Dans un premier temps on est dérouté, cela provient probablement que l'on est jamais assuré d'être dans le vrai, l'auteur le dit lui-même " le vrai n'était qu'un guide souple et lâche ". Puis, au fil des pages cela devient captivant, on est pris dans le tourbillon culturel des années 80 dans lequel était plongé celui qui habitait " Rue de Beaune ". Au delà d'un journal se sont des tranches de vie qu'il nous fait partager. La vie d'un écrivain, en proie à ses difficultés d'écriture, à ses questionnements sur la qualité de ce qu'il écrit. La vie d'un critique littéraire et cinématographique qui rencontre les plus grands écrivains, Philip Roth, William Burroughs entre-autres, mais qui est implacable pour la médiocrité, qui côtoie les plus grands cinéastes, qui interviewe les personnalités les plus marquantes, qui se prend de passion pour des actrices, il s'installe " Rue de Beaune " pour être près de Nastassja Kinski, qui court à travers le monde pour rendre compte des grands festivals. La vie d'un journaliste qui travaille pour les plus grands titres de la presse nationale, L'express, le Monde. Cette vie professionnelle est intimement liée à sa vie personnelle, celle d'un homme qui perd sa mère d'un cancer, qui perd un ami très cher, Matthieu Galey, qui consomme avec excès des substances licites, et d'autres illicites, et qui fait de nombreuses conquêtes féminines, qui aime les rencontres, qui se passionne pour des lieux, et change de logement au grès de ses passions de la place des Vosges , à la Rue de Beaune, puis à la rue Las Cases . On perçoit sa connaissance culturelle hors du commun, il a rencontré la plus part des artistes les plus éminents de la fin du vingtième siècle. L'écriture est fluide, on a plaisir à le lire à voix haute. Certains écrivains tiennent un journal chronologique, d'une année à une autre , c'est parfois barbant, Michel Braudeau construit le sien autour des lieux ou il a habité, en l'occurrence celui-ci ce sont les années qu'il a passées " rue de Beaune " et c'est passionnant.
Commenter  J’apprécie         50
je détestais jeter des livres, si mauvais fussent-ils. Il s'en trouverait toujours un qui me manquerait, pour une vérification, un oubli, c'était dans l'essence même des livres de nous persuader que gisait en eux quelque chose d'indispensable, une étincelle.
La conversation roule une demi-heure sur son roman, les femmes, la séduction de l'âge mûr. Et les critiques qui ne comprennent rien, les métaphores cachées (...). Il me jette un regard conciliant, est-ce que je ne suis pas moi-même un écrivain à mes moments perdus? Là je ne supporte plus. Je lui pose ma dernière question:"Pourquoi n'avez-vous pas gracié Ranucci en 76?
Les absents impriment leurs pas dans le tissu de nôtre âme. Comme elles insistent, ces personnes en allées, devenues différentes, dont le souvenir nous agite d'un doute inexprimable: est-ce vraiment toi, là? Et ce "là", c'est bien la place de l'autre en nous.
Il suffit de veiller à la brièveté des vacances pour être sûr de ne jamais s'y habituer
Michel BRAUDEAU :
La non-personneDevant des journaux ouverts à la Bibliothèque Publique d'Information du Centre Beaubourg,
Olivier BARROT présente le livre "La non personne" de
Michel BRAUDEAU paru chez GALLIMARD