Avant toute chose, je remercie vivement Libfly pour cette opération découverte de la littérature du Maghreb grâce à deux maisons édition. Pour l'ouvrage ici présenté, il s'agit de Elyzad maison tunisienne ; l'exemplaire qu'il m'a été offert de lire est du bel ouvrage : papier épais, ivoire, tramé, un format qui n'est pas sans rappeler Acte Sud. Un livre que l'on prend autant plaisir à contempler qu'à lire.
Sur une période de de 13 mois, sous la forme d'un journal,
Tahar Bekri, nous livre sa vision, son ressenti d'un énième conflit Israélo-palestinien. Tel un écorché vif, ivre de paix et d'harmonie, il dénonce la violence, l'acharnement, la lente agonie d'un peuple résigné à l'enfermement sur une terre qui est aussi la sienne.
Tahar Bekri, rend d'abord compte du conflit, vu de France, où il vit et travaille. Puis, c'est de l'intérieur, au coeur de cette région aux multiples frontières, qu'il puisera sa réflexion et poussera ses coups de gueule.
« Que veut-on ? Que les Palestiniens disparaissent de la carte comme les Indiens de l'Amazonie, ou les anciens Américains ? »
Culturellement, le propos l'auteur est engagé, il a des convictions fortes, et les exprime. Son point de vue est partial, clair, mais profondément humaniste, et intelligent. S'il soutient, la légitimité d'un été palestinien pleinement indépendant, il conteste les actions terroristes menées par "son camp". S'il dénonce ouvertement, ce qu'il considère comme la destruction lente et programmée d'un peuple, et de la violence d'un état, il se garde bien de l'assimiler à une religion qu'il respecte infiniment.
Tahar Bekri met en valeur un certain autisme des gouvernements occidentaux, et une bienveillance sectaire de la part des médiats. En effet, si des accords sont été signés, si des traités de paix existent sur les papiers, nos gouvernants ne sont pas pressés de les faire appliquer.
Que dire des impressions de
Tahar Bekri, lorsqu'il se rend à Naplouse, et dans les camps de réfugiés ? La détresse de ces gens est bouleversante. Est-ce que nous, occidentaux, attachés à notre liberté de circulation, nous accepterions le dixième de ce qui est imposé à ce peuple ? N'en arriverions nous pas aussi, à force, à commettre le pire pour nous faire entendre ?
« Comment aurais-je pu imaginer que les Palestiniens vivent réfugiés dans leur propre ville ? »
« La découverte de la ville n'est pas celle d'un touriste mais celle d'un homme indigné, tenaillé entre l'admiration de la grandeur enracinée dans l'histoire et la violence de l'occupation. »
Tahar Bekri a beau exprimer sa colère, sa révolte, ses espoirs de paix, il le fait dans une belle langue. Ses carnets sont parsemés de poésie, la sienne ou celles d'autres. Poète, il glisse un peu de douceur parmi les brutalités d'une région baignée, trois plus que d'autres, de spiritualité.
NB : J'ai relevé une coquille qui m'a semblé assez importante pour que je me permette de la relever. En effet, page 22 « le président américain battu, George Walker Bush, est encore en poste pour les affaires courantes, jusqu'au 20 janvier 2009, date d'investiture du nouveau président élu,
Barack Obama. »
En réalité George W.Bush, n'a pas été battu, mais, en vertu des institutions américaines, achevant son second mandat consécutif, il ne pouvait en effectuer troisième. C'était donc McCain, qui avait été investi par le parti républicain pour briguer la présidence américaine.
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