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EAN : 9782707156891
540 pages
La Découverte (12/05/2010)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

Comment penser la France d'aujourd'hui sans verser dans la nostalgie à l'égard de sa mythique grandeur passée, et comment construire un nouveau " vivre ensemble " ? De quelle manière sortir des pièges de l'identité nationale et des fantasmes sur les dangers de l'immigration ? Comment penser les relations de la France avec le monde postcolonial, alors que le continent africain fête les cinquante ans d'indépendance de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voilà plusieurs années que je suis avec intérêt les travaux de l'ACHAC (Association pour la Connaissance de l'Histoire de l'Afrique contemporaine). Dans leur précédente somme "Culture coloniale" (CNRS Editions/ Autrement, 2008), ce groupe de jeunes historiens exhumait, de 1870 à nos jours, les traces en France métropolitaine d'une colonialité dont on avait jusqu'alors sous-estimé la prégnance. Deux ans plus tard, le groupe élargit sa perspective en s'ouvrant à de nouvelles problématiques, moins historiques et plus politiques, et à de nouveaux horizons (on saluera les contributions de nombreux chercheurs de toutes nationalités travaillant aux Etats-Unis tel l'historien sénégalais Mamadou Diouf ou la grande dame des Gender studies Anne McClintock). Ce faisant, "Ruptures postcoloniales" peut se lire comme le troisième volet d'un tryptique, commencé en 2005 avec "La fracture coloniale" qui, dans une perspective plus sociologique, cherchait à démontrer la présence toujours bien vivace dans la société française contemporaine d'un héritage colonial mal assumé. Ce faisant aussi, la quarantaine de contributeurs réunis autour de Nicolas Bancel et de Pascal Blanchard s'exposent aux critiques parfois virulentes de J.-F. Bayart qui leur reproche de réifier le fait colonial et d'en nier l'historicité.
Dans une introduction remarquable, les six coordinateurs du livre répondent aux critiques qui leur sont adressées. On leur reproche d'ethniciser le fait social ? Vent debout contre le "retour tonitruant" de l'identité nationale dans le débat politique français" (p. 26) mais aussi contre le procès en communautarisme qui leur est intenté, ils prônent un vrai cosmopolitisme et affirment que la société française doit se penser en termes d'hybridation voire de créolisation (p. 15). On les accuse d'entretenir une "guerre des mémoires" ? Ils revendiquent au contraire un "travail d'anamnèse" (p. 22) préférable selon eux à "l'aphasie coloniale" (l'expression est de Ann Laura Stoler) qui a trop longtemps prévalu. On pointe leur engagement politique au détriment de leur rigueur scientifique ? Ils invoquent les mânes de Michel Foucault pour réhabiliter la figure de l'intellectuel engagé.
La démarche a le mérite de rompre avec le conformisme timoré qui prévaut souvent dans le monde des sciences humaines. Elle n'en rencontre pas moins certaines limites dont cet ouvrage collectif est emblématique.
"Ruptures postcoloniales" a en effet perdu la cohérence de ses prédécesseurs. Nulle part n'est explicité le choix du titre : de quelles "ruptures postcoloniales" s'agit-il ? Les contributions se succèdent sans plan très clair (autant le premier quart du livre consacré aux pères fondateurs de la pensée postcoloniale a sa cohérence - on saluera l'essai de A. Boubeker consacré au trop méconnu A. Sayad - autant la seconde partie apparaît comme un fourre-tout hétéroclite). Certains contributeurs prestigieux n'ont pas pris la peine d'écrire des articles en bonne et due forme et ne sont présents que sous la forme d'entretiens ce qui n'est jamais bon signe (Patrick Weil, Mamadou Diouf, Pascal Boniface). A côté des contributions toujours très sures de Benjamin Stora ou de Marie-Claude Smouts, certaines autres sont la reprise parfois à l'identique d'articles de "Culture coloniale" (Achille Mbembe, Gabrielle Parker, Herman Lebovics), d'autres ne se justifient guère (ainsi du long article de Françoise Vergès sur la Maison des civilisations et de l'unité réunionnaise sans lien clair avec les autres articles du recueil). Plus inquiétant encore, d'autres se perdent - et perdent au passage leurs lecteurs - dans un sabir inutile (on peine à voir l'intérêt de certains néologismes forgés sans justification : mêlement (p. 180), déréalisation (p. 224), déclosion (p. 305), monstration (p. 398), transcolonialité (p. 404), etc. ) et dans des développements dont je confesserai, le rouge au front, ne pas avoir compris le moindre mot (ainsi de l'article de Ramon Grosfoguel sur le "pluri-versalisme décolonial").
A force de vouloir parler, mal, de tout, la pensée postcoloniale, véritable auberge espagnole, court le risque de ne plus parler de rien.
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Vidéo de Nicolas Bancel
Modération: Pascal BLANCHARD, historien Intervenants: Nicolas BANCEL, professeur à l'université de Lausanne, Sandrine LEMAIRE, agrégée et docteur en histoire de l'Institut universitaire européen de Florence, Alain MABANCKOU, écrivain et enseignant, Erik ORSENNA, écrivain et membre de l'Académie française
Pendant plus de deux siècles, de 1750 à nos jours, de l'ancien empire colonial à la dernière décolonisation (1980, avec les Nouvelles-Hébrides), l'empire colonial a fait partie du quotidien des Français. Affiches touristiques ou de recrutement militaire, expositions coloniales et universelles, manuels scolaires et propagande dans les écoles, couvertures de livres et de magazines, presse et brochures de propagande, photographies et cartes postales, jeux de société et bandes dessinées, publicités et films, monuments et statues, peintures et émissions de radio… tous les supports ont participé à cette apologie de l'Empire et de la « Plus grande France ». Cette histoire a traversé les générations et nous questionne à l'occasion du 60e anniversaire des indépendances, elle a engagé des budgets majeurs, a déclenché des conquêtes et des guerres sans fin, et cette histoire interroge aussi désormais la République et l'histoire contemporaine de la France à travers les débats mémoriaux actuels. Cette histoire est une histoire française. Une approche inédite sur le passé colonial de la France qui participe au travail de déconstruction en cours sur l'héritage de la colonisation, et qui nous permet de regarder autrement ce passé et les héritages dans le présent. Voir moins
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