Dans un Empire qui somnolait, qui ne se développait ni ne s'effondrait, dans une Angleterre dirigée par des gens dont la qualité principale était d'être des imbéciles, être « intelligent » attirait la suspicion. Si l'on était du genre à être capable de comprendre les poèmes de T. S. Eliot ou les théories de Karl Marx, ceux qui se tenaient au-dessus de vous se faisaient un point d'honneur à ce que vous n'accédiez jamais à une fonction importante. Le seul endroit où les intellectuels pouvaient se sentir à leur place, c'était dans les revues littéraires et les partis politiques de gauche.
S'il est facile de déclarer que l'on "nationalise" l'industrie, le processus en lui-même est long et compliqué. Il faut que la propriété de toutes les grandes industries passe entre les mains de l'État, qui représente le peuple et l'ensemble des gens ordinaires. Une fois cela fait, il devient possible d'éliminer la classe des rentiers, c'est-à-dire tous ceux qui ne vivent pas de ce qu'ils contribuent à produire mais simplement du fait qu'ils possèdent des actions et des titres de propriété.
Les héritiers de Nelson et de Cromwell ne se trouvent pas à la chambre des Lords. Il se trouvent dans les champs et dans les rues, dans les usines et dans les forces armées, dans les pubs où l'on vend de la bière bon marché et dans les arrière-jardins des banlieues ; pour le moment, ils restent soumis par une génération de spectres.
Tout au long de notre vie, nous devons lutter contre les privilèges, contre l'idée inepte qu'un diplômé à moitié capable d'une école privée soit plus apte à obtenir un poste de direction qu'un mécanicien intelligent.
Le patriotisme n'a rien à voir avec le Conservatisme. C'est même l'opposé du Conservatisme, dans la mesure où il s'agit d'une dévotion envers une chose qui, tout en changeant en permanence, reste dans le même temps et presque mystiquement semblable à elle-même.
Les citations franches de George Orwell (Les Vaillants, 03/11/2023)