C’est que le monde est méchant, voyez-vous ! Il promet beaucoup, mais il tient peu. Il sourit par devant, mais grogne souvent par derrière. Or, il doit être dur de lancer sans cesse le filet, sans rien prendre ; de donner toujours sans rien recevoir. Ça n’ira donc pas tout seul. Il y aura plus de soupirs que de compliments. Veillez-vous donc au grain et pas de naufrage !
Puisse-t-il tout au moins se dégager des froides pages où il s’est desséché en de noirs caractères, un parfum qui soit sans amertume et résulter de la lecture de ce volume une impression instructive et bienfaisante !
Hélas ! il ne se publie que trop de livres tristes (comme si la vie ne l’était déjà pas assez !) sans que celui-ci vienne encore en augmenter le nombre. Distraire et instruire, instruire et dis-traire, et distraire sans faire de mal, ni dégoûter des hommes, ni de la vie, n’est-ce pas là ce qui doit être le but et la devise de quiconque écrit et respecte la santé morale et le bon sens de ses lecteurs ?
Et puis, entre deux chants, entendez-vous ce feu roulant de bons mots, de pointes joyeuses, de jolis récits qui pleuvent en miettes charmantes, bonnes à recueillir ?
Eh bien, lecteur, c’est de quelques-uns de ces récits, vers, miettes, chansons, souvenirs, éclos dans l’atmosphère simple du foyer, que les pages de ce livre sont faites.
En les parcourant avec bienveillance, on voudra bien se souvenir du lieu et des moments dans lesquels ils ont été dits.
Peut-être ce modeste bouquet, fait de fleurs rustiques, en rappelant quelques-unes des soirées les plus paisiblement poétiques de nos campagnes romandes, sera-t-il, comme ses prédécesseurs, favorablement accueilli ?
Voisins, voisines, chers amis !
Entre deux nocettes, place pour deux mots !
M’est avis que lorsqu’on se sent dans le cœur trois idées qui vous tarabustent, il faut leur ouvrir la bornette pour les lâcher au grand air, au risque de se faire peut-être taper dessus ou de rester court. Tant pis ! J’ai pris la parole ; daignez m’écouter.