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EAN : 9782918406303
574 pages
Kyklos (07/01/2013)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Dans le paisible village de Shindo, Oru mène une vie heureuse auprès de son ami Aruma, du Vénérable, son mentor, et de la fille adoptive de celui-ci. L'adolescent ignore le secret de ses origines et ne sait pas encore que le Destin, par l'intermédiaire d'un officier du seigneur Chaxuih, venu annoncer à la communauté l'augmentation de la dîme du riz, va bouleverser son existence. Car déjà les Puissants du Gokara préparent des alliances et ourdissent des complots gui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est peu de dire que ce roman est un coup de coeur : il m'a procuré des impressions et sensations que je n'avais pas revécues avec une lecture depuis précisément 40 ans, à savoir depuis ma lecture du Seigneur des Anneaux. Je ne dis pas que ce premier volume d'une tétralogie presque achevée égale totalement l'invention de Tolkien, ce serait peut-être excessif. Mais l'auteur crée un monde, une mythologie, une histoire, un univers dans lequel on souhaite s'immerger totalement, comme Tolkien l'a fait en son temps.

Pourtant, il ne s'agit pas de l'oeuvre que pourrait produire un auteur inspiré par Tolkien, mais de recherches différentes, d'une mythologie et d'une cosmogonie qui puisent en des sources diverses, davantage dans le folklore asiatique (Tolkien s'inspirait en grande partie de ses connaissances étendues sur les mythologies nordiques). Je vais arrêter là cette comparaison avec la Terre du Milieu et tenter de présenter ce roman, premier tome de la série La Vie d'Oru, héros désabusé, même si l'entreprise me paraît ardue, tant l'univers de ce roman est vaste et foisonnant.

L'ensemble de la série est donné comme un livre retraçant les leçons de Kiunan, précepteur du fils du sénateur Ersin : Kiunan était le bibliothécaire du sénateur, et a commencé à sa demande à procurer un enseignement au jeune Xul, cherchant le meilleur sujet historique pour intéresser son élève, prompt à se distraire, à savoir le récit de la guerre des marchands, proche de son époque, tout en lui apprenant ce qu'il doit savoir sur les institutions de son pays, son histoire, ses religions, ses peuples, et les relations des hommes entre eux, ainsi que l'exercice du pouvoir. Vaste entreprise ! On découvrira que ce récit est entremêlé de chapitres écrits par Oru lui-même, principal protagoniste du roman, adolescent de 15 ans au début de l'histoire.

Pourrait-on craindre un récit par trop pédagogique, voire démonstratif ? Il n'en sera rien, car en dehors de l'introduction dans laquelle s'exprime Kiunan pour expliquer ses motifs – ce début pose le cadre général du « monde » du Gokara, monde que je qualifierais de médiéval fantastique – le roman sera d'emblée prenant et nous y entrerons dans l'action narrative telle qu'elle se poursuivra tout du long. Il faut la lire et être un peu patient(e), le roman proprement dit commence à la page 28.

Le récit commence par la vie d'Oru, jeune paysan que nous découvrirons rapidement orphelin, dans le village de Shindo, en bordure de fleuve, au sud-ouest de la seigneurie de Xuih. le village est dirigé par un Vénérable, du nom de Shaiku, qui joue un peu le rôle d'un prêtre et d'un chef de village, et qui a pris sous son aile le jeune Oru pour lui dispenser un apprentissage des lettres, peut-être pour un jour prendre sa suite en tant que Vénérable. Shaiku vit également avec sa fille adoptive Ussuma, complètement dévouée à son père, plutôt solitaire et sérieuse. Oru montre de grandes dispositions pour la lecture, l'apprentissage, mais aussi l'exploration de la forêt, et l'observation de ses pairs, bien qu'il soit également solitaire et souffre de difficultés à se lier aux autres ou à être accepté par la communauté. En effet, il est différent : de par son état d'orphelin, mais aussi ses centres d'intérêt, et sa familiarité avec la forêt que les villageois détestent et craignent. de plus, il est souvent dispensé du travail dans les rizières, et sa peau claire, comme ses iris verts, le différencient de l'apparence physique des autres membres de la communauté.

Nous apprendrons progressivement la cause du grand « malheur » qui a frappé le village en faisant périr 36 adultes et jeunes gens dans un trajet en bateau jusqu'à l'île d'Ariè, endeuillant la communauté de ses bras et faisant douze orphelins qui vivent au Dortoir et restent relativement entre eux. Nous suivrons les démarches d'Oru lorsqu'il découvre l'amitié avec Aruma, et trouve davantage sa place au sein du village. Nous verrons également ce qu'il advient quand, point déclencheur de toute l'aventure, l'Assemblée des villageois décide, contre l'avis du Vénérable, d'envoyer une délégation de trois paysans au Jukamachi, demeure seigneuriale de Chaxuih, pour faire entendre leur incapacité à faire face à une nouvelle augmentation de la dîme sur la culture du riz. Décision qui fera tomber en cascade des conséquences imprévisibles, et donnera lieu à la révélation de secrets étourdissants, et au changement radical du destin d'Oru, lequel apprendra dans l'urgence le secret de ses origines.

En conclusion, il serait préférable d'avertir les potentiels lecteurs du fait que lire La Vie d'Oru, héros désabusé, c'est entrer dans un univers, qu'on ne peut y attendre l'aventure et les palpitations seules, ou encore les sentiments. Tout y est, à un degré élevé, et pas une fois je ne me suis ennuyée, malgré la longueur de l'ouvrage, bien au contraire : c'est le type de lecture cocon dont on n'a plus envie de sortir. L'aventure et les mystères, la magie, les combats, y tiennent leur place, mais c'est aussi un ouvrage total, dans lequel les réflexions sur les sentiments humains, la condition humaine en général, s'entrelacent avec un examen des systèmes politiques, de l'exercice du pouvoir, du sens de l'histoire. Julien Bonin ne fait pas autant d'apartés que Tolkien dans son récit, les digressions sont plus intégrées aux motivations et à la fonction des personnages, et les appendices ne prennent pas autant de place que dans le Seigneur des Anneaux ; par ailleurs, l'auteur a créé un système linguistique, des mots et une langue pour ce monde imaginaire, mais c'est accessible et on n'a pas besoin de se référer constamment au lexique ou aux cartes en fin de volume. L'écriture est d'une grande maîtrise, parfaitement claire et limpide, elle se fait oublier au profit de l'intrigue. C'est toutefois une écriture d'auteur classique, la langue y est belle, fournie, c'est un récit au passé de belle facture, et ce plaisir du langage est aussi une grande composante du plaisir de la lecture. Bref : ce premier tome de la Vie d'Oru, héros désabusé n'est pour moi que le début de la série toute entière, et représente d'ores et déjà des livres que je vais garder et à coup sûr relire, ceux que j'emporterais sur une île déserte. D'ailleurs, ne sachant plus quoi lire après ça, j'ai commencé les Contes et légendes inachevés de Tolkien, c'est un signe ! :-)))
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La vie d'Oru, héros désabusé est un long récit dans un univers imaginaire, une immense île où se côtoient plusieurs peuples. Un mélange de moyen-âge et de fantastique, de magie, avec une inspiration asiatique nous est décrit durant plus de 500 pages. Oru vit dans une petite communauté et bien malgré lui il va se retrouver confronter à une guerre, à cause de ses origines qu'il ne découvre qu'adolescent, ce premier tome nous décrit ce village de paysans, si paisible, qui se trouve au centre du futur conflit.

Ce roman est un magnifique pavé nous détaillant la vie, les paysages, les coutumes d'une région et plus particulièrement de ce village dans lequel vit Oru. Il faut avouer que certains passages peuvent paraître un peu long, voire lourd, de par les quantités de détails que l'auteur nous fournit. Il faut alors considérer plutôt ces paragraphes comme une encyclopédie de ce monde imaginaire.

Oru, le personnage central, mais non principal en réalité, y laisse une biographie surprenante et assez passionnante. Sa vie au village y est décrite, ses pensées comme ses ambitions, ses attentes, jusqu'à son intimité la plus secrète y sont relatées.

Le lecteur ressort de roman avec beaucoup d'informations sur un univers complet et gigantesque, une histoire qui ne fait que débuter et qui laisse penser à une suite beaucoup plus animée.

L'écriture est parfaite, il n'y a rien à critiquer quant au style, ni aux tournures, ou à la syntaxe. Il est aisé avec ce style de s'imprégner de l'époque et la facilité de lecture permet d'avancer même dans les passages qui paraîtront un tant soit peu long.

Il faut reconnaître que le poids du roman peut empêcher certains lecteurs à se lancer dans cette lecture marathon, mais gardons à l'esprit qu'au-delà du récit habituel, l'auteur nous romanise l'encyclopédie d'un univers fantastique. Il semble qu'à ce jour peu de romans de ce genre existent et l'auteur aura réussi ce premier tome de belle manière, l'envie de connaître cette suite est bien là, présente, avec l'impatience de découvrir ce qu'il adviendra d'Oru.

Ce roman est tout simplement différent, intéressant et passionnant. L'auteur arrive à conserver le même rythme, le même style, du début à la fin, sans lassitude. Il me tarde de lire à nouveau la vie d'Oru dans le deuxième tome.
Lien : http://skritt.over-blog.fr/a..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
J'étais même certain, en mon for intérieur, d'avoir de l'audace, qui n'attendait qu'une occasion propice pour paraître. Je ne sais si on peut qualifier d'audacieuse ma détermination en ce jour, mais il est sûr que j'entrai dans la forêt sans aucune appréhension, mû par l'inextinguible curiosité de l'explorateur (pour dire les choses avec plus de justesse, il faut sans doute considérer qu'il y avait de la peur dans mon esprit, mais qu'elle était submergée, étouffée par mon désir débordant de découvrir cette forêt inconnue. Les héros ne sont peut-être que des hommes qu'une passion anime sans frein : elle enferme, mais elle n'éteint pas, leurs craintes et leurs frayeurs. Quant aux téméraires et aux insensés, ils ne sont pas courageux : ils sont aveugles).

P. 349.
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J'avais si peu l'expérience des rapports humains que j'en ignorais les règles, les codes et les mystères. Moi, le solitaire, le contemplatif, qui vivais pour les livres, l'étude de l'histoire, des arts et de la nature, pour la première fois me sembla-t-il, je me demandai avec inquiétude comment un autre jugeait ma personne. Certaines de nos mœurs et de nos pensées nous sont si naturelles que nous n'imaginons pas que les autres ne les aient pas aussi ; cela est vrai surtout de nos défauts, que nous croyons communs à tous les autres ; car nos qualités, nous pensons les posséder à un degré rare, voire unique.

P. 313.
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N'oublie pas ceci : la méditation et la connaissance s'accompagnent toujours des soucis de l'esprit, parfois jusqu'aux tourments, mais c'est un sacrifice à accepter. Celui qui se hisse au sommet d'une montagne, quelles souffrances n'endure-t-il pas ! Il a du mal à respirer ; le froid le glace, l'ascension endolorit ses membres ! Celui qui reste dans la plaine ne se fatigue point et hume un air doux. Mais, de là-haut, ne voit-on pas infiniment mieux le monde et le spectacle merveilleux qu'il offre ?

P. 45
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Souvent les historiens ne jugent bien des événements que longtemps après leur fin, quoique certains esprits remarquables, qui en furent les témoins, aient eu le sentiment de leur sens profond. Je craignais donc de ne pas avoir assez de recul et d'exprimer des opinions qui seraient aujourd'hui sensées et admises, mais demain jugées fausses et blâmées.

p. 22
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Il n'est point d'amitié qui soit meilleure ou plus sûre qu'une autre. Sa naissance n'importe que peu, seuls le temps et les épreuves permettent de connaître sa force, sa noblesse et la constance de ceux qui se sont attachés.

P. 313.
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