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EAN : 9782367950150
44 pages
Chèvre-feuille étoilée (02/05/2014)
2.3/5   5 notes
Résumé :
Que peut-il bien se passer dans la tête d'une petite fille qui, un soir, après une colère, ouvre la fenêtre et saute dans le vide ? L’auteure se glisse dans la peau de cette fillette et, le temps d'une représentation, trouve les mots justes pour tenter de dire les peurs, les rêves, la douloureuse lucidité de ces enfants passés de l'autre côté de l'enfance.

« Non, je ne veux pas grandir Je ne veux plus avoir peur Parce que tout au bout de l’enf... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je remercie Babelio de m'avoir fait découvrir ce livre grâce à Masse Critique.
Difficile de poster une critique sur ce texte court et un peu déroutant. Si le sujet est grave, je suis restée sur ma faim, avec l'impression d'une distance laissée entre le lecteur et la narratrice, la petite fille qui a décidé de s'envoler. Elle livre un flot de pensées, sans finalement dévoiler de façon transparente la raison qui l'a poussée à passer à l'acte, comme si finalement elle considérait que le lecteur ne pouvait pas la comprendre. Les phrases s'interrompent, certaines questions restent sans réponse. C'est aussi une façon intéressante de donner corps à cette immense solitude, au mal être, sur lequel on peut difficilement mettre des mots, et de permettre aussi de rendre hommage à tous ces enfants, sans qu'une situation en particulier soit privilégiée. Quelques bribes de pistes saupoudrent le pourquoi du geste : éducation, gestes, mots, attitudes de l'entourage, maladie psychique..., mais sans les creuser.
Le texte est fort, parfois violent, mais, il aurait sans doute pu l'être encore plus. Il laisse pour moi trop de flou. Et en même temps, un tel geste n'est-il pas incompréhensible ? inexplicable ?
En définitive, si je n'ai pas lâché le texte d'un bout à l'autre, je reste finalement frustrée. Je serais néanmoins curieuse de redécouvrir le texte en représentation théâtrale.
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Cette courte pièce de théâtre aborde avec justesse et détails la question du suicide chez les enfants. Il s'agit d'un texte de théâtre-récit. Deux voix se distinguent. Une analytique. L'autre plus sensible et narrative de l'enfant. Elle s'est jetée de la fenêtre. Pourquoi ? On tente de le raconter, de l'expliquer, de faire comprendre l'incompréhensible. Elle profite de cette instant théâtral sur le fil pour dire ce qui ne peut être dit. On ressort secoué et à la fois un peu plus rempli d'humanité, qui nous échappe toujours un peu plus.
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J'ai trouver le livre fort petit quand je l'ai recu, très peu de page, j'avais peur de ne pas assez ressentir les émotions. C'est donc avec un peu d'appréhension que je l'ai commencer...

Dans le résumé, on nous dis que l'auteur se plonge dans la tête de la fillette pour nous raconter l'histoire. En lisant, je me suis rendue compte que les mots utilisés n'étaient pas celui d'une petite fille, mais ceux d'un adulte.
A la fin du livre, nous ne savons toujours pas pourquoi elle a décidé de "s'envoler" .... rien ne l'explique clairement dans le livre.

Les émotions n'étaient pas présentes, beaucoup de questions sont resté sans réponses à la fin de l'histoire.

Je suis donc déçue.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
On dirait qu’elle danse : Envol et Chute d’un oiseau blessé

On ne se souvient pas, on réécrit l’histoire. Jean-Marie Lejude, à partir d’un très beau texte commandé à l’écrivaine algérienne, Maïssa Bey, a mis en scène un fait-divers entendu un matin dans une dépêche délivrée laconiquement par une radio nationale : « Une petite fille de neuf ans a mis fin à ses jours : Papa, Maman, je vais me suicider, je ne veux pas que ma maman vienne à l’enterrement ». On venait de lui refuser un bonbon. Elle était diabétique. Sur une feuille plutôt destinée à un dessin, sa main n’a pas tremblé pour annoncer sa décision imminente.

« Tout au bout de l’enfance, il y a le monde. Le monde des adultes. De ceux qui disent non. De ceux qui disent il ne faut pas. De ceux qui parlent haut et croient tout savoir. De ceux qui répètent tous les jours tu ne peux pas, tu n’as pas le droit de. Qui disent ce qui est bien. Ce qu’ils croient être bien pour toi. Ce qui est mal. Ce qui fait mal. Mais dans mon cœur, l’oiseau, lui, ne parle pas. Il essaie seulement de déplier ses ailes.

Parfois il veut chanter. Alors dans la nuit, quand tout est silence, quand je suis seul dans le noir, quand ils dorment parce qu’ils croient que je dors, j’appuie très fort là, juste là où je l’entends doucement battre des ailes. Et ça fait comme des frissons dans la gorge. Comme s’il me caressait avec ses plumes.

Je suis le seul à l’entendre. Il est le seul à pouvoir entrer dans mes rêves. Et c’est même lui qui m’entraîne et m’emmène de l’autre côté du ciel. Là où les enfants n’ont plus peur de courir. De sauter. De marcher dans les flaques. De tomber. D’avoir mal. De toucher les étoiles du bout de leurs rêves.

Non, je ne veux pas grandir. Je ne veux plus avoir peur. Parce que tout au bout de l’enfance, il y a le monde. Le monde des adultes. De ceux qui ont peur. Peur pour nous. Peur pour eux. Peur de tout. »… écrit superbement Maïssa BEY prêtant sa voix à cette enfant de neuf ans qui a délibérément préféré rejoindre les étoiles à (bout de) force d’entendre la pensée raisonnable et raisonnante des adultes.

Et Jean-Marie Lejude, metteur en scène, de poursuivre : « Que dire alors de son suicide ? Comme cet autre enfant écrivant : « Je me sens toujours mal. A l’école, je suis toujours timide et j’en parle à personne……Le soir quand je me couche tout se qui me vien en tête s’est suicide. SVP aider moi car je ne pense pas tenir très longtemps. Je suis écoeurer . » (……) Que se passe-t-il dans la tête de ce petit bout de chou qui, souffrant de la séparation de ses parents, a cette demande : « Cher père Noël, envoie moi une petite pilule pour dormir. (enquête de Marie Chouinard ). L’enfant, nous dit-on, ne comprend pas la mort comme un adulte. Pour preuve, cet échange tiré d’une étude menée par le Docteur Mishara et son équipe sur la conception du suicide et de la mort chez des enfants : Dr- « Est-ce que les personnes mortes peuvent voir ? » Enfant- « Non. » Dr- « Pourquoi ? » Enfant-« Parce que leurs yeux sont fermés. » Dr- « Si elles ouvraient les yeux, pourraient-elles voir ? » Enfant- « Non, parce qu’il fait noir dans le cercueil. Mais si elles avaient une lampe de poche, elles pourraient bien voir. » Prenons nos lampes pour tenter de percevoir la CANDEUR ! »

« Eclairer l’impensable », la mort volontaire d’un enfant, n’est pas sans transgresser le tabou qui, dans notre société pétrie (qu’on soit athée ou non) par l’enseignement chrétien et surtout catholique, a toujours considéré la suppression volontaire de la vie comme un désastre et rejeté en conséquence le suicide comme un acte « scandaleux ». Qu’on en juge par les quelques citations « sacrées » qui suivent : L’auteur des Confessions, Saint-Augustin, appuie la condamnation du suicide dans le De Civitate Dei : « Ce que nous disons, ce que nous affirmons, ce que de mille manières nous démontrons, c’est que personne ne doit volontairement s’ôter la vie pour se libérer des souffrances temporelles, car il tomberait dans les éternelles; ni par désir d’une vie meilleure que nous espérons après la mort, car les suicidés n’ont pas à attendre une autre vie meilleure. »

Quant au 5ème Commandement, « tu ne tueras point », il spécifie clairement : « La vie humaine est sacrée parce que, dès son origine, elle comporte l’action créatrice de Dieu et demeure pour toujours dans une relation spéciale avec le Créateur, son unique fin. Dieu seul est le maître de la vie de son commencement à son terme : personne en aucune circonstance ne peut revendiquer pour soi le droit de détruire directement un être humain innocent ».

Ainsi pour le catéchisme catholique, relayé par les positions officielles orthodoxes et protestantes, le cinquième commandement proscrit sans appel l’homicide direct et volontaire. Le meurtrier et ceux qui coopèrent volontairement au meurtre commettent un péché qui crie vengeance au ciel, comme fut le cas de Caïn après le meurtre d’Abel. Et là, qui plus est, il s’agit du suicide d’une enfant, ce qui ajoute grandement au côté « politiquement incorrect » de l’entreprise …

Alors, iconoclaste, le dessein de Maïssa Bey et de Jean-Marie Lejude de s’emparer d’un fait divers dramatique pour en faire un spectacle ? Non, simplement humain, profondément Humain … Du côté du sensible et non de la sensiblerie, évitant tout pathos, ils transcendent la souffrance pour en donner une forme poétique qui parle à nos sens autant qu’à notre intelligence.

Le metteur en scène, Jean-Marie Lejude, depuis longtemps délibérément engagé artistiquement du côté de sujets contemporains (en choisissant le nom de sa compagnie, « L’œil du Tigre », ne s’est-il pas rappelé, non sans la malice qui le caractérise, qu’ « avoir l’œil du tigre », pour les tribus africaines, c’est déstabiliser l’ennemi par le regard ?) confirme ici l’acuité de sa vision qui, effectivement, est pour beaucoup dans la force de la proposition théâtrale qu’il nous donne à voir, lui et son équipe, avec un plaisir contagieux.

La comédienne, Gisèle Torterolo, dont la photo mutine de l’enfant de neuf ans qu’elle était figure sur le programme, incarne de sa force fragile les envols de cet oiseau blessé qui, sortant à certains moments de l’espace tracé au sol, sous les lumières de la salle ré-éclairée pour la circonstance, s’adresse directement au public. Non pour l’agresser et le rendre coupable, mais pour lui confier à l’oreille les interrogations qui sont celles de l’enfance confrontée au silence qui se veut « bienveillant » de l’adulte mais qui se révèle mortifère.

Et lorsque l’émotion deviendrait trop envahissante, lorsque les mots de plomb deviendraient trop pesants, la voix d’une mezzo-soprano prend le relais pour chanter ce que les mots à eux seuls ne peuvent contenir. Remarquable la voix de Colette Hochain, aux accents profonds et sensibles qui distillent des frissons, lorsque du haut des cinq mètres où la comédienne est juchée en équilibre sur le toit de l’immeuble, sa voix s’élève dans les nuées pour faire écho à l’indicible.

Quant à la scénographie, que l’on doit à Thierry Vareille, elle sert à merveille le propos. Ce plasticien, féru de l’univers de la bande dessinée, a construit un montage vidéo en noir et blanc d’une efficacité telle qu’elle donne à voir la chute qui n’en finit pas de cette gamine qui prend son envol pour des contrées où la vie lui sourirait. Les images projetées sur la tour se déroulent en boucle comme un ralenti sans fin de cette vie qui, faute de mots posés, s’épuise et se mire dans un miroir noir qui réfracte la chute ; celle de cette enfant mais aussi la nôtre, adulte rendu aveugle par notre pensée conforme qui occulte l’impensable et laisse l’enfant seule face aux affres de sa souffrance au lieu de la soutenir par une parole de vérité.

Au lieu de baisser la voix quand l’enfant s’approche (protection illusoire de l’adulte qui, ce faisant, se protège plus qu’il ne protège en voulant taire la maladie) , au lieu de lui tourner le dos alors qu’elle implore seulement un regard, non sur son Mal auquel on la réduit, mais sur elle, l’enfant vivante (prodigieux plan de Thierry Vareille où, l’on voit l’enfant minuscule lever les yeux vers sa mère gigantesque lui tournant le dos, tache rouge se détachant en contre plongée sur un fond noir et blanc), si l’adulte avait pu faire face ! On se dit que l’enfant aurait été alors dispensée du passage à l’acte qui intervient lorsque les mots ne sont plus mobilisables car frappés du sceau « tabou ».

On se met à rêver … Tirésias, ce devin rendu aveugle par Athéna qu’il avait surprise nue, mais à qui, pour alléger la peine, elle avait confié un bâton de cornouiller grâce auquel il marchait comme les gens qui voient, et dont elle avait purifié les oreilles afin qu’il comprenne le langage des oiseaux, nous indiquerait la voie à emprunter : dessiller les yeux pour comprendre à notre tour l’envol et la chute « ascendante » (sic) de cet oiseau blessé et pouvoir le sauver en lui chuchotant à l’oreille des mots durs et vrais comme les cailloux qui nous servaient d’osselets dans nos jeux enfantins.

La création sonore de Pierrick Auboin accompagne « en douceur » cette plongée dans l’indicible et, le travail de Milena Gilabert, chorégraphe permet de retrouver les gestes interrompus de l’enfant en devenir.

Enfin, l’approche à fleur de peau de Marine Mane, collaboratrice de Jean-Marie Lejude à la mise en scène, nourrit la pièce de sa connaissance sensible des relations humaines qu’elle met au travail dans ses « Laboratoires de Traverse » et l’enrichit ainsi de son intelligence fine des comportements.

Théâtre exigeant s’il en est, théâtre qui respecte l’adulte dans chaque spectateur, théâtre qui « réfléchit » l’essentiel et, ce faisant, nous fait réfléchir… Théâtre qui s’inscrit dans les plis de ce qu’Alain Badiou dans Eloge du Théâtre écrivait :

« Ce que nous devons aimer et soutenir, c’est un théâtre complet, qui déplie dans le jeu, dans la clarté fragile de la scène, une prop
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J'ai toujours su qu'il y a deux sortes de parents : ceux qui, sans qu'on ait besoin de le leur rappeler, ont très tôt et très naturellement instauré, dans toutes les circonstances de la vie, ce fameux dialogue constructif, et les autres, ceux qui ne savent ni ne peuvent se résoudre à prononcer ces mots ou alors ne s'en souviennent que lorsqu'il est trop tard et se désolent en cas de dégâts ultérieurs...j'aurais dû... oui, j'aurais dû.
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J'aurais aimé pouvoir lui dire que j'avais envie de lumière. Que j'avais envie d'un vrai regard de maman qui s'ouvre comme une fleur au printemps. C'est dans la légèreté de son sourire, dans l'éclat de son rire, dans la sève de sa confiance que j'aurais puisé ma confiance, et peut-être, peut-être la force d'affronter les jours.
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Oh, quel soulagement ! Ne plus avoir à affronter la colère ! Ma colère d'abord. Celle qui est née le jour où l'on m'a expliqué en termes-choisis-exprès-pour-ne-pas-me-choquer, en se cachant derrière des mots savants, qu'on venait de découvrir que je n'étais pas tout à fait une petite fille comme les autres.
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Personne ne devait savoir de quoi était faite la nuit dans laquelle je m'enfonçais. Personne ne devait savoir que cette nuit-là, plus noire et plus profonde que toutes les nuits du monde, refusait de laisser entrer les rêves. Seul l'oiseau avait le pouvoir d'oubli.
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Vidéo de Maïssa Bey
Second extrait de la rencontre avec Maïssa Bey du 18 octobre à la librairie Petite Égypte.
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