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EAN : 9782070212927
176 pages
Gallimard (24/03/1965)
3/5   1 notes
Résumé :
J'ai voulu parler d'une enfance, ou plutôt, d'un enfant.Mais je ne crois pas aux autobiographies. Je les sais post-fabriquées par les adultes qui, à la lettre, font ce qu'ils veulent de leur enfance et torturent ou caressent celle-ci jusqu'aux aveux souhaités. Je ne cois pas non plus à telles sincérités affirmées de récits de cet ordre tant il m'apparaît qu'elle est complaisance cette volonté de transformer le "vert paradis" en zoo peuplé de monstres.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Jean Cau restera toujours pour moi un OVNI littéraire : Membre de la jeunesse existentialiste, longtemps secrétaire de Sartre, de 1947 à 1956, il finira par rejoindre la Nouvelle Droite (le G.R.E.C.E) et par publier tant en librairie que dans la presse (L'Express, Le Nouvel Observateur, Paris-Match) des textes polémiques dont la causticité lui vaudra bien des inimitiés dans le microcosme germanopratin dont il dira, à peu de choses près : « Ils n'ont jamais vu un ouvrier de leur vie, ils ont des domestiques, ils ont des bonnes, mais ils sont de gauche. Ils vont au peuple parce qu'ils n'en sortent pas »…

Tout homme, tôt ou tard, étrangle son enfance et l'enterre dans son jardin secret. Dans « le meurtre d'un enfant », Jean Cau nous montre la difficulté pour l'homme en devenir de tuer l'enfant qu'il fut. Un passage fort que cette image - maintes fois reprise - effrayante, et néanmoins fascinante, entrevue sur les routes de l'été 1940, que ce tankiste allemand, torse nu, bronzé, appuyé contre sa machine et coupant une miche de pain avec sa dague. Et l'enfant Jean Cau, à qui l'on avait dit que l'Allemand était le Mal découvrait que le Mal était beau…

Je ne peux m'empêcher de penser que dans ce « Meurtre d'un enfant », Jean Cau nous apporte déjà les clés de sa lente dérive vers la Droite radicale, lui qui fut, jeune, à l'extrême Gauche : est-ce donc cela, le meurtre d'un enfant ?
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Se regarder dans un miroir, se forcer à pleurer,savourer le goût salé des larmes et se dire : le monde est pourri, mais que puis-y faire?
Voila le sentiment que j'ai ressenti à la lecture de ce livre.Une analyse,avec des yeux d'adulte,sur le passage de l'enfance à l'adolescence.Une introspection noire,pessimiste doublée d'un subtil égocentrisme, le tout enrobé d'une sensibilité à fleur de peau,rejetant tout.Qui n'a pas ressenti cela à l'adolescence?
J'ai beaucoup aimé l'essence de ce roman,j'ai fait un bon en arrière de quelques années où étudier une oeuvre littéraire en terminale voulait dire quelque chose.J'ai parfois été gênée par l'emploi du pronom "tu" où "il" lorsque Jean Cau parle de son enfance et de son adolescence.Mais l'écriture pleine de métaphores, la construction"au cordeau" des phrases,le choix des mots m'ont comblés, c'est ce que j 'appelle de la littérature avec un grand L.A conseiller pour les nostalgiques du passé et les amoureux de la "belle langue" qui est la nôtre. 🌟🌟🌟🌟🌟
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Je lis les journaux et l'Almanach de l'Humanité .Je crois aux caricatures.L'une d'elles m'effraie encore,la nuit: on y voyait le colonel de La Roque,horrible,les traits déformés, un rictus sauvage tordant ses lèvres. Il etait vêtu d'un uniforme mi-allemand,mi-français et tenait en laisse quatre molosses à la gueule ruisselante de bave et aux crocs découverts qu'il s'apprêtait à lâcher sur une femme maigre et pauvre ,à l'échine ployée et sur la robe de laquelle on lisait《 Démocratie 》.Oui,je croyais que le colonel de La Roque était comme ça. Me l'eût-on présenté 《 dans un salon 》 vingt ans plus tard ( impossible: il est mort en 1946) et mon regard l'eût passionnément radiographié afin de retrouver la caricature en même temps que j'eusse cherché du coin de l'œil sous quels divan étaient tapis les molosses. Je croyais que Goering avait des médailles accrochées jusque sur son caleçon. Hitler écumait dans sa camisole de force.Mussolini était un nain doté d'une tête difforme et d'un énorme menton en sabot mais Thorez portait dans ses bras une fillette encombrée d'une gerbe de blés.
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On vote pour un parti politique dont les polichinelles d'estrades vous assurent qu'il lavera plus blanc ,demain les malheurs de l'histoire. Il ya progrès,.Mais tout le malheur vient de ce que cette notion a fini par infecter le domaine de l'art et de la morale où elle n'a que faire sinon des sottises.
J'en fus victime de cette infection: je croyais que Victor Hugo c'était mieux que Racine,que Baudelaire c'était mieux que Hugo,que Rimbaud c'etait mieux que Baudelaire et que Paul Éluard c'etait mieux que Rimbaud..Qu'Austerlitz c'était mieux que Trasimène et Verdun c'était mieux qu'Austerlitz. Et New-York c'est mieux que Paris et la planète Mars c'est mieux que la terre.Des Gaulois à nos jours ,de Vercingétorix à Gamelin......mais il y eut le tremblement de terre de 1940 et roulèrent à terre pour s'y briser,nos statues, mais s'ouvrirent les portes des camps de concentration qui m'apprirent de quoi j'étais capable puisque des hommes ( mes semblables oui ou non?) de cela avaient été parfaitement capables. Il a fallu que je me débrouille pour me sortir de ce bourbier.
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Ce livre ,qu'on me pardonne,je l'écris sans plan et nul souci d'ordonner de quelque manière que ce soit la montée des émotions. Je l'écris sans calcul aussi.Oui,sans calcul.Tout ce qui me reste ,lorsque je m'assieds à ma table,c'est le désir de cerner d'un trait très dur tantôt très tendre lesvisages flous de quelques émotions. Je pose mon chevalet devant le paysage d'une vie,je cligne des yeux je prends mon pinceau et,à petites touches, je peins cet arbre qui dresse là-bas sa silhouette solitaire. Pourquoi justement cet arbre? Je ne sais pas. Dans tout le paysage déroulé devant mes yeux,je ne sais pas pourquoi cet arbre ,aujourd'hui,me semble très important.Comme je ne crois pas aux autobiographies ,mon intention,ici,n'est pas d'en tracer une.Non,je ne crois pas qu'un homme puisse être sans mauvaise foi le chroniqueur de sa propre enfance ou de son adolescence.
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Les dieux s'opposaient très souvent en de violentes querelles qui,éteintes, emplissaient la maison de leur cendre.Tout commencait par un bougonnement, par des bruits qui se formaient et,soudain c'était l'éclat. L'air est immobile au-dessus des forêts ,des vignes et des champs.
Rien ne bouge et le promeneur venu des villes marche avec innocence dans un dėcor où-- comme le traître au théâtre se dissimule dans les coulisses-- les menaces d'orage s'abritent derrière les lisses draperies du ciel bleu.Une poule crie en battant L'air de ses ailes rognées ,le chien de la ferme poursuit ,dans un tourbillon de poussière et de poil jaune ,sa queue qu'il voudrait mordre et le paysan sait que tout ce qui s'accorde ,là ,sous son regard va ce soir se dėsordonner dans un bruit de tonnerre et dans un chaos de trombes et d'ėclairs
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Ne serre pas trop fort.Une vie d'oiseau ça tient à un fil.Est-ce qu'avec un peu d'expérience on n'arriverait pas, à coups de pressions délicates et mesurées ,à provoquer mille petites morts et mille petites résurrections ?Ça ,c'est toute la question.
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Radioscopie : Jacques Chancel reçoit Jean Cau
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