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4,08

sur 9865 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

❤️ 📜𝕸𝖔𝖓 𝖗𝖊𝖘𝖘𝖊𝖓𝖙𝖎📜 ❤️

Déja le titre ""voyage au bout dela nuit""
Céline Louis Ferdinand à fait publier cette oeuvre le 15 octobre 1932.,
pour la petite histoire c'est le titre d'une chanson
qui date de 1793 d'un officier de Napoléon pendant la bataiile de la Bérézina .donc il y a bien longtemps !

Ecrit dans un langage un peu argotique met en oeuvre le personnage principal Ferdinand Bardanu le narrateur qui est dans la pleine guerre de 1914.
Tout le monde s'en doute ,le thème répétitif de la trame est la critique haute et dure de la bétise ,que dis je!! de la nullité de la guerre qui apporte que pourriture et mort.
De l'ineptie meurtrière de ses supérieurs dans les tranchées.
Ce livre est une autobiographie de l'auteur (je pense ? les virtuose du français me le diront merci!!) et une vision plus précise sur les causes qui débouchent sur des guerres quelles que soient :
l'antinationalisme, anticapitaliste, anticolonialisme , en fait anti cons!!!!!!.
Ce sont ces reflexions qu'analyse Céline et qui nous les donne a disséquer .
C'est vrai qu'un pessimisme règne dans cette oeuvre . c'est un récit de désespéré!!
Mais bon !! longuement critiqué ,livre qui susssita des polémiques , moi je comprends ce que l'auteur à voulu nous faire entrevoir au travers d'une écriture ou le verbe plus que parfait est présent (jeu de mots !)
par l'emploi du ""je""
Céline ne veut pas se cacher et il affirme ce qu'il croit ,et j"adhère à ses dires.
Car à la guerre ce ne sont que des chairs qui volent et des hurlements qui vrillent les cerveaux ,avant les balles.
Ceux qui en survivent ressortent fous ,et sont internés,il en parle dans son livre le Ferdinand .
Dans " son oeuvre " Louis Ferdinand hurle la souffrance de la guerre, la méchanceté des hommes, 'hypocrisie bourgeoise et le sort ignoble des pauvres. Il rate hélas le Goncourt 1932 mais il s'en fou . Ce sera un illustre inconnu et , lui, il devra se contenter du Renaudot.
Tout le monde sait que Louis Ferdinand, est un grand auteur français du XXe siècle !…qui nous entraine dans un "Voyage initiatique au coeur de la réalité du Monde" .
Ce livre est un véritable "tourner les pages," je ne sais plus comment on appelle la façon d'aller vite dans la lecture ?
le style est fluide, parsemé de phrases qui font réfléchir.
Bon je ne vous dis plus rien , désolé d'avoir été si long mais ce livre sur le désespoir nous devons le lire et le relire . La fin m"a bouleversé, et oui ! .
Lisez le dans le calme sans vous énervez merci!!
Fabiolino
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Je n'ai pas encore lu l'inédit de Céline, et cela m'a donné envie de parler du Voyage. Et surtout de l'auteur.
Le livre d'abord. On en a tout dit. Disons-le et répétons-le, c'est un des grands livres du vingtième siècle. On ne le résumera pas, tout le monde sait plus ou moins de quoi il s'agit, et d'ailleurs l'odyssée de Bardamu parmi les horreurs du temps n'est pas resumable, sauf peut-être en reprenant l'épigraphe : Notre vie est un voyage Dans la brume où loin ne luit " Et bien sûr il y a le style, la "petite musique " comme il disait.
Donc,oui, c'est un chef d'oeuvre. le chef-d'oeuvre de son auteur. D'autant qu'à part ça il n'y a pas grand chose. Déjà Mort à crédit marque une baisse de tension. Et puis rien.
Enfin, si. Il y les pamphlets. Et la question classique : comment l'homme du Voyage a-t-il pu écrire les Pamphlets ?
Mais si la vraie question, c'était : comment l'homme des Pamphlets a-t-il pu écrire le Voyage ? Comme s'emploie à le montrer Pierre-André Taguieff dans "Céline, la race, le Juif" c'est en effet l'antisémitisme des pamphlets qui exprime la nature profonde de l'auteur, qui a toujours été cet homme-la, qu'il est vain de vouloir excuser en évoquant un antisémitisme fantasmé comme l'ont fait certains. Et le reste de l'oeuvre ?'Dans une émission de radio de la fin des années 50, Céline a fait cette confidence surprenante : après Mort à crédit, il n'avait plus grand chose à dire. Et puis sont survenues ses péripéties et ses errances. Alors autant s'en servir !
Quant au résultat, à part quelques méchancetés réjouissantes sur le petit monde de la collaboration en exil à Singmaringen dans D'un château l'autre..
Mais bien sûr c'est un moment de l'histoire littéraire et de l'histoire tout court. Et il faut même rééditer les Pamphlets. La censure est toujours une mauvaise idée et de toute façon on les trouve comme on veut sur le Net.
Et une édition critique, comme celles des Décombres parue il y a quelques années chez Bouquins, serait bienvenue. Même si les lecteurs habituels des Pamphlets ne la liront sans doute pas
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En 1932,dans le Voyage au bout de la nuit,Céline raconte, les aventures d'un homme banal: Bardamu, aux prises avec les dures réalités d'un monde cruel.
Le récit dont le héros est le narrateur est en partie autobiographique.
Il commence par la participation de Bardamu à la guerre de 1914 - 18, peinture à forte tonalité anti - militariste.
Puis la paix revenue, le roman nous emmène avec le héros, dans l'Afrique coloniale:
Céline y montre la corruption et l'atmosphère morbide qui règnent là-bas.
Souvent le récit, très réaliste en apparence bascule dans le rêve , l'imaginaire, voire le délire.
...Bardamu se retrouve sur une galère ( très symbolique ) : au bout du ( provisoire ) voyage,la découverte de l'Amérique.
L'Amérique (voir le beau roman de Kafka ) est, encore alors,un rêve, la patrie du droit et des libertés.
Mais,l'Amérique vraie de Céline est tout autre, c'est la patrie du " business ", des usines ultra - modernes et de la spéculaion. Bardamu découvre le travail à la chaîne, les restaurants " self - service ", le cinéma hollywoodien et surtout, plus terrible qu'ailleurs, la solitude.
"Pour une surprise, c' en fut une !
A travers la brume, c'était tellement étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à y croire et puis tout de même, quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu'on était on s'est mis à bien rigoler, en voyant ça droit devant nous...
Figurez-vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite: New York.
On en avait déjà vu nous, des villes bien sûr et des belles encore, et des ports et des fameux, même.Mais chez nous, elle sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s'allongent sur le paysages,elles attendent le voyageur,tandis que celle - là l'américaine, elle ne se pamait pas, non elle se tenait bien raide à faire peur.
On en a donc rigolé comme des cornichons.ça fait drôle forcément,une ville bâtie en raideur."
Cet extrait donne une assez bonne idée du chef - d'oeuvre de Céline, dont l'écriture va bouleverser la littérature - pas seulement Française - avec ce mélange de trivialité, voire d'argot et d'effets stylistique prémédités.
On notera surtout l'habileté de la narration.Dans ce passage:
- La découverte retardée du "paysage" en contre champ, marque la surprise, dont l'effet cinématographique semble accrue par la brume.
- le passage permanent du réalisme le plus aigü à un monde imaginaire et délirant en apparence, mais qui n'en reflète que mieux la réalité, la vérité profonde des lieux, des êtres, d'une époque.
Ainsi, cette vue de New York jamais descriptive, ouvre sur le symbole et nous montre, avec des effets littéraires subtils, l'univers terrifiant, du monde capitaliste de, son refus de l'accueil, sa dureté, comme si la forme d'une ville annonçait déjà le coeur de ceux qui l'ont bâtie.
Les réactions des galériens sont déroutantes, réactions niaises en apparence d'un public populaire, ce que symbolise, entre autre ," la galère ", devant un monde qui n'est pas fait pour lui. L'Amérique des gratte-ciels, " elle se tenait bien raide " : Image de la dureté protestante, puritaine anglo - saxonne. New York est femme mais glaçante, " pas baisante ", repoussante, car inaccessible à l'image de ces belles blondes hollywoodiennes, que découvrira bientôt Bardamu, dans ses sorties solitaires au cinéma.
Le style Bardamu - Céline épouse ici comme ailleurs les méandres du langage parlé, mais avec tout un travail, parfois caché, de restructuration littéraire.
Céline met le lecteur en état d'arttente permanent.
Pour Céline la suite du roman dont l'action se déroule dans une imprécise banlieue parisienne, aucun doute possible: Dans cette jungle qu'est la ville, l'homme, le citadin est irrémédiablement seul.




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Ecriture d'écorché vif, entre désespoir et rage de vivre, exagérée, saccadée (même s'il peaufinera son style dans les opus suivants) et totalement non conforme aux standards (on imagine le bruit qu'a fait le livre à l'époque). Une approche à la fois très humaine, ouverte sur les autres et très autocentrée sur ses expériences. On sait que l'homme sombrera plus tard dans les travers qu'il dénonce en partie dans ce livre, mais il n'empêche que ce livre a définitivement signé la naissance d'un génie de la littérature.
J'ai lu ce livre pendant mon service militaire et je me le range dans les livres à relire.
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Ce voyage, je l'ai fait voici bientôt quarante ans.
Je pense qu' un jour ou l'autre, je reprendrai cet express halluciné.
Coïncidence, j'ai lu ce bouquin en partie pendant les pauses de mon travail nocturne de l'époque.
Ce voyage, m' a en tout cas donné l'envie de prendre un autre billet pour Mort à crédit...

Fallait-il que Louis-Ferdinand Céline, à l'issue de cette boucherie de 14-18, fut révolté à un point tel qu'il hurla, cracha ce voyage dans une langue et un style que nul ne pourrait oublier!
Comment cet homme, doué d'un don d'écriture et de narration, ne pouvait-il pas et ne devait-il pas crier son désespoir et sa révolte?
Ce besoin vital d'écrire, de témoigner avec son style unique, c'est la marque d'un écrivain.
Cette hargne de Céline, cette folie, c'est celle d'un fauve qui tourne, qui feule, qui rugit dans la cage de ces vingt années de paix ( mais pas d'oubli! ) entre deux horreurs.
Céline s'est laissé aller à commettre des brûlots d'infect anti-sémitisme. C'est dommage. c'est sa part d'ombre, son côté le moins acceptable de "sale bonhomme", de poil à gratter.... Tant pis. le lit qui veut, Céline. Nul n' y est forcé.



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Lire ce livre, c'est voyager, justement, au bout de la nuit.

C'est un texte sombre, difficile à lire, qui demande presque un effort physique à son lecteur. On en sort exsangue, fatigué, épuisé, et souvent, à détester le livre.
On est content d'avoir lu Céline, on a le sentiment du devoir accompli. Voilà, je peux maintenant dire que je l'ai lu pour briller en société ! Cruel sort, pour un livre, que d'être lu par nécessité plus que par plaisir...

Mais le voyage n'est pas fini. Insidieusement, la verve de Céline, son pessimisme s'est caché dans un coin dans votre cerveau, et ressort de temps en temps...On se surprend alors à se souvenir de certains passages, certaines phrases du livre. On pensait l'avoir oublié, mais non. Lire Céline n'est pas une expérience, c'est un traumatisme, le seul traumatisme dont on peut se réjouir.
Le voyage au bout de la nuit est un voyage long et solitaire, car cette nuit, c'est l'infini mis à la portée des caniches....
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Il y a des écrivains que vous saisit l'envie irrépressible de lire à haute voix. Mais je n'évoquerai ici que certains francophones car ils sont, pour moi, si nombreux, ceux qui m'ont fait accéder au Paradis des Mots ... Avec Saint-Simon, l'on grimpe allègrement en voiture et fouette, cocher ! Il faut souvent se cramponner : mais quelle ivresse ! La plus puissante des voitures de course de notre époque n'a ni ce panache, ni cette sûreté dans la course . Avec Chateaubriand , le rythme de l'attelage se fait plus solennel : ce Clacissisme que le duc de Saint-Simon ne respectait déjà plus tout en en admirant l'impeccable ordonnance, le maître de la Vallée-aux-Loups s'en détourne avec noblesse (et de nombreux effets de manche ) pour aborder aux sables, tout aussi aristocratiques, du Romantisme. Ces deux hommes, que vie politique et vie mondaine passionnèrent tant, se complètent en s'opposant mais tous deux maîtrisent, chacun à sa manière, l'art divin du Verbe. le premier écrit peut-être à la diable, comme aimait à le dire, admiratif, le second; et celui-ci appuie un peu plus ses effets. En tous cas, fils de son siècle, il le laisse voir et n'en prend pas ombrage si on le lui fait remarquer.

Avec Proust, le grand bourgeois israélite à la santé fragile (et par ailleurs grand et sincère admirateur du petit duc), la politique s'efface mais la peinture de tout un monde défunt et pourtant à jamais vivant demeure avec, en prime, une vie intérieure supérieurement profonde et décrite non seulement avec superbe mais aussi avec un humour dont trop de gens croient l'auteur incapable alors qu'il y excelle. Des pierres des cathédrales à celles de la maison de la tante Léonie, à Combray, des états d'âme d'un Swan torturé par son amour pour une femme qui lui est si inférieure aux ambiguïtés abyssales d'un baron de Charlus, sans oublier l'omniprésence, à la fois rêveuse et réaliste, on est tenté d'écrire pointilliste, du Narrateur, "A La Recherche du Temps Perdu" reprend le flambeau de la Mémoire (et des "Mémoires") en un style inclassable, qui horripile les béotiens, angoisse plusieurs bataillons de lecteurs persuadés - idée complètement fausse - qu'ils n'ont pas assez d'instruction pour le comprendre, autant qu'il éblouit, qu'il fascine des milliers d'autres, du plus humble au plus gradé sur le plan universitaire.

Et puis vient Céline, le Grand Imprécateur, le Salaud Magnifique, celui pour qui la Vie et la Mort ne font qu'un, celui qui éructe, qui grogne, qui rugit, qui dit et écrit des horreurs, celui aussi que, au détour d'une phrase, vous prend la main avec une tendresse bourrue et vous persuade que, bien sûr qu'il en dit, des saloperies et des vérités aussi grosses que nous, des vraies de vraies, mais que, même si le genre humain est ce qu'il est, c'est-à-dire vraiment pas brillant, puisque lui et vous, vous en faites partie, peut-être qu'en s'y mettant à deux, on finira par lui trouver au moins un petit atome de sens, voire de bonté et même, qui sait, de beauté ...

Le monde, la vie - la Nuit - nous dit Céline, ils sont moches, ils sont vraiment pas jouasses et on a trop souvent envie de dégobiller sur ses chaussures usées quand on les regarde tourbillonner tout autour de soi. Dégobiller ou alors se trotter vite fait, fuir, s'enfuir pour éviter ça, toute cette pourriture en marche qui finira par nous rejoindre jusque dans nos corps - il le sait bien, pardi, lui qui est médecin . Ah ! oui, se montrer bien lâche, bien rat, plonger tête la première dans l'eau immonde des égouts avant que la Fange humaine, qui est encore plus immonde, vous rattrape et vous la plonge de force dedans ... Ne penser qu'à soi, qu'à sauver sa sale peau qui, pourtant, vaut pas bien cher - en admettant qu'elle vaille quelque chose.

Seulement voilà, on a beau être lâche, on a beau se vouloir lâche et salaud jusqu'au bout de ses ongles bien noirs de crasse, voilà qu'on croise aussi, dans ce putain d'univers à la mords-moi-le-noeud, des Bébert condamnés par la Mort on ne sait pas même pourquoi, comme ça, un caprice, parce qu'il a hérité de mauvais gènes, parce qu'il tousse trop, parce que ... Parce que rien, peut-être. Est-ce qu'il faut une raison, pour mourir ? Demandez donc à la Guerre ce qu'elle en pense, elle ...

Et puis, il y a les Molly, si gentilles, si douces, si ... allez, on ose le mot mais n'allez pas répéter qu'on l'a écrit, hein ! n'oubliez pas qu'on est les rois des misanthropes et des misogynes, qu'y a que le "derrière" qui nous intéresse, et encore, comme qui dirait, par hygiène et toujours en se protégeant ... si bonnes, avec un coeur gros comme ça, tellement gros qu'on finit par se dire, émerveillé : "Mais comment que j'ai fait, moi, le minable absolu, celui qui ne vaut rien, pour mériter que ce coeur ait battu pour moi ne fût-ce qu'une seconde ?" (Parce que, rassurez-vous, m'sieurs-dames , on écrit comme on cause mais le français, cette langue unique, incroyable, on la connaît sur le bout de ses imparfaits du subjonctif et on la respecte trop - on l'aime trop mais le criez pas non plus sur les toits, ça ! - pour ne pas s'acharner à la travailler, à en faire une extraordinaire dentelle que vous mettrez des plombes et même des années à vous apercevoir que ça en est, de la dentelle, un lent, un savant labeur sans cesse repris, un peu comme à la Pénélope, voyez, la seule chose vraiment vraie dans votre vie de gueux, de médecin des pauvres, de salaud, de collabo, de fuyard, de prisonnier, de stigmatisé (comme le Christ, la bonne blague parce que, enfin, il était juif, le Christ ! ), d'écrivain, de génie ...

Et puis, y a Robinson Léon. Ah ! celui-là aussi, un fameux salaud mais une si belle gueule d'embrouilles à peindre et à repeindre : profiteur, gigolo, voleur, buveur, fuyard lui aussi, lâche bien sûr, crampon emberniqué, toujours prêt à se coller à vous, y compris quand c'est pour vous balancer dans l'escalier, dans la crypte des momies de la mère Henrouille ! Robinson : rien que le nom, c'est tout un programme. Et puis, à bien y regarder, on dirait un double de celui qui écrit, un double encore plus salaud - et encore plus blasé, et pourtant, ça peut pas être possible. Robinson, qui termine avec deux ou trois balles dans le buffet, tirées par une bonne femme complètement hystérique, le genre de femmes qu'il attirait alors qu'il se donnait un plaisir vache à repousser les filles vraiment gentilles. Ah ! Robinson ! Quand on dit ton nom à tous ceux qui ont lu Céline, naissent de petits sourires entendus, des sourires qui savent (ou qui croient savoir), et puis des airs blasés, les airs de ceux à qui on ne la fait pas.

Oh ! pis, les Henrouille ! Les Henrouille, qu'on allait oublier, bordel ! le fils et la bru ! On a beau s'appeler Céline, on a beau en avoir vu des vertes et des pas mûres, on s'arrête au moins une minute devant cette formidable double mesquinerie en majesté. Pires que deux gisants squelettiques, bien pires que les "momies" que leur mère et belle-mère, la vieille Henrouille, fait visiter à Toulouse avec Robinson après que celui-ci a raté le beau coup monté par le fils et la bru, à savoir ratiboiser la vieille d'un bon coup de pétard en pleine poire ! le fils et la bru Henrouille, ils ne pensent, ils ne causent, ils ne sont qu'argent, fric, oseille, flouze. A ce niveau-là, c'est plus la crainte de manquer, c'est la folie de posséder tout, tout qui les tient, ces deux-là - à commencer par ce qu'a la vieille ... Ah ! si seulement elle acceptait qu'on la mette chez les Bonnes Soeurs ! Mais, bien sûr, elle refuse, la vieille gaupe ! Et le Dr Bardamu n'est pas assez complaisant pour faire le certificat qu'y faudrait ! Et c'est pour ça, M'sieur le Juge ... pardon, Mesdames et Messieurs les Lecteurs, qu'on s'est vu obligés de monter cette affaire avec ce crétin de Robinson, cet affaire qui a si mal tourné ... Et puis après, un malheur ne venant jamais seul, y a le fils qui est mort, lui aussi, comme ça, M'sieur l'Ju ... M'sieur le Lecteur, comme une chandelle qui s'éteint . La malchance, mon bon monsieur, même si le Dr Bardamu, Ferdinand de son prénom - vous connaissez peut-être ? - il a eu de mauvaises pensées comme quoi moi, la bru, la veuve Henrouille désormais, j'aurais ...

Faut bien avouer que, question imagination, le Dr Bardamu, y s'pose un peu là, 'pas, M'sieur le Lecteur ?

N'empêche, y a une chose sur laquelle il a raison, le Dr Bardamu, quand il écrit sous le nom de Céline : le Voyage - au bout de la Nuit, au bout de la Vie - il est sacrément long et mouvementé. Parfois, on croit qu'y se passe rien, que tout est terne, fade, déjà en putréfaction. Et puis on s'aperçoit qu'on a mal vu, que tout grouille de vie et que, si l'asticot nettoie tout bien comme il faut, dans un an, y aura à nouveau de la terre et de la terre pourra surgir ...

... tout ce qu'on voudra.

C'est pour cela, m'sieurs-dames, que Céline, il est génial. Plus noir que lui, plus tordus que ses raisonnements, plus féroce que son humour, plus absurdes que ses "héros" comme son colonel qui attend de se faire tuer, au début du roman, bien en vue sur une route, toute l'armada de passagers de l'Amiral Bragueton (le navire qui l'emmène vers l'Afrique) qui veulent lui faire la peau on ne sait pas trop bien pourquoi d'ailleurs, ces Noirs et ces Blancs de la "Compagnie Pordurière" (goûtez-moi ce mot : c'est du fameux ! ), ce prêtre qui le vend, encore tout paludineux, à des esclavagistes, ces Américains qui finissent par le lasser (même la pauvre Molly qu'il regrettera pourtant), ses Lola, ses Musyne au cul en porte-feuilles, si vous voyez ce qu'on veut dire, toutes ces concierges dans leurs loges écrasées et asphyxiantes, à commencer par la tante du petit Bébert, et ce menu peuple de Rancy à qui Bardamu finit par fausser compagnie en laissant des dettes, et puis ces médecins experts en psychiatrie comme l'ineffable Baryton ou le silencieux Parapine, ancien professeur de l'interne Bardamu, et puis les Henrouille, comme on vous l'a déjà dit, la Sainte-Trinité des Henrouille, le fils, la bru et la mère-belle-mère, et ce Judas de Robinson, planant au-dessus de toutes et de tous, Robinson qui, bien sûr, ne peut être tiré comme un lapin de foire que par une femme qui se prénomme Madelon, comme dans la chanson, cette chanson si célèbre pendant la Grande guerre - cette Grande guerre d'où Bardamu et Céline sont revenus inextricablement unis ... non, c'est dur de faire mieux. Surtout dans ce style inimitable, qu'on savoure comme, oui, je n'hésite pas, moi, à l'écrire, on savoure tous ceux que j'ai cités plus haut - et tous ceux que j'ai oubliés : la Yourcenar des "Mémoires d'Hadrien", le Faulkner des fabuleux premiers romans et tant d'autres ...

Même aussi bien, personne n'a jamais pu. On ne fait pas du Céline : on NAÎT Céline. Pour le meilleur comme pour le pire.

Céline, c'est le Coup de Foudre instantané et l'Allégeance Inconditionnelle.

Ou alors, Céline, c'est celui qui, pour toute une bande d'enragés de la moëlle épinière et d'agités du bocal, ne sera jamais que l'auteur de "Bagatelles pour un Massacre", pamphlet qui, certes, n'ajoute rien à sa gloire. Notez que ces particuliers-là, qui se croient toujours en 45, ils ne savent même pas que Céline a écrit bien d'autres textes et que, en plus, il avait un faible pour les théories de Freud. Oui, m'sieurs-dames, ces cons-là, ils rêvent même aujourd'hui de faire interdire Céline sur tous les rayons de bibliothèques de France - pour commencer.

Vous voyez leur niveau, quoi ? Et y a pas que question mental, chez ces rabougris du cervelet et du coeur : y a aussi toute leur jalousie, toute leur médiocrité, toute leur haine pour une hauteur dans le génie de l'écriture qu'ils n'atteindront jamais.

Alors, puisque, j'en suis certaine , vous n'êtes pas comme ces dictateurs de la pensée, courez vous acheter Céline. En Pléiade, en poche, peu importe, avec les illustrations de Tardi ou pas, peu importe : mais achetez-le, cultivez-le, diffusez-le, chantez-le, éructez-le, déclamez-le ou, plus simplement, lisez-le. ;o)
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Une fulgurance éclatante sur la noirceur humaine.

Si vous ne l'avez pas encore lu, mais hâtez-vous donc de réparer, précipitez-vous, nom d'un Bardamu !
Si c'est déjà fait, c'est bien, mais revenez-y, nom d'un style !

Sur le fond, comme sur la forme, et comme on dit aujourd'hui : ce livre est UNE TUERIE !
Y a pas d'autres mots, en vérité, pour qualifier …
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Qu'écrire de pertinent qui n'ait été déjà dit sur cette oeuvre qui, à ma grande surprise, supplante tout ce que j'ai pu lire auparavant.

Céline l'a assez répété : son oeuvre, c'est le style. Point. Tant pis pour les surinterprétations. Voyage au bout de la nuit n'est pas une oeuvre philosophique, encore moins un enseignement de vie.

Voir à ce sujet cette entrevue : https://www.youtube.com/watch?v=WmL56-cFrz4&t=615s

Ce roman, c'est une sensation. C'est un long frisson de dégoût douloureusement agréable. C'est une douce nausée, une conscience pleine et une sincérité aiguisée comme un rasoir. On n'en sort pas indemne. le style percussif, capable d'encrer la sublîme oralité du langage parlé dans une aventure, un voyage au plus profond du malheur, qu'il soit celui de la guerre, de l'ennui, de la vaine quête de sens et de la fatigue. de ces pérégrinations naissent une poésie malgré elle, un papillon irisé dans le mazout où on ne l'attendait pas. Voyage au bout de la nuit est poétique au delà de tout.

"Je l'avais bien senti, bien des fois, l'amour en réserve. Y'en a énormément. On peut pas dire le contraire. Seulement c'est malheureux qu'ils demeurent si vaches avec tant d'amour en réserve, les gens. Ca ne sort pas, voilà tout. C'est pris en dedans, ça reste en dedans, ça leur sert à rien. Ils en crèvent en dedans, d'amour."

D'autre part, on dit souvent qu'il faut séparer l'oeuvre de l'auteur. "J'aime l'oeuvre de Céline, pas l'Homme nous dit Luchini." Mais bien sûr qu'il se trompe. L'oeuvre et son auteur font corps, quels que soient ses convictions et engagements, ses excès et prises de positions. On ne garde de Céline qu'un aspect que je ne rappellerai pas tant il a été épuisé. Mais on oublie trop souvent qu'il s'agissait d'un médecin qui a soigné les pauvres toute sa vie, recueilli chiens, chats et oiseaux et autre animaux errants, un pacifiste qui refuse la guerre plus que quiconque. Je connais des gens aux propos bien plus apparemment modérés qui ont déclenché, participé ou cautionné des massacres de masses tout sourires, c'est même assez à la mode. Dans un monde où l'opinion est pré-conçue et où on ne s'informe peut-être plus assez par soi-même, il est facile de tomber dans une facilité manichéenne. Notez bien-là que je n'émets aucun avis quant à ses propos polémiques. Il s'agit d'une expérience de l'oeuvre uniquement. Il est juste d'adopter une position modérée et informée, de prendre en compte le bon et le mauvais dans Céline pour en comprendre toute l'essence.

"Je refuse la guerre et tout ce qu'il y a dedans. Je ne la déplore pas moi... Je ne me résigne pas moi...Je la refuse tout net avec tous les hommes qu'elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient ils 995 millions même et moi tout seul, c'est eux qui ont tort et c'est moi qui ai raison car je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir."

Quoiqu'on pense de Céline, on lui doit au moins le respect de ne pas le dissocier de son oeuvre. du reste, il appartient à chacun de se faire son opinion.
Voyage au bout de la nuit est le cri le plus désespérément humain d'un homme battu par la vie. C'est une consciente déchirante de l'absurde en somme, ça me rappelle l'Etranger...

C'est peut-être ça qu'on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir

Si vous ne l'avez pas encore lu, choisissez un moment dans votre vie ou vous ferez le choix d'emprunter ce court chemin au bout de la nuit, dans les tripes, la merde et le vomi, la conscience, l'amour et la vie. Cela changera à coup sûr, la vôtre pour toujours.

"Évidemment Alcide évoluait dans le sublime à son aise et pour ainsi dire familièrement; il tutoyait les anges, ce garçon, et il n'avait l'air de rien. Il avait offert sans presque s'en douter à une petite fille vaguement parente des années de torture, l'annihilement de sa pauvre vie dans cette monotonie torride, sans conditions, sans marchandage, sans intérêt que celui de son bon coeur. Il offrait à cette petite fille lointaine assez de tendresse pour refaire un monde entier et cela ne se voyait pas.
Il s'endormit d'un coup, à la lueur de la bougie. Je finis par me relever pour bien regarder ses traits à la lumière. Il dormait comme tout le monde. Il avait l'air bien ordinaire. Ça serait pourtant pas si bête s'il y avait quelque chose pour distinguer les bons des méchants."
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Je viens de relire le voyage. Ça fait un moment que je voulais m'y coller mais je reportais, je rechignais, j'avais peur d'être déçu. Les amours de jeunesse, on sait comment ça peut tourner, et puis Céline, y a pas à dire, c'était une belle crapule. On n'a pas trop envie de gratter là où ça fait mal. Donc, j'ai pris mon courage à deux mains et j'y suis retourné avec circonspection au début, et puis sans, juste après. Je viens de refermer le livre et ça m'a tellement motivé que j'ai pris mon clavier pour le dire, et même pour le clamer : Il est toujours à la hauteur, à savoir jamais égalé.
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