommes et dans le fil de l'histoire Marie-Anne la jeune institutrice mais aussi Suzanne la fille du sénateur apportent une contribution essentielle.
Le roman décrit également les tiraillements entre générations dans la société de l'époque et préfigurant mai 1968. Marie-Anne, Suzanne, Pierrot, le fils d'un bouilleur de cru embringué dans le traffic, bien qu'évoluant dans des camps opposés, ont la même aspiration à se libérer de l'emprise des "vieux".
Ce western au pays du Calva, on se tire dessus autant que dans un film de Sergio Leone, est à découvrir.

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Marie-Anne arrive de Paris, diplômes en poche et grands principes en bandoulière. Elle vient tenir la classe de l'école "libre" de Nomville au coeur du bocage normand. Bien vite elle se trouve confrontée à un élément qu'elle n'avait pas pris en compte : la culture de l'alcool, la place de la goutte, du calva, dans la vie quotidienne des habitants du coin, fussent-ils des enfants.
Pierrot, lui, rentre d'Algérie. Extrait de sa ferme le temps des "évènements", il y revient avec des idées neuves et des ambitions, notamment en ce qui concerne l'écoulement des litres de gnôle qui coulent de l'alambic familial, voire de celui des voisins...

L'alcool est bien sûr au centre de ce roman de Jean Amila, on l'aura compris à son titre. Mais derrière les aventures de la jeune institutrice Marie-Anne et du jeune loup Pierrot, derrière l'éclairage posé sur l'organisation des trafics, les luttes d'influence, les compromissions, les alliances en matière d'écoulement d'alcool frauduleux, derrière la démonstration de la place prépondérante de la goutte dans la culture normande – et quelle place ! – se cache, m'a-t-il semblé, un autre sujet.
Ce roman, écrit en 1962, est aussi celui qui retranscrit le profond bouleversement des valeurs qui secoue la France et la société occidentale à cette époque. C'est le récit d'une jeunesse qui tend à l'émancipation, forte de ses espoirs, de ses envies, de ses ambitions, et se confronte au vieux monde en place qui n'est pas prêt à lui céder un pouce de terrain.

Qu'on l'interprète comme tel ou non, reste de toute façon un écriture limpide, une galerie de personnages d'une consistance palpable. Jean Amila n'est pas de ceux qui se cachent derrière une intrigue tortueuse pour construire leur propos. Il est de ces témoins qui racontent, avec des mots simples et justes, sans vouloir tordre la réalité pour la faire coïncider avec leur discours. Il met en scène, tout simplement, la vérité.
Lien : https://polartnoir.fr/livre...
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Jean Amila nous conte avec « Jusqu'à plus soif » l'histoire d'une époque révolue de la « France profonde » du début des années 60 , située pour l'occasion en Basse Normandie. Une histoire de culs terreux qui passent plus de temps devant leur alambic que dans leur champ afin d'arroser la capitale d'un or blanc liquide fortement alcoolisé : la goutte garantie AOC et qui aurait sans doute méritée le label BIO . C'est bien connu tout est bon dans la pomme et surtout le cidre et la gnôle dont ils sont tirés ; mais en Normandie c'est plus qu'une simple eau de vie c'est une véritable religion dont ni une jeune institutrice anti alcoolique fraichement débarquée ni des trafiquants parisiens ambitieux ni des représentants de la loi motivés ne réussiront à les détourner .
Ce roman quelque peu désuet et rustique nous fait passer malgré tout un bon moment de lecture et vous fera , j'en suis sûr , sourire avec ces personnages truculents et ces chroniques d'un autre âge à déguster comme un bon film de Pagnol .



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Personnages bien campés, intrigue menée sans temps mort sur fond de trafic d'alcool, c'est pourtant dans un autre registre que nous surprend cet excellent roman. Il y a là le picaresque des romans de Fallet qu'on aurait mélangés à "Fantasia chez les ploucs". Et puis surtout, on le devine, il y a là les convulsions d'un vieux monde qui n'en finit pas de laisser la place. Un véritable western en pays d'Auge, à la fois drôle et crépusculaire !
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petit polar sans prétention qui vaut surtout pour la description de le truculente campagne normande des 60s, alcoolisée de 7 a 77
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
— Tiens ! dit-il au gosse… Sont en train de « marmiter » ?

— Oui, dit Michel d’un air têtu. Ça se pourrait p’t-être.

— Ah ! fit le curé.

Il avait l’air soudain ennuyé, regardant Marie-Anne à la dérobée. Son regard de bon vieil homme cuit d’alcool se teinta d’une ruse naïve. Il arrêta la bête.

— On ne va pas vous mettre dans un deuil pour votre arrivée, dit-il. Vous allez m’attendre là. Je n’en ai pas pour longtemps.

On devinait la ferme à moins de cent mètres dans le rideau de brouillasse. Marie-Anne comprit qu’elle y serait indésirable. Elle se leva pour descendre, mais le vieil homme commençait déjà à se désharnacher.

— Eh bien ! fit-il avec un léger reproche, comme si on le suspectait de rustrerie. Vous allez rester à l’abri, voyons !

Il descendit sans grande souplesse, mais avec une habileté consommée, sans sauter, usant d’un rai de la haute roue comme d’un marchepied qui lui permettait d’atterrir en douceur. Imbibé d’alcool jusqu’à la moelle, sans doute, mais pas ivre, très digne, très maître de la coordination de ses mouvements.

Il attacha Coquette à un arbre, s’excusa encore d’un sourire et suivit le gosse qui, déjà, filait devant.
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Et il apprenait en sourdine une grande vérité de toujours, à savoir que la première bonne dégelée qu'on reçoit n'a guère d'importance ; c'est la manière dont on se relève qui compte.
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- Tu veux dire que tu as balancé la goutte par terre ?
- Oui
- Hou là ! fit le cousin en claquant des doigts . Hou là , là , là . Ma pauvre Marie -Anne , mais c'est comme si tu leur avais crachè à la figure !...Le crime de lèse -goutte ! Mais c'est le péché contre l'esprit !
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L'avers du vallon au fond duquel gîtait le village était déjà perdu dans la ouate impalpable du crachin. Temps de marée,temps normand.
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