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3,98

sur 31905 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman est très émouvant, il est bouleversant, c'est le premier livre d'Albert Camus que je lis, et je n'ai pas été déçue, bien au contraire ! Facile et rapide à lire, l'Etranger anime de multiples émotions à travers deux parties, l'une réservée à la découverte de sa vie et à la poursuite de ses mésaventures, et la seconde, au procès, et à la peine de mort qu'il recevra... ou non.

L'indifférence et l'insensibilité du protagoniste m'ont émus : je me suis retrouvé à travers certaines lignes, quelqu'un peut sembler indifférent à ce qui l'entoure, mais au contraire, garder tout à l'intérieur de soi, sans extérioriser quoique ce fût.
Caractérisé comme étranger, Mersault va s'avérer être quelqu'un d'à part, réellement étranger à sa propre existence et assez déroutant pour le lecteur.

La mort est omniprésente dans ce roman, commençant dès le début par le récit de l'enterrement de sa mère, et finissant par sa propre peine, triste et tragique. le héros semble néanmoins prendre la mort comme une renaissance, pour trouver enfin un vrai sens à sa vie.
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Relu en Octobre 2017 - Ayant pris à la bibliothèque Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud dont vous trouverez la critique après celle-ci et comme je suis consciencieuse, j'ai relu auparavant l'Etranger que j'avais lui il y a quelques années.

Meursault, le narrateur, est un homme étrange : sans émotion, sans ressenti mais lors du décès de sa mère. Elle est morte….. point : c'est un constat froid. Et pour tous les évènements de sa vie c'est le même ressenti : il n'explique pas vraiment ses sentiments, sauf peut être dans la deuxième partie du livre, lorsqu'il se retrouve en prison après le meurtre d'un arabe et pour lequel il est condamné à mort.

Oui il a tué froidement, sans raison, sans préméditation, sans haine :

"J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plaque où j'avais été heureux. Alors j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur"

Même dans les derniers instants de sa vie la religion voudra le soulager mais lui ne lui demande rien, n'en attend rien et refusera son aide.

"Dieu vous aiderait alors, a–il remarqué. Tous ceux que j'ai connus dans votre cas se retournaient vers lui. J'ai reconnu que c'était leur droit. Cela prouvait aussi qu'ils en avaient le temps. Quant à moi, je ne voulais pas qu'on m'aidât et justement le temps me manquait pour m'intéresser à ce qui ne m'intéressait pas."

Même sa condamnation ne le surprend pas, ne l'effraie pas : c'est ainsi, il accepte, il ne demandera pas le pourvoi. Car est-il condamné pour le meurtre qu'il a commis ou pour n'avoir pas pleuré à la mort de sa mère, pour avoir dans ses relations un souteneur pour lequel il a écrit une lettre, parce que tous ses faits et gestes sont interprétés à charge.

Sur fond de meurtre l'auteur traite du jugement, de la relation aux autres, dans un pays colonialisé, où chacun est l'étranger de l'autre.

Ecriture fluide, précise et engagée : on passe du constat, de la narration, à la condamnation, au questionnement sur le sens d'une vie, de la différence, d'une mort, de la solitude des êtres, de la religion et de la peine de mort, …. Un magnifique roman, court mais est-il besoin d'en rajouter pour frapper les esprits et le coeur ?
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C'est le tout premier roman de Camus paru en 1942 durant la seconde guerre mondiale.

C'est l'éloge de l'absurde, cela commence fort avec cette phrase célèbre : "Aujourd'hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas".

Meursault apprend le décès de sa mère, elle était à l'hospice depuis trois ans. Nous sommes en Algérie, il prend le bus pour Marengo à 80 kms d'Alger. Il semble distant, sans émotion.

Après l'enterrement, il rentre à Alger, rencontre Marie avec qui il va voir un film drôle au cinéma. La vie reprend ses droits. Marie devient sa compagne, elle lui propose de l'épouser. Pourquoi pas ? Il accepte.

Son voisin de palier Raymond l'invitera avec Marie à la mer. Suite à une affaire sentimentale , des arabes en veulent à Raymond. Ils le poursuivent, il sera blessé au visage. Raymond sur ses gardes confiera son arme à Meursault qui l'utilisera un peu plus tard en croisant l'agresseur sur la plage. Ébloui, étourdi par la chaleur il tire. Légitime défense ? Un simple fait divers ? Oui mais Meursault a tiré trois balles de plus sur le corps inerte. Pourquoi ?

Son procès aura lieu mais peut-on parler de procès, il est d'avance jugé par son attitude , son comportement avant la rixe. Meursault ne réagit pas comme les autres, il semble sans réaction, flotte et observe son existence. Il ne manifeste aucun sentiment, ne pleure pas sa mère, s'amuse. Il sort du rang et des conventions et la société n'aime pas cela, cela dérange.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ce récit intemporel de la littérature française. de courtes phrases. Simples d'apparence. C'est visuel, on ressent la chaleur étouffante, la lumière du soleil, les couleurs et la notion du temps qui passe.

Un classique 5 étoiles , à lire ou à relire.

Gros coup de ♥

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C'est un des livres que vous devrez absolument lire avant de mourir.
Un incontournable: touchant, profond, mélancolique, subtil ...
La lecture de ce roman est une expérience à part, qui marque à tout jamais.
Dès les premières lignes: " Aujourd'hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. ", on est plongé dans l'esprit de cet homme, Meursault, qui " passe son existence " comme s'il était un passager dans son proppre corps.
Toute sa vie, ou bien la vie que les autres lui font vivre, sera mise dans les mains de quelqu'un d'autre.
Est-il vraiment le maître de sa vie? Seulement quand il sera condamné en verra-t-il la valeur.
Il entrevoit la responsabilité de ses actions... ... et il voit l'absurdité de Sisyphe.
N'est-ce pas cela l'une des choses de la vie que de ne s'apercevoir de la valeur d'une chose qu'au moment où on risque de la perdre?
Emmerdant! oui, c'est pour ça qu'il est génial!!
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Comme tout le monde, j'ai découvert ce livre il y a des années (des décennies même!) au lycée et je le relis périodiquement. Je l'ai toujours aimé, même si ça manque d'originalité, vu qu'on le considère comme un monument de la littérature mondiale. Ces deux dernières années, j'aurai relu les trois grands romans de Camus et mes deux préférés sont toujours L'étranger et surtout La chute, dont j'aime le style plus dépouillé. La peste est plus philosophique et les réflexions du Dr Rieux sont parfois bien pesantes. Comme je viens de découvrir Aux abois, de Tristan Bernard, qui aurait inspiré le chef d'oeuvre de Camus, l'occasion était trop belle de le relire.

Comme il y a déjà des milliers, voire des dizaines de milliers d'avis sur ce livre, je me contenterai de partager quelques réflexions non essentielles. D'abord je suis frappée de constater à quel point on a la mémoire sélective, même quand on croit connaître un livre, j'avais oublié une grande partie des détails de l'histoire, même si elle est simple. Il me semble qu'à chaque nouvelle lecture (environ tous les cinq ans), je découvre une nouvelle facette de ce texte, ce qui est le propre des grands livres.

J'avais l'impression d'une grande parenté entre le texte de Tristan Bernard et celui de Camus, mais en fait le rapprochement est assez superficiel. On nous parle bien d'un meurtre gratuit qui débouche sur une condamnation à mort dans les deux romans, mais les héros sont bien différents. Les deux livres sont des plaidoyers contre la peine de mort, ce qui n'est pas si fréquent dans les années 1930/40. le système judiciaire est injuste, mais la population « le peuple français ou allemand ou chinois » en est complice, tous sont coupables et l'innocence est au placard comme dira le héros de la chute un peu plus tard. Si la justice est inhumaine, ses fonctionnaires ne font qu'obéir à un système voulu par la société dans son ensemble et c'est la société elle-même qui broie les individus, en encore plus ceux qui ne se plient pas à ses normes.

Meursault est plus coupable de n'avoir pas tenu compte des convenances lors de l'enterrement de sa mère et du début de sa liaison avec Marie que d'avoir tué l'Arabe. D'ailleurs il a agi en légitime défense puisqu'on le menaçait d'un couteau, même s'il aggrave son cas en tirant sur le cadavre à quatre reprises (un détail que j'avais complètement oublié). Dans la réalité, on aurait certainement pas condamné à mort un colon qui aurait tué un Arabe brandissant un couteau et ayant déjà blessé un autre Français, même si Raymond est loin d'être innocent non plus. Donc on est dans un roman symbolique et pas une intrigue réaliste. La problématique n'est pas le racisme systémique dont devaient certainement souffrir la population indigène face aux colons.

Ce qui frappe le plus chez Meursault, c'est évidemment son indifférence à tout et sa passivité totale, en toutes choses il laisse les autres décider pour lui. Il est une sorte de mort vivant, qui ne peut qu'être rejeté par la société qui refuse une personne aussi différente. On peut voir en lui une sorte d'autiste et heureusement la médecine a fait des progrès depuis cette époque, tout comme la place donnée aux personnes handicapées. J'aime voir dans ce roman un appel à traiter de façon humaine les personnes différentes et le refus du jugement qui ne peut qu'amener la mort, réelle ou symbolique. Dans notre société où vivent de nombreux exclus, car ils ne rentrent pas dans la norme économique ou autre, nous avons plus que jamais besoin d'entendre ce message de tolérance.

On pourrait dire évidemment des milliers de choses sur ce monument de la littérature, mais c'est ce que je retiens pour cette lecture, je sais déjà qu'il y en aura d'autres, car La chute et L'étranger sont comme des bancs sur mon chemin, j'aime m'y arrêter de temps à autre.

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Livre qui questionne les relations humaines, livre qui interroge la place de l'humain avec les humains, livre qui fait réfléchir sur l'humanité.
Je pense que si je le lisais à nouveau, je découvrirais d'autres éléments dans l'histoire, autour des personnages, des descriptions.
Recommander et à recommander sans hésitation !
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L'étranger, c'est lui, Meursault, lui qui paraît tellement insensible. Aujourd'hui sa mère est morte dit-il froidement. Pas une larme ne sera versée à son enterrement or voilà une attitude bien choquante aux yeux de la société.
Choquant aussi d'aller voir une comédie au cinéma et de passer la nuit avec son ancienne secrétaire lorsque sa mère que l'on avait préalablement placée à l'asile vient de mourir.
Le personnage de Meursault apparaît tout au long du récit comme totalement dénué d'empathie, or l'empathie est l'essence même de l'humanité, permettant la vie en société. Alors comment s'y intégrer lorsque l'on en est dépourvu. Meursault est un étranger aux yeux des hommes, ses comportements et attitudes semblent incohérents, ils ne trouvent pas d'explications rationnelles, lui même étant d'ailleurs incapable de s'en expliquer comme on le voit lors du procès qui fera suite au meurtre de l'arabe, car Meursault est aussi un meurtrier, tuant mais toujours sans vraiment savoir pourquoi.
Il faudra attendre la fin du récit pour voir poindre en lui une lueur d'humanité, avec cette révolte et son effusion de sentiments qui le gagnera au passage dans sa cellule d'un aumônier. Condamné à mort non pas pour le meurtre qu'il a commis mais plutôt pour n'avoir pas pleuré à l'enterrement de sa mère, pour n'être pas comme il le faudrait, pour être socialement inadapté, Meursault se retrouve alors enfin en paix avec lui-même et avec le monde.

Chercher un sens à son existence dans un univers qui n'en a pas, voilà en gros résumé le concept de l'absurdité selon Camus, concept que L'Etranger met brillamment en récit au travers de cet étonnant personnage qu'est Meursault.
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Comment aborder ce monument qu'est « l'Étranger », sans ce sale souvenir de terminale que m'a laissé la lecture obligatoire de « la Peste » ? C'est verbeux « la Peste », plein de descriptions sordides qui m'avaient fortement marquées à l'époque. Alors, j'avoue… lâchement, j'ai biaisé. J'ai commencé prudemment par « les justes » et encouragée par une grande fluidité d'écriture, je me suis enfin attaquée à « l'étranger »… Quel roman étrange, que cet « Étranger » qui bouscule, questionne et déstabilise à la fois. Ça suppose une lecture particulièrement attentive tant les interprétations sur le fond et sa symbolique sont denses.

En préambule je dirai que ce qui me surprend le plus, c'est que personne ne parle (pas lues toutes les critiques c'est vrai !) d' « Existentialisme » alors que ça me semble pourtant être fondamental. L'existentialisme, c'est quoi ? C'est un courant philosophique et littéraire qui considère que l'humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions. Celles-ci n'étant pas prédéterminées par des doctrines théologiques, philosophiques ou morales. Être l'unique maitre de ses actes, de son destin et des valeurs qu'il décide d'adopter, c'est l'antithèse de Meursault.

Les thèmes de prédilection des existentialistes sont, L'absurde (là on est en plein dedans puisque « l'étranger » fait partie du « cycle de l'absurde » avec « Caligula » et « le Malentendu »), l'ennui (encore ça), l'engagement (ou le non-engagement), la liberté (de faire un choix) et le néant présentés comme fondamentaux de l'existence humaine (Cf. Wiki). Il est vrai que Camus refuse complètement la définition de Sartre et rejette son appartenance à ce courant de pensées. Cependant, il explore les mêmes thèmes. Futilité de la vie, indifférence de l'univers etc...Alors, on parle bien d'existentialisme « Sartrien » pourquoi ne pourrait-on pas parler alors d'existentialisme « Camusien » ? Ça me semble totalement approprié.

Ensuite me vient une question: Pour « aimer » un livre est-on obligé de s'identifier au personnage principal ? Si possible y trouver un côté sympathique, qui éveille notre empathie à nous lecteur ? Parce que si c'est ça, il y a un vrai problème… Meursault n'est pas sympathique du tout, mais alors pas du tout. Avec cette nonchalance indolente, cette apathie chronique, cet ennui et cette fatigue pathologique finissent par devenir rebutant. Décidément cet anti-héros est désespérément désagréable !

Pour le cadre : nous sommes en Algérie avec une chaleur écrasante, une lumière trop éclatante, une réverbération qui fracture la rétine. Et cette mer qui clapote et qui danse. le tout combiné vous rend à moitié fou. A moitié seulement ? Et Meursault est hypersensible à toutes ces sensations, il est soumis à toutes ces fluctuations environnementales. Donc vous voyez bien qu'il n'est pas indifférent à tout le Meursault, tout juste un grand invalide des sentiments… un spectateur de sa vie à laquelle il ne prend pas une part volontaire. Et ce comportement va lui coûter cher, très cher !

Dans cette première partie, le style épuré jusqu'à l'extrême, l'apparente simplicité de l'histoire sur laquelle je ne vais pas trop m'étendre, rend le roman complètement atone tout comme l'est le personnage. Meursault subit sa vie avec distance et vit l'instant « T » exclusivement au présent. Il constate les évènements qui surviennent de façon factuelle, sans chercher d'explications, sans ébaucher de jugement. Il ne fait aucune interprétation des choses et est étranger aux conventions sociales. Ça n'est même pas un fataliste nihiliste. Il la prend la vie comme elle vient, sans chercher midi à quatorze heure. Et il ne proteste pas, le Meursault, non, il n'est pas compliqué, tout lui convient du moment que ça ne lui cause pas de tracas. Mais en fait c'est une bombe à retardement ce gars-là !!

Dans la deuxième partie, un peu plus « tonique », suite au meurtre, commis de sang-froid par cet être distant (5 coups tirés dont 4 sur la victime déjà morte et à terre) on assiste au jugement en règle par la « Société », via le procès de cet inadapté asocial que personne ne comprend. Il va être érigé en véritable « monstre », un extra-terrestre sans âme, un marginal non-intégré à la société dirait-on de nos jours. Comportement incohérent. Par rapport à quoi ? Aux normes sociétales ? A la bien-pensance ? Au « politiquement correct » ?

Une autre question me turlupine : s'il a tué de sang-froid, dans ce cas comment a-t-il pu commettre cet acte sur une impulsion ? Impossible puisqu'on le dépeint sans aucune sensibilité. Et pourtant le geste de Meursault reste instinctif et primaire. Il tire parce qu'il fait trop chaud, parce que la lame de couteau miroite, parce qu'il est fatigué. Incommodé par ces éléments il tire pour s'en extraire… quoi de plus ahurissant ? Alors, est-il important de qualifier la victime « d'Arabe » ? Sans doute au sens ou l'Arabe est un étranger pour la France colonialiste et vice-versa.

Et même si l'avocat de la défense emploi la première personne du singulier dans son semblant de plaidoirie c'est pour tenter de déplacer l'empathie vers lui. Si son client est un monstre, lui, peut-être pas ? Ou moins… Meursault lui, renonce à se défendre puisqu'il est indifférent à son sort, à lui-même. Il ne cherche pas à échapper à la mécanique judiciaire, se soustraire à la vindicte populaire, éviter l'inévitable… Réfléchir à l'inéluctable est décidément trop fatigant et surtout, pourquoi faire ? Finalement, le tribunal conclura à la préméditation, sous-entendu par ressentiment, ce qui est déjà un sentiment, alors qu'ils s'efforcent de démontrer que Meursault en est dépourvu. Quelle contradiction. C'est Kafkaïen !!

Il va écoper de la peine maximale qui est la mort à cette époque. Réquisitoire contre cette sentence suprême ? Oui forcément puisqu'il souligne que cet homme est jugé sur des apparences et parce qu'il ne rentre pas dans des cases pré-formatées. Un procès de l'absurde par l'absurde avec un tribunal qui se prend pour Dieu….

Tout autre chose : je trouve son attitude proche de la philosophie orientale, indienne ou asiatique qui prône le détachement total du monde par la méditation. La méditation c'est faire le vide en soi. En cela Meursault est « vide »… Et quelque part il atteindra une espèce de « Nirvana » personnel au final puisque son esprit sera libre d'accueillir enfin une explication à sa vie après avoir « exprimé violemment » une colère couvée depuis toujours. Sans espoir, « Il se découvre néanmoins libre, tout comme Sisyphe, de réaliser l'absurdité de sa situation et de parvenir à un état d'acceptation qui le délivre » (source wiki).

Que ce soit un prêtre qui déclenche sa libération est-elle significative ? Pour l'époque certainement. Il relève d'un athéisme farouche qui finalement le transcende. La justice des hommes qui l'ont condamné s'est substituée à la justice de Dieu, pourquoi l'accepterait-il puisque a été jugé celui qui ne jugeait pas? La Comédie humaine dans toute sa splendeur quoi !

Alors, non seulement Meursault se sent « étranger » à lui-même, mais les autres le sont aussi pour lui. Et pour les autres c'est un étranger, un être incompréhensible. Bref, personne ne se comprend. Ne parlerait-on pas d'autisme de nos jours ?

Allons voilà que j'introduis une notion qui n'est pas prise en compte dans ce roman : la responsabilité de ses actes (ou plutôt si juste, responsable de ses actes, de sa vie)… Mais je parle au sens de responsabilité mentale (est-il fou? a-t-il agit sur un moment d'égarement, une bouffée délirante?) Serait-il jugé aujourd'hui différemment qu'hier ? La notion « psychiatrique » serait introduite pas pour irresponsabilité mais pour désordre de conscience. Tuer quelqu'un parce qu'on ne supporte pas le soleil ; parce que celui-ci oblitère son comportement ; être poussé au meurtre par la chaleur et la fatigue relève de la pathologie. Pour échapper au soleil il commet un acte mécanique dépourvu de sens pour lui. Son inconscient aurait-il prémédité l'acte ? Pourquoi ? En même temps cette histoire n'a pas de logique donc pourquoi en chercher une?

Pour finir, je voulais éviter une « redite » avec LA « fameuse » phrase du prologue, quoique malgré tout je ne trouve pas que l'indifférence de Meursault se manifeste vraiment dans cette phrase-là, du moins elle ne me semble pas emblématique. Sa mère est morte (c'est factuel) aujourd'hui ou hier, le télégramme reçu ne le précise pas… Mais bon bref, ça ne change rien et ça ne mine pas notre Meursault pour autant c'est vrai ! Et puis, il ne pleurera pas à l'enterrement, il va même jusqu'à fumer là-bas et en plus se rendre à la plage juste après avec sa nouvelle petite amie!!! Quelle indécence ! Autant d'éléments à charge qui vont faire de lui un coupable « idéal ». D'autant que les amis qui témoigneront en sa faveur ne sont pas tous recommandables !...

Ouf, j'ai écrit tout le mal que je pense en bien de ce livre ! Merci à tous ceux qui auront eu le courage et la patience de lire ce long avis jusqu'à la fin tant cela relève du challenge !!
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Trouvé…..par hasard dans une boite à livres.
Lecture scolaire obligatoire dans un temps passé et même trépassé d'adolescence…….obligatoire comme celle de tant d'autres livres……obligatoire, donc peu ou pas du tout appréciée….obligatoire…
Je m'étais toujours promis de reprendre l'objet en main et d'y porter un regard serein et ouvert.
Et puis, je ne voulais pas entamer le « Meursault, contre-enquête » de Kamel Daoud sans avoir rencontré le Meursault de Camus.
Et le hasard, ce dieu efficace qui apporte tant de solutions à qui sait attendre et voir, à encore bien fait les choses.
Evidemment, j'ai apprécié la lecture de ce roman, son style simple et complet, le personnage de Meursault, sorte d'autiste au milieu d'un monde en mouvement, qui voudrait dire son mal, l'expliquer peut-être, mais à qui on ne laisse ni la possibilité ni le temps de s'exprimer.
Ce livre retournera, un jour dans une « boite à livres » mais avant sera partagé avec certains proches.
A lire et relire.
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Un magnifique roman qui raconte une tranche de vie de quelqu'un des plus communs, qui se retrouve incarcéré pour meurtre et se voit condamné à mort.
Les situations que nous fait traverser l'auteur par le biais du héros ne manquent pas d'extravagance, nous amenant à développer un sentiment d'empathie pour le personnage principal, qui subit, plus qui ne contribue.
La peine de mort et les sentiments du condamné sont traités ici avec justesse.
L'inéluctabilité de la mort pose question sur le sens réel de la vie des hommes et pour ma part je pense que le nom du personnage principal aura été pensé avec beaucoup de pertinence. Un livre puissant, que je ne peux que vous conseiller de lire.
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