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EAN : 9782213607245
187 pages
Fayard (22/08/2000)
3.42/5   6 notes
Résumé :
"Tous les matins du monde... sont sans retour." Voilà bien une phrase, martelée par la mère pendant des années, qui peut marquer toute une vie. Celle du narrateur, sûrement arrivé à l'âge adulte, pris au jeu du "je me souviens". Un narrateur-auteur né en Isère, dans la région des Terres froides, non loin du mythique lac de Paladru, avec sa cité lacustre et ses chevaliers-paysans. Terre de l'enfance, imprégnée par la poésie des brumes...
Cette phrase maternell... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
De passage à la librairie Les Lucioles à Vienne ,mon regard est attiré par un livre : Les Terres froides d'Yves Bichet . Est ce que ce livre parlerait de la Région de l'Isère où j'habite ?
Je lis la quatrième de couverture. C'est bien cela. J'achète le livre et dès le retour à la maison je me plonge dans sa lecture.
Je connais Yves Bichet pour avoir déjà lu deux de ses livres : La part animale et
L'homme qui marche. Je me souviens de lecture un peu difficile et rude.
Que va t'il en être cette fois ci ?
Je ne suis pas originaire de ces Terres Froides de L'Isère .Cette région m'a acceuili il y a 40 ans , alors que mes origines sont les Flandres françaises .
Et bien le livre d'Yves Bichet à partir de ces souvenirs d'enfance et des personnages qui la compose fait revivre ces Terres Froides. le Style d'Yves Bichet reste égal à lui même et ça râpe un peu !
J'ai retrouvé dans les personnages , les descriptions les Terres Froides que j'ai découverte depuis 40 ans. Ces Terres Froides où les histoires de capteurs de vipères courent le long du Barbaillon ou de la Bourbre. J'ai retrouvé au travers des Rogations ,les pèlerinages et les processions que ce soit à Notre Dame de la Milin ou encore à La Salette de Bevenais.
Et encore la description climatique et géographique des Terres Froides.
Yves Bichet n'y va pas avec le dos de la cuillère: le froid la neige le brouillard tout l'hiver. Ceux sont des souvenirs d'enfance.
J'ai les mêmes sur mes hivers d'enfance dans les Flandres .
J'ai le souvenir d'hiver complet d'humidité de froid de bruine et de grisaille.
Est ce la réalité climatique ? Non seulement les souvenirs de notre enfance
C'est la même chose pour les Terres Froides.
C'est une région dure et froide mais elle ne se résume pas au brouillard et au froid
Ce pays de collines entre les plaines lyonnaises et les Alpes reste un havre de paix de calme et de ruralité .
Se ballader sur ces collines avec la vue sur le Mont Blanc ,Belledone et la Chartreuse est toujours un ressourcement . Et dans le vent on entend toujours les chants et prières des Rogations ,le sifflement des vipères mais aussi la douce nostalgie des histoires d'amour de l'enfance d'Yves Bichet .
Si un jour vous prenez l'autoroute entre Lyon et Grenoble vous traverserez ces Terres Froides. Après Bourgoin l'autoroute vers Grenoble serpente dans les collines . Vous y êtes . Vous êtes dans les Terres Froides. Après avoir passé le Col de Rossatiere un ensemble de collines s'ouvrent à vous. C'est le pays d'Yves Bichet : Virieu,Chabons , Burcin.
C'est le pays de "La Barthélemy " cette maitresse dont le bureau devient une prison malodorante
C'est le pays d'Antoine le copain ,l'âme soeur
C'est le pays d'Elisabeth,de l'amour et du coup de foudre , le vrai.

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Le roman s’ouvre sur un superbe portrait de chasseur de vipères, aux odeurs fortes et à la sauvagerie mystérieuse. Nous sommes en Isère, « "au beau milieu des bouses de vaches, de milliers de petits champignons de prairies. Rosés-des-prés, vesses-de-loup, tous d'un blanc mat, rondelet, putrescible qui n'évoque guère les fleurs ni les fruits, mais déjà leur contraire : le poussiéreux, le digéré." Nous sommes dans les Terres froides, ce petit recoin de l’Isère coupé du monde pendant l’hiver, où l’on a les pieds palmés une génération sur deux.

Dans ce récit, l'auteur revient sur les rudes années de son enfance en Dauphiné, marquée par la peur, la violence et la découverte de l'amour.
Ce roman se décline en une série de souvenirs qui viennent ponctuer le récit en autant de chapitres que de scènes frappantes.

Souvenir de cette horrible institutrice – qui enfermait les élèves indisciplinés sous son bureau au contact de puanteurs intimes « dans ses jupes de lin de Pologne qui puent ».
Souvenir de ses gamins algériens qui jettent une salamandre dans le feu pour vérifier les facultés prêtendument ignifuge du petit amphibien.
Souvenir des Rogations, de la foire de Beaucroissant, seul événement véritable des Terres froides, cette foire aux bestiaux qui date du Moyen-âge et où l’on vient regarder la femme-tronc et festoyer comme on ne le fait plus dans les régions civilisées.
Souvenir d’Antoine, l’ami avec qui on partage tout.
Souvenir de la tendre d’Elisabeth aussi, avec qui l’enfant découvre le baiser et le premier amour.

Au milieu du livre, la mort d’Antoine vient sonner le fin de l’enfance.
Le roman se poursuit alors avec 5 poèmes et trois parenthèses.
Archétype de la France profonde, les Terres froides est le lieu de l’apprentissage de la vie, le lieu où est né la vocation. L’écriture prend sa source dans l’enfance, dans un épisode particulier, ou dans toute circonstance de la vie familiale. Quelque chose réside là, un secret mal digéré ou une faille dans le réel qu’il faut réinviter par la fiction.La fiction – celle qui fait peur.

« Mes histoires d’enfance sont archaïques » dit Yves Bichet « Je n’y suis pour rien. Elles sont extraordinaires et pourtant ça va, je me sens comme au Café du Siècle juste avant d’offrir une tournée. » Non seulement archaïques mais aussi fantastiques. Ses personnages, pourtant bien réels, s’apparentent aux ogres et aux sorcières.

« A écouter certains, j’aurais tendance à me complaire dans le pollué, l’organique », écrit le poète et romancier qui, avec les Terres froides permet de comprendre quelles images, quels événements, phénomènes et paysages – lacustres, en partie – lui ont inspiré ses livres précédents, si impressionnants : La part animale et Le nocher entre autres.

Après les poèmes et une incursion du côté des chevaliers-paysans qui peuplaient le lac de Paladru à l’époque médiévale, l’auteur revient sur Elisabeth, son premier amour.
Elisabeth, qui montre son coup de foudre. Un vrai coup de foudre, pas une métaphore.




« Elle me montre son coup de foudre.
Elle me laisse deviner la suite. Quand je comprends que c’est vrai, quand je découvre cette cicatrice laiteuse courant d’un seul trait derrière la nuque, sous les cheveux, descendant de part et d’autre du cou jusqu’au creux des seins, puis s’arrêtant net à cet endroit, entre les seins, sur une courbe très douce et chaude, avec comme une pastille de peau rosée et troublé au milieu, nacrée comme les auréoles, j’ai presque peur. Je pousse un cri. »

Le récit se referme donc doucement, sur la pointe des pieds, sur ce souvenir tendre de cette Elisabeth dont on voit le corps dénudé, et dont on comprend qu’elle a aimé Antoine – auparavant. Et Yves Bichet termine sur cette phrase sibylline : « Le coup de foudre a tout volatilisé ».



Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mademoiselle Barthélemy, institutrice depuis la nuit des temps, maîtresse d’école impénitente, célibataire, grise, autoritaire, maigre, variqueuse, était connue (et respectée) pour avoir su résoudre l’un après l’autre, dans un flou remarquable, tous les petits problèmes venus perturber son long apostolat à l’école primaire du canton. Ecole de garçons, cela va sans dire, où elle était respectée comme un maître, peut-être davantage, et redoutée autant que les chasseurs d’aspics ou leur saint patron à tous, le pharmacien Deverchère.
En bout de vie, cependant, à la surprise générale, mademoiselle Barthélemy gagna d’un coup une notoriété d’un autre ordre. Sa victoire dans la polémique sur le cachot et les munitions corporelles fut telle qu’on crut à un miracle, un signe de Dieu rendu peut avant la maladie et le grand saut final...
Imaginez ces années soixante au creux des lieux inhospitaliers que j’évoque...Eh bien, même dans un tel cul-de-four paysan, on avait eu vent de la récente interdiction d’enfermer les élèves. « Pas de cachot dans les écoles de la République. Plus de châtiments corporels, plus de mise en quarantaine. Plus le moindre bonnet d’âne. »...
Cette directive arriva au pire moment pour la carrière de mademoiselle Barthélemy. Elle ébranla ses croyances, mit en pièces ses choix et ses certitudes les mieux ancrées ; Il lui fallut considérer le problème du cachot sous toutes les coutures, pendant plus d’un an. Puis, après ces semaines de réflexion intense, mademoiselle B. en arriva à la conclusion que la nouvelle règle républicaine était avant tout une manifestation du diable. Peut-être même un règlement de compte entre communistes. En tout cas, pour elle, maîtresse à l’école des Terres froides, cette directive scélérate ne pouvait s’appliquer...
Le problème du cachot fit longuement souffrir la Barthé.
Les autres châtiments l’aidaient à souffrir moins. Le cahier au dos, les coups de règle en fer sur les doigts, ou encore les retenues du samedi soir devant le poêle éteint, toutes ces pénitences de début de siècle (qui perduraient ci et là) semblaient de la roupie de sansonnet en l’absence du principal, le cachot.
Mademoiselle Barthélemy voulait du renfermé, de l’humide, du malodorant. La République, elle s’en fichait.
La question du cachot des Terres froides allait être réglée ce jour-là sous les recoins du meuble grossier, cloisonné de ferraille. Comment l’imaginer ? Comment croire que les jupons empesés (odoriférants) de la Barthé allaient se glisser là dorénavant, jour après jour, et nous avec, les uns à la suite des autres, selon une méthode carcérale très personnelle, originale, très novatrice, initiée par la future retraitée dans le secret de son âme ? Comment imaginer les redoutables fictions de cette vieille fille, ses fantaisies de procureur ? La punition du bureau gagna soudain en notoriété. Le nouveau cachot (la perspective d’y séjourner longtemps, d’y moisir) allait mater en un rien de temps toutes les mauvaises têtes du canton. Un cachot révolutionnaire, sans targette, obturé par un ventre maigre et deux genoux cagneux, habité de chaussures puantes, hanté par un demi-millier de varices bleues et autant de jupons à la texture invincible (du lin de Pologne)...
La Barthé tirait les portes coulissantes qui fermaient le meuble sur le devant et serrait les cuisses. L’obscurité se faisait, le silence aussi. Et là, peu à peu, cachot fermé, l’odeur venait, insidieuse, entêtante, affolante, toute baignée d’une moiteur étrange. Les heures semblaient des siècles.
Peu à peu les muscles du dos, les tendons de la nuque et des jarrets durcissaient au fond du cachot, et il fallait bouger. Bouger, c’était relancer la machine, raviver le supplice. Au moindre geste, mademoiselle Barthélemy se souvenait de nous. La coulisse du bureau s’entrouvrait légèrement, les deux poteaux fatals s’écartaient et, dans leur mobilité nonchalante, assénaient au damné de nouveaux et très puissants remugles. Le puni reculait, se bouchait les narines, maudissait son existence. Nez de puni, cachot de Barthélemy. On en revenait raides et blancs comme des linges, incapables de la moindre parole...

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Je suis né en Isère, dans la région des Terres froides.
Cette partie du Dauphiné compte à peine quelques milliers d’habitants. Pas de grande ville, seulement des bourgs, aucun centre administratif et, au total, assez peu de kilomètres carrés. Les Terres Froides se situent entre le lac de Paladru, connu pour sa cité lacustre et ses chevaliers-paysans de l’an mil, le bourg de Torchefelon (ou encore Torche-félons – on prétend qu’on s’y rassemblait pour rosses les brigands) et un autre village fameux, Izeaux, qui accueille depuis des lustres la foire agricole de Beaucroissant.(…)
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J’ai vendu des violettes séchées avec mon frère Bernard, j’ai chassé les vipères, j’ai connu les jupons puants de l’institutrice, exploré le reposoir de Sainte Apollonie. J’ai sabordé la fête des Rogations et relancé la chasse aux salamandres avec les copains arabes. J’ai eu un premier amour à vous dégoûter du coup de foudre. La foudre, la vraie avait déjà éclaté. Celle qui sabre les épaules aimées, marque les seins neufs et prometteurs, volatilise les colliers de naissance.
J’ai aussi connu un garçon qui parlait aux animaux. Mais lui est parti …
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Et si la poésie était dans le geste, dans le travail des mains, que celui-ci serve à élaborer un poème, ou pour constituer n'importe quel autre objet ?
Les deux poètes Christophe Claro et Yves Bichet expliquent au micro d'Olivia Gesbert ce qui fait selon eux l'essence de la poésie.
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