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EAN : 9782213643526
160 pages
Fayard (25/01/2012)
3.89/5   35 notes
Résumé :
La petite ville de Vigàta, en 1942-43. Nino, garde-barrière de son état et Minica, son épouse, filent des jours heureux dans leur maisonnette au bord de la voie ferrée. La guerre qui gronde autour d’eux et le fascisme aux abois, mais toujours virulent, ne les empêchent pas de rêver d’un enfant et, pourquoi pas, de gagner à la loterie. Cependant tout bascule lorsqueNino et son copain Totò, qui arrondissent leurs fins de mois grâce à de petits concerts dans le salon d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Je retrouve avec plaisir le Camilleri que j'aime. le Garde-barrière (2008) fait partie de la trilogie des métamorphoses avec Maruzza Musumeci que j'avais adoré et le grelot que je lirai. Dans le garde-barrière, la chronique d'une bourgade sicilienne durant la période fasciste et plusieurs mythes interagissent.

Cela commence doucement par une petite chronique ô combien pittoresque et savoureuse de la ligne ferroviaire très étroite qui relie Vigata à Castellovitrano en Sicile. Deux trains s'y pressent à pas de poule si bien que les jeunes ont le temps d'aller piquer une tête ou de marauder de beaux fruits entre deux arrêts. Une petite communauté très fraternelle y a ses habitudes depuis la moitié du XIXe siècle. Mais avec l'arrivée au pouvoir de Mussolini, des milliers de cheminots ont été licenciés et remplacés par des ouvriers fascistes zélés. le meilleur emploi consiste à devenir garde-barrière au troisième poste. On tourne la manivelle deux fois par jour pour lever ou baisser la barrière du passage à niveau et picétou. La petite maison jaune dispose d'un puits et, depuis l'intervention du très zélé Concetto Licalzi et de son épouse Agata Purpura , d'un jardin qui permet de ne plus dépenser ses pécuniaux au marché.
En mars 1942, ce poste très envié voit arriver Nino et Minica, un gentil petit couple. Nino Zarcuto est un beau garçon qui s'est écrasé la main entre les tampons des wagons et y a perdu deux doigts. de ce fait on ne l'a pas appelé sous les drapeaux. Mais son handicap ne l'empêche nullement de jouer de la mandoline comme un dieu. Avec son copain Toto le guitariste, ils forment un excellent duo qui se produit dimanche et jours fériés chez M.Amadeo Vastallo, le meilleur barbier-coiffeur de Vigata. Nino s'est marié avec Minica Oliveri , une fille ni jolie ni vilaine mais bonne ménagère et bonne jardinière. le problème c'est que le bon Dieu ne leur envoie pas d'enfant alors qu'il se démangognent activement. Nino consulte le Docteur Gerbino pfft puis s'en va trouver la mère Pilica. Il en repart avec un pot en verre bleu et deux mois plus tard…
Mais c'est la guerre. Des soldats sont envoyés construire des bunkers le long des côtes. le couple les accueille avec hospitalité. Nino leur fournit l'eau fraîche du puits. Pendant ses absences dominicales, des soldats frappent à la porte de la maison. Et puis pour contourner l'obligation de jouer des marches militaires, Toto et Nino se mettent à jouer des chants fascistes au rythme de la mazurka et de la polka. Les clients apprécient, les autorités beaucoup moins. Ils sont arrêtés. A partir de là, le roman prend une autre tournure. le grotesque et le ridicule qui protégeaient notre lecture disparaissent. Les bas instincts, la violence brute, la cruauté des hommes, nous sont balancés à la figure. Puis la vengeance et la folie. Et c'est dans cette noirceur terrifiante qu'une tentative de métamorphose végétale survient, magnifiquement racontée. Bouleversante et régénérante.
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On me dit qu'il est mort. Je ne le crois pas. Fake news. Je ne veux pas le croire. Fuck news! Que devrais-je croire? Que devrais-je faire? Devrais-je le pleurer? Me fa raggia! Je devrais plutot le rire, mais mes amis risquent d'en tomber abouchon! A bien arregarder, je vais le pleurire a travers un de ses livres.

Le garde-barriere est tout trouve. Un livre aigre-doux. Un brison de rire, un brison de pleurs. Ca commence par susciter des sourires, vers des rires, doucement, lentement, comme le train de Vigata a Castellovitrano duquel, "avant que les locos s'elancent sur le raidillon de la Scala dei Turchi, les plus jeunes et demenets parmi les passagers avaient le temps de se deshabiller, ne gardant que le maillot de bain qu'ils avaient enfile le matin en lieu et place de leur culotte, de piquer une tete dans la grande bleue, de rattraper le train qui se trainait encore a mi-pente fumant crachant et de secher en plein air, tout benaises sur l'imperiale." C'est a ce rythme qu'on suit l'histoire d'un jeune couple qui a du mal a faire des enfants, quand eclate la deuxieme guerre mondiale. Mais vers le mitan du livre (qui n'est pas long, + - 150 pages a caracteres pansus), tout s'accelere, tout devient drame, tragedie. Sur fond de bombardements americains et de regain d'hardiesse des antifascistes, la jeune femme est attaquee, violee, elle ne pourra plus avoir d'enfants, elle devient folle. Les bons mots de l'auteur ne font que rendre le texte plus poignant. A pleurer. Et c'est en deux dernieres pages, abruptes, tres "Deus ex machina", que nous sera donnee une fin apaisante. A en pleurire.

Pas le meilleur de son auteur, mais tres caracteristique. du 100 pour 100 Camilleri. le nom est lache. Ca m'a coute.

Dans une vie anterieure, nous avions, une amie et moi, farfouille ensemble dans quelques Camilleri, la chasse, Zosimo, l'opera... une sorte de flirt litteraire. Nous n'etions plus tres jeunes... je n'etais plus tres beau. Bizarre, bizarre, quand j'y pense: moi, mecreant blinde, calleux, echangeant des livres avec le clerge! A en pleurire!
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Toujours aussi percutante et belle, l'écriture de Camillieri nous entraîne chez les garde-barrière siciliens pendant la seconde guerre mondiale, dans une histoire courte (je l'ai lu en une heure, impossible de poser le livre) mais prenante où la dérision côtoie le drame, et où le courage -voire l'insolence- des autochtones s'oppose à la violence et à la guerre. Plus vivante que jamais, la Sicile de Camillieri se fait à la fois chaleureuse et cruelle. Les lois de la vendetta et de l'omerta y règnent comme en Corse, narguant une autorité impuissante à faire régner la justice et à régler les conflits mais féroce pour tenter d' imposer un régime qui divise un pays malmené par la guerre. Et Camilleri prend, me semble-t-il, un malin plaisir à défendre ce droit à ...l'autogestion. J'apprécie de plus en plus le savoir-faire de cet écrivain qui distille savoureusement son humour au compte-goutte de ses vérités.
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La Feuille Volante n° 1386 – Septembre 2019.
Le garde-barrière - Andrea Camillieri - Fayard.
Traduit de l'italien par Dominique Vittoz.
Ce roman nous ramène dans l'Italie fasciste du début de la Seconde guerre mondiale en Sicile. Nino, garde barrière et son épouse Minica vivent en bordure de la voie ferrée avec espoir d'enfant et gain inespéré à la loterie. Cela pourrait être le bonheur quand, en l'absence de son mari, Minica est violée et laissée pour morte, perd son bébé et ne pourra plus avoir d'enfant. Elle s'en remets mais le temps qui passe ne fait rien à l'affaire, sa stérilité devenant à ce point obsédante qu'elle se prend pour un arbre, veut s'enraciner dans le terre de leur jardin et porter des fruits. Son mari entre dans son jeu et fait ce qu'il peut pour l'aider à guérir de son obsession quand le hasard, l'imagination de Camillieri ou peut-être la Providence, après tout nous sommes en terre italienne, vient gommer ce qui aurait pu être des vies visitées par le malheur, même si l'épilogue tient un peu trop facilement du "happy end".
Malgré le contexte, la vie, l'amour mais aussi la mort sur fond de guerre et de malheur, la tendresse, l'humour, l'espérance, bref, l'ordinaire de l'espèce humaine constituent la trame de ce court texte. C'est un roman à la langue truculente, pleine de néologismes et d'expressions siciliennes, mélange d'italien et de dialecte local, ce qui a sans doute été pour la traductrice un défi d'importance qu'il convient ici de saluer. Il se lit bien et même rapidement et a été pour moi un bon moment de lecture.
Ce n'est peut-être pas le roman le plus connu de Camilleri (1925-2019), peut-être pas le meilleur non plus, mais cet auteur sicilien de romans policiers, récemment décédé au mois de juillet de cette année, connu notamment en France par la série télévisée qui a popularisé le commissaire Montalbano, a laissé ce dernier orphelin et les amateurs de ses romans bien tristes.


©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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Camilleri se surpasse dans cette tragédie sicilienne au dénouement optimiste comme l'auteur. Cela se passe pendant la guerre, Nino, après avoir quitté l'armée, reçoit un poste de garde-barrière. Il est marié et cela pourrait être le bonheur. Hélas un voyou viole et mutile Minica qui ne pourra plus jamais être mère. Désespoir. La jeune femme stérile dérive dans la folie et se prend pour un arbre, les pieds dans la boue, dans son désir lancinant de porter des fruits. Son mari l'assiste de son mieux, et décide, avec l'aide d'"hommes d'honneur"(euphémisme sicilien), de tirer une terrible vengeance du bourreau de Minica. Puis survient un bombardement qui frappe un train de voyageurs ne laissant qu'un adorable enfant perdu pour tout survivant... le couple connaîtra le bonheur de l'amour parental.
Une langue familièrement chaleureuse et gaie qui sait prendre à l'occasion des accents tragiques. Âpre et dure Sicile, où pourtant le sourire n'est jamais loin.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
On ne prête du pain qu’à celui qui a de la farine.

http://wp.me/p5DYAB-ZH

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Comme le malheur n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme, son accident ne l'avait pas empêché de jouer de la mandoline à ravir.
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Comme on dit:qui craint la feuille ne doit pas aller au bois.
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Un serpent venimeux, on lui écrabouille la tête.
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Vidéo de Andrea Camilleri
Certains personnages ont la vie dure, traversant les années comme si auteurs et lecteurs ne pouvaient pas les quitter. Harry bosch, le fameux détective de L.A., est de ceux-là, créé en 1992 par Michael Connelly. Deux ans plus tard, Andrea Camilleri donnait naissance à son fameux commissaire sicilien Montalbano. Que deviennent-ils ? Leurs nouvelles aventures, qui viennent de paraître, valent-elles encore le coup ? Quant à Don Winslow, l'auteur de la fameuse trilogie La griffe du chien, il publie un recueil de six novellas dont deux remettent en scène les héros de ses plus anciens romans. Alors ? On a lu, on vous dit tout.
Incendie nocturne de Michael Connelly, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin, éd. Calmann-Lévy. Le manège des erreurs d'Andrea Camilleri, traduit de l'italien (Sicile) par Serge Quadruppani, éd. Fleuve noir. Le prix de la vengeance de Don Winslow, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, éd. Harper Collins. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤36Abonnez-vous20¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
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