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Jean-Louis Chevalier (Traducteur)
EAN : 9782290328361
669 pages
J'ai lu (08/05/2003)
3.78/5   16 notes
Résumé :

" Elles parlaient d'Alexander, et de leur vie. Il n'existait pas de rivalité, mais une curieuse complicité dans leur amour pour lui, probablement parce que chacune à sa manière était convaincue que c'était un amour sans espoir. L'idée qu'elle se formait de lui était celle d'un homme lointain et pur "Stephanie et Frederica n'en peuvent plus du huis clos familial où leur père fait régner une morale aust... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
The Virgin in the Garden
Traduction : Jean-Louis Chevalier

Ce volume est le premier tome d'une tétralogie qui se poursuit notamment avec (dans l'ordre chronologique) "Still Life" et "Tower of Babel" (le quatrième et dernier volume n'était pas encore paru, il me semble, en français.) Bien qu'on y retrouve des personnages récurrents dont l'héroïne, Frederica Potter, en qui on serait tenté de découvrir un double de l'auteur, chaque volume peut se lire séparément. A.S. Byatt aimant cependant les mises en abyme et possédant par ailleurs un style très dense, mieux vaut, à mon sens, respecter la chronologie.
Car la Frederica que nous allons découvrir dans "La Vierge dans le Jardin" est encore mineure : elle a à peine 17 ans. Elle est la fille d'un universitaire caractériel, William Potter, et de son épouse, la douce mais énergique Winifred. Et elle est "coincée" entre sa soeur aînée, Stéphanie et son jeune frère, Marcus.
Les trois enfants Potter ont ceci en commun d'avoir remporté et de continuer à remporter en cours des notes plus que brillantes. Stephanie rêve cependant de s'émanciper de la lourde atmosphère de la maison familiale tandis que Marcus, quasi mutique et asocial, ressemble à l'un de ces étudiants qui, dans certaines nouvelles de Lovecraft - un passionné de mathématiques, lui aussi - ont des "visions géométriques" aboutissant à des mondes parallèles - ou à la folie.
Federica partage également avec sa soeur un important béguin envers Alexander Wedderburn, collègue de son père sensiblement plus jeune et surtout dramaturge qui, au début du roman, vient de terminer une pièce en vers sur Elisabeth Tudor. Nous sommes en 1952 et l'Angleterre tout entière ne respire plus que dans l'attente du couronnement de l'autre Elizabeth, la seconde, la Windsor : belle occasion pour l'université de commémorer les deux événements en faisant représenter la pièce d'Alexander au château de Long Royston, qui appartient à un hobereau local, Malcom Crowe, désireux pour sa part de revaloriser sa propriété.
Le pivot de "La Vierge ...", autour duquel va s'organiser une tragi-comédie aux multiples épisodes, c'est cette pièce, où Frederica obtient le rôle d'Elizabeth jeune fille. Et l'on pourrait, avec un peu d'imagination, imaginer le branle donné par tous ces personnages, principaux et secondaires, cette espèce de pavane comme en connaissaient les bals du XVIème siècle.
Alexander voudrait bien s'intéresser à Frederica mais celle-ci est mineure et vierge. En outre, il s'est fourré dans une liaison avec la femme d'un collègue, Jennifer Parry. Frederica voudrait bien perdre sa virginité qu'elle tient pour un obstacle majeure à la vie de liberté dont elle rêve. Stéphanie n'en peut plus de supporter les scènes familiales et, bien qu'elle n'ait jamais supposé que la chose pût lui arriver, elle tombe amoureuse de Daniel Orton, le vicaire du prêtre local. Marcus se croit frappé de folie jusqu'au jour où Lucas Simmonds, l'un de ses professeurs, lui assure qu'il a au contraire un don surhumain qui permettra enfin à l'être humain de sublimer la matière. Tout autour, un cercle d'étudiantes et d'étudiants, de comédiens amateurs et professionnels, les images en noir et blanc du couronnement d'Elizabeth II que tous vont contempler dans un silence quasi religieux et bien d'autres choses que je vous laisse le plaisir de découvrir.
Comme toujours, A.S. Byatt coud solide et profond. Son érudition accompagne et encourage le lecteur à chaque page. Seule réserve : les lecteurs qui ne s'y connaissent pas trop en Histoire anglaise seront peut-être rebutés. En d'autres termes, si vous êtes déjà un "byattomaniaque", cet ouvrage sera pour vous un régal ; sinon, vous n'y comprendrez pas grand chose et vous risquez de vous lasser avant la fin - qui n'est d'ailleurs qu'une fin parmi tant d'autres possibles.
En ce qui me concerne, malgré quelques longueurs, je l'ai trouvé si passionnant que je compte me procurer un de ses jours "Still Life" (dont je ne connais pas le titre français) et où se poursuivent les aventures de Frederica, personnage tout à tour comique, exaspérant et touchant. ;o)
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Blesford, Yorkshire, une localité comme il en existe tant dans l'Angleterre, sommeillant paisiblement dans la médiocrité indolore des conventions de bon aloi. Ce microcosme provincial bruisse de l'excitation que ressent l'ensemble du pays des préparatifs du prochain couronnement d'Elisabeth II. A cet égard, l'émulation et l'enthousiasme que soulève dans la localité la création d'une pièce de théâtre, mettant en scène la devancière éponyme de la future reine, connue comme la "Reine Vierge" pour avoir conservé un célibat de façade, est fort symptomatique du frétillement atavique qui prend nos voisins d'Outre-Manche lorsqu'il s'agit de rendre gloire aux têtes couronnées. Cette contextualisation étant faite, les ressorts de l'intrigue gravitent autour d'une famille, les Potter, sous la férule d'un père tyrannique, soupe au lait et férocement anticlérical. Passons la mère, d'une insipidité digne des repas dominicaux britannique, et venons-en aux jeunes filles en fleur, dont l'une se laisse choisir par un homme d'église local au grand dam du pater familias et la seconde, particulièrement vaniteuse et très peu populaire dans sa volonté d'être continuellement la première en toute chose, ambitionnant de tenir le rôle d'Elisabeth I dans sa jeunesse, se voit tournée autour comme le miel des abeilles, par le producteur, l'auteur et accessoirement par un acteur amateur de la susdite pièce. Quant au fils de la famille, sujet à des visions hypnagogiques, très réceptif aux phénomènes de photisme, il est remarqué par un professeur aux conceptions scientifiques peu orthodoxes, qui l'entraîne dans une quête guère plus conventionnelle aux ressorts sous-jacent particulièrement troubles. Bref, sous le vernis de respectabilité et d'usages fort policés sourdent des courants inavoués beaucoup plus charnels que les sacro-saints five o'clock,

Insipide, comme du thé sans sucre (désolé les puristes). Ce roman de plus de sept cent pages, manquant paradoxalement de matière, a éveillé l'inavouable et piètre tentation d'abandonner sa lecture et d'en expédier à l'avenant la critique. Nous dirons que l'expérience fut aussi sensuellement agréable que les filandreux résidus qui viennent se loger fort malignement dans les espaces interstitielles de vos dents les plus sensibles, après la dégustation d'une blanquette de veau mal apprêtée.
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La Vierge dans le Jardin est le premier roman d'une série de quatre, écrits par l'écrivaine anglais A.S. Byatt. Suivront : Nature Morte, La Tour de Babel et Une Femme qui siffle.

Nous sommes en Angleterre dans les années 50. Nous suivrons Frederica Potter tout au long de sa vie, ce qui permet de faire le lien également avec les changements sociétaux et le bouillonnement de l'Angleterre à cette époque.
La famille Potter se compose de William le père, universitaire au collège de Blesford dans le North Riding Lands (Yorkshire). et irascible, Winifred la mère de famille et les trois enfants, Stéphanie, Frederica et Marcus, tous plus brillants les uns que les autres. S'y ajoutent d'autres personnages tels que Alexander Wedderburn , professeur dans le même collège et auteur d'une pièce de théâtre sur Elizabeth 1ère, ou Daniel Orton, le vicaire de la paroisse que Stéphanie épousera.
Tous ces moments autour de la pièce (le choix des comédiens, la mise en scène, la représentation en elle-même) donnent lieu à des scènes intéressantes où l'on sent les interactions émotionnelles entre les personnages. Frederica aimerait perdre sa virginité avec Alexander (nous sommes en 1952 !). Mais Stéphanie a également le béguin pour Alexander. Pendant ce temps, Marcus, mutique et à la personnalité tourmentée, sera sauvé par un autre professeur du collège, Lucas Simmonds, qui s'intéresse à lui.

On y parle éducation, histoire de l'Angleterre ou théâtre de façon érudite. On suit tous ces personnages, les chemins qui s'ouvrent devant eux et les choix –bons ou mauvais- qu'ils feront. C'est surtout un roman ancré dans la réalité de l'époque.

Certes, Blesford fait moins « chic » que Oxford ou Cambridge même si la Frederica de ce roman sera la première femme à y étudier
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L'année précédente, il avait monté 'Hamlet' au collège et Marcus y avait été une extraordinaire et angoissante Ophélie. Le jeu du garçon avait quelque chose de la qualité de ses mathématiques et de sa musique, quelque chose de simplement transmis, comme la faculté de communiquer du médium. Son Ophélie était docile, lointaine, presque automatiquement gracieuse ; les chansons et le monologue de la folie étaient une parodie hésitante et délitée de ces qualités. Il n'avait pas campé une jeune fille charnellement attirante, mais une créature vulnérable, et cependant physiquement crédible. Il avait donné aux scènes de flirt et de paillardise la gaucherie d'une extrême incertitude sur la façon de mener de pareilles formes d'entretien, ce qui correspondait exactement à la conception qu'Alexander se faisait de la manière dont le rôle devait, ou du moins pouvait être joué. Il avait livré cette humeur, ces manières, sur les indications les plus minces d'Alexander, mais avait toujours attendu des explications d'une sorte ou d'une autre, n'ajoutant jamais rien de son propre chef, sinon un instinct apparemment impeccable pour le rythme du langage, la chute des vers. Les garçons qui n'ont pas encore atteint l'âge de la fausse honte sont merveilleux à diriger et capable de donner, Alexander le savait bien, une profondeur dont ils n'ont pas conscience à des vers qu'ils ne comprennent pas. Mais Marcus avait accompli quelque chose d'extraordinaire qui avait ému Alexander, l'avait en vérité effrayé, encore qu'il eût apparemment été le seul à réagir ainsi. Aucune autre interprétation d'Ophélie n'avait rendu aussi clair le fait que les événements de la pièce brisent et fracassent purement et simplement une conscience innocente.
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Elle fut sauvée du désespoir, ainsi qu'elle devait fréquemment l'être plus tard dans la vie, par la rage de la compétition à l'état pur, émotion hideuse mais efficace.
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Ils chantèrent, se levèrent, s'agenouillèrent, psalmodièrent, murmurèrent, confessèrent. Son aversion pour le christianisme se durcit comme de la glace. Elle comprit qu'elle avait à moitié désiré partager ce qu'il y avait d'antiquité et d'héritage. Noël l'émouvait. Venez, fidèles, surtout en latin, lui laissait le regret réel d'être exclue de la foi et de la communauté. La naissance difficile par mauvais temps, les anges d'or chantant dans la neige, la parole dans le verbe incapable de dire un mot, voilà ce qu'elle aurait voulu avoir, tout en se sentant exclue de la chaleur et de la lumière dans l'étable par un rationalisme superflu.
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Si elle respectait ses scrupules, pensait-elle, ils finiraient, comme la plupart des scrupules, par lui sembler fâcheux, avec le temps. Si l'on respecte un scrupule un jour ou deux, s'expliqua sagement Frederica, on finit par avoir l'impression d'avoir fait son devoir envers lui, et par espérer que les circonstances, ou la nécessité, le lèveront.
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Alexander se retrouva seul devant l'église, à attendre que la voiture aux rubans blancs revienne le chercher. Il se sentait heureux. Il se sentait anglais. Les cloches carillonnaient, ramage limpide, limité et répétitif dont les notes cascadaient avant d'être captées. L'herbe entre les tombes, émaillée de pâquerettes, était moelleuse et silencieuse. Alexander était un homme capable de faire un détour pour être seul en de pareils lieux de verdure, de silence et de pierres, un homme qui se sentait révérencieux sous les porches des églises, un homme qu'émouvaient les pierres tombales tapissées de mousse, rongées par la pluie, déplacées et adossées à des grilles et à des murs. Les cimetières tiraient le meilleur parti d'Alexander.
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