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EAN : 9782213720739
252 pages
Fayard (05/05/2021)
4.16/5   86 notes
Résumé :
« On dit toujours qu’un sportif meurt deux fois : à la fin de sa carrière et à la fin de sa vie. Moi, je mourrai trois fois : à la fin de ma carrière, à la fin de ma vie et à la fin de ce livre. Adieu ma honte. »

Ouissem a grandi dans une cité au soleil, à Aix-en-Provence. Espoir de la génération dorée du centre de formation du Toulouse Football Club, il gravit tous les échelons, jusqu’à disputer la Coupe d’Afrique des nations sous les couleurs de l... >Voir plus
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Je découvre Adieu ma honte via un tweet. Une vidéo d'interview de Ouissem Belgacem et son livre ; le thème est clair : l'homophobie dans le football professionnel (français surtout mais de façon plus générale aussi). La parole est rare, fait figure d'exception même. Très peu, voir trop peu, de professionnels (les joueurs surtout) du milieu la prenne, la dernière en date que j'ai en mémoire est celle de Yoann Lemaire qui date de 2004. Ou, plus antérieur encore Olivier Rouyer. Quant est-il aujourd'hui ? En 2021 ?
Je fais deux librairies de quartier : rupture. Tant mieux pour le soutient des petits commerces, tant mieux pour l'auteur et la conscience collective. Plan B classique : La Fnac. La pile d'exemplaire est déjà bien entamée par rapport aux autres sorties actuelles. le succès semble prometteur pour le livre. Aussi je suis très surpris de ne pas voir beaucoup d'avis sur le livre, Babelio compris. Alors allons-y.


Pour la forme. le livre fait quelques 240 pages et se lit très bien, le style n'a pas l'arrogance d'être alambiqué, au contraire. La modestie du caractère simple de la narration est diaboliquement efficace d'autant plus que le parcours de Ouissem Belgacem se fait de façon chronologique : de sa petite enfance à l'homme qu'il est aujourd'hui, le ballon entre les pattes ou à l'esprit. Les pages et les étapes de sa vie se succèdent sans réel temps mort, c'est croissant à l'image de son évolution et de son parcours. On oscille entre sourire bienveillant et compatissant, on assiste impuissant à ses déceptions et ses échecs, on ressent l'envie de hurler face aux injustices auxquelles il est confronté. Plus d'une fois on interrompt la lecture avec la seule envie de prendre cet être dans ses bras. C'est lu en quelques heures mais je lit très vite. Donc comptez quelques jours si vous êtes assidus et que vous aimez prendre votre temps mais je met quiconque au défit de faire des pauses longues tellement on est embarqué dans le récit. Il est difficile de décrocher au point ou on garde l'oeuvre ouverte même lorsqu'on est « occupé » à d'autres activités. Rares sont les livres que je lis en mangeant, buvant ou fumant. Il est très difficile de décrocher tant l'immersion est intense. le pari est gagné. Chapeau bas à Ouissem Belgacem et à Éléonore Gurrey qu'il remercie très chaleureusement. Les personnes qui aident à la rédaction restent parfois dans l'ombre alors que la plume a été façonnée grâce à elles.
Le livre n'aborde pas uniquement l'homophobie. Il dénonce toute les discriminations et leurs hiérarchisations.


Pour le fond. Ouissem Belgacem est l'archétype du héros de n'importe quelle histoire. Il grandit dans une famille (très) modeste, vit dans un quartier populaire d'Aix (en gros une cité, il le dit lui même) et porte une triple peine innée : d'origine maghrébine, musulman pratiquant, gay. Comme si ça ne suffisait pas il portera aussi la pancarte « français/européen » au dessus de sa tête. Mais il trouve très vite une parade. le ballon le sauvera et, paroxysme absolu, le consumera. Comment faire plus accrocheur ? On est si loin des autobiographies parfois pompeuses et mégalo-maniaques qu'on a l'impression de lire un roman tant on s'attache à lui. Pourtant la couverture porte la mention « Récit ».
On s'éloigne également des clichés consternants sur les cités et la vie des familles qui y vivent. Certes le chant des sirènes de la délinquance précoce, voir très précoce, est séduisant. Certes il faut jouer aux durs et ne pas se laisser marcher sur les pieds. Certes le sport le plus populaire de France tient une place très importante dans ce microcosme et est porteur d'espoirs. Mais le narrateur met en lumière l'amour qu'il a reçu de sa mère, de ses grandes soeurs qui l'ont protégés pendant toute sa petite enfance et même une fois adulte, de la solidarité intrinsèque qui fait la force du lieu de vie. Dehors les idées qui partent du principe que dans toutes les cités les gens sont au chômage ou touchent le RSA, que les enfants vendent de la drogue dès l'âge de six ans parce que leurs parents sont totalement dépassés et/ou désengagés. O.B livre sans concessions les raclés qu'il a reçues suite à des erreurs classiques d'enfants qu'il n'a jamais re-commises par la suite . Comme tout un chacun.
le football tient très vite une place prédominante dans sa vie. C'est « son ADN » pour le citer. En plus d'avoir de bon résultats à l'école (et oui les rebeus ne sont pas nécessairement les cancres de la classe) son talent est très vite repéré. Il rejoint des clubs, est inscrit dans une école avec l'option sport étude à l'autre bout de la ville qui lui impose un temps de trajet démesuré pour son âge et finit par incorporer un centre de formation spécialisé de jeunes espoirs du football pour le dire simplement. C'est le début du rêve. Mais il ne s'agit pas seulement de perfectionner son talent pour le sport, c'est aussi un incroyable voyage formateur, de la vie. Au fil des années il accède à des centres de plus en plus prestigieux, la compétition gagne en intensité, elle est à la fois saine et commune à tous les sports mais parfois aussi emprunte d'un certain favoritisme surtout de la part des coaches. Coaches avec qui il entretiendra des relations telles qu'il projettera une idée et une représentation paternel. Relations souvent saines, parfois décevantes, d'un côté comme de l'autre.
Ses efforts payent au point ou il intègre le Toulouse Football Club (TFC), le « Tef » dans le milieu. Club de formation dont la finalité, à travers des sélections de plus en plus rudes, un rythme quotidien calculé à la second prêt, des entraînements aux enjeux de plus en plus importants, est de décrocher le graal du graal : devenir joueur professionnel. On est seulement à la page 53 et on est déjà sous l'effet hypnotique de la tension. O.B ne manque pas de détermination, il s'entraîne dur, parfois bien plus que les autres. Les autres jeunes sont à la fois ses alliés et ses adversaires. Seuls les meilleurs peuvent rester, les autres rentrent chez eux avec la honte au ventre et dans l'âme. La sélection est implacable et sans appels. Pourtant le livre est une ode à l'amitié et à la « fraternité ». Il s'entoure d'amis, de camarades, de frères : Cheikh, Oumar, Kevin et Ouissem forment un quatuor fort, exemplaire.
Mais voilà. Comme dans toutes les histoires il y a un problème et de taille. O.B est attiré par les garçons. Il le sait et l'a rejeté d'emblée. Car ça ne colle ni avec ses valeurs, sa foi, sa famille et est tout bonnement incompatible avec ses ambitions. Un footballeur professionnel homosexuel ? On n'a jamais vu ça ! Impensable ! Carton rouge direct ! Exclusion ! Opprobre dans les règles !
Et alors quoi ? Renoncer ? C'est mal connaître le bonhomme ! Arrêter le foot c'est comme lui dire d'arrêter de respirer. Il entreprend alors, comme il le dit, de « s'hétérosxualiser ». C'est dire si le fait de « simplement » s'assumer et vivre son orientation sexuelle au grand jour est inacceptable dans le milieu. Pour se faire tout y passe. Prières, séances auprès de thérapeutes, jeun, abstinence. Révoltantes sont toutes ces thérapies de conversations forcées, comme elles sont décrites dans Boy Erased de Garrard Conley. Accablante lorsque l'on se l'impose à soi même. O.B va même jusqu'à sortir avec des filles, il couche avec certaines d'entre elles et veille bien sur à ce que tout le monde le sache parce que oui il doit sauver les apparences, écarter tous soupçons qui planeraient au dessus de sa tête. Sans surprises, sans révéler quoi que ce soit à l'histoire, on sait que toutes ces tentatives sont vouées à l'échec. Si il suffisait de faire un « effort » pour rentrer dans la norme ça se saurait. O.B n'a pas fait qu'essayer ; il s'est acharné.
Et c'est là que le concept « esprit sain dans un corps sain » lui fait défaut. Car le sport de haut niveau, quel qu'il soit, ne repose pas uniquement sur des performances physiques. le mental apporte sa pierre à l'édifice. Et celui d'O.B le bloque littéralement dans ses progrès et son ascension. L'adolescence fait son oeuvre, les hormones sont en ébullition. Son désir pour les garçons le hante, ses tentatives d'exorcisations le plonge dans un état de fatigue exponentielle. Cela l'accule, l'érode, le consume. Et coups du destin, alors que ses compétences physiques étaient jusqu'alors ses meilleurs (et presque seules) alliés, elles le trahissent, le privent de quelques millimètres pour prétendre au poste ou il excelle. Les défenseurs centraux font au moins 1m80. Sa croissance le fait stagner à 1m79,5.
Je ne vais pas aller plus loin dans la narration, je pense que vous savez ce qu'il vous reste à faire. Je compléterais cette partie en évoquant le combat terrible d'O.B dans sa lutte incessante entre sa conscience et son inconscient. Il ne lâche rien, redouble d'effort. C'est un sportif dans l'âme. Il traverse des moments d'une noirceur rarement livrée à corps et âme. L'idée la plus sombre de toute ne luit vient pas à l'esprit (tout du moins il ne la cite pas explicitement) alors que beaucoup, hélas, rendent les armes. On ne rappellera jamais assez que le taux de suicide chez les jeunes LGBTQ+ est dramatiquement plus élevés que chez les autres. Et à raisons. L'histoire d'O.B est révélatrice.


Pour aller plus loin. le livre ne m'a pas seulement plu, il m'a marqué. Sa portée et son message sont indéniables. Je ne peux que recommander la lecture de Adieu ma honte.
de la même manière je ne peux pas ne pas m'exprimer sur un défaut qui n'a en rien gâché ma lecture et dont je ne tiens pas rigueur à O;B mais qui, selon moi et seulement moi, manque. Les phrases qui suivent révèlent des moments importants. SPOILERS ALERTE, si on peut parler de spoiler dans une autobiographie, mais comme dit plus haut le livre a parfois des allures de roman. Bref vous êtes prévenus.

Ouissem Belgacem a connu une traversée du désert qui l'a privé de sa chance de réaliser son rêve : devenir footballeur professionnel. le livre prend fin par une phrase de son ancien coach qui lui dit qu'il a bien fait de taire son homosexualité car le moindre prétexte aurait été bon pour se débarrasser de lui. Avant cela on suit son abandon pour le foot et sa réorientation professionnelle qui le conduit à fonder sa propre start-up dont le but est d'accompagner d'anciens athlètes, surtout des footballeurs, après leurs carrières. Car il explique que pour beaucoup, à ce moment de leurs vies, connaissent une descente aux enfers. La « première mort » qu'il cite sur la quatrième de couverture. Mais force est de constater que même avec cette casquette auto-entrepreneur il vaut mieux ne rien dire sur son orientation sexuelle. Sinon quoi c'est le suicide financier. le livre s'achève sur une sorte de« la boucle est bouclée » dans le sens négatif du terme. En somme c'est le goût amer et fade de la fatalité. Et dans une certaine mesure à raisons.
Personne, pas même O.B n'est en mesure de vaincre l'homophobie dans le foot. le travail est colossal. Tout est à faire. Néanmoins, au vue du tempérament du narrateur, c'est un guerrier mais qui ne lutte pas à armes égales, citer quelques exemples d'ouvertures et de possibilités aurait amener quelques lueurs d'espoirs là ou il semble n'y en avoir aucune. le message de Antoine Griezmann en est une illustration. Certes ce n'est pas aussi fort que le coming-out d'un footballeur professionnel en activité. Mais c'est une étape. Et toutes les luttes contre une discrimination commence par là.
Dans le même soucis d'espoirs et d'optimisme on peut citer le coming-out de sportifs de haut niveau tel que :


Daniel Arcos, joueur de basket-ball, chilien
Denis del Valle, joueur de volley-ball, suisse
Sebastian Vega, joueur de basket-ball, argentin
Zach Sullivan, joueur de hockey sur glace, britannique
Curdin Orlik, lutte, suisse


Ce ne sont pas des footballeurs. Ils sont étrangers. le lot de consolation est peut-être amer, voir mesquin. Mais avant tout ce sont des sportifs. le football est un sport et il est effectivement grand temps qu'il cesse d'être une exception dans ce domaine.
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Voici un livre important et fort. Un livre qui compte. Avec son co-auteur, Ouissem Belgacem nous parle avec son coeur et avec ses tripes. Il illustre de belle manière que "l'enfer c'est les autres" et qu'"ailleurs, l'herbe est plus verte", valeurs de la jeunesse qui peut réussir l'impossible. En l'occurrence se libérer du poids du milieu social, familial et religieux incompatible avec son projet de vie. Pas de pathos (misérabilisme, victimisation, "syndrome de Calimero") dans ce livre. Pour vivre sa différence et remporter une victoire sur la honte, ses choix douloureux et courageux l'emmènent à quitter le football pour lequel il a tant sacrifié mais aussi son pays, pour s'accepter tel qu'il est et mettre un terme au rejet de soi et au rejet par les autres. Alors, adieu, la honte? Elle est enracinée si profondément que je sens que tôt ou tard elle ressortira - à l'instar de l'envie de fumer qui passe en un millième de seconde pour un ex-fumeur jusqu'au jour où...- par le biais de la vieillesse, de la maladie, d'un énième rejet dont nous sommes tous victimes puisque nous sommes tous le (la)... ou le(la) ... de quelqu'un. Et là, M. Ouissem Belgacem saura à nouveau puiser au fond de lui-même, dans le tréfonds de sa douleur, pour attendre une fois de plus l'universel en appuyant vraiment là où ça fait mal et nous livrer un autre document de valeur. Je repenserai longtemps à cet ouvrage et je trouverais dommage que les lecteurs intéressés par une si grande haute de vue et une dimension si profonde passent à côté de ce livre.
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J'essaye d'emprunter ce livre à la bibliothèque depuis des mois et j'ai enfin réussi ! A priori, je ne suis pas le seul qui avait envie de découvrir ce témoignage. Pas étonnant car l'auteur a fait le tour des plateaux télé et radio.

Ouissem Belgacem est arabe, musulman et gay. Il vient d'une cité. Bref, on peut dire que sa vie ne s'annonce pas comme un long fleuve tranquille. Très jeune, il quitte sa cité pour rejoindre un centre de formation de foot. Il découvrira alors la dureté et les exigences énormes de ce milieu. Il découvrira surtout à quel point sa sexualité est un problème dans ce milieu machiste et devra vivre caché et dans la honte ... Je vous laisse découvrir le reste de son histoire.

Je suis souvent inquiet en lisant un témoignage car, à mes yeux, ça sonne souvent un peu creux et les auteurs ont tendance à faire de leur cas une généralité. Il faut donc lire cet ouvrage comme une autobiographie. D'ailleurs une bonne partie de ce livre est consacrée au monde du football avec des détails techniques qui risquent d'ennuyer ceux qui n'aiment pas ce sport. Moi j'ai apprécié de découvrir l'envers du décor des centres de formation qui nous ont fait rêver quand on était ado.
On sent que Ouissem est toujours partagé entre décrire ce qu'il a dû subir et le fait de ne pas blesser ses amis, ex entraineurs, sa famille, sa religion et son " clan" de la cité. du coup, finalement, l'homophobie (et le racisme) est décrite rapidement, on ne s'y attarde pas vraiment car on ne veut blesser personne. ça n'enlève rien à la force du discours et du message qui est tellement rare ! Qui parle d'homosexualité (et donc d'homophobie) dans le foot ? Personne, si ce n'est pour une polémique parce qu'un joueur refuse de porter un brassard arc en ciel.
Pour ce discours et son message de tolérance, ce livre est à lire et à diffuser dans les écoles, dans les centres de formations pro, etc.

Deux petits regrets :
- Par pudeur je pense, Ouissem ne parle jamais de ses histoires d'amour. J'ai trouvé ça dommage, car l'homosexualité est avant tout une histoire d'amour entre deux personnes de même sexe. On peut l'oublier à la lecture ...
- L'auteur insiste plusieurs fois sur le fait (et on en sent une fierté) que pour lui son homosexualité ne se voit pas à son attitude, à sa façon de parler. Bref, lui il est viril. On sent aussi plusieurs fois un rejet pour les personnes dites efféminées, qui ne correspondent pas à son stéréotype de la masculinité. Mais dans la dernière partie du roman, il s'en excuse et avoue qu'il lutte contre ses propres préjugés donc cela est noble.

En résumé, cela reste une autobiographie qui se lit très facilement pour qui aime le monde du sport. Un message fort et courageux.

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"Adieu ma honte", c'est l'histoire de Ouissem, jeune homme originaire des cités, musulman, footballeur et gay. Incompatible ? Certainement, mais on ne choisit pas qui l'on est ou d'où l'on vient.
Ouissem Belgacem va se livrer dans cette autobiographie en nous racontant, dans l'ordre chronologique, son enfance, son adolescence puis sa vie de jeune adulte, tourmentée entre sa passion, sa culture et ce qu'il est.

Je ne suis pas du tout footeux mais j'ai beaucoup apprécié en apprendre plus sur cet univers. Un système qui "broie" les jeunes espoirs dès le plus jeune âge, qui fait espérer monts et merveilles pour ensuite jeter comme des chiffons sales les jeunes qui finalement ne sont pas assez "bons" pour aller plus loin et se retrouvent en fin d'adolescence sans projets d'avenir et avec leurs désillusions.

J'ai beaucoup apprécié également la dernière partie du roman sur sa vie d'après, à Londres, ou il va apprendre à mieux se connaître et s'accepter.
J'ai été étonné qu'il fasse des recherches sur l'Islam et l'homosexualité pour finalement trouver des réponses qui lui conviennent, sans pour autant lire le Coran ou remettre en question d'autres points de vue de l'Islam comme l'interdiction de manger du porc...

J'ai trouvé ce livre très bien écrit, bien rythmé. Bravo à Ouissem mais également à la co-autrice Eleonore Gurrey qui a fait un travail remarquable.

Ouissem Belgacem semble être quelqu'un d'authentique et son combat contre lui même, pour s'accepter, est admirable. le poids des traditions, l'homophobie ordinaire dans le monde sportif ou encore son cercle familial et amical ont été un réel frein dans sa quête identitaire.
Pour autant, à la lecture de ce texte, il me semble que sa carrière sportive s'est arrêtée pour diverses raisons et non uniquement à cause de l'homophobie présente dans le milieu du foot ou la non acceptation de soi.

Contrairement au livre de Fatima Daas, "la petite dernière", qui m'avait laissé sur ma faim, ici le texte semble plus sincère, l'auteur nous fait part de ses questionnements sans détour, et j'ai suivi avec plaisir son parcours de vie atypique et beau.
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J'ai découvert ce livre juste avant sa sortie, en voyant Ouissem dans une interview et en étant directement touché par cet homme ! Je n'aime pas le foot, pourtant j'étais à la librairie le jour de sa sortie !

De quoi ça parle ? « On dit toujours qu'un sportif meurt deux fois : à la fin de sa carrière et à la fin de sa vie. Moi, je mourrai trois fois : à la fin de ma carrière, à la fin de ma vie et à la fin de ce livre. Adieu ma honte. »

Ouissem a grandi dans une cité au soleil, à Aix-en-Provence. Espoir de la génération dorée du centre de formation du Toulouse Football Club, il gravit tous les échelons, jusqu'à disputer la Coupe d'Afrique des nations sous les couleurs de la Tunisie. Mais son homosexualité, contraire à sa religion et à son sport, le privera de la carrière professionnelle à laquelle il était destiné.
Ce livre est celui que personne n'a jamais osé écrire.

Dans un récit aussi intime que puissant, Ouissem Belgacem est le premier joueur à raconter de l'intérieur l'homophobie qui gangrène le football et à s'attaquer à l'un des derniers tabous de notre société.»


La Je viens de passer quasiment un mois sans lire, frappée par un drame je n'arrivais plus à plonger dans la lecture ! Pour ce beau mois de juin, mois des fiertés, au moment où le manque se fait sentir je décide de plonger dans ce récit. Quelle bonne idée !
J'ai trouvé le récit de Ouissem passionnant, la détermination et la force qu'il met dans sa passion dès son plus jeune âge est incroyable ! Ouissem a tout fait pour réaliser son rêve, il a donné beaucoup de lui, et a fait preuve je trouve d'une détermination exemplaire ! Malheureusement en grandissant le secret qu'il portait a mis à mal tout ce qu'il avait accompli avec tant d'acharnement ! C'est évident que si on passe sa vie à tenter d'ignorer qui on est, à se cacher et à jouer un rôle un jour on se fissure de l'intérieur !
Je ne connais pas le milieu du foot, je ne sais pas si il est plus homophobe que d'autres sport co masculin … Je connais un peu plus le milieu du hockey sur glace, là où dans les équipes féminine il est presque normal de s'afficher lesbienne, où les gens sont surpris quand une joueuse se revendique hétéro ( les gens quoi … ), je ne suis pas certaine qu'il soit tout aussi « normal » et bien vu d'être un homme gay. Je peux me tromper, au final il y a peu de joueurs out ! Mais je m'interroge beaucoup, surtout en ce mois de juin où la NHL affiche de belles couleurs arc en ciel et un slogan merveilleux qui fait rêver : HOCKEY IS FOR EVERYONE …
Bref revenons au sujet, Ouissem nous livre ici avec beaucoup de douceur son histoire, celle d'un jeune maghrébin, issu d'une cité d'Aix, musulman, orphelin de père trop jeune, passionné de foot, doué à l'école et gay. Cette lutte en permanence contre lui-même, son parcours de jeune joueur de foot, sa fuite et enfin le chemin de l'acceptation. Il ose parler du poids du silence, de sa souffrance, des choses qu'il a faites pour assoir son hétérosexualité aux yeux de tous et de ses coming out.
Aucun jeune ne devrait porter tant de souffrance en lui, le silence tue, l'homophobie ordinaire tue ! Personne ne vous demande votre avis, je dirais même que personne ne vous demande d'être « fan du concept », mais juste gardez vos avis pour vous et laissez les gens vivre la vie qu'ils ont choisi ! Et sérieux les mecs arrêtaient de penser que vous êtes en danger face un homo comme si les mecs gays étaient des animaux en rut incapables de se contrôler … Personne ne veut vous faire changer de bord !
Merci Ouissem pour ce livre malheureusement nécessaire et qui devrait être lu dans tous les clubs sportifs ! Aujourd'hui en 2021 ça ne devrait plus être un acte courageux de parler, de s'aimer et d'assumer qui on est !
Note 10/10 COUP DE COeUR
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
En France, le président de la Fédération française de football autorise les arbitres à interrompre les matches en cas de chants racistes dans les tribunes, mais pas en cas de chants homophobes. Comme si l'homophobie n'était pas un racisme comme un autre, une discrimination fondée sur le rejet d'une caractéristique que l'individu n'a pas choisie. Pourquoi un tel retard ? À la tête des clubs, des hommes puissants, sans scrupules, souvent entourés de prostituées sur des yachts à Monaco, n'en ont que faire de ce combat qu'ils méprisent. Les grandes instances du foot ne les forcent pas à agir, les sponsors suivent dans cette attitude attentiste. Pourtant, la seule solution serait de mettre en place une campagne colossale de sensibilisation qui ne se limite pas à quelques brassards arc-en-ciel et à une intervention annuelle dans les centres de formation. Car le travail d'éducation à la tolérance qui reste à accomplir est immense. Surtout quand aujourd'hui encore, dans les médias, de célèbres noms du foot affirment n'avoir « jamais entendu la moindre insulte homophobe dans les vestiaires » ou assument avec fatalisme que les coming out sont « impossibles dans le foot », parce que « c'est comme ça ». Tant que cette mentalité sévira dans le sport le plus populaire et le plus médiatisé du monde, le mal-être, l'entre-soi, le repli et les excès continueront de faire des ravages dans la communauté gay. Ce rejet à la face du monde entier est une violence infligée à tous les homosexuels, qu'ils aiment le foot, qu'ils y soient indifférents ou qu'ils le détestent.
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Malgré le passé traumatique des homosexuels, les maux qui existent dans la société en général – racisme, jeunisme, grossophobie, etc. – se retrouvent tels quels sur Grindr. Je le constate aussi quand j'utilise l'application en France. « Pas de folles », « pas de plus de quarante ans », « pas d'Asiat », « pas d'Arabes »… Au lieu d'indiquer des préférences, on dénigre l'autre. Combien de fois, parce que je refuse des avances, je reçois en réponse : « Sale bougnoule de merde, tu te prends pour qui ? » Le cumul de la minorité sexuelle et de la minorité raciale n'est pas de tout repos. Parfois, des Blancs m'avouent sans détour vouloir un rapport sexuel, mais pas une relation, car leur famille a déjà du mal à accepter leur sexualité, donc ne parlons pas d'un Arabe ou d'un Noir… Comment peut-on être victime de discrimination et en faire preuve ouvertement ? Les persécutés deviennent souvent bourreaux, je devrais le savoir. Je pensais naïvement trouver dans la communauté LGBT une sorte de bulle protectrice, qui me défendrait contre les agressions extérieures, mais la réalité est bien plus mitigée : je découvre la liberté, la solidarité et l'ouverture, mais je retrouve aussi le racisme, les a priori et les discriminations.
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Difficile pour moi, aussi, de partager ma religion et ses valeurs. Dans l'esprit de la plupart des gays, l'islam est uniquement associé à un dogme homophobe et persécuteur. Comment leur en vouloir, quand certains pays musulmans appliquent aujourd'hui la peine de mort pour les homosexuels, au nom de la charia ? Je me sens pris en étau : d'un côté, toutes ces fermetures d'esprit m'isolent ; de l'autre, je les comprends. Comment en vouloir à ceux qui détestent mon sport, quand leur père les a forcés à faire du foot pour entrer coûte que coûte dans les canons de la virilité, au détriment de leurs propres envies et de leurs vraies passions ? Comment demander aux gens de s'ouvrir à ce qui les rejette ?
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Je décide d'arrêter le football. Il m'aura fallu un mois pour m'en convaincre, parce qu'on ne revient pas d'une telle décision. À part Michael Jordan, personne n'interrompt sa carrière pendant deux ans pour revenir au sommet. J'ai potentiellement un bel avenir de sportif devant moi. Mais je sens que je ne peux pas continuer à mentir, à me nier, à agir comme si ma sexualité était véritablement une maladie. Pendant ces longues promenades, j'arbitre : est-ce que je suis prêt à cacher ma vie personnelle, sentimentale, sexuelle, pour vivre mon rêve professionnel ? Est-ce que je suis prêt à recommencer à faire semblant d'avoir une femme, à mentir au coach et aux coéquipiers, à garder mes distances avec eux pour éviter que des questions sur ma vie privée ne surgissent ? Je n'ai plus la force de faire ça...
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L'étape quotidienne des vestiaires devient pénible. Non parce que je suis excité à la vue d'hommes nus, contrairement à ce que s'imaginent souvent les hétérosexuels. Comment avoir envie de mater dans un contexte pareil ? Je joue ma carrière chaque jour et le stress lié à ma sexualité ne fait qu'augmenter quand je me trouve dans un endroit comme celui-ci, ce haut lieu du machisme et de l'homophobie. Dans les vestiaires, je suis immergé dans une ambiance virile où mon désespoir d'être différent atteint maintenant des sommets. Je commence à me sentir concerné par les « Sale pédé ! », qui prennent une autre saveur. Avant, je n'étais pas totalement sûr d'être un « pédé » – et, dans le pire des cas, j'avais l'espoir de réussir ma conversion en hétéro. Là, je n'y crois plus.
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Invité : Ouissem Belgacem, ancien footballeur • Il brise le tabou de l'homosexualité dans le foot
Ouissem Belgacem a dû renoncer à une carrière de footballeur professionnel à cause de l'homophobie qu'il continue de dénoncer. Son combat est essentiel.
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