Au préalable, je crois qu'il faut que je dise que Brassens, pour moi, dans la chanson, c'est l'incomparable. La chanson française regorge pourtant d'artistes hors du commun, en vrac et par ordre alphabétique ceux que je ne sais pas classer, Barbara, Brel, Cabrel, Ferré, Gainsbourg, ... Et puis au-dessus, même pas au-dessus, c'est encore mieux que ça, totalement hors-concours, il y a Brassens. C'est comme ça que je vois les choses, c'est dit.
Maintenant, ce livre, je ne l'ai pas trop aimé. Je connaissais déjà la trajectoire qu'il reprend : Sète, l'impasse Florimont et Jeanne, le STO, Patachou, Bobino, les 3 Baudets, la Bretagne. Et après, dans un style assez maniéré ou au moins daté, l'auteur brode en s'efforçant à la bonhomie à coup d'anecdotes dont la moitié doivent être apocryphes. le chapitre IX, sur les sources d'inspiration et le style de Brassens, est un peu mieux. Mais sinon, ce n'est pas terrible. Et quand on y pense, pouvait-il vraiment en être autrement ? C'est toujours pareil avec Brassens. On nous parle de ses lieux de vie (Sète, Paris, ...), de ses proches, dont l'omniprésente bande de courtisans-copains, au premier rang desquels l'exaspérant
René Fallet qui donne toujours l'impression, dans le livre, de pousser les autres pour être en bonne place sur la photo. Il y a aussi le "deuxième rideau" d'amis qui n'avaient pas besoin, eux, d'être dans l'orbite du grand homme pour exister : Lino Ventura, Brel, Bourvil, ... Mais sur Brassens lui-même, au fond, on n'a jamais rien. Même en interview, si on lit bien, il ne fait au fond que répéter en boucle qu'il ne sait rien, ne dira rien. Je crois que l'homme était à la fois très secret et très simple, timide peut-être jusqu'à lui-même. Ses chansons auront été le seul moyen à sa disposition pour parler de lui (indirectement, hein, faut pas pousser), et certainement pour avoir une sorte de conversation nécessaire avec lui-même. L'homme, l'artiste, le poète, le militant, tout ce que vous voulez, y éclate. Pour le reste, rideau. Alors laissez tomber les livres, interviews, télés,... Sortez les disques. de toute façon, que nous faut-il de plus que ces trésors-là ?