Nous nous retournâmes, et nous frémîmes, nous aussi. Quelque chose s'avançait, courbé en deux, presque à quatre pattes ; un homme, si l'on pouvait dire. En deux années de captivité, je n'avais jamais rien vu encore qui approchât d'une maigreur pareille. Ce squelette était vêtu d'une mince blouse verdâtre, boutonnée à la clavicule, serrée autour du bassin par une ficelle. Une culotte en lambeaux laissait apercevoir la peau desséchée des cuisses, les bosses osseuses des genoux. Le visage surtout était effrayant, avec ses pommettes saillantes, sa barbe d'un blond décoloré, sa bouche qui grimaçait un pauvre sourire de supplication.
- Franzouski, gaspadine, Franzouski !
- Un Russe, murmura Audemard. Il est dans un bel état, le malheureux.
Il lui lança une tranche de pain. L'autre la happa avec un gloussement de joie déchirante. Accroupi, il se mit en devoir de la dévorer. Ses mâchoires s'entrechoquaient.
Pierre Benoit, un auteur majeur à redecouvrir .Voir l'émission : http://www.web-tv-culture.com/pierre-benoit-un-auteur-majeur-a-redecouvrir-375.htmlDe 1918 à 1962, il fut un auteur incontournable et a vendu des millions de livres dans le monde entier. Mais qui se souvient de Pierre Benoît ?50 ans après sa mort, dans sa maison des Landes, redécouvrez l?auteur de «L?Atlantide » et « Koenigsmark ».