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Montsalvat » se trouve au centre de trois aventures : une aventure historique, une aventure ésotérique et une aventure sentimentale ; trois aventures, et aussi trois mystères, si vous voulez, car toutes trois ne parviennent pas à donner des réponses à nos questions, et nous laissent le soin de les trouver nous-mêmes.
L'aventure historique, c'est celle qui s'est passée au Moyen-Age, dans ce petit coin du sud de la France, au coeur de l'Occitanie, entre Toulouse et Montpellier, entre Aurillac et Perpignan. Entre 1208 et 1328, sous le fallacieux prétexte d'éradiquer une dangereuse « hérésie » (au demeurant pacifiste et tolérante), l'Eglise et la Royauté de France (oui, ce bon roi Saint Louis, aquel grand omi) se sont liguées pour faire main basse sur un territoire grand comme presque la moitié de la France actuelle, riche et relativement heureux (pour l'époque) porteur d'une civilisation plus avancée que celles des grandes nations occidentales, qui n'avait d'équivalent, en lettres, en arts et en sciences, que chez les Musulmans. C'est la Croisade contre les Albigeois (ou Cathares). Quel était le véritable enjeu de cette conquête ?
L'aventure ésotérique, qui découle, d'après la légende de la précédente, est la quête du Graal, lequel Graal aurait été le trésor des Cathares, perpétué après la Croisade, par les descendants des anciens Albigeois. Mais au-delà de la légende, qu'est-ce que le Graal ? le vase dans lequel aurait bu le Christ la veille de sa mort ? Une relique sacrée ? Un autre trésor bien plus terrestre en espèces sonnantes et trébuchantes ? Ou alors un graal spirituel, une sorte de passeport pour la Sagesse ? Et qui sait si chacun de nous n'a pas son propre Graal ?
L'aventure sentimentale, bien convenue, bien conventionnelle, c'est celle (classique chez
Pierre Benoit) entre un jeune homme idéaliste et une femme auréolée de mystère, en passe de causer sa perte. Comment diable finira cette histoire ?
François Sevestre, jeune professeur en histoire médiévale, rencontre dans un train une jeune femme Alcyone de Perella. Tous deux s'intéressent de près aux travaux que faisait un chercheur allemand
Otto Rahn (sur une initiative directe d'Himmler, et d'une société secrète d'obédience nazie l'Ahnenerbe) sur les traces du passage du Graal en terre cathare. Il se trouve également qu'Alcyone est la descendante en ligne directe de Ramon de Perella, dernier défenseur de Monségur en 1244.
Il n'en faut pas plus à
Pierre Benoit, pour concocter une de ces histoires dont il a le secret. L'intrigue sentimentale ici n'a guère d'importance, elle sert de prétexte à l'évocation historique (et semi-légendaire) qui alimente l'imaginaire depuis un millénaire. C'est à un véritable jeu de piste que se livre notre auteur : historique, à travers tous ces châteaux et forteresses censés avoir abrité le Graal ; onomastique, à travers ces rapprochements de noms entre villes et villages :
Montsalvat, Montsalvy, Montserrat, Monségur… ; humain à travers l'évocation des victimes de la Croisade ; ésotérique en refaisant le cheminement d'
Otto Rahn, dont on ne sait s‘il était plus illuminé que scientifique, en essayant de décrypter toutes les mythologies, chrétienne, germanique (légende de Parsifal), arthurienne (Quête du Graal), etc.
Tout l'intérêt de ce roman est dans l'authenticité de cette quête. Les éléments historiques sont avérés.
Otto Rahn et l'Ahnenerbe ont bel et bien existé. (Je conseille à ceux que le sujet intéresse, l'excellente biographie de
Christian Bernadac : « le Mystère
Otto Rahn – du catharisme au nazisme » - Editions
France-Empire – 1978)
L'histoire et la légende sont intimement mêlés. Et comptez sur l'écrivain avec sa plume magique pour vous plonger au coeur de ces mystères. le romanesque ne vous étouffera pas, mais je vous garantis, que si vous aimez à la fois l'histoire et le mystère, vous ne regretterez pas d'avoir ouvert ce bouquin.