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4,08

sur 9865 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lu il y a trois décennies, je craignais d'être déçu, je craignais d'avoir idéalisé le choc littéraire que j'avais eu. Je repoussais donc cette relecture.
L'effet de surprise n'est plus là, mais reste le sentiment de replonger dans un chef d'oeuvre littéraire.
Et le hasard fait que je relis "voyage au bout de la nuit" (en format Gallimard!!) ce 11 novembre, jour de commémoration. Les cent premières pages portent sur la "grande" guerre.
Alors que les monuments aux morts de nos villes et villages étirent la longue liste des disparus sur le front, que nos dirigeants français et allemands se prennent régulièrement par la main devant ce champ d'horreur, Céline, irrévérencieux, cru, dérangeant, dresse pour moi un des plus grands hommages aux soldats de troupes immergés dans une super production glorifiant à l'époque le sacrifice à la patrie, alors que petit peuple sacrifié dans un monstrueux et stérile conflit.
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C'est un livre pondu par un écrivain notoirement antisemite, ayant probablement eu un comportement peu recommandable pendant la guerre, bref un affreux que l'on n'aurait pas envie de rencontrer , mais indubitablement c'est un chef d'oeuvre, un vrai, noir, misanthrope, et dépressogène. A chaque page, il y a des phrases géniales, des créations de style, un oeil sombre et sans concession. Les pages sur la première guerre mondiale devraient être étudiéesau collège, en histoire et en littérature. Lu deux fois et à relire encore, à mettre sur la liste des 100 livres à lire qui changent notre vision de la littérature.
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Oui, c'est vrai Céline est un antisémite convaincu, il a écrit des horreurs mais malgré cela, le Voyage reste une oeuvre majeure de la littératuee moderne, qu'il faut avoir lue pour comprendre l'écrivain qu'il était. Ne serait-ce que pour le style, un mlélange de langage populaire et familier, tant décrié habituellement et une syntaxe riche, sculptée, qui cherche le mot juste, comme un Flaubert ou un Proust. L'histoire aussi est magnifique, avec un anti-héros qui subit plus qu'il ne réalise sa vie, et qui nous entraîne dans un tourbillon d'événements en lien avec la grande histoire du vingtième siècle. Il y a aussi l'humour, grinçant, mordant et ironique. Céline n'aimait pas les gens, ses personnages non plus mais on peut ne pas aimer l'auteur et aduler son texte.
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Quand RChris m'a proposé de lire Céline en parallèle, pour lui une re-lecture,
Je me suis dis 500 pages de cet écrivain tant décrié pour son farouche antisémitisme, dont je ne connaissais que le nom et la sale réputation ...
Mais la curiosité l'a emporté,
Et j'ai bien fait.

Si vous lisez ceci et ne vous êtes pas encore plongé dans "l'ombre" de Céline, foncez !!!

Quel plaisir de lecture !

Quelle découverte !

Surprenant à chaque mot, chaque ligne, chaque page !

C'est souvent dérangeant ! grinçant ! puant ! sombre ! moche !

Mais quel style, quelle richesse, quel génie au bout de la plume !

Tellement désabusé mais si lucide.

La lumière est là !
Céline se chargera de la voiler de sombre ...

Avec ses réflexions, ses dialogues, ses soliloques il nous abreuve d'une truculence de mots impressionnants ; son regard acéré, sans concession, souligne tout de la pointe de son crayon.

Comme l'a dit "totom" dans sa courte chronique qui résume si bien ce livre :
"Il y a un avant et un après avoir lu ce livre".


"Voyage au bout de la nuit"

"Voyager, c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination,
Tout le reste n'est que déceptions et fatigues. Notre voyage
à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force.

Il va de la vie à la mort. Hommes, bêtes, villes et choses,
tout est imaginé. C'est un roman, rien qu'une histoire fictive,
Littré le dit, qui ne se trompe jamais.

Et puis d'abord tout le monde peut en faire autant.
Il suffit de fermer les yeux.

C'est de l'autre côté de la vie. "
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Et bien ça y est: au bout de 2 tentatives et 3 mois de souffrances, je suis enfin arrivée au bout du Voyage. Lire Voyage au bout de la nuit c'est comme nager dans merde: on a besoin d'en sortir pour respirer et se laver. Mais pourquoi y retourner ? Pourquoi s'infliger une misanthropie telle que Michel Houellebecq à côté passerait pour un animateur des Grosses têtes ou un chanteur de la Compagnie créole ?
D'abord pour l'écriture. Voyage au bout de la nuit, ce n'est pas une lecture, c'est une expérience. Céline mêle à la perfection langue populaire et poésie faisant de la langue populaire une poésie. Mais pas une poésie mièvre à la Prévert, non, une poésie rude et puissante, immersive. Il mêle également le réalisme le plus sordide à l'imaginaire le plus fantasque.
Ensuite parce que Voyage au bout de la nuit est un bilan. La Nuit c'est l'humanité, cette vermine qui grouille sur une Terre pourrie. Aucun personnage n'est aimable, hormis l'enfant Bébert, le Gavroche innocent. Il n'y a pas d'amour, pas d'espoir, pas de bonté. Tout n'est que simagrées et gesticulations grotesques.
Voyage au bout de la nuit est ensuite un vrai roman du Peuple, quasiment anarchiste. Céline y dénonce la guerre et les militaires, l'Eglise, la colonisation, le capitalisme, la charité mais, contrairement à Victor Hugo ou à Steinbeck, il ne fait pas des misérables des créatures sublimes et héroïques, oh que non ! Il les décrit sans filtre, lâches, mauvais, jaloux, ivrognes, violents (je pense à la scène insoutenable de violence familiale). Leur corps suintent de tous leurs vices et se toutes leur misère (Céline était médecin): tuberculose, thyroïde, dépression, alcoolisme. Mais ce n'est pas un bilan surplombant: Céline inclut son Bardamu dans cette fange. Il n'est pas meilleur que les autres; il est même pire.
Bref, j'ai beaucoup transpiré mais je vais ranger dans ma bibliothèque un chef d'oeuvre moultes fois corné et annoté et qui restera incrusté en moi probablement à vie. Et n'est-ce pas ce qu'on demande à la littérature ?
Il paraît que Mort à crédit est encore mieux mais je n'ai pas le courage.
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Comment parler d'une oeuvre qui a révolutionné le roman narratif sans la trahir, sans parler de son auteur, de sa genèse.
Premier roman, autobiographique comme l'ensemble de l'oeuvre, c'est cependant l'épisode deux d'une sorte de saga personnelle, mort à crédit étant l'épisode un. Céline n'observera jamais un ordre chronologique rigoureux dans la rédaction de son histoire. Il reviendra parfois en arrière pour passer un épisode à la loupe (casse-pipe). Il mêlera la réalité à la fiction pour en faire son histoire. Mythomane ? peut-être, je n'en sais rien.
La première mouture est une pièce de théâtre écrite en deux temps, L'église, d'abord les trois premiers actes auxquels il viendra en ajouter deux, l'un né de son experience à la SDN (audit des usines Ford), l'autre fortement antisémite. le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas rencontré le succès avec ce genre. Il voulait tant créer un rôle de danseuse pour Elisabeth Craig.
L'homme est un animal paradoxal qui n'est pas à une contradiction près. On peut s'interroger et je m'interroge depuis quarante ans sur ce paradoxe qu'est Céline. Voilà un homme qui est (violemment, hé oui) pacifiste, qui dénoncera toute sa vie l'horreur, l'atrocité, la barbarie de la guerre et qui écrira des pamphlets antisémites d'une violence jamais atteinte, telle que même "je suis partout" refusera d'en publier certains (cf les cahiers de l'herne), qui dans le même temps ne dénoncera pas son voisin juif (ib).
Qui aurait pu embrasser une carrière confortable de medecin pour une clientèle aisée à Rennes et qui choisira un dispensaire à Courbevoie après une longue mission pour la SDN entretenant les meilleurs relations avec le Docteur Rachjman.
C'est le même paradoxe, le même homme cynique qui méprise ses semblables qui continuera de soigner les indigents contre un poulet ou un lapin etc... à Meudon.
Être ou non-être, être ou paraître, je n'ai pas la réponse à la question. Alors je fais abstraction de ce qui me gêne sans l'oublier pour ne voir que l'écriture.
L'humanité est un paradoxe qui a engendré Gandhi et Hitler pendant le même siècle.
Arthur Rimbaud a révolutionné la poésie, comme un météore, il a, en trois ou quatre ans, vraiment tout réinventé.
Louis Ferdinand Céline a complètement bouleversé l'art de la narration sur une période d'une trentaine d'années à l'issue d'une lente maturation.
Un ado boutonneux lui aussi sacrément paradoxal et un adulte marqué par la guerre... tout est chamboulé en cent ans.
Je est un autre, c'est aussi ça, le voyage.
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Je l'ai fait ce voyage au bout de la nuit. Comme beaucoup, il ne m'a pas laissé indemne. Pléthore de ses réflexions m'ont faites réfléchir. Je pensais être totalement hermétique au style de Céline ; c'est différent de tout ce que l'on peut lire ailleurs. Ce dynamisme, cette frénésie dans les phrases n'a pas son pareil chez aucun autre auteur. Finalement il finit par vous prendre aux tripes, avec son argot singulier - difficile parfois à comprendre. Il vous accompagne dans des périodes historiques avec un oeil acerbe tout en anticipant ce que diront les historiens sur ces évènements. On n'en ressort pas indemne. Je comprends pourquoi il reste un livre incontournable du 20ème siècle.
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Indépendamment de ce que l'on peut penser de l'homme et de son action politique lire "Voyage au bout de la nuit" est pratiquement une obligation pour tout amateur de littérature. Ce livre a révolutionné l'écriture et depuis 1932 date de sa parution n'a jamais cessé de fasciner ses lecteurs . Livre que j'ouvre régulièrement et dont je ne me lasse jamais le (re)découvrant avec un plaisir immense à chaque nouvelle lecture .
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J'ai essaye de faire abstraction de ce que j'ai pu lire ou entendre sur Céline et ses positions extrêmes ! Lors d'une émission de la Grande Librairie sur la 5, "Voyage au bout de la nuit " figurait dans les 20 meilleurs livres à lire, à côté des Misérables de Victor Hugo ou du Petit Prince de St Exupéry. J'ai longtemps hésité et je me suis jeté.
Comment dire, je lis depuis plus de 40 ans et je crois bien que c'est la première fois que j'ai lu un livre avec autant d'audaces, de passages à la fois cinglants, poisseux, durs et poétiques, avec une littérature hors du commun (Houellebecq est dépassé), des passages d'une noirceur sans nom, une musique des mots incroyable tant on est pris dans ce flot d'aventures plus imprévues les unes que les autres que notre héros Ferdinand va traverser...
De la guerre 14-18, aux bas fonds de New-York, en passant par l'Afrique pour finir au bout de la nuit place Clichy à Paris.
Céline ne nous épargne rien, tout y passe, l'amour, l'amitié, la trahison, la peur et surtout partout, tout le temps, la mort, mais c'est d'une beauté sublime, j'oserais dire. le texte est quand même facile à lire malgré ces 500 pages et ne ressemble à rien de ce que j'ai pu déjà lire.
C'est une aventure hors du commun, une tragédie humaine, un reflet intemporel de notre société malgré l'époque visitée, et un voyage dont on ne sort pas indemne. Vous laisserez vous tentez, par ce voyage ?
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C'est tout de même quelque chose de voir réunis en une seule personne le talent sublime de manier les mots et les vils agissements ! Seulement voilà, je dirais, qu'il faut juger un livre pour ce qu'il est, que son auteur soit respectable ou qu'il ne le soit pas ... car dans le cas de Céline, ce serait se priver d'une oeuvre d'art ! Qu'on adhère ou non au style et aux idées, on ne peut que tomber d'accord, lorsque la littérature nous passionne, sur le côté novateur de son écriture ... Et il sait, trouver tout ce qu'il y a de minable, de pitoyable en l'être humain , tout ce qui finirait par nous faire dire, qu'il n'est jamais foncièrement méchant, mais juste privé de certaines tendresses .... Lisez et jugez par vous-même !
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