1898, Antonia, alors âgée de dix-huit ans, fille d'une grand propriétaire, épouse Antonin, la vingtaine, fils de boulangers, installés à La Tour d'Auvergne, dans le département du Puy de Dôme, à soixante kilomètres de Clermont-Ferrand. le jeune couple réside au domicile des parents d'Antonin et Antonia va devenir boulangère. Toute la vie du couple sera consacrée à la profession de ce dur métier de bouche, sept jours sur sept et trois cent soixante cinq jours par ans. Nous sommes à la fin du XIX ème siècle. Les conditions de travail sont pénibles. Il n'y a pas de confort, ni de congés, pas de vacances et peu de repos. Les journées débutent très tôt. Antonin se lève tous les matins à quatre heures pour pétrir. Tous les actes nécessaires à l'élaboration de ce pain si cher à chacun e, tous les gestes sont manuels. Il n'y a pas encore de pétrin automatique. de plus sur les contreforts du Puy de Sancy, la vie est rude et les hivers durent plus de quatre mois.
La famille connaîtra des joies, des peines, les enfants grandiront et à leur tour feront leur place au soleil...N'oublions pas la foi religieuse qui à cette époque à une grande importance, ni les traditions, ni les coutumes régionales qui émaillent ce récit. Les deux guerres sont évoquées, avec toutes les séquelles qu'elles traînent sur leurs passages. Combien de jeunes hommes enlevés à leur mère, soeur, épouse et d'orphelins, de blessés, de "gueules cassées", d'infirmes ?
Dans ce roman,
Josette Boudou conte la vie d'une dynastie de boulangers, saisie sur le vif. Nous escaladons les montagnes, pêchons les écrevisses, assistons à l'arrivée de la fée électricité, découvrons la première automobile qui circule sur les petites routes de cette campagne. Mais avant, nous avons emprunté la patache pour aller au bourg voisin... Nous avons pétri, pétri tous les jours, vendu le pain, accompagné les voisins dans leur deuil, accepté l'aide apportée par les uns et les autres lorsque la maladie, la mort nous ont touchées.
Avec réalité, avec sagesse, et beaucoup d'abnégation, Josette retrace le parcours de ses ancêtres. C'est la vie difficile de ces artisans, qu'ils soient boulangers, épiciers, menuisiers, sabotiers, bouchers ou charcutiers contée avec élégance. Les personnages sont très expressifs et reflètent bien l'époque décrite. Un bon roman régional qui nous fait visiter un petit coin d'Auvergne, de la veine des romans de
Jean Anglade. Si vous aimez les romans de notre terroir je vous incite à le lire. J'ai connu cette auteure avec
Les Craies de couleur, témoignage sur ses années d'enseignante, mais j'ai une préférence pour
Les Grillons du fournil.
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