Je suis bien embêtée pour donner mon avis sur ce bouquin ...
Car "subjectivement" (je sais pas bien qu'un avis est toujours subjectif certes ... mais bon ... on se comprend... ) je n'ai pas pris de plaisir au cours de cette lecture.
C'est une lecture qui m'a "tendue".
Lucia m'a énervée.
Elle n'est jamais contente (ou alors si , quand elle est contente elle est "violemment" contente, car elle vit tout " intensément", bien sûr !).
Elle juge tout le monde (avec son prisme "pour la Cause" /"contre la Cause"), elle n'aime pas les français , sauf certains, elle n'aime pas les espagnols , sauf certains, elle n'aime pas ses voisins, sauf certains ...
Y'en a qui ne sont pas assez révolutionnaires pour elle , d'autres qui sont bien révolutionnaires mais qui puent des pieds et parlent trop fort quand ils sont chez elle ...
Elle n'aime pas Jon ... mais elle l'aime quand même et ça l'énerve...
Elle n'aime pas quand son mari part faire la révolution (elle passe sa vie à l'attendre/l'espérer, elle en crève de ne pas avoir de nouvelles, elle nous pompe l'air toute la première moitié du bouquin avec ça, on la comprend bien sûr ...), mais elle n'aime pas quand il s'installe dans une vie routinière près d'elle et qu'il baisse la garde , etc bref rahhhhh elle n'est jamais contente ...
Tout le monde a toujours un peu tort sauf elle quoi ! J'exagère , je sais bien que ce que tout cela nous montre justement c'est la confusion des sentiments, le fait d'appartenir à un peuple, un groupe, etc ... Combien il est compliqué de concilier tout cela dans la vie de tous les jours (élever les enfants, survivre, etc), avec les valeurs/les idéaux /les concessions/la réalité... bref "
Sois forte Lucia" , coûte que coûte , comme le dit le titre . Comme dirait Ludwig-von-88 (... euh non
Mao Zedong , ah! ) "la Révolution n'est pas un diner de gala" ... certes.
(sans compter qu'avec mon misérable niveau culturel j'ai dû m'accrocher concernant les références historiques/politiques , j'avais en tête que le "méchant" c'était Franco, certes, mais ensuite quel bazar ... entre ceux de gauche qui sont gentils-mais-pas-tous , les communistes qui s'allient aux indépendantistes mais pas tous, ceux qui d'un coup deviennent des traites, etc . BREF c'est bien compliqué la guerre d'Espagne, la révolte des Asturies, etc. Heureusement qu'il y a wikipedia pour des boulets comme moi sinon franchement c'est difficile de suivre ...)( ...j'aurais apprécié que la préface présente en quelques mots la situation géopolitique , ce n'est pas forcément le rôle d'une préface certes, mais pour ce type de récit c'est tout de même important d'avoir quelques bases ... que tout le monde n'a pas en ouvrant un "roman", moi la première).
BREf "subjectivement" ce fut une lecture "longue" à mes yeux, difficile à suivre sur le plan géopolitique (oui ! ah!), et pas du tout "récréative" (le seul à qui je me suis attachée c'est Jon ... le pauvre).
Mais "Objectivement" je dois reconnaitre que c'est un bouquin qui a des tripes, c'est justement pour cela qu'en le refermant on est "tendu" . Il transmet l'inconfort, la révolte , le côté insoluble de certaines situations douloureuses ... Et à ce titre c'est un ouvrage qui ne laisse pas indifférent. Et en général on peut dire que de tels ouvrages, ceux qui ne laissent pas indifférents, sont de bons ouvrages. Certes.
Et je suis contente de l'avoir lu , je suis un peu moins "inculte" (légèrement moins ... ) grâce à lui .
Alors :
- subjectivement : 2 étoiles
- objectivement : 4 étoiles
Je remercie les éditions Cairn et l'opération Masse Critique pour l'envoi de ce roman.