Hector Boulon ? Ce nom vous dit-il quelque chose ? Rien. C’est un petit bon
homme dans l’immense foule des tout petits bonshommes, un petit bonhomme que salueront un jour, au bord d’une tombe, quelques regrets, quelques larmes et, pourquoi pas, quelques fleurs. Ce destin ordinaire qui le menaçait, il ne le supportait pas. Vaniteux ? Pas du tout. Orgueilleux ? Pas même, mais dégoûté par avance de cette pauvre réussite à laquelle il aurait droit si tout se passait bien. Magistrat bien décoré ? Avocat fort écouté ? Bourgeois aisé et satisfait, accumulant les signes d’une mention « passable » ? Non, cela ne lui plaisait pas du tout. Il se savait en outre trop lâche pour refuser de vivre, pour sauter par la fenêtre ou se noyer très loin dans la mer, au plein soleil des vacances, incapable de tout, même de mourir.
Jean-Denis- Bredin : "Avec Chateaubriand et Flaubert, je serais volontiers parti en voyage"