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EAN : 9782253026655
Le Livre de Poche (31/01/1996)
3.25/5   28 notes
Résumé :
En 1885, l'Indochine est encore une terre inconnue, imprévisible, viennent de s'y aventurer. Tandis que la conquête progresse au rythme d'une armée mal faite pour cette jungle infernale, un jeune colonel, issu d'une grande famille de l'aristocratie, se porte volontaire pour diriger une manœuvre de diversion sur les confins de la Chine, en pays, méo. II lui faut livrer bataille aux sanguinaires Pavillons-Noirs qui tiennent la région et retarder l'avance d'une colonne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La duchesse / Lucien Bodard
Nous sommes en 1885 : l'Indochine est une terre encore mal connue avec des populations imprévisibles et peu de voyageurs osent s'y aventurer. La conquête coloniale, souvent une véritable boucherie, malgré tout progresse bien que l'armée française soit mal équipée pour affronter la jungle tonkinoise. Un pays où la trahison est la loi de la jungle.
Un jeune colonel issu de l'aristocratie se porte volontaire pour une mission de pacification aux confins de la Chine en pays Méo, la contrée de la haute Rivière Claire. Il doit affronter les redoutables et sanguinaires Pavillons Noirs, conduits par un certain Phuc et qui marchent deux fois plus vite que les pauvres colonnes françaises, sachant tout d'elles ; ils tiennent toute la région aux alentours de Lao Kay. le colonel doit aussi empêcher l'avance d'une colonne chinoise envoyée par l'impératrice Sseu-Hi, une femme irradiante et vénérée par son peuple, auréolée de crimes, de ruines , d'abominations et de massacres pour repousser les bataillons français et aussi s'emparer de l'opium, ces chiens d'envahisseurs au long nez comme disent les Chinois les Célestes.. La mission est extrêmement périlleuse, cependant le colonel duc de rend maître du terrain, mais sans renfort en pays hostile, avec des effectifs décimés, il doit composer avec les indigènes Méos, son seul espoir de survie, lesquels ont observé le combat bien cachés en haut de leur pitons montagneux, sans prendre part au combat.
Pour sceller l'alliance entre Méos et Français obtenue après de longs palabres, le colonel duc se voit contraint d'épouser Niau, très jolie petite méo de quinze ans, fille du chef, devant toute la tribu réunie. le colonel après quelques folles nuits d'amour éprouve peu à peu une grande tendresse pour Niau l'impudique, l'intempérante, fière de ses étreintes avec l'étranger Blanc devant son peuple, ce peuple avide de liberté et de jouissance, le peuple d'au dessus les nuages comme ils se nomment. le colonel est sous le charme de la nymphe des sylves…
« …Elle colle ses lèvres contre les siennes. Face à ses Méos à elle, face à ses soldats à lui, face à l'univers, face à tous les petits univers qui sont là et qui se rejoignent pour la première fois au monde Prise de possession et de soumission à la fois devant tous. Geste absolu où elle s'empare et se livre… »
Niau ne quitte plus le colonel, constamment attachée à ses pas, vigilante, le surveillant. Elle est comme sa petite ombre, maternelle puis sensuelle, lui prodiguant ses bontés et ses caresses, l'enchainant dans ses bras, l'emprisonnant dans leur hutte , l'épuisant d'accouplements, exaltée et enlaçante…Et lui, le colonel, répond aux assauts de Niau toujours offerte…
Ainsi se noue le destin de celle qui restera toute sa vie la Duchesse. Même quand par la suite, trente ans plus tard, le colonel disparu de sa vie, elle devient la mère maquerelle d'un boxon perdu aux confins du Tonkin près de la frontière chinoise, elle conserve cette allure et ce port majestueux qui la verront respectée même par les pires drilles et commensaux de sa boutique. C'est là qu'elle fait la connaissance de Dieudonné.
Dieudonné est un agent des bureaux spéciaux du Gouvernement général. Sa tâche st bien précise : il doit se procurer auprès des pirates de mer de Chine une dizaine de milliers de coolies pour la construction du chemin de fer, dont les chantiers sont des cimetières.
le colonel duc est devenu quelqu'un à son retour en France, chef d'état-major de l'Armée française. Pratiquant toujours avec discrétion la pédérastie, il est un homme heureux, il a oublié l'Asie.
La duchesse indigène quant à elle, toute bordelière qu'elle soit, a conservé dans son impudicité de femelle déchaînée une grandeur certaine. Elle va connaître un destin incroyable : après avoir été la Duchesse, elle qui était déjà Princesse puisque son frère était roi des Méos, elle va devenir Madame Germaine Dieudonné après une série d'aventures auxquelles vont être mêlés elle-même et Dieudonné, devant faire face aux pirates des mers de Chine ainsi qu'aux potentats blancs, aux dignitaires jaunes, aux fonctionnaires parallèles, aux militaires bornés, aux trafiquants d'opium.
La scène d'amour entre Dieudonné, un aventurier qui travaille pour le compte de la France, et Niau est un haut moment de la seconde partie du récit, une scène absolument torride au cours de laquelle Niau reste une reine, la reine qui dirige tout , même les ébats. Au demeurant, dans son boxon cathédrale, tout en étant fille de joie, matrone, maquerelle, elle sait rester une femme vénérable, une douairière respectable, une excellente hôtesse, une consolatrice des corps et des âmes, une dispensatrice des plaisirs heureux, prêtresse du sperme…
Un roman passionnant d'un bout à l'autre, qui nous plonge dans l'Asie du début du XXe siècle, avec le sang, la cruauté, la folie meurtrière, les massacres, la traîtrise et l'érotisme sauvage d'une sensualité crue. C'est aussi un roman d'amour , aux multiples rebondissements, mettant en scène des personnages surprenants. C'est également une fresque historique et un réquisitoire contre le colonialisme avide. Et puis la puissance et la luxuriance du style incomparable de Lucien Bodard emportent le lecteur dans une folle épopée au cours de laquelle il n'a pas le temps de se poser des questions. Bodard : un merveilleux et fabuleux conteur au style somptueux et truculent, nous offrant une peinture sans détour ni concession de la vie débauchée d'une poignée de Français au début de la colonisation, partageant leur temps entre l'opium et le sexe, entre deux affaires louches.
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LA DUCHESSE de Lucien BODARD

Un gros pavé à lire. Nous sommes en 1885 les français colonisent l'Indochine. NIAU est une belle Méotte. Elle deviendra LA DUCHESSE pour terminer Germaine. Elle réussira par tous les moyens. Quand son colonel Duc partira elle ouvrira un bordel, trafiquera avec les pirates, fera le commerce de l'Opium. Il y a des passages très durs, écoeurants et même X. Comme dans Monsieur le CONSUL les chinois sont selon L.Bodard cruels, fourbes.. Il donne une mauvaise image des colons. La vie des pauvres coolies n'a aucune valeur. Ils meurent par milliers pour la construction du chemin de fer. Je classe ce roman dans les livres d'aventures exotiques. J'admire la richesse du vocabulaire de Lucien Bodard. Il ne faut pas oublier que Lucien Bodard est né en Chine en 1914 où son père était Consul d'où sa fascination pour l'Asie. 
Mireine
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Un peu surprenant. Très cru, mais venant de monsieur Bodard, on ne peut s'en offusquer.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Une guerre, c'est quand même de la dépense, et il va essayer de l'éviter, tout en tâchant de s'approprier notre « boue noire » pour pas cher. Il va employer tous les moyens, en nous ébranlant par la crainte et en nous amadouant par la douceur. Tromperies, vieilles ruses, je les connais toutes.
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Pauvres soldats abandonnés à la stupidité des généraux; ces chefs glorieux, respectés, couverts de cicatrices et de décorations, entourés d'étiquette, ont la jugeote lente. Ils ne savent pas que cette guerre-là a ses lois : ils ne veulent pas les reconnaître. Il leur a fallu du temps, pour simplement s'apercevoir que, dans la jungle, les unités ne peuvent se déployer noblement, afin de livrer des batailles à la Napoléon! Ils ne comprennent rien : ils ne conçoivent la forêt vierge – quand elle n'est pas trouée par d'antiques chemins parfois dallés – que comme un bloc, ou comme une muraille. Dérision, car la sylve est une passoire, pour ceux qui la connaissent.
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Dans l'Asie des rites et des étiquettes, eux n'ont que le sens de la joie : l'amour, tous les plaisirs de l'amour, les danses frénétiques, les musiques forcenées. Leur travail : l'artisanat de leurs bijoux et de leurs étoffes, les soins tendres donnés aux frêles pavots, la culture d'un peu de riz gluant des montagnes, celui qu'il suffit de semer à la volée pour qu'il pousse. Les fêtes se succèdent, orgies, énormes grossièretés de la cour faite aux filles consentantes, grasses jovialités mêlées aux incantations des sorciers et des sorcières.
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On a commencé par des légèretés, y allant à l'aveuglette, sans savoir ce qu'on voulait; une suite de défis imprudents et de reculs stupides. Il en résultait des catastrophes, que l'on appelait des « pépins ». Morts, milliers de morts... Alors les généraux, puisque c'était leur métier – têtus comme ils savent l'être, avec une bêtise obtuse : la grande qualité martiale encore plus que le panache –, ont poursuivi leurs opérations en dépit du bon sens, jusqu'à crever eux-mêmes, parfois, en tout jusqu'à faire crever leurs hommes.
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Savoir lire sur les faces jaunes, y deviner la perfidie et la complicité, lire aussi la nature, qui n'est plus une masse impénétrable mais un écheveau à dévider. En somme essayer de profiter de tout, des êtres comme des choses de la forêt. Par tous les moyens, jour après jour, nuit après nuit; dans cette exaltation de la peur, celle qui ressemble à l'amour. Un oubli, un réflexe tardif, et c'est bientôt être de la chair en charpie. Pour cela, il faut le don, une démence divinatoire, une sensualité exacerbée.
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Videos de Lucien Bodard (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lucien Bodard
Jacqueline Duhême Une vie (extraits) conversation avec Jacqueline Duhême à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne le 8 février 2020 et où il est notamment question d'une mère libraire à Neuilly, de Jacques Prévert et de Henri Matisse, de Paul Eluard et de Grain d'aile, de Maurice Girodias et d'Henri Miller, de Maurice Druon et de Miguel-Angel Asturias, de dessins, de reportages dessinés et de crobards, d'Hélène Lazareff et du journal Elle, de Jacqueline Laurent et de Jacqueline Kennedy, de Marie Cardinale et de Lucien Bodard, de Charles de Gaulle et du voyage du pape en Terre Sainte, de "Tistou les pouces verts" et de "Ma vie en crobards", de Pierre Marchand et des éditions Gallimard, d'amour et de rencontres -
"Ce que j'avais à faire, je l'ai fait de mon mieux. le reste est peu de chose." (Henri Matisse ). "Je ne sais en quel temps c'était, je confonds toujours l'enfance et l'Eden – comme je mêle la mort à la vie – un pont de douceur les relie." (Miguel Angel Asturias)
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