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Salomé Berlioux avait su attirer mon attention sur son livre Les Invisibles de la République lors de sa présentation à La Grand Librairie. Aussi, lorsque j'ai vu qu'il était disponible à la Médiathèque où je m'approvisionne, je l'ai aussitôt pris. Je pensais néanmoins qu'il s'agissait d'un bouquin un peu difficile d'accès, avec des chiffres, des sondages, etc… J'ai été, au contraire, surprise par sa lecture facile et enrichissante. Il se lit assez rapidement car Salomé Berlioux et Erkki Maillard, les auteurs, ont su rendre cet essai vivant en parlant des jeunes qui grandissent hors des grandes métropoles, pour témoigner de leur vécu, de leur expérience personnelle. Il faut savoir que cette jeunesse invisible de la France périphérique représente environ 60 % des jeunes de France et que leurs problèmes ne sont pas ceux des jeunes de nos banlieues. Leurs problèmes sont liés à l'éloignement des grandes métropoles. Ils ont accès à trop peu d'informations, trop peu de moyens de transport, trop peu de réseaux, trop peu d'opportunités et, en plus, l'autocensure qui a un effet redoutable, est souvent là très tôt : « C'est pas pour nous, c'est pas pour toi, c'est pas pour moi ». Partant de son expérience personnelle, Salomé Berlioux créera, avec Erkki Maillard, « Chemins d'avenir » à l'été 2016, association qui informe, accompagne et promeut les collégiens, lycéens et étudiants de la France périphérique. Elle agit à travers un système de parrainage et la création d'un écosystème de réussite autour de ses filleuls. C'est la première structure à mentorer les jeunes des zones rurales et des villes petites et moyennes, indépendamment de résultats scolaires ou de critères sociaux. Pour que seuls la motivation, la curiosité et le potentiel d'un jeune fassent la différence dans son parcours et ses projets d'avenir. Si, dans la première partie, les problèmes rencontrés par cette jeunesse sont très détaillés, la deuxième partie propose des solutions avec notamment un mentorat individuel pour informer, accompagner, responsabiliser et promouvoir. L'accent est mis aussi sur la mobilité. Il faut favoriser le mouvement : « La mobilité est un puissant levier pour combattre les inégalités » et une véritable politique publique doit être menée. Dans le dernier chapitre, l'autrice s'est permis un peu de science-fiction avec Kevin, en 2030, qui aurait bénéficié de l'accompagnement au cours de sa scolarité. Il faut lire ce livre pour prendre conscience de cette jeunesse de la France périphérique mise à l'écart comme d'ailleurs des millions de Français. Ce tableau inquiétant de la France rurale et péri-urbaine entre d'ailleurs en résonance avec ce qui se passe dans notre pays, depuis plusieurs semaines. + Lire la suite |