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EAN : 9781090203076
Editions Illador (15/02/2015)
4.8/5   5 notes
Résumé :
Ce livre embrasse toute la création poétique actuelle du sud de l’Irlande. Au total, le lecteur pourra découvrir vingt-six poètes en version bilingue. Plus qu’une anthologie, cette composition est une invitation à un voyage de découverte de l’île, à la célébration d’une culture dont la poésie est le vecteur identitaire.
C’est un mélange de poèmes exaltant le caractère de l’île, ses paysages, sa société, sa toponymie scandée de noms gaélique. Comme si le poè... >Voir plus
Que lire après Jeune poésie d'Irlande : Poètes du Munster 1960-2015 : anthologie bilingue anglais-gaélique/françaisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le titre résume déjà fort bien le contenu. On a donc une anthologie d'un peu plus de 400 pages (en comptant deux fois les poèmes en bilingue) avec 26 poètes différents, donc certains sont nés juste avant la 2e guerre mondiale et d'autres me semblent des petits jeunes. :-)

Je ne saurais juger le choix des auteurs, vu qu'avant de lire ce recueil, je ne connaissais rien à la poésie irlandaise. Mais j'ai bien aimé la sélection, et les petites biographies d'auteurs qui expliquent lesquels étaient liés, ont collaboré aux même journaux, etc. Cela décrit en particulier les différences entre écrire en anglais, et écrire en gaélique, qui est une langue minoritaire.

Je n'ai pas aimé tous les poèmes - c'est rare, dans une anthologie - mais il y en a quand même qui m'ont touchée, et même si on a un petit nombre de poèmes par poète, cela permet quand même de saisir leur individualité à chacun et d'avoir des préférés (les miens : Eilean Ni Chuilleanain, Bernard O'Donoghue, Gregory O'Donoghue, Nuala Ni Dhuomhnail, Theo Dorgan)

Même si les vers sont libres et (je crois) plutôt modernes, et les métaphores parfois audacieuses, il y a beaucoup de thèmes assez classiques comme la nature ou les liens familiaux. Dans une moindre mesure, cela parle aussi du langage, de la mort, de la politique, et d'amour. Moins de légendes et d'histoire irlandaise que j'espérais, même s'il y en a quand même un peu.

Je ne parle pas du tout le gaelique mais un peu l'anglais, et globalement la traduction me semble bonne, à part trois ou quatre endroits où je suis restée perplexe.

Globalement, c'était une anthologie très agréable à lire !
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Jeune poésie d'Irlande présente vingt-six poètes nés entre 1941 et 1984, dont huit écrivent en langue gaélique. Tous ont publié au moins un recueil de poèmes.

L'Irlande est divisée en quatre provinces. La plus méridionale du pays est le Munster, constituée de six comtés : Cork, Kerry, Waterford, Clare, Limerick, Tipperary. "Les différentes voix portées dans cette anthologie sont toutes, chacune à leur manière, porteuses de l'accent du Munster"

Le livre en lui-même est sobre et plaisant, un papier de qualité, une présentation élégante. une tranche souple qui ne s'abîme pas ; le plaisir de lecture est réel de bout en bout.

Pour chaque auteur, une courte introduction présente quelques éléments biographiques, situe son parcours et expose ses diverses publications, ainsi que les grands thèmes abordés dans son oeuvre. C'est concis, mais très intéressant.

J'ai lu les poèmes en anglais dans leur version originale, toujours meilleure. Les poèmes en gaélique par contre, pas le choix, je les ai lus en français ! Et j’ai trouvé les traductions agréables. A ce propos, bravo à Louis de Paor (un des poètes de cette anthologie) qui apparemment inclut dans ses ouvrages les plus récents des CDs permettant l'écoute de ses poèmes ! Entendre les poèmes en gaélique doit être un plaisir rare.

Les poètes gaélophones présentés ici font partie pour beaucoup de cette génération qui lança un défi "aux trois vaches sacrées de la poésie gaélique : ruralité, nationalisme, religion". Ils ont fait entrer dans leur poésie les banlieues, la violence, les drogués, ils proclament leur incroyance, dénoncent le chauvinisme et l’intégrisme culturel.

J'ai fait de très belles découvertes, entre autres Michael Hartnett ("and to our bugbear Mr. Yeats / who forced us into exile / on islands of bad verse"), Eilann Ni Chuilleanain (désolée pour le non placement des accents sur les noms gaéliques dans ce billet), Paul Durcan, Bernard O'Donoghue (un de ses poèmes s'intitule "Westering Home" : vraiment j'adore le formulation ! Dorénavant c'est ainsi que je dirai lorsque je reprendrai la route vers Brest !), Gregory O'Donoghue (gros coup de coeur), Nuala di Dhomhnaill, Robert Welch, Theo Dorgan, Thomas McCarthy, Michael Davitt et l'humour mordant de Martina Evans...

L'anthologie Jeune Poésie d'Irlande est une lecture passionnante, que je conseille aux amateurs de poésie et (ou) d'Irlande, et à tous les curieux. Elle se dévore !
Un immense merci aux éditions Illador et à Babelio pour ce magnifique envoi.

Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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« Jeune Poésie d'Irlande », c'est 26 jeunes poètes qui veulent faire entendre la musique de leur territoire (5 comtés du sud du pays), la musique de la terre, dire que la poésie est un art public, qu'elle a toute sa place dans la société, sortir du conformisme de la thématique poétique traditionnelle (ruralité, nationalisme, religion…) et témoigner de la résilience du peuple irlandais.
C'est avec beaucoup d'humanité, de modernité qu'ils s'y emploient. Ce sont des hommes et des femmes qui n'hésitent pas à ouvrir leur coeur, dire leur douleur à la disparition d'un être cher (Greg Delanty avec « à ma mère » et Liam O'Muirthile dans « le poids des choses », pour n'en citer que deux).
D'autres s'en prennent à une des horreurs de l'histoire de l'Irlande en dénonçant le sort réservé aux jeunes filles mères (Eiléan Ni Chuilleanain dans « pour la réinhumation des Madeleine »). Derry O' Sullivan décrit avec beaucoup d'émotion la douleur engendrée par le court passage parmi nous de l'enfant mort-né (« Mort né 1943 »).
Mais l'humour et le dire vrai et juste ne sont jamais bien loin.
Que penser de : « Au milieu des voleurs » de Gerry Murphy : « Il y a des pickpockets dans la cathédrale » avertit l'évêque. « Ils peuvent arriver à votre porte-monnaie avant nous » marmonna le prêtre soucieux…
Cette anthologie est un régal.
Un bémol, néanmoins. Quelques poèmes traduits en Français le sont trop proche de la langue source (« Poème d'un seul souffle » par exemple de Jerry Murphy)
Ces poètes de Munster ont su nous peindre une langue vivante, contemporaine, qui s'est départie du conformisme religieux. Elle lance un message au monde. Riche d'une multiplicité d'accents locaux, la culture irlandaise est en ce sens universelle.
A quand une anthologie des poètes d'Ulster, Leinster et de Connaught ? Les amoureux de l'Irlande vous seront reconnaissants « go brach »
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C'est le premier livre que j'ai acheté sur les conseils des lecteurs et critiques de Babelio, qui porte bien son nom puisque cette anthologie contient des textes en trois langues, anglais, français, et gaélique irlandais. C'est vraiment une découverte pour moi, car en dehors des quelques poèmes de Yeats rencontrés au hasard de lectures de SF (une mention pour "Le Fléau de Stephen King, grâce auquel j'ai rencontré Yeats pour la première fois), je ne savais rien de l'Irlande et de sa littérature propre. En effet, les grands Irlandais, Swift, Wilde, Beckett, Joyce, ont rarement vécu dans leur île, sur laquelle ils portaient un regard assez peu charitable. On trouve de splendides poèmes dans cette anthologie, poèmes aussi bien réalistes, dans la veine de Seamus Heaney, que satiriques ou consacrés plus particulièrement à la langue, à sa vie précaire, à sa saveur et à ses lumières. Bien sûr, les textes gaéliques me sont impénétrables, mais les poèmes anglais se laissent goûter sans peine et c'est un plaisir.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Revival

On m’avait prié de donner une conférence
dans un cours d’été comme tant d’autres,
et j’avais dit que j’acceptais. On avait souhaité
que je fournisse auparavant un titre provisoire.
O.K., que je dis, tout en réfléchissant
à quelque chose d’intelligent,
qui convienne à un homme de lettres :
« Comment la langue irlandaise m’a revivifié »
(« après m’avoir, putain ! presque tué »,
j’ai omis de le préciser, mais nous
reviendrons là-dessus plus tard).

J’avais fait mon lit…
Seulement tous les mots que j’écrivais
dégageaient une puanteur infernale
et finalement j’abandonnai.

Quand vint le grand jour
je dis que tout ce que j’avais c’était des poèmes
et quelques mots en guise d’explication :
seulement la plupart des gens qui étaient venus
n’avaient pas de notion d’irlandais, et moi pas de traductions,

grâce à Dieu.

[de Michael Davitt, p. 173]
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Her blindness

In her blindness
the house became
a tapestry of touch.

The jagged end of a dresser
became a signpost
to the back-door,

bread crumbs crunching
under her feet told
her when to sweep
the kitchen floor;

the powdery touch
of dry leaves in
the flower-trough
said that geraniums
needed water.

I remember her beside
the huge December fire,
holding a heavy mug,
changing its position
on her lap; filling

the dark space
between her fingers
with the light
of bright memory.
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Fruit d'Alzheimer

Dans ce monde souterrain où tu es entré lentement,
Tout seul, tu as dû boire ou manger
Quelque chose d'interdit, de sorte que ta mémoire
De la présente vie s'est estompée. Mais où donc cet endroit
Se trouvait-il ? Et quel était ce fruit ? Si nous le savions,

Nous irons avec toi, ou pour toi, et le remettrions en place,
Quoi que tu aies mangé, bu ou emporté,
J'ai rêvé t'avoir rencontré aux petites heures
En pyjama, rayany une feuille de papier
Encore et encore avec un surligneur

"Ce feutre est sec," as-tu dit. "Je fais de mon mieux
Pour donner à ce paragraphe la couleur orange."

(Bernard O'Donoghue)
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La question de la langue

Je place mon espoir sur l'eau
dans ce petit bateau de la langue,
comme on mettrait un nouveau-né
dans un berceau
de feuilles d'iris
entrelacées, calfaté
de bitume et de poix

puis déposerais l'ensemble
parmi les joncs
et les roseaux au bord du fleuve
pour voir où le courant
l'emporterait
pour voir si, comme Moïse,
il finirait sur les genoux
d'une fille de Pharaon.

Nuala Ni Dhomhnaill, p. 197
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Frontière

sur ta tempe la bouche d'un revolver
au milieu de la nuit

et tu sais que tu vas être projeté
dans l'éternité sans frontières

parce qu'il y a une frontière autour de ta voix
un accent qui appartient à un seul lieu

un accent qui n'est pas partagé par la bouche de l'arme
qui te laissera comme un quartier de viande

le long d'une route
n'allant nulle part

parce que, dans ton cas, toutes les directions ne mènent nulle part

je suis plein de pitié pour moi-même et de terreur
quand j'appuie sur la gâchette

(Colm Breathnach)
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