«
le magicien d'Oz » fait parti de ces livres qui ont fait de moi une lectrice passionnée dès toute petite. Je me rappelle mon émerveillement à cette lecture.
La plus belle adaptation cinématographique est sûrement celle de Victor Fleming avec Judy Garland dans le rôle de Dorothy, mais je reste enchantée des images mentales que je me suis construite dans ma tête et qui m'ont laissé un souvenir inoubliable.
Le moment de la lecture offerte est le moment que mes élèves attendent chaque jour d'école avec impatience, ils sont toujours très curieux de connaître la prochaine histoire que je vais leur raconter.
J'ai choisi de leur faire découvrir «
le magicien d'Oz », un chapitre par jour, pour leur montrer qu'un long roman ne doit pas leur faire peur et qu'il peut être appréhendé comme une succession de petites histoires qui se suivent.
Beaucoup n'ont jamais lu de romans de près de 200 pages, mais ils ont reconnu que lorsque l'on aime une histoire, on est content de retrouver, jour après jour, les mêmes personnages pour une nouvelle aventure. Ils ont compris que l'important ce n'était pas le nombre de pages, mais le plaisir ressenti.
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Dorothy est une jeune orpheline qui vit avec son oncle et sa tante dans une petite ferme du Kansas.
Un jour, une tornade traverse la ferme et balaie la maison dans laquelle elle s'est réfugiée avec son petit chien Toto. La maison s'envole, l'emportant loin de chez elle jusqu'au pays d'Oz.
Lorsqu'enfin, tout en douceur, la maison atterrit dans un monde d'une étrange beauté, écrasant par la même occasion la méchante sorcière de l'Est, Dorothy n'aura de cesse de trouver le moyen de rentrer chez elle.
« le cyclone avait déposé la maison avec une douceur étonnante – du moins pour un cyclone – au milieu d'un pays d'une beauté incroyable. C'était une profusion de tapis de verdure, d'arbres imposants chargés de fruits somptueux, de massifs de fleurs splendides et d'oiseaux aux couleurs exotiques qui voletaient en chantant dans les frondaisons. Non loin de là, les eaux scintillantes d'un ruisseau coulaient entre deux rives verdoyantes ; leur murmure était enchanteur pour une fillette qui avait vécu si longtemps dans la grisaille et la sécheresse des grandes prairies. »
Grâce aux conseils de la Sorcière du Nord, elle part sur la route pavée de briques jaunes qui mène à la Cité d'Emeraude pour demander l'aide du Magicien d'Oz et ainsi retrouver sa famille.
« Même quand notre patrie est morne et grise, nous autres les êtres de chair et de sang nous préférons y vivre plutôt que dans le plus beau des pays étrangers. Rien ne vaut son chez-soi. »
Accompagnée de son petit compagnon Toto, Dorothy va croiser en chemin, un épouvantail sans cervelle, un bûcheron de fer-blanc sans coeur, et un lion poltron qui désirent tous demander l'aide du Magicien d'Oz. Avec ses nouveaux amis aussi singuliers qu'attachants, elle poursuit sa route jusqu'à la cité d'Emeraude.
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Cette merveilleuse histoire est magnifiquement écrite. Elle m'a rappelé «
Anne de Green Gables » de
Lucy Maud Montgomery par son côté frais et candide.
Les enfants ont été sensibles à la « poésie » de l'écriture de Lyman F. Baum, aux répétitions voulues par l'auteur qui bercent par ses airs de ritournelle.
Le récit est parfaitement rythmé, les chapitres courts laissant une part d'inconnu et de mystère pour donner envie de poursuivre le récit et cheminer en compagnie de Dorothy et de ses sympathiques compagnons.
Les paysages décrits ont beaucoup de charme, donnant l'impression d'être dans un conte de fées. C'est un plaisir de découvrir l'univers fantaisiste et coloré d'Oz, un monde imprégné de rêve et de magie.
« Dans les pays civilisés, je crois qu'il ne reste plus aucune sorcière, ni aucun magicien, ni aucune enchanteresse, ni le moindre enchanteur. Mais, vois-tu, le pays d'Oz n'a jamais été civilisé parce que nous sommes coupés du reste du monde. Voilà pourquoi nous avons encore parmi nous des sorcières et des magiciens. »
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Il est bien entendu impossible de ne pas s'attacher à chacun des personnages.
On ne peut qu'apprécier leur simplicité, leur affection mutuelle, leur esprit de camaraderie, leurs forces et leurs faiblesses. On est parfois attristé par leur détresse et leur désarroi mais leur jovialité naturelle reprend vite le dessus.
C'est aussi un délice de trembler pour ces héros si fragiles et si démunis, d'être effrayé par la perfection mortelle des vastes étendues fleuries ou des majestueuses forêts peuplées d'étonnantes créatures, d'animaux fantastiques, de plantes vénéneuses.
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Le titre interroge car le lecteur ne rencontre "
Le Magicien d'Oz" qu'à la moitié du roman et nous finissons l'histoire sans lui. Mais les enfants étaient en attente de rencontrer ce fameux magicien qui allait sûrement aider Dorothy à rentrer chez elle.
J'ai lu que l'histoire du magicien d'Oz était une critique de la politique américaine et une allégorie économique. Je préfère garder à l'esprit les paroles de l'auteur et le côté merveilleux du récit :
«
le Magicien d'Oz a été écrit dans cet état d'esprit, avec pour unique ambition de donner de la joie aux enfants d'aujourd'hui. Il ne vise qu'à être un conte de fées modernisé : il élimine les peines de coeur et les cauchemars pour ne conserver que l'enchantement et le plaisir. »
L'histoire véhicule également de belles valeurs sur l'envie, le désir, le courage, la bonté, la générosité, l'entraide.
« Vous autres qui avez un coeur, vous pouvez vous en servir pour vous guider et ne jamais nuire à personne. Mais moi qui n'en ai pas, je dois être très prudent. Bien entendu, quand Oz m'en aura donné un, je n'aurai plus besoin de me faire autant de souci. »
« Tu n'as besoin que de confiance en toi. Tous les êtres vivants éprouvent de la peur en présence du danger. le vrai courage consiste à faire face malgré la peur, et tu n'en manques pas. »
Après discussion, mes élèves ont compris que les épreuves que traversaient nos héros étaient un rite de passage et que leur quête (à part pour Dorothy) était inutile, car ils possédaient déjà au fond d'eux ce qu'ils pensaient ne pas avoir.
Par contre, nos héros ont appris la valeur de l'amitié.
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Pour conclure, je pense avoir aimé cette histoire autant que mes jeunes élèves. «
le magicien d'Oz » est un conte intemporel qui illustre tout ce qu'il y a de plus magique dans la littérature classique enfantine.
Le monde d'Oz est merveilleux, il est à lire ou à relire.
A noter la splendide édition de
Benjamin Lacombe que je vais essayer de me procurer, ayant acheté l'édition Pocket pour un prix dérisoire, mais sans images.