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4,1

sur 967 notes
Un roman époustouflant ! 1 personnage pour 4 destins possibles se mêlant aux événements des années 1950-1960 aux Etats-Unis : guerre du Vietnam, répression raciale, conflits universitaires…

J'ai souvent arrêté de respirer pour arriver au bout des phrases, les mots s'enchaînant sans répit ! Impossible de ne pas continuer à tourner les pages jusqu'au KO du sommeil !

Les idées de Paul Auster sont brillantes et brillamment écrites. Ses descriptions minutieuses sont accrocheuses en diable, impossible de ne pas en lire un mot : New-York tout particulièrement.

Paul Auster est un conteur hors pair et le traducteur a su rendre cette magie ! Grand roman, gros pavé mais petite critique, je suis encore sous l'émotion d'avoir refermé ce livre hallucinant !

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Quel pavé ! Malgré quelques longueurs, je me suis accrochée et j'ai beaucoup apprécié cette construction originale de la plume du grand Paul Auster.
Et si...
Si notre vie avait bifurqué, c'est la trame de ce roman composé de quatre versions différentes de la jeunesse du même personnage durant les années 50 et 60.
L'atmosphère de l'époque est prégnante dans ce milieu juif new-yorkais que l'écrivain connait bien, ce microcosme un peu étriqué et malgré tout universel dans son humanité.
Même si leur destin est différent, des points communs se dessinent entre les quatre Ferguson : amour de la lecture et de l'écriture, du cinéma, de la politique.
Les liens familiaux sont magistralement décris, l'ambigüité de l'adolescence est finement observée et l'époque rappellera des souvenirs aux lectrices et lecteurs de ma génération, même non américains.
La fin nous réserve une surprise de taille.
Je n'en écris pas plus, voyant qu'il y a déjà 210 critique pour ce livre que je ne vous dévoilerai pas.
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Le grand-père d'Archie, débarqué sur Ellis Island le 1er janvier 1900, se retrouve affublé du nom d'Ichabod Ferguson par un fonctionnaire de l'immigration qui ne l'a pas compris. le tout nouveau Ferguson fait alors sa vie aux Etats-Unis, jusqu'à avoir ce petit-fils, Archie, doué pour l'écriture. La vie pouvant prendre des virages radicaux suite à trois fois rien, le lecteur va alors suivre quatre vies parallèles d'Archie. Quatre destins à la fois proches et différents...

Mais quel livre ! L'on ne présente plus Paul Auster, dont cet opus couronne le summum de sa carrière, constitue une apogée, un aboutissement. Car malgré la difficulté au début de comprendre la finalité de cette construction en sept parties elles-mêmes divisées par quatre sous-parties, on comprend en définitive que cette histoire est plus ou moins une sorte d'autobiographie dissimulée, car la fin envoûte et annihile toute question sur l'intérêt de l'exercice. L'auteur parle avec délectation et peine de sa ville de New-York, de son Amérique marquée par la violence, le racisme, les magouilles politiques et le capitalisme. A travers les vies de son personnage quasi avatar, il nous fait retraverser l'histoire américaine d'une façon si détaillée que ça sent le vécu.
Paul Auster a également une aisance d'écriture assez déroutante, merveilleusement retranscrite en français par le talentueux Gérad Meudal, qui s'occupe aussi entre autres des textes de Salman Rushdie (faut pas s'étonner après qu'on choisisse de savourer ces auteurs en français plutôt qu'en VO). L'auteur fait preuve d'un lyrisme, d'un rythme, d'un humour et d'une repartie fluides assez exceptionnels qui ont l'air tout simples comme ça alors que pas du tout.
Il peut être compliqué et déboussolant au départ de suivre ces quatre tranches de vie parallèles, surtout quand Ferguson est encore jeune. Mais les distinctions deviennent plus faciles dès lors que Ferguson dépasse l'adolescence. Et alors, il est fascinant de voir combien ces 4F sont ressemblants tout en étant différents.
Ce gros livre n'a en réalité que l'apparence d'être gros. Il se lit tout seul, il se déguste jusqu'à certaines révélations alléchantes. On sent que l'auteur s'est plus que jamais donné dans cet ouvrage, lequel joue peut-être le rôle de ses mémoires.
Ne le manquez pas !
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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J'aurais dû me méfier et lire la quatrième de couverture, mais je ne l'ai pas fait, du coup je me suis embrouillée.

Pas grave, retour en arrière pour comprendre qu'il y avait quatre personnages et pas un ou quatre vies différentes pour un seul et même personnage. Quelle brillante idée !
J'aurais voulu moi aussi avoir la possibilité d'avoir autant de vies et choisir laquelle me conviendrait le mieux…

Plaisanterie mise à part, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai suivi les quatre Ferguson.

Il vaut mieux avoir le temps pour lire ce Grand roman qui compte plus de mille pages, où les dialogues sont rares, car on peut saturer vers la fin.
C'est ce qui s'est passé avec moi, ce qui explique ma note.


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A son arrivée à New-York, le grand-père d'Archie, migrand juif russe, a été baptisé Ferguson par un fonctionnaire d'Ellis Island, suite à une incompréhension. Paul Auster nous conte les quatre vies parallèles d'Archie Isaac Ferguson. Plutôt trois et demi d'ailleurs, puisque l'un des Ferguson meurt dès la fin du second chapitre qui lui est consacré. L'auteur nous fait ainsi traverser l'Amérique de l'après-guerre jusqu'à la fin des années soixante : les guerres de Corée et du Viet-Nam, le mouvement d'émancipation des noirs avec leur cohorte d'émeutes, le mouvement anti-guerre du Viet-Nam, etc. Il nous fait partager les angoisses des jeunes Fergusson, leurs émois amoureux d'adolescents, leurs questions existentielles de jeunes adultes... Il faudra attendre les toutes dernières pages du roman pour apprendre qui est le vrai Archie I. Ferguson et comprendre le point de départ de l'histoire.

C'est le premier Paul Auster que je lis ; un cadeau de Noël. Et franchement, je suis très déçu par rapport à tout ce qui a pu être dit ou écrit sur ce livre. Certes, l'idée de quatre vies parallèles, évoluant différemment selon les événements et personnes rencontrées, est intéressante, d'autant que les personnages sont assez attachants. Mais la façon dont elle est traitée la rend plutôt ennuyeuse : une forme très descriptive, multipliant les détails et les angles de vue ; assez peu d'action et de rebondissements ; très peu de dialogues. On imagine aisément que l'auteur a mis beaucoup de lui-même dans ce livre, et j'en conclus qu'il avait très envie de se raconter, trop...

Le style ne m'a pas plus convaincu. Je le trouve plus ampoulé qu'original, avec des phrases et des paragraphes souvent très longs, ne facilitant pas la lecture. Il me semble qu'un texte plus concis (en l'état, c'est un pavé de plus de mille pages !) aurait pu avoir plus de force.

Bref, une grosse déception, qui va me conduire à lire un autre des succès de l'auteur pour vérifier s'il s'agit seulement d'un rendez-vous manqué avec un livre, ou une incompatibilité plus forte entre Auster et moi.
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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Imaginer des univers parallèles est un exercice allègrement pratiqué par les auteurs de science-fiction, à commencer par l'un des plus brillants d'entre eux, Philip K. Dick. Ce n'est pas a priori dans cette discipline que l'on attend Paul Auster, de retour avec un de ses romans les plus ambitieux, au titre de compte à rebours : 4321. S'il démarre sur une base fantastique avec quatre versions différentes de l'enfance, l'adolescence et la jeunesse d'un dénommé Archie Ferguson, d'extraction juive et né à Newark en mars 1947 (un mois après Auster), le livre n'appartient évidemment pas au dit genre en mariant davantage les dimensions du roman historique à un récit intime d'apprentissage de la vie. Et quatre fois plutôt qu'une puisque telle en est l'ambition. Ce sont toutes les vies qui auraient pu être siennes, à Archie, qu'Auster décrit chapitre après chapitre, depuis la naissance de son héros, jusqu'à ses 20 et quelques années, au début des années 70. Chacune de ses trajectoires existentielles ainsi que les quadruples portraits d'Archie ressemblent peu ou prou à la jeunesse d'Auster mais le roman n'est pas à lire comme une autobiographie déguisée et comment le pourrait-il d'ailleurs vu les destins dissemblables de son (ses) personnage (s) principal (aux) ? Les thématiques majeurs appartiennent pourtant bien à l'auteur de Moon Palace : l'amour de la littérature et la vocation de l'écriture, la passion pour le cinéma, l'insoutenable difficulté de vivre en couple et/ou de dissocier sexe et amour, le goût des sports américains, l'impact des événements politiques, sans parler d'une francophilie galopante qui n'épargne aucune des incarnations d'Archie Ferguson. Il y a beaucoup de constantes dans la personnalité du jeune américain mais aussi pas mal de divergences dues à des décisions personnelles ainsi qu'à des variations dans le destin de ses proches, à commencer par Amy, en quelque sorte la moitié d'orange d'Archie, qui ne cesse de se rapprocher puis de ses dérober, dans une valse permanente des sentiments. 4321 alterne les moments dramatiques avec des périodes de réflexion quant à savoir quel sens donner à sa vie, ce qui est après tout l'interrogation majeure pour tout humain digne de ce nom. Archie et ses amis évoluent dans un époque très tumultueuse, correspondant principalement à la grande contestation des années 60 aux Etats-Unis et concernant en grande partie l'engagement dans le conflit vietnamien. Auster consacre de nombreuses pages (trop, peut-être) au vécu de ses protagonistes sur les grands campus américains avec du sang, de la sueur et des larmes. Pour le lecteur, 4321, au-delà de la longueur du roman (1016 pages), qui ne pose pas de réel problème, c'est le passage d'un Archie à un autre qui est parfois source de légère confusion mais c'est surtout vrai dans les premiers chapitres du livre et pas rédhibitoire du tout. C'est la grande maîtrise narrative de Paul Auster qui impressionne le plus et sa façon remarquable de ménager un équilibre entre les événements extérieurs qui façonnent une personnalité et les tempêtes intérieures qui influent sur les décisions individuelles. Car s'il y a sans nul doute un destin pour chacun (écrit ou pas), il y a aussi les choix que l'on fait et qui orientent dans une direction ou une autre. Vers quatre chemins différents ? Oh oui, au moins.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Paul Auster, étonne-moi! Je suis entrée sur la pointe des pieds dans ce pavé gigantesque, ignorant délibérément le résumé, même si, bien sûr, j'en avais entendu parler dans les nombreuses entrevues accordées par Paul Auster à la presse écrite et télévisée lors de sa sortie. Crainte d'être déçue? Peur de m'ennuyer? Impressionnée par l'ampleur du volume? Tout ça. Et je ne voulais absolument pas assister à une possible déconfiture de l'un de mes auteurs favoris.
Dès la page 60 (sur plus de 1000), me voici déjà déstabilisée…
Archie Ferguson, né en 1947 dans le New Jersey, fils unique de Rose et Stanley. C'est sur ce socle que Paul Auster érige ses histoires multiples autour de diverses destinées de son héros (ou de ses clones). Selon la mort du père dans un incendie, du divorce de ses parents ou d'une union durable de ceux-ci, Archie habite ses multiples vies sous nos yeux ébahis. Un roman d'apprentissage hors du commun, le portrait d'une génération née dans l'après-guerre, avide de changements sociaux durant les bouillantes années 1960 (« … que faire ou ne pas faire lorsque le monde flambe et que l'on ne dispose pas de ce qu'il faut pour éteindre les flammes, quand le feu est en vous autant qu'autour de vous, et quoi que vous fassiez vous ne pourrez rien y changer? »), envahi par l'aura attractive de New York City (et une incursion bénéfique à Paris au coeur du roman). C'est une prouesse d'écriture et d'imagination car, outre le talent évident de l'auteur pour raconter et une conscience aiguë de la grande Histoire, 4 3 2 1 émeut et captive. J'ai tenu cet ouvrage à la force des mes poignets dans mon lit, lors de périodes d'insomnie et en dépit de sa pesanteur, jamais ce livre ne m'est tombé des mains. À l'injonction première, Paul Auster, étonne-moi!, c'est incontestablement réussi. Sans hésitation, cinq étoiles pour l'ensemble de l'oeuvre, véritable hommage à la littérature et au processus combien ardu de l'écriture. Allez-y à votre tour et plongez dans ces « voyages au Royaume de l'Encre »!
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Retrouvailles avec Paul Auster après plusieurs décennies. Comme le temps passe vite. Et comme mes goûts ont changé ...

4 3 2 1 Attention Mesdames et Messieurs dans un instant on va commencer ! Installez-vous dans votre fauteuil bien gentiment. Euh non, en fait ça ne commence jamais vraiment, l'histoire ne démarre jamais parce que tout simplement il n'y a pas d'histoire ! Eh oui plus de mille pages (en grand format) et que des bavardages, des anecdotes, des détails. Paroles, paroles, paroles. Et tout ça ressemble plus à un soap, à une série télévisée qu'à du cinéma, qu'à un grand film, à vrai dire.

Bon j'ai pourtant ressenti un petit frisson après une centaine de pages quand je me suis rendue compte que Paul Auster jouait avec la trame du roman, comme un artiste plasticienne modèle une boule de glaise, un bloc de marbre. Mais très vite mon excitation est retombée, j'étais loin des très beaux « Moon Palace », «Trilogie new-yorkaise » et «le voyage d'Anna Blumme» de mon adolescence (certes période propice aux embrasements ravageurs) et j'ai trouvé l'imagination de mon ex-auteur favori ô combien pâle, ô combien tarie même.

Reste une photographie des Etats-Unis des années 50 et 60, l'évocation de ces années mouvementées, Martin Luther King, les émeutes raciales, la guerre du Vietnam. Et aussi les matchs de basket-ball, de base-ball et de football (j'avoue avoir survolé de nombreux passages …).

Reste ce témoignage de cette Amérique idéalisée où tout le monde il est beau, tout le monde il est intelligent, tout le monde il est cultivé, tout le monde il est gentil et où tous se voient proposer des jobs épanouissants, des bourses prestigieuses et des carrières brillantes … Et du microcosme des Juifs blancs originaires de l'Europe de l'Est, extrêmement solidaires entre eux mais complétement hermétiques aux autres composantes de la société américaine, dangereusement renfermés sur eux-mêmes …

Et reste cette interrogation à propos de la manie étrange de tout situer par rapport aux points cardinaux. Noms des rues et des quartiers de New-York bien sûr, mais aussi Auster parle de l'extrémité sud-ouest du campus, des box le long des murs nord et est. Même quand le protagoniste est à Paris, il évoque les étagères de son appartement le long du mur Nord, … Et je me suis demandé si c'était un clin d'oeil aux Peaux-Rouges … mais bon je vais sûrement chercher trop loin.
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Alors alors, que vaut le dernier Paul Auster ?

Tout d'abord, il faut que vous sachiez deux choses importantes sur « 4 3 2 1 » :
– il pèse 1,259 kg ! Oui, oui, vous avez bien lu… Au début je l'ai promené avec moi dans les transports mais franchement là, et ce n'est pas dans mes habitudes, je vous recommande de le prendre en ebook sur liseuse parce qu'il est lourd et ce même pour chez soi sur le canapé.
– il comporte 1 016 pages ! Oui, oui, vous avez bien lu aussi… Pour ceux qui aiment se plonger dans plusieurs ouvrages à la fois ou qui pensent s'arrêter pour faire autre chose, je vous le déconseille. Ce qui fait l'essence même de ce roman fait qu'il vaut mieux se l'enfiler d'une traite au risque de ne plus savoir qui on est ni où on crèche ! Alors préparez vos yeux et votre tête en conséquence. Perso, cela m'a pris le week-end mais j'étais motivée par la rencontre de samedi.
Et puis la nouvelle sélection des livres du Grand Prix des Lectrices ELLE 2018 va me parvenir donc, je n'avais pas trop le choix pour ne pas prendre de retard…

Et donc et donc…….. sinon ?

Cela faisait sept ans que l'écrivain n'avait rien proposé à ses lecteurs.
Avec ce quinzième roman, nul doute qu'il fait un retour remarqué !

Que serait devenue votre vie si … ?

Voici la question que pose ce livre.

L'écrivain nous propose quatre versions de la vie d'Archibald, ponctuées toutefois de quelques éléments persistants (Amy, l'écriture…).

1.0
1.1
1.2
1.3
1.4


Ou comment une circonstance, complètement anodine, peut bouleverser une existence…

A quel point cela ressemble à Paul Auster lui-même ?
Nous sommes en droit de nous poser la question laquelle, je l'espère, sera abordée à La Grande Librairie jeudi soir ou lors de la rencontre orchestrée par François Busnel à laquelle je vais assister samedi au Théâtre du Rond-Point.

Ce livre m'a fait penser à un film que j'avais beaucoup aimé et qui m'avait marquée en son temps (1998) : « Slinding Doors » (« Pile ou face » en français).
On peut aussi faire un parallèle (sans doute facile mais pas si idiot que ça à la réflexion à mon avis) avec un autre film que j'adore : « Forrest Gump ».
Pourquoi ? Eh bien lisez-le et vous comprendrez certainement à quoi je fais allusion !

Je suis loin d'avoir découvert toute l'oeuvre de l'écrivain.
En revanche je peux affirmer et je pense que je ne serai pas la seule à le dire que c'est un roman qui marquera par la force littéraire qui s'en dégage tant du point de l'histoire que de la construction et de l'écriture.

Lien : https://arthemiss.com/4-3-2-..
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J'ai découvert Paul Auster il y a déjà un long moment, j'avais beaucoup apprécié certains de ses livres, et puis moins d'autres, plus récents, et je n'ai plus lus les tous derniers. 4321 a donc été l'occasion de me remettre dans l'univers de l'auteur new-yorkais, dans un livre impressionnant par la taille.

Malgré le nombre important de pages, le roman se lit rapidement, il est prenant, très efficace dans sa manière de construire les intrigues et leurs imbrications. Archibald Ferguson, personnage principal, de quatre récits de « vies parallèles », qui auraient pu être si certains petits événements, certaines petites décisions eussent été autres, résume sans doute la jeunesse de Paul Auster, l'univers dans lequel il a grandit, est devenu adulte. Au final, malgré le nombre de pages du livre, il est resté pour moi plus un concept qu'une vraie personne, du fait peut-être de toutes ces variations autour de son existence, de toutes les combinaisons des possibles : même la mort n'est finalement qu'un état passager, puisqu'on retrouve Archie en pleine forme dans le chapitre suivant, vivant une vie légèrement différente. L'intérêt du livre vient à mon sens plus du climat d'une époque, des événements. Paul Auster condense l'essentiel de la vie de son pays, et de la façon dont les gens de son âge ont pu les ressentir.

Sa vision n'a rien d'idyllique, c'est même plutôt noir, et sans grand espoir de changements, en particulier dans les mentalités. Par exemple, même si les Noirs peuvent exprimer leurs revendications, et obtenir quelques avancées dans les lois, la violence, policière ou celle des simples citoyens, est toujours aussi forte, et une montée de haine entre les deux communautés semble se poser comme indépassable. Les contestations qui ont ébranlé la société dans le troisième quart du XXe siècle, n'ont pas pu détrôner les pouvoirs en place, et au final ont plus abouti à des toilettages de surface qu'à un autre modèle de société. Archie, qui est plus un observateur qu'un acteur direct, se met toujours, d'une façon ou d'une autre, en retrait, essayant de trouver, tant bien que mal, une place acceptable pour lui-même, dans un univers violent et profondément inégalitaire.

C'est prenant et très bien fait, même si au final, le décor et les événements décrits par le livre sont relativement connus, par moments pas si loin du cliché (les parties à Paris et à Londres, par exemple), et que la construction d'ensemble est peut-être un peu artificielle, en particulier à la fin, lorsque son personnage explicite le principe qui a présidé à la conception du roman. Mais c'est globalement réussi, l'enchevêtrement des récits marche la plupart du temps très bien, au point où on ne sait plus quel numéro du personnage a fait ou vécu quelque chose, mais que c'est sans importance, parce que le tableau global est le plus essentiel, l'impression d'ensemble. En revanche, la fin des trois « avatars » est un peu trop mécanique à mon sens. Ce ne sera donc pas pour moi le grand roman américain-bilan de cette époque, mais un livre bien fait et agréable à lire, qui me donne envie de redonner sa chance à Paul Auster.
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