Une nouvelle et un auteur d'une grande originalité, découverts grâce à mon amie babeliote Sarah, elea2022.
Et depuis, je lis avec beaucoup de plaisir les livres de cet auteur.
«
Citius, Altius, Fortius », c'est-à-dire, plus vite, plus haut, plus fort, telle est la devise proposée pour les Jeux Olympiques par
Pierre de Coubertin, devise moins connue que la très célèbre et souvent brocardée : « L'essentiel n'est pas de gagner mais de participer ».
En fait de Jeux Olympiques, ce sont ceux de 1968 à Mexico qui sont évoqués, et la suite de l'histoire à ceux de 2000 à Sydney.
L'auteur rend hommage de façon originale à un héros méconnu de l'événement célèbre des JO de 1968, en se mettant dans la peau des protagonistes.
Ceux de ma génération, et encore plus ceux ( j'en étais) qui pratiquaient l'athlétisme, n'ont pas oublié le gant levé sur le podium du 200 mètres de Tommie Smith et John Carlos, athlètes américains noirs qui protestaient ainsi contre la ségrégation et le racisme aux USA, ce qui leur valut l'exclusion d'abord du village olympique puis l'exclusion à vie de la délégation américaine, suivie bien plus tard d'une reconnaissance de leur courage, dans les années 2000; par exemple ce n'est qu'en 2016 qu'ils sont reçus à la Maison Blanche par
Barack Obama.
Mais, nous n'avions pas vu alors que, sur la deuxième marche du podium, un athlète australien, Peter Norman, portait, comme Smith et Carlos, le badge de l'Olympic Project for Human Rights, un mouvement proposant le boycott des JO tant que les droits des afro-américains ne seraient pas reconnus.
Et c'est ce que nous raconte d'abord cette nouvelle: l'évènement des JO de Mexico et la participation active de Peter Norman (c'est lui qui suggèrera à Smith et Carlos le partage de la paire de gants de Smith) mais surtout les conséquences terribles pour Peter Norman: il ne sera pas sélectionné par l'Australie pour les JO suivants, alors qu'il était le meilleur athlète australien sur les courses de sprint.
Cette injustice inique ne sera réparée que des années après, et encore pas par l'Australie, puisque c'est lors des JO de Sydney en 2000, que Peter Norman sera invité à rejoindre la délégation américaine. Et là, l'auteur prend un peu de liberté avec ce qui s'est réellement passé, mais il s'en explique dans un épilogue plein d'esprit.
Cette histoire est courte certes, mais racontée avec un sens de la mise en scène épatant, c'est passionnant de la lire.
Et puis, c'est faire oeuvre utile que d'évoquer cette injustice et ça nous rappelle toutes les autres, si nombreuses, que l'on répare bien tard, voire trop tard.
P.S. J'ai appris qu'en 2019, soit un an après la sortie de ce livre, une statue représentant Peter Norman a été érigée près du stade olympique de Melbourne. Mais Norman est mort dans l'oubli en 2006, sauf que Smith et Carlos étaient présents à ses obsèques, et Carlos a prononcé un vibrant hommage au courage de ce héros méconnu..