Poursuite de l'exploration, entre autres, du poids des secrets...
Tome 2 du cycle du Démiurge, paru en 1998. Dans un petit port breton, un jongleur de cirque, son assistante voyante à ses heures, un gardien de phare menacé par le clientélisme du "patron" du bourg, et un jeune taxidermiste épileptique nouent d'étranges et fortes amitiés autour de la maladie, bientôt fatale, qui contraint le jongleur à renoncer à la piste...
Si le discret élément fantastique présent dans "L'ombre du soldat" disparaît ici, le talent de l'auteur fait de cette histoire un conte attachant, une fable de l'amitié, de l'amour qui n'ose se déclarer et de la différence.
Il y a là un peu du
Giono des "Grands chemins", le cynisme et la résignation en moins, un peu de l'
Apollinaire des "Saltimbanques", bien sûr, avec cette écriture faussement distante qui transmet l'intimité avec une extrême pudeur, voire un peu du
Fritz Zorn de "
Mars", dans la confrontation brutale, frontale, à la maladie, à la déchéance et à la mort.
Berthelot poursuivait ici l'exploration du poids des secrets de famille sur les vies, et de la rédemption improbable qu'apportent malgré tout (et bien davantage que dans "
L'ombre d'un soldat") amour et amitié... En route vers le tome 3 !