Quand un homme d'un certain âge se fait larguer. C'est rare quand c'est un homme qui écrit sa solitude, son embarras à rester la tête hors de l'eau, ses incompréhensions. Ici l'homme, en plus, est écrivain, sa femme l'était aussi, ses ami(e)s aussi dans le même milieu de l'édition. Les dialogues entre les uns et les autres sont d'un très bon niveau, drôles ou misogynes parfois mais on parle là d'un homme qui avait une certaine confiance en sa masculinité après tout. Beaucoup de phrases pourraient être reprises en citation tant la plume est expérimentée et précise. Belle lecture.
Commenter  J’apprécie         280
Plongée dans l'entre-soi de quelques couples intellectuels germanopratins.
En l'occurrence, il s'agit d'un groupe d'amis dont tous les hommes ont des épouses beaucoup plus jeunes qu'eux.
Et malheureusement, quelquefois elles partent.
L'infortuné narrateur découvre alors la solitude et lutte comme il peut contre l'apitoiement.
Un critique d'un journal Breton a résumé son avis sur le roman par un "On s'en fout" sans réserve.
Bon, c'est vrai qu'en cherchant bien, j'ai déjà dû rencontrer des sujets plus captivants.
Pour autant, l'auteur sait rester tout à la fois léger et percutant.
Les phrases sont courtes. Les aphorismes savoureux et les réflexions sarcastiques abondent.
Pour peu qu'on ne s'arrête pas à l'esprit un brin nombriliste et, il va s'en dire, très parisien, l'ensemble se lit donc sans déplaisir.
Commenter  J’apprécie         20
Ce grand bain de solitude. Pour ne pas s’y noyer, nous disposons de jouets sociaux ou culturels qui nous distraient plus ou moins : expos et autres premières, week-ends à la mer ou à la campagne. Ces vieux toujours sortis de peur d’être enterrés chez eux par un employé étourdi des pompes funèbres.
Ce petit carnet que les femmes gardent caché dans leur tête et où elles notent, avec un soin de bonne ménagère, nos méfaits jusqu’à ce que le compte soit assez bon, c’est-à-dire assez mauvais, pour qu’elles décrètent notre exclusion de leur ravissante existence.
Juste avant la fin du jour. Le soleil est encore debout mais on le sent fatigué.
Il travaillait en Angleterre mais il était français, originaire du Sud-Ouest. J’avais horreur de son accent. J’avais l’impression, à chaque fois qu’il ouvrait la bouche, de regarder un match de rugby.
Cette expérience de la solitude, comme si je faisais ma première escalade. Ou communion. Passé plein à craquer comme une valise, présent vide comme une armoire.
Patrick Besson : "La frivolité est une affaire sérieuse" Les Clochards Célestes