AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,13

sur 1462 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Depuis toujours, Anaïs Nin écrit son journal. Je devrais dire « ses journaux ». En effet, il y a la version officielle, qui peut, sans danger, tomber sous tous les regards et un exemplaire secret où elle se révèle sans fard. Elle rêve cependant de publier un roman, mais ce n'est pas chose aisée à cette époque où les seuls artistes reconnus sont des hommes. On le constate bien lors d'un dîner où son activité créatrice est reléguée à l'arrière-plan : une simple occupation pour bourgeoise désoeuvrée. Un convive résume l'opinion commune : « Vous avez des enfants ? - Non. - Vous allez pouvoir vous y mettre maintenant qu'Hugo (son mari) est bien installé à la banque. »
J'ai hésité avant d'acheter ce roman graphique. Étant jeune, j'ai lu quelques ouvrages d'Anaïs Nin (« Vénus erotica », « Les petits oiseaux »...), qui ne m'ont pas du tout plu. Ce qui m'intéresse en elle, c'est son combat pour la libération féminine, au même titre que ceux de Sand, Colette ou Virginia Woolf (entre autres).
J'ai été attirée par le dessin de Léonie Bischoff, dont j'avais apprécié les adaptations de quelques romans de Camilla Läckberg.
Je dois dire que par son aspect graphique, cet ouvrage est une splendeur. Je ne sais pas combien de temps Léonie Bischoff y a consacré, à mon avis, plusieurs années !
La technique est tout à fait originale. Elle dessine avec un crayon à mine multicolore aux dominantes bleu-vert-pourpre. Dès les premières planches, on a le souffle coupé : une seule vignette a certainement demandé des heures de travail : mer déchaînée, ciel envahi de nuages menaçants évoquant des tresses qui rappellent la chevelure impressionnante du double d'Anaïs, l'âme de son journal secret, j'imagine, dont les boucles de gorgone figurent l'imagination tortueuse de l'auteure. Ballotté sur les lames déchaînées, un minuscule esquif va se fracasser sur des rochers, tout comme Anaïs, écroulée sur le parquet parmi des feuillets épars : la création est houleuse et térébrante.
Ce ne sont que les deux premières pages. Léonie Bischoff a l'art d'utiliser mille allégories qui permettent de se figurer l'esprit tourmenté d'Anaïs Nin.
Les vignettes sombres et chargées alternent avec d'autres, très claires et dépouillées. Un univers onirique, parfois cauchemardesque se déploie, fourmillant de symboles tantôt délicats, tantôt inquiétants (fleurs, papillons, yeux, miroirs...) Quelques planches, sulfureuses, sont réalisées à l'aide de ces papiers noirs qui révèlent des couleurs lorsqu'on les gratte. Un moment tragique est rendu par des traits anarchiques dans des tons sombres et froids.
J'aime beaucoup les croquis évoquant le flamenco, où les silhouettes semblent esquissées sans lever la pointe du papier. Elle sont tellement vivantes, animées, qu'on a l'impression de voir évoluer la danseuse.
Ce que je n'aime pas, en revanche, c'est la personnalité d'Anaïs Nin. Sa conception de l'amour est aux antipodes de la mienne. Elle prétend aimer Hugo, pourtant, elle ne refuse aucune expérience sexuelle, même au risque de le désespérer. On le voit effondré après avoir lu quelques pages du journal. Anaïs le rassure : ce ne sont que fantasmes littéraires qui n'ont rien de vrai. Pourtant, la réalité est bien plus vénéneuse. Anaïs n'a pas seulement un double de papier, elle a une âme soeur : Henry Miller, avec lequel elle échange des idées sur un pied d'égalité. Il est également son amant, mais il n'est pas le seul. On dirait qu'elle veut tester toutes les formes de la sexualité, avec tous ceux qui l'entourent : cousin, analystes, amours saphiques ou même incestueuses. C'est vrai, je l'avoue, certaines pages m'ont choquée.
Pour conclure, je dirais que le travail de Léonie Bischoff m'a émerveillée : son album est un pur chef-d'oeuvre. Son adaptation de la vie et surtout de la personnalité intérieure d'Anaïs Nin est remarquable. Mais le personnage lui-même m'a décontenancée et heurtée : en même temps fragile, incomprise, pitoyable, torturée, machiavélique, destructrice : elle se sert de ceux qui l'entourent. Des images le montrent bien, qui les représentent, Henry Miller et elle, clouant au mur June (la femme d'Henry), comme un papillon et l'étripant pour se servir d'elle dans leur oeuvre.
Commenter  J’apprécie          70
Ce graphique restitue la vie d'Anaïs Nin des débuts de son mariage à son avortement.

Artiste, elle écrit des romans et tient son journal. Son mari, qui était poète, lui aussi, a mis de côté son art pour le métier de banquier, moins fun, mais plus rémunérateur. Entre ses bras, Anaïs sent qu'il manque quelque chose.

Et puis le couple rencontre Henry Miller, et Anaïs et Henry vont entreprendre une collaboration artistique assez fructueuse. L'épouse de Henry, June, va elle aussi marquer Anaïs. Toujours vaguement insatisfaite, avec une vie intérieure mouvementée, Anaïs va démarrer une analyse, et reprendre contact avec son père.

Bon, je sens que si j'en dis plus, ça va spolier ! Je ressors très partagée de cette lecture. C'est un album graphique très réussi, ce n'est pas le travail de Léonie Bischoff qui me perturbe, absolument pas, c'est Anaïs elle-même ! Je ne m'attendais pas à ça, et je ne sais pas vraiment quoi en penser. J'ai de l'admiration pour elle, et beaucoup de compassion aussi, mais assorties d'une incompréhension totale pour certains de ses choix, et je ne parle pas de son choix de ne pas avoir d'enfants, je parle de la relation avec son père et de son obstination à préférer les mensonges.

Bref, cet album m'a quand même donné envie de connaître davantage Anaïs Nin. Et puis il est très réussi !
Commenter  J’apprécie          60
J'ai beaucoup aimé cette BD pour diverses raisons. le dessin tout d'abord et la palette de couleur qui l'accompagne sont des gros coups de coeur. Je ne peux rien retirer à l'aspect graphique de ce livre. J'ai également adoré l'histoire et le personnage d'Anaïs Nin, tellement en avance sur son temps. On retrouve une femme libre et qui, au nom de l'art, refuse de s'enfermer dans des carcans patriarcaux. le seul (gros) bémol se trouve dans sa relation avec son père, que je trouve inacceptable.
Commenter  J’apprécie          60
La réputation sulfureuse d'Anaïs Nin n'est plus à faire, régulièrement, de nouveaux ouvrages sortent à son sujet, j'étais curieuse de découvrir ce roman graphique biographique au style envoutant. Je n'ai pas été déçue, j'ai apprécié ce nouvel éclairage sur sa vie, des plus belles rencontres jusqu'à ses plus noirs tourments. L'approche de ses pensées, avec cette perception multiple d'elle même a été très bien traitée, réalité et rêve se mêlent au rythme de ses réflexions. J'ai adoré le style graphique, si poétique et percutant, il se mariait très bien à la vie d'Anaïs.
Une très belle réussite, une approche intéressante et un rendu graphique bluffant.
Commenter  J’apprécie          60
Un beau portrait de l'artiste internationale. L'auteur grâce à ses crayons de couleur (une technique de dessin que j'aime beaucoup) nous dévoile sa vision de la vie d'Anaïs Nin. Ce que j'ai moins aimé, c'est cette vie très bourgeoise, l'ennui, et les relations avec son entourage. Elle même victime d'inceste, pratique l'adultère (ou la liberté sexuelle) avec aisance et le raconte dans ses journaux. Mais parle t'elle de tout, n'enjolive t'elle pas ? Elle explique ses relation avec Henry MILLER qui ne m'apparait pas franchement sympathique.
Commenter  J’apprécie          60
écrivain totalement inconnu pour moi j'ai découvert ave une certaine fascination la vie d'Anaïs Nin sur un fond de couleurs pastels très doux et un style de dessins très poétique que j'ai beaucoup aimé. Au fils des rencontres, des liaisons et de ses moments d'angoisses dépressive jusqu'aux scènes les plus exaltantes de sa vie j'ai découvert le parcours tumultueux d'une femme qui prônait sa liberté de corps et d'esprit afin de trouver sa place dans la société. Une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          50
C'est le premier roman graphique que je lis et sûrement pas le dernier.

Celui-ci est la biographie d'Anaïs Nin, autrice et poétesse de renommée faite par Léonie Bischoff.
On y retrouve ses histoires d'amour, sa façon d'écrire, ses questionnements sur les autres, sur elle-même et surtout l'importance de la psychanalyse dans sa vie.

Ce livre est juste magnifique, des illustrations de qualités et des couleurs fabuleuses.
Léonie Bischoff m'a vraiment transportée dans l'histoire grâce à ses dessins charmeurs.
Commenter  J’apprécie          50
Anais écrit son journal intime, son rêve écrire un livre. Elle est hantée par des rêves érotiques. Sa rencontre avec Henry va tout changer.
Un personnage ambigu qui bascule de la folie à la liberté.
Une écrivaine qui connaitra le succès grâce à ses journaux intimes.
Commenter  J’apprécie          50
J'ai acheté ce livre pour les dessins et je n'ai pas été déçue. Chaque page est sublime, on ne se lasse pas d'admirer les prouesses du trait multicolore. Selon l'humeur d'Anaïs, une couleur prend le dessus.
Anaïs Nin est d'abord une déracinée ; sa mère est danoise et cubaine, son père espagnol et cubain et elle grandit entre la France et New York. On dit d'elle qu'elle a un accent indéfinissable ... elle répond qu'elle a dû inventer son propre langage.
Mariée à Hugo, un homme bon qui a le défaut de travailler dans une banque et de ne pas être très inventif au lit, elle essaye un temps d'être la parfaite épouse, mais dépérit. C'est une femme consumée par le désir d'écrire et certainement névrosée. Sa rencontre avec Arthur Miller sera déterminante puisqu'ils travailleront ensemble sur leurs romans respectifs et deviendront rapidement amants. Elle s'épanouira dans cette relation.
A ce stade du livre, elle devient vraiment un personnage insaisissable, qui fait tourner la tête de tous les hommes qu'elle côtoie. Anaïs Nin était clairement une femme libérée, mais elle a toujours eu besoin du regard des hommes, comme elle le dit si bien : "Je suis le miroir des désirs des hommes; et les personnages que j'incarne pour eux allument le feu de leur créativité"
Commenter  J’apprécie          50
Anaïs Nin, sa vie, ses amours, ses relations, ses écrits, son journal… J'ai lu le premier tome du journal d'Anaïs Nin l'année dernière, mais la rencontre n'avait pas été très concluante, notamment à cause de la mise en scène permanente d'Anaïs, June et compagnie. Et si j'ai beaucoup aimé ce roman graphique, je n'y ai pas retrouvé tout à fait la même Anaïs Nin que dans son journal, dans le sens où j'ai préféré celle de Léonie Bischoff, moins agaçante à mon sens et même assez envoûtante. Son histoire a tout pour me toucher dans cette version-là – une personnalité forte et audacieuse, une quête pour s'exprimer et se trouver, une recherche de liberté… –, mais je ne peux me défaire des sentiments nés de la lecture du journal et garde donc cette réserve vis-à-vis du personnage qu'était Anaïs Nin, impossible à cerner tant elle propose des réalités différentes.
En revanche, on retrouve ses relations complexes avec les hommes qui tentent de la posséder, de la manipuler pour qu'elle corresponde à leur désir, à leur idéal. On retrouve ce jeu d'illusions, de mensonges, de rêves dont semble tissé le quotidien d'Anaïs Nin. (Autre différence de taille, la BD fait intervenir le mari d'Anaïs qui avait été complètement occulté dans son journal…)

En revanche, le point sur lequel cette BD est un coup de coeur, c'est au niveau du graphisme. J'ai été totalement fascinée par le trait de Léonie Bischoff. Ses lignes, ses couleurs, sa maîtrise du crayon de couleur donnent naissance à des planches, à des cases absolument somptueuses. Je me suis très souvent attardée pour contempler la manière dont elle amenait de la lumière, dont elle donnait vie à une étoffe, à une position, à une chevelure. Son style est tout simplement époustouflant et vibrant, à la fois doux et onirique.

Si je n'ai pas vraiment d'affinité avec Anaïs Nin, je dois avouer que découvrir sa vie sous le trait de Léonie Bischoff fut plus plaisant que le biais de son journal. L'autrice a bien rendu la complexité d'Anaïs Nin et des rôles qu'elle (se) jouait tout en donnant vie à sa témérité et à sa force. Ce fut même un choc graphique tant je reste sous le charme de son coup de crayon.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
Commenter  J’apprécie          50





Lecteurs (2441) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5230 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}