Pascal (1623-1662) n’est pas un philosophe : c’est un savant et un apologiste de la religion catholique. Savant, il est dans la tradition de la physique mathématique et expérimentale qui conduit de Galilée à Newton. Apologiste, il n’est pas de ceux qui préludent, dans sa réponse aux libertins, en démontrant par la raison toutes celles des vérités de la foi qui peuvent être démontrées : c’est dans l’histoire, c’est dans la nature humaine prise en bloc qu’il cherche ses témoignages, de même qu’il cherche dans l’expérience et non dans le raisonnement la preuve d’une vérité physique : Descartes aussi a été savant et, en quelque mesure apologiste : mais son génie lui interdisait d’être l’un et l’autre, à moins d’être en même temps philosophe, à moins de faire entrer science et apologie dans la « chaîne des raisons » en dehors de laquelle il laissait les vérités de la foi.
Qu’est-ce en général que la croyance ? « L’idée d’un objet est une partie essentielle de la croyance qu’on y accorde, mais non le tout. Nous concevons beaucoup de choses auxquelles nous ne croyons pas. » C’est seulement lorsque la croyance s’ajoute à l’idée, que l’idée devient la connaissance de quelque chose de réel, et non plus une fiction ; or, nul philosophe jusqu’ici n’a, selon Hume, expliqué la croyance.
Ainsi la métaphysique, qui est la connaissance de Dieu et de soi-même, répond, chez Descartes, à plusieurs exigences : c’est l’obligation d’un chrétien d’employer la raison pour lutter contre les négations des libertins ; de plus la métaphysique est la première question exigée par l’ordre méthodique ; enfin la physique ne peut atteindre la certitude, si elle ne s’appuie sur la
métaphysique.
Emile Bréhier. Les stoïciens.