Journal d'un morphinomane

C'est en cherchant un document pour valider la lettre x du challenge ABC que je suis tombée sur ce journal intime d'un médecin, que j'ai trouvé fort intéressant et instructif en ce qui a trait à l'expérience de la dépendance à une substance et à la lente détérioration qu'elle entraîne. Publié en 1896 dans la revue « Archives d'anthropologie criminelle, de médecine légale et de psychologie normale et pathologique », dans la rubrique « Notes et documents de psychologie normale et pathologique », il couvre, sur une période de quatorze ans, les dernières années de la vie de son auteur qui, en tant que sujet de sa propre étude, y consigne de façon obsessionnelle ses observations quant à sa prise de morphine: poids, quantité, symptômes, état physique et mental, douleurs, dégoût de soi, etc. C'est son médecin, le Dr Joseph Gouzer, rencontré en Cochinchine, qui le récupère au moment de la mort de son patient, et qui en extrait les entrées touchant à la consommation qu'il fait publier dans la revue d'un ami. Tantôt dans l'illusion qu'il peut se contrôler, tantôt dans le déni des effets nocifs que la morphine a sur lui, son univers gravite autour de sa quête d'un produit qui le détruit mais dont il ne peut se passer, chaque jour dans l'espoir vain de se réformer et de vivre une vie normale. Triste et émouvant tout à la fois.