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EAN : 9782070745258
848 pages
Gallimard (22/03/1996)
4.2/5   5 notes
Résumé :
Poésies Complètes (1945-1994).
Un poète traverse un siècle ; un siècle traverse un poète : sans cette osmose, une œuvre serait peu crédible. Alain Bosquet ajoute : " il faut que le poème écrive son poète. " Il refuse de dissocier l'absurde de l'absolu, et la fable du réel.
Que lire après Je ne suis pas un poète d'eau douce: Poésies complètes (1945-1994)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il ne ronronne pas dans sa poésie, il aboie. C'est sulfureux, âpre, irrévérencieux, incorrect, pessimiste mais profond, juste. Il n'a pas la langue de bois et se sert de la poésie pour dire ce qu'il a au fond du coeur. C'est une poésie dérangeante mais qui secoue et qui fait réfléchir à la vie, l'amour, la maladie, la femme, la solitude, Dieu, la nature.
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Citations et extraits (97) Voir plus Ajouter une citation
QUEL EQUILIBRE ?
À Salah Stétié

Cet orgueil qui envoie ses pur-sang dans la nuit,
ce doute avec sa neige et ses lilas tordus,
cet amour protégé par mille indifférences,
cette aristocratie de salive et de peau,

ce désir d'un néant impalpable et palpable,
ce regard à noyer les étoiles naïves,
cette écriture où l'univers se recompose,
ce langage abattu comme un oiseau de boue,

cet abandon de l'être en face du non-être,
cette précarité buvant un vin trop riche,
cette âme dévorée par combien de miroirs ?

dites-moi, dites-moi, cet équilibre vain,
cette douleur qui m'est rosée, cette blessure
qui m'est soleil couchant − dois-je m'y reconnaître ?

p.457
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CHANTAGE

C'est toujours le vieux truc : le poète voudrait
dans sa jeunesse bousculer les gens, le monde
et tout ce qui restreint, selon lui, son génie.
C'est toujours le vieux truc : quand il devient adulte,

le poète se dit que lui seul est capable
d'aimer le peuple et de lui rendre le bonheur
en le forçant à lire un à un ses poèmes.
C'est toujours le vieux truc : on l'admire trop peu,

on ne l'écoute pas ; alors, puisqu'on le boude,
il se fera ésotérique en écrivant
pour la postérité. C'est toujours le vieux truc :

il parle de la mort, se croit compris des fleuves,
des crapauds ahuris, des comètes lointaines.
C'est toujours le vieux truc : son chant n'est que chantage.

P.431-432





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LES JOURNAUX

À l'origine était mon édition spéciale.
Je me suis imprimé pour que les univers
Ne craignent plus de naître. Aube dictatoriale,
Azur saisi par la débauche : fait divers.

Je m'apprenais par cœur. J'insérais cette annonce :
« À chaque enfant sa bombe ; un royaume rasé... »
Les îles d'amadou — vitrines qu'on défonce —
Et les montagnes préféraient les mots croisés.

Le temps n'existait pas. J'écrivais des chroniques
Pour déranger le sable et diriger le vent :
« Loterie ! ce milliard pour celui qui m'explique
Mon propre verbe, trop cruel et trop vivant ! »

Dépêches sans lecteurs... Je n'ai plus de nouvelles.
Demain, je cours à la faillite, me dit-on.
J'ai besoin de cinq doigts, d'un regard qui m'appelle,
D'un personnage pour ma chair : mon feuilleton.

p.118
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AU VOCATIF

Quelle attitude, s'imposer ! Tu t'interroges.
Combien sont-ils, ces vieux toi-mêmes sous ta peau ?
Es-tu sept cents ? Tu te renvoies, tu te limoges,
Tu cherches l'unité, toi qui es le troupeau

Des humaines brebis : l'une a pris ton aisselle.
L'autre tes yeux. Tu te divises. Des neutrons
Discutent l'univers dans tes genoux rebelles.
Ta nuque est inutile et tu n'as plus de front.

Si tu n'étais que le fémur de la tempête.
Ou ce refuge pour bacilles égarés ?
Le néant musical à son tour t'interprète.
L'onde, c'est toi ; l'atome peut t'incarcérer.

L'infiniment petit par toi devient obèse.
Ton corps est pour l'année-lumière un faux tamis.
Le microscope a mauvais goût s'il te soupèse.
Tu es ton parasite et ton propre ennemi.

Comptes à rendre à la matière ! Mille excuses
Pour ton chaos natal ! Tu voulais l'illustrer.
Lui donner un visage. Ô naïf, tu t'abuses
À comprendre pourquoi tu vis contre ton gré.

p124-125
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LA FABLE ET LE RÉEL
À Catherine Tolstoï

Comme un départ au loin sur les oiseaux qui tremblent...
comme une incertitude où bout le mimosa...
comme une lèvre détachée de son vieux rire...
comme une transparence aux trois miroirs brisés...

comme un recours à la colère la plus sèche...
comme un château royal qu'un peuple destitue...
comme un proverbe appartenant aux sycomores...
comme un ruisseau privé de source maternelle...

comme un soleil de lait sous l'océan aveugle...
comme une avoine folle invitée à la danse...
comme un navire : est-il en feu ? est-il défunt ?...

comme un troupeau de bœufs surpris par la musique...
comme une jeune peur qu'on transforme en lumière :
la fable et le réel ensemble confondus.

p.424

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Poésie - Une graine voyageait - Alain BOSQUET
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