Ce roman m'a été recommandé par des amis. Je les remercie pour cette découverte, ces purs moments de douceur, de fragilité, de tendresse et d'émotions.
Bon sang, Marie-Jo Andouard est quand même une incroyable bonne femme ! Quelle passion, quelle ardeur, quel enthousiasme ! Un modèle pour les enseignants désireux de s'investir à fond dans leur pratique: ne pas baisser les bras et espérer...
Ce roman est percutant, à la fois drôle (on sourit) et triste (les larmes aux yeux et la gorge qui se serre...), surtout à la fin.
On ne sort pas indemne de cette lecture et personnellement j'ai très envie de rencontrer cette Mujo et de lui dire MERCI.
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Nous rencontrons Marie-Jo qui est éducatrice auprès d'enfants blessés par la vie. Ces enfants sont tous handicapés et aveugles.
Avec l'aide de "Dovit", Marie-Jo va mettre en place de nombreuses activités pour permettre à chacun de ces enfants de s'épanouir malgré leur handicap.
Au tout début, Marie-Jo a beaucoup de mal à regarder les enfants, ne sait pas de quelle manière leur parler, ni comment faire avec eux tout simplement. Les deux femmes vont tout de même réussi à leur apprendre à lire, à dessiner...
L'arrivée d'un nouvel enfant, Antoine, dans la classe va complétement chambouler Marie-Jo qui va se lier d'une très forte amitié avec ce dernier. Elle va même jusqu'à le considérer et l'aimer comme s'il était son propre enfant !!!!
Ce roman est un témoignage très fort. Il m'a bouleversé. Au fil des pages, je me suis vraiment attachée à tous ces petits enfants.Je n'arrive même pas à trouver les mots pour décrire ce que j'ai ressenti !!!!
Commenter  J’apprécie         10 Lu en 2006 Témoignage d'une instit pour enfant aveugles et handicapés
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- C'est Marie-Jo, ta maîtresse.
Pas de réponse. Puis au bout d'une éternité, pour moi, Bruno répète, toujours bougon :
- Mujo !
C'est idiot, mais ça me fait plaisir. Le diminutif que Bruno m'a offert n'est ni un surnom d'amitié ni un mot de tendresse, il est totalement involontaire. C'est juste un défaut d'élocution, une impossibilité à s'exprimer correctement, et pourtant, je me sens rassérénée grâce à lui. Me voilà baptisée. Je fais partie du groupe, de leur groupe. Du coup, si l'on peut dire, j'oublie ma maladresse, le geste de rejet du gamin, et je me sens envahie d'une immense bonne volonté. Je suis Mujo, Mujo je resterai. Comme Dovit ou Plume-Plume.
J'étais arrivée heureuse, je m'étais dit, comme toujours: "Ça va être simple, vais entrer en disant : "Bonjour les minots", et ils vont tous se précipiter vers cette nouvelle voix, ma représentation dans le vide, mon code de l'invisible. Alors je leur chanterai une chanson, je leur apprendrai la musique, comme à ma petite grand-mère, je leur donnerai les sons, les harmonies pour rêver, je leur apporterai un autre monde d'espoir...Ce sera merveilleux, formidable, tous ces enfants qui m'attendent à qui je vais apporter la joie de vivre." Je m'étais dit tout ça, pauvre "poudre aux yeux" prétentieuse que je suis.
Dovit raconte des blagues au gamin, qui sourit, blotti contre elle. Je les regarde et j'ai le coeur qui bat...Il est à nous, il est à moi. Qui peut comprendre ? Chaque fois que j'ai tenté, depuis, d'expliquer cette chose étrange, le courant qui passa entre Antoine et moi, entre cet enfant de cinq ans, fragile comme un nouveau-né, intelligent comme un adulte, handicapé au-delà du supportable, croyais-je, chaque fois je me suis heurtée à l'incompréhension totale. Maintenant, je n'essaie plus jamais de m'expliquer. A l'époque, je n'étais pas encore consciente de tout cela : j'avais une mission à accomplir. Elle n'a duré qu'une saison ; enfer et paradis.
(...) les accrochages avec Jean-Pierre sont de plus en plus pénibles. J'en suis malade. Je sens bien que je n'ai pas entièrement raison. J'ai outrepassé mes fonctions. Ai-je le droit de m'introduire dans la vie d'Antoine ? D'essayer d'aider ses parents ? De m'en occuper le week-end et les jours fériés, de l'emmener partout avec moi ? Comment font les autres ? Ceux qui n'ont pas de passion ?
Ils dorment leur vie. Pas moi.
- Mujo ! Tu as dit un gros mot !
J'enchaîne aujourd'hui sur une autre farce, moins cruelle celle-là.
- Ce n'est pas moi, c'est Huguette !
Dehors, Huguette ! Elle est vilaine, Huguette ! On ne dit pas de gros mots dans cette classe !
Cette pauvre Huguette, complètement inventée, les fait beaucoup rire. Antoine surtout :
- C'est même pas Huguette. Eh ! C'est toi !
Huguette sert d'exutoire à tout le monde. Huguette parle mal fait tout mal, Huguette prend la porte, ou la fessée, ou un zéro...
Huguette, c'est bien moi, aujourd'hui.
Mujo a zéro.