A près le succès mitigé de leur mission malgache (Opération ironclad), Robillard et Rivière sont chargés de convoyer des documents secrets d'une grande importance vers l'Afrique du Sud. En vol vers Durban, leur avion, suite à des problèmes mécaniques, est forcé de se poser sur une petite île au milieu du Canal du Mozambique. Cet îlot perdu est habité par un mystérieux entrepreneur portugais. Ce dernier, n'ayant pas perdu le sens des affaires malgré la situation internationale tendue, semble plus enclin à extorquer de l'argent qu'à aider nos deux héros dans leur effort de guerre.
Avec Commando colonial, Appolo (L'île Bourbon, Louis-Ferdinand Quincampoix ) remet sur le devant de la scène un genre un peu oublié : le récit de guerre. Peu d'albums récents, encore moins sur le mode humoristique, utilisent directement les conflits armés comme base narrative. L'excellent travail de
Jacques Ferrandez dans les Carnets d'Orient découle plutôt d'une volonté historique et synthétique de la présence française en Algérie tandis que les inusables Tuniques Bleues sont axés sur la fantaisie pure.
La seconde guerre mondiale a été réellement mondiale. Comme dans le premier tome de la série, le scénariste exploite habilement ce front, oublié ou ignoré, du conflit : l'Océan Indien. Même si elle est moins au coeur de l'intrigue que dans Opération Ironclad, cette guerre sous les tropiques reste bien présente. Il s'agit avant tout d'une histoire d'hommes, de guerriers plus ou moins blasés et toujours guidés par un sens du devoir quasi-absurde. Des personnages originaires de diverses colonies se battant pour une lointaine métropole face à d'autres soldats qui se demandent quelle folie a pu les amener si loin de chez eux. Heureusement, sur ce fond digne d'une tragédie, Appolo arrive à faire rire grâce à un sens de la réplique très aiguisé. Les petits notes ironiques et autres tirades acerbes arrivent presque à rendre cette guerre supportable.
L'ombre de Koinsky et de ses Scorpions du Désert plane néanmoins sur les mers du sud. Pour plusieurs personnages, Appolo, à l'instar d'
Hugo Pratt - un des maîtres du genre –, s'appuie peut-être un peu trop sur des archétypes. Est-ce le prix à payer pour qui s'aventure dans ce type de récit ? Au lecteur d'apprécier cette sensation de déjà vu.
Le style très caractéristique de Brüno (Biotope, Inner City Blues) continue à étonner et à s'imposer. Même si son trait peut sembler peu adapté à ce genre d'intrigue, il rend la lecture fluide grâce à sa grande lisibilité. La composition des planches en quatre bandes accentue l'atmosphère "classique" dans lequel baigne cette BD. Comme pour le scénario, le dessin ramène intelligemment cet album à l'essence même de la bande-dessinée d'aventure : raconter une bonne histoire sans chichi ni fioriture.
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