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4,1

sur 967 notes
Je me suis laissée dériver dans un cocon moelleux de 1000 pages avec délice, le meilleur rapport qualité prix du monde de l'édition de ce moment, ai-je pensé en l'achetant.

Paul Auster, le plus francophone des auteurs américains ; pour ça aussi on l'aime ; ouvre avec ce titre en forme de compte à rebours, un roman proteïforme, une espièglerie littéraire qui joue sur une forme inattendue, mais pas surprenante pour les habitués, avec un contenu d'une densité incroyable, des portes ouvertes sur l'histoire et la littérature, le mystère de la création.

Un héros, des personnages récurrents, quatre vies, avec le hasard des accidents, des rencontres, les choix à faire à la croisée des routes, une réflexion philosophique sur le sens de notre existence, le libre arbitre et les déterminismes, l'impression du déjà vu ou d'autres possibles. Tout ça est mis en scène avec ces « variations Ferguson » qui ouvrent d'innombrables portes, s'amusent de l'intertextualité, écrivent des romans dans le roman, avec la richesse d'une grande palette émotionnelle .

C'est drôle, émouvant, lyrique, dramatique, sensuel, truculent ou éthéré, comme la vie qui est tout ça à la fois . Paul Auster utilise avec bonheur toute la gamme, dans de belles phrases amples.

Plus que l'évocation du microcosme new-yorkais, sa communauté juive et l'histoire récente des États-Unis, le poids terrible de la question raciale, la guerre du Vietnam, c'est l'entrée en littérature qui m'intéresse le plus, avec l'évocation de toutes ces lectures, ces films mythiques, qu'il met en résonance, le dialogue entre réel et imaginaire, entre lecture et écriture, tout ce qui nourrit la gestation artistique, des grossesses de plusieurs années, les éléments de l'apprentissage.

Qu'est-ce qui ne m'a pas plu ? le baseball, je n'y comprends rien du tout, et je ne fais aucun effort pour m'améliorer …j'essaye juste d'être sympa avec ceux qui tentent de m'expliquer…alors dans un livre sans le terrain, les joueurs et leur attirail, c'est comme lire du chinois .

On retrouve dans ce roman tout ce qu'on a déjà lu de Paul Auster et pourtant c'est différent , le carnet magique, la chambre de bonne au quartier latin…les obsessions austeriennes…laissez-vous faire, embarquez dans cet univers intelligent de culture partagée, il vous en coûtera pas mal de soirées, mais ça donne tellement envie de lire et de relire.





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*** 4 3 2 1 ***
de Paul Auster  (traduction de Gérard Meudal)
Éditions Acte Sud

Connaissez-vous Saul Kripke ?

Pas celui de "Big Bang Theory" qui se prénomme Barry (quoique la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre 😉) mais le vrai, celui qui donne des cours de philosophie à l'université de la ville de New-York ? (NY ? tiens tiens 🤔) Eh bien les travaux de Saul Kripke ont portés, entre autres, sur la sémantique des mondes possibles (ce qui est vrai dans un monde peut être différent dans un monde parallèle).

Vous ne vous êtes jamais demandé ce qu'il se serait passé si vous aviez fait tel choix plutôt que celui-là ?

4 3 2 1 "... Je veux dire qu'on ne peut jamais savoir si on a fait le bon choix ou non. Il faudrait être en possession de tous les éléments pour le savoir et le seul moyen d'y arriver est d'être aux deux endroits à la fois, ce qui est impossible..."

Mais il n'a rien d'impossible pour un écrivain, non ? Surtout quand il s'appelle Paul Auster...

4 3 2 1 "... Ferguson comprit que le monde était fait d'histoires, tellement d'histoires différentes que si on les rassemblaient toutes pour les mettre dans un livre, celui-ci ferait neuf cents millions de pages..."

Eh bien dans "4 3 2 1", Paul Auster a donné vie à 4 personnages principaux...

4 3 2 1 "... Identiques mais différents, ce qui voulait dire quatre garçons ayant les mêmes parents, le même corps, le même patrimoine génétique, mais chacun vivant dans une maison différente, avec sa propre panoplie de circonstances..."

Pendant la lecture, les 4 Ferguson se mélangent légèrement, on perd pied avec la réalité, mais c'est pour mieux nous faire pénétrer l'intérieur de ces mondes parallèles où chaque Ferguson mène une vie différente, réagit différemment aux événements extérieurs (émeutes de Newark, guerre du Vietnam, politique américaine ...).
A aucun moment Paul Auster ne nous lâche la main pour, à la fin du livre, nous ramener au début dans un final qui ne doit rien au hasard.

"4 3 2 1" est un livre BRILLANT , GÉNIAL, un CHEF D'OEUVRE et, à mon avis, le MEILLEUR de Paul Auster.

Alors moi, si j'avais la chance de rencontrer Paul Auster, je n'aurais qu'une seule question à lui poser "Mr Auster, connaissez-vous Saul Kripke ?"
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Ah, Paul Auster ...

J'ai fini 4 3 2 1, depuis plusieurs jours, déjà : je n'étais pas certaine de faire un billet : le 126ième, ce n'était pas vraiment nécessaire et pour autant je voudrais juste partager mon admiration et la béatitude - si,si !!!! - qui a suivi la lecture de la dernière ligne du récit.

Un magnifique roman ou plutôt, vous l'avez compris, quatre romans en un et un véritable livre d'enseignement sur L'Histoire, la politique, la poésie, la littérature, la musique et bien d'autres sujets... J'ai noté quantité de références, décidé de lire des auteurs encore inconnus pour moi, eu envie d'en apprendre davantage sur l'histoire politique américaine à cette époque.
Le genre de livre qui me ravit parce qu'en plus d'être un véritable bonheur de lecture - je me réjouis toujours de savoir que l'écriture de Paul Auster m'attend à la fin d'une journée - il ouvre littéralement l'esprit sur d'autres sujets ou centres d'intérêt qu'on n'aurait peut-être même pas frôlés sans lui.

Bon j'ai été bavarde, mais juste encore un mot : merci infiniment Monsieur Auster d'enchanter mes heures de lecture : je suis toujours certaine de m'enrichir en vous lisant tout en découvrant une histoire qui, je le sais, va me passionner !!
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Pendant des années, j'ai été un lecteur fidèle des romans de Paul Auster. J'aimais particulièrement leur atmosphère, leurs intrigues et leurs personnages irréels, à moins qu'ils ne fussent surréels ou hyperréels. Avec 4 3 2 1, un pavé de mille pages écrites après plusieurs années de silence littéraire, il change de genre, publiant une oeuvre très autobiographique, profondément ancrée dans l'Amérique des années soixante. Il ne faut pas pour autant s'attendre à un ouvrage de facture classique.

Toujours créatif et surprenant, Paul Auster s'interroge sur le mystère des destinées et sur leur dépendance aux contingences, qu'il s'agisse de hasards ou de choix intentionnels. Il aborde le sujet dès le début du livre. Il y est question d'une famille américaine qui répond au nom de Ferguson, alors qu'elle aurait pu s'appeler Rockefeller ! Nul doute que cela aurait tout changé. Mais voilà, c'est bien Ferguson, le nom du personnage principal, possible double de l'auteur. Son prénom pour les intimes : Archie (coïncidence, coïncidence !).

Quel destin attend donc le dénommé Archie Ferguson, fils de Stanley Ferguson, et dont le grand-père aurait pu s'appeler Rockefeller ? Son enfance subira le contrecoup d'un événement grave qui bousculera le parcours professionnel de Stanley, son père. A partir de cet événement, susceptible de se conclure de quatre manières différentes, Paul Auster va imaginer pour Archie, quatre parcours, dont on peut penser que l'un ressemble au sien propre, tandis que les trois autres auraient juste pu être le sien, si…

Selon les aléas de la vie, des circonstances, … des accidents, les quatre Ferguson vont chacun tracer leur chemin et construire leur identité de jeune garçon puis de jeune homme. En tronc commun, la même passion pour le baseball, la lecture, la création littéraire en général, avec selon les rencontres, une attirance particulière pour la poésie, le journalisme, le cinéma ou le roman. Sans oublier les filles, préoccupation majeure, même si le Ferguson numéro trois…

Après un chapitre d'ouverture numéroté 1.0, suivent les quatre premiers chapitres, numérotés 1.1, 1.2, 1.3 et 1.4, chacun consacré à l'un des avatars Ferguson. Dans les chapitres suivants, les épisodes de leur vie se succèdent toujours dans le même ordre, par tranche chronologique, jusqu'à l'achèvement de leurs études … pour ceux qui y arrivent ! Car le titre du livre, 4 3 2 1, a une signification. A un moment ou un autre, la virtualité doit en effet prendre fin. Pour pasticher Hugo, s'il n'en reste qu'un...

Ces narrations parallèles, qui font le charme et l'intérêt du livre, rendent la lecture difficile. Cela ne poserait pas de difficulté si, comme dans de nombreux romans, il s'agissait de quatre personnages différents, ayant chacun leur nom, leur famille, leur personnalité. Dans 4 3 2 1, on s'y perd un peu, parce que nos quatre personnages suivent des parcours différents mais très similaires, et qu'ils ont en commun le même fond de caractère, les mêmes parents, les mêmes proches, dans des contextes différents qu'il n'est pas aisé de garder en tête.

Le texte est exceptionnellement limpide, malgré des phrases à rallonges et de nombreuses digressions. Il est tonifié par l'intégration directe de pensées et de paroles des personnages s'exprimant en langage familier, voire cru. Ennuyeux, en revanche, sont les longs passages consacrés au baseball, passion des quatre Ferguson comme de l'auteur, sur lesquels il ne faut pas s'éterniser si l'on n'y connait rien, comme c'est mon cas.

J'ai apprécié la plongée dans l'Amérique des années soixante, que les Ferguson abordent à l'âge de treize ans – comme ce fut le cas pour l'auteur –, une décennie marquée par la violence des conflits sociétaux liés au mouvement des droits civiques et à la guerre du Vietnam, et jalonnée d'événements tragiques comme les assassinats du Président Kennedy, de Martin Luther King, et de Robert Kennedy. Malaise en découvrant qu'à Newark, banlieue de New York d'où sont originaires Paul Auster et ses Ferguson, les sanglantes émeutes de 1967 s'étaient cristallisées sur des griefs entre ses importantes communautés noires et juives.

Autre thème majeur du livre : la littérature, ou plus précisément l'apprentissage de l'art d'écrire. Comme Paul Auster, ses personnages s'initient à l'écriture par la traduction de poèmes français. J'imagine la difficulté de l'exercice, qui consiste à interpréter l'intention des poètes et à trouver les mots pour l'exprimer. Fascinant.

4 3 2 1, clap de fin ! Une lecture fatigante, mais passionnante.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Si j'étais née à un autre endroit…
Si mes parents avaient eu une autre situation financière…
Si j'avais rencontré d'autres personnes…
Si j'avais fait d'autres études…
Si j'avais épousé quelqu'un d'autre…
Si je n'avais pas eu d'enfants…
Je ne serais assurément pas ce que je suis. Mais ça, on ne le saura jamais !

Qui ne s'est jamais posé ces questions ?
Paul Auster l'a fait, lui aussi, et l'a mis en pratique dans son énorme roman de plus de 1200 pages en édition de poche.
Il a imaginé 4 Archie Ferguson, avec la même famille, mais habitant chaque fois dans un endroit différent, rencontrant des personnes différentes, ayant une enfance différente, une adolescence différente, un début d'âge adulte différent. Il en fait mourir 3, pour n'en rester plus qu'un. 4,3,2,1.
Certaines personnes sont récurrentes, mais agissent différemment.

Beaucoup de thèmes sont présents : la famille, les relations parents-enfants, l'amitié/ l'amour, le sexe, l'homosexualité/ l'université, les études supérieures/ la littérature, le cinéma, le monde de l'édition, le journalisme/ la politique américaine, Kennedy, Nixon, la guerre du Vietnam, les révoltes estudiantines, le Black Power, le racisme/ l'argent, le capitalisme/ le sport, notamment le baseball et le basket/ les influences positives et négatives sur l'individu … et j'en oublie certainement.
Et toujours cette idée : le destin nous manipule, mais nos choix nous façonnent.

Un roman touffu, foisonnant, inépuisable, encyclopédique.
Un style quasi irrespirable, à cause de phrases interminables.
Bref, si l'idée au départ m'a plu énormément, j'ai dû tenir le coup pour terminer cette histoire, ou plutôt ces histoires. Déjà j'ai dû prendre des notes pour m'aider à me repérer, et cela m'a plu moyennement.
Et puis même si toutes les idées lancées et creusées par Paul Auster sont très intéressantes, instructives et sont le point de départ à des réflexions, je les ai trouvées moins originales que celles de ses romans précédents.
N'ayons pas peur des mots : je m'attendais à beaucoup mieux. Beaucoup plus surprenant. Beaucoup plus politiquement incorrect. Beaucoup plus fou.

Mais je ne voudrais pas vous empêcher de lire cette somme de la vie américaine sur 2 décennies (de 1947 à 1970 à peu près).
Alors …4, 3, 2, 1 : partez !
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Mais, qu'est-ce qui a bien pu passer par la tête de Paul Auster pour écrire un tel pavé de 1016 pages ? Plein de choses, me direz-vous...
Il savait pourtant bien que j'aurais du mal à résister à l'envie de découvrir son nouveau roman. Avait-il pensé à mon sac lesté d'un tel livre, l'épaule meurtrie par le poids des mots, lors de mes voyages en métro ? Avait-il pensé -alors que j'ai l'habitude de passer d'une ambiance à une autre par mes diverses lectures mensuelles, que j'aime ces changements d'univers et ces découvertes d'auteurs-, que je serai par conséquent dans l'incapacité d'ouvrir une autre oeuvre, et donc privée, tant que je n'aurai pu finir la sienne, avant pas mal de jours ? Avait-il songé -alors que j'aime suivre l'histoire et ne pas être perdue dans les multiples personnages, que raconter QUATRE histoires d'un même personnage, j'en viendrai à noter sur un petit carnet les particularités d'Archie Ferguson (ou plus exactement ceux des QUATRE Ferguson) et de son entourage mais qu'au bout de deux cent pages à ce rythme, j'ai fini par lâcher l'affaire et accepter d'être si emmêlée dans cette pelote de laine, un peu frustrée de me perdre autant, de mélanger autant, jusqu'à finalement comprendre que ce brouillard c'est un peu le fil conducteur, car l'humain est empli de contradiction, de complexité ?
Il m'a fallu plus de TROIS semaines pour en venir à bout, voyant grandir le petit Ferguson, découvrir son entourage, découvrir ses premiers émois, ses premières souffrances, ses passions.
Il va sans dire qu'il y a pas mal d'Auster dans Ferguson. Il suffit de penser à ses voyages à Paris, ses premières tentatives de romans, ses traductions d'auteurs français, New York, le baseball, la politique, le cinéma, la sexualité, le judaïsme, son amour (dans la vraie vie avec la romancière, Siri Hustvedt). Autant de thèmes chers à l'écrivain qu'il a déjà évoqués maintes fois dans ses précédents romans ou autobiographies.
Je me disais qu'on ne peut vraiment entreprendre ce roman initiatique, raconter, emmêler autant d'expériences et de conscience de la vie, de ses drames et de ses bonheurs, qu'à l'âge où on a en soi une somme de souvenirs, et -peut-être aussi- où on a acquis un minimum de sagesse et d'autodérision. Age où l'on se dit, en regardant un peu en arrière que, si on avait pris une autre voie, fait d'autres choix, une autre carrière, si on avait épousé quelqu'un d'autre, tout aurait pu être différent. Et pourtant… Pourtant, sans trop de difficultés, on aurait sûrement retrouvé quelques similitudes en somme, quelques mêmes aspirations, ou mêmes voyages, les mêmes battements de coeur même si c'est pour des choses et des êtres différents... Comme ces jumeaux, séparés à la naissance qui, sans le savoir, se marient avec le même type de femme, partent en vacances dans la même ville, donnent le même prénom à leur chien. Ces DEUX individus qui parfois n'en font qu'UN (Auster/Ferguson).
Un roman étonnant où on en vient à aimer non pas UN héros principal, mais le même héros multiplié par quatre, quadruplant les facettes, les parcours, les amours, les espoirs.
Par sa complexité narrative, j'ai mis plus de temps que d'accoutumée à m'immerger totalement dans l'histoire.
Mais une fois fait, lorsqu'on ferme la dernière page, on ne peut qu'en ressortir un peu saoule et souriante par tout ce que nous a offert Auster en émotions, en histoire, en anecdotes, larmes et sourires. C'est un roman où on retrouve l'agréable plume de ce romancier américain (peut-être un peu plus grivois qu'auparavant ou est-ce une fausse impression ?).
On en ressort forcément époustouflé en imaginant les mois de travail, de labeur, de sueur (que dis-je, probablement des années pour imaginer et concevoir un tel roman) pour réussir à concocter autant d'histoires en UNE, autant d'histoires qui suivent les grands événements de l'Amérique du vingtième siècle. Et on doit tirer notre chapeau pour sa capacité à faire tenir, une nouvelle fois, en haleine le lecteur jusqu'à la dernière ligne.
Mais, ce n'est peut-être qu'au dernier mot de l'histoire (le dernier mot du livre utilisé par Auster que je vous laisse découvrir) qu'on comprend l'allégorie de ce roman... Ce vers quoi on tend tous. Ou n'est-ce, tout simplement, ce que Paul Auster ressent après avoir vécu toutes ces années ?
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S'il est évident qu'un livre de Paul Auster est un événement, il faut bien dire qu'à la vue de ce pavé de plus de 1000 pages, une petite lassitude anticipée peut pointer son nez...

Mais Paul Auster est facétieux et nous offre quatre romans en un, imaginant son héros des langes à l'âge adulte dans quatre parcours différents, comme en distributeur de destins aléatoires.
On comprend rapidement que, heureusement, les quatre narrations s'intercalent mais il convient de rester concentré pour s'y retrouver, suivre les multiples personnages et situations sans s'embrouiller les pinceaux.

Le jeune Ferguson devient ainsi le héros de sa propre vie avec une seule donnée invariable: la période historique américaine de l'après-guerre, sur plusieurs décennies de mouvances politiques et sociales majeures.

Ce montage original fait de rebondissements et surprises est profondément addictif, mais demande la résistance du coureur de fond, n'échappant pas aux coups de pompe et overdose. Je pense qu'un quart du total aurait pu être expurgé...

Au-delà de la fiction, l'avatar de l'auteur (car il s'agit bien de cela dans une histoire qu'on imagine très autobiographique) est un Candide qui se (et nous) questionne sur le destin, la fatalité, l'éducation, la croyance en un Dieu, l'engagement social et politique.
Quelques ficelles solides maintiennent en cohésion cet ovni littéraire: l'amour, l'attirance sexuelle, l'amitié, la famille et la création et passion de la Littéraire.

En cours de lecture, j'ai parfois imaginé Paul Auster en plein processus créatif, cheveux en bataille avec des post-it partout pour s'y retrouver.
Je serais curieuse de savoir s'il a écrit ses 4 3 2 1 en parallèle ou en série.

(Ouf! J'ai frôlé le burn out, moi ...)
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Quelle performance littéraire ! Ecrire autant s'en se mélanger les pinceaux. La vie d'Archibald Ferguson, héros principal, sera changée en fonction de son père. S'il était mort ? S'il divorce ? Si ses parents restent ensemble ? Il y est question de l'Amérique, et plus particulièrement New York, des amours d'adolescents, des études, du sport, de la famille et bien sûr de la littérature.
Quatre personnages identiques mais différents portant tous le même nom.
Page 1012 : Identiques mais différents, ce qui voulait dire quatre garçons ayant les mêmes parents, le même patrimoine génétique, mais chacun vivant dans une maison différente, dans une ville différente, avec sa propre panoplie de circonstances.
Je suis heureuse de l'avoir lu malgré ce pavé trop long et pas toujours facile à lire à cause de son encombrement.
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4 vies, 1016 pages, 4 kg, et la boucle est bouclée. Pour un auteur comme Paul Auster qui dans ses livres s'interroge sans cesse sur les effets causes-conséquences imprévisibles, qui joue avec les accidents de la vie, les événements absurdes, tragiques ou extraordinaires pour essayer d'en appréhender les suites, ce pavé n'est somme toute pas si surprenant. Mais il fallait oser.
Comment l'arrivée d'un ancêtre ukrainien au nom imprononçable sur les terres du Nouveau Monde a entraîné, de fil en aiguille, la possibilité de quatre trajectoires potentielles (et pourquoi pas 9, ou 15 ou cent?) à la vie du tout jeune Archie Ferguson, voilà tout le sujet du livre.
Mêmes parents, oncles, tantes, cousins et cousines, et des personnages récurrents comme Amy, Jim, Larry ou Don qui gravitent autour de lui mais en entretenant des liens différents avec lui selon s'il est Archie 1, 2, 3 ou 4.
Mêmes événements - USA, années 60 -, même ville -New York ou Newark - même caractère: doué, indépendant, sportif, artiste, écrivain, mais des vies qui s'éloignent les unes des autres au fur et à mesure des événements.

Qui n'a pas rêvé d'être le démiurge d'une vie, celui qui met en place les pièces du hasard qui contrôlera un destin? En jouant avec les différentes possibilités, Paul Auster s'est offert un beau laboratoire sur sa propre existence car Archie, bien sûr, c'est le jeune Paul: mais quel Archie justement? le 1, le 2, le 3 ou le 4? Auster y a mis beaucoup de sa propre vie, de ce que j'en sais.
Et puis, quel foisonnement littéraire, artistique et cinématographique, un peu comme si Paul Auster, approchant de sa vieillesse, aurait voulu écrire LE livre austérien qui possèderait tout ce qui le concerne, le touche au moins jusqu'à la fin de ses années de formation.
Je mentirais en disant que je ne me suis pas ennuyée une seconde (alors que je dévore ses autres romans), que je ne l'ai pas trouvé poussif par instants, mais ce roman est tellement complet, travaillé, bien écrit et pose tellement de questions que c'est clairement un grand livre, un travail incroyable, tout comme son auteur.
Juste un conseil, ce n'est sans doute pas le meilleur pour commencer à lire Auster.


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Mon premier Paul Auster,que je ne pensais pas du tout lire mais je l'ai vu à la bibliothèque et sur une impulsion je l'ai pris ...Un sacré pavé qui raconte les quatre vies possibles d'Archibald Ferguson, petit-fils d'immigré, à New-York. Quatre destins ,quatre histoires pour un seul et même personnage qui traverse les années 50 à 70 . On le suit donc de l'enfance au début de la vingtaine.
Et ce livre ne laisse pas indifférent ! Déjà il y a cette écriture, des phrases longues mais c'est bien écrit, prenant. Et puis il y a le contexte qui est passionnant des Etats-Unis : la montée de la société de consommation, l'assassinat de Kennedy , l'anti-communisme, les manifestations pour les droits civiques, la guerre du Vietnam ...Et Archie, selon sa vie, va en être plus ou moins concerné !
Ce qui est fascinant aussi, c'est que jamais Archie n'est radicalement différent selon les histoires, il est toujours lui, toujours ce même caractère ,on le reconnait bien et c'est ce que j'ai apprécié ! C'est ce que j'avais détesté dans "la part de l'autre" ,le fait qu'Hitler qui a réussi le concours de l'académie des beaux arts devienne carrément un homme opposé à celui qu'on connait . Paul Auster est pour moi plus logique en montrant que ses personnages,selon la version, ont finalement plein de choses semblables même si leur vie n'est pas la même, ainsi que leur destinée. Mais c'est les petits détails qui vont tout changer !
Les seuls petits points négatif c'est qu'au bout de 500 pages j'ai trouvé quelques longueurs mais c'est peut être aussi que je n'ai pas l'habitude de rester sur un roman plus d'une semaine . Et puis j'ai quand même pris un papier pour noter les principaux événements dans la vie d'Archie selon les versions car parfois j'étais un peu perdue sinon .
Mais si vous n'avez pas peur des 1016 pages , c'est vraiment génial !
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