Comment la vie et les films se rencontrent-ils ? Comment les émotions, les images et les idées naissent-elles les unes des autres ? C'est ce laboratoire fascinant que nous ouvre Je commence à comprendre, recueil de notes, mi-pensées mi-aphorismes, de Michelangelo Antonioni.
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J'ai visité l'usine avec le mur d'enceinte vert. Devant ce mur, j'ai attendu qu'il se passe quelque chose. Il arrive toujours quelque chose. Aujourd'hui non, rien. Et puis j'ai compris que l'événement de cette journée, c'était moi, debout à attendre là devant le mur.
Depuis quelques temps je m'observe. Je regarde les choses qui m'appartiennent, parmi lesquelles je vis. Mes vêtements, une table, des chaussures. Comme si j'étais déjà mort. Je me souviens.
S'agit-il d'une déformation professionnelle ou d'un besoin instinctif de me sentir dans un rapport physique avec l'endroit ou je me trouve ? Je crois davantage à cette seconde hypothèse. En effet, je ne réussis pas à filmer si je ne reste pas au moins une demi-heure seul sur le lieu du tournage, pour le comprendre et individualiser chaque prise de vue.
Les littéraires disent que la littérature est finie, les cinéastes que le cinéma est fini, les peintres que la peinture est finie. Moi, je n'y crois pas.
Le meilleur film est peut-être celui qui naît d'idées multiples, pas d'une seule.
Bertrand Schefer Disparitions éditions P.O.L où Bertrand Schefer tente de dire comment est composé son livre "Disparitions" et où il question notamment de l'Avventura de Michelangelo Antonioni et de Blow-up, de Lewis Baltz et de Francesca Woodman, des frères Lumière et Méliès, de "Yann Andrea Steiner" et de Marguerite Duras, du carrefour de Shibuya et de "Sans soleil" de Chris Marker, de cinéma, de photographie et de littérature,à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L, à Paris le 6 février 2020