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EAN : 9782889830152
192 pages
Noir sur blanc (07/03/2024)
4.03/5   18 notes
Résumé :
Marc Dumont est un bon époux, un père et un cadre sérieux. Sa vie paisible le satisfait, il s’en est toujours contenté. Avec sa femme, Hélène, et leurs deux enfants - des jumeaux - ils vivent à Saint-Nazaire ; le week-end, ils rejoignent l’île de Noirmoutier. Sur la péninsule, ils font le marché, ramassent des coquillages ; Hélène lit, les enfants jouent sur la plage. Un quotidien marqué par le confort et l’harmonie.

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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce que certaines de mes amies appellent un style plat, pour moi est un qualificatif trop générique. Car ici comme chez l'Iranienne Zoya Pirzad le style “plat” est plutôt une écriture sans fioritures , à l'état dirais-je même brut , qui laisse la place au sujet l'enveloppant d'une atmosphère d'indifférence, de nonchalance , pour en faire une ambiance neutre. le vrai style « plat » est du mauvais, ce qu'on rencontre souvent dans des policiers de gare, des feel-goods style Barbara Cartland. Je préfère ce style dénommé « plat » par certains 😊, à la prose de Coulon et Eric Reinhardt , une prose si élaborée qu'il en devient de l'artificiel, du toc ( Sorry pour les fans, surtout sorry à mon amie Chrystéle 😊). Ici le style « plat » est assez subtil 😊,”À peine avait-il remarqué le léger strabisme qui donnait à son regard une ligne de fuite insaisissable.” La naïveté des titres de chapitres l'accentue , l'aplatissant encore plus à son avantage. Un style proche d'Yves Ravey , l'ironie en moins. Chaillou sème comme lui des indices dès le départ , en italique, des petits mots , symboles des forces occultes à l'intérieur de soi, comme des êtres vivants, impérieuses, indomptées , message de l'histoire 😁.
L'histoire aussi est plate😊. Il y a deux hommes , deux femmes, des jumeaux. Deux couples, un des couples a les jumeaux , l'autre , pas d'enfants. Les deux couples se fréquentent , les jumeaux adorent l'autre couple non parent. Les deux hommes deviennent inséparables….
Chaillou raconte dans la première moitié du livre l'histoire de la perspective d'un seul couple, celui qui a les jumeaux, “Son mari ne voyait plus le monde que par les yeux de ce nouvel ami.” Dans la deuxième moitié partie le récit frôle la perspective du second couple pour retourner au premier. Je ne sais que penser de ce récit qui prétend mesurer, la fragilité des choses, l'équilibre entre les êtres, la forme qu'on donne à son existence, en bref la vulnérabilité de l'être humain. Il se lit d'une traite, par le style, le sujet et une psychologie en fin de compte assez mince et superficielle. Bien qu'il se passe à Noirmoutier, j'ai aussi été moins happée par les descriptions de paysages de la côte Atlantique comparées à celles de “Cezembre” de Gestern. J'attendais quelque chose de plus percutant.
Merci Hélène , merci pour la provoc qui me la fait lire, une lecture que je ne regrette pas, mais j'attendais plus 😊.

« Se perdre. En l'autre se diluer. »
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Amoureux de l'Atlantique, des îles de Ré ou de Noirmoutier, n'avez-vous jamais craint que, sur ces aquarelles qui ont changé ces vues en clichés, le lavis qui en rend les côtes alanguies ne les délave au point de les dissoudre ?

Ces dunes d'où émerge la silhouette heureuse d'une bicyclette, ces volets bleus que l'on ouvre quand sonne l'heure de l'estive, les barques de pêche et les cornets de frites. Bottes en caoutchouc, ciré jaune. Chocolat chaud et embruns authentiques. Vincent Delerm jamais loin. Chatenay-Malabry et pull croisé sur les épaules. C'est pas que je n'aime pas, j'en suis bien trop proche pour dire cela. C'est que ça peut finir par être terne. Terne, affecté et très vide.

Aussi, quand sur les conseils insistants d'une amie, j'ai commencé le goût de la trahison et me suis immergée dans ce petit monde bourgeois en villégiature à Noirmoutier, j'ai vraiment tendu le dos, attendant comme une fatalité les cartes postales égocentrées d'une petite élite donnant à ses minuscules problèmes la résonnance de drames métaphysiques.

Et du terne, il y en a. Une écriture sans aspérité ni effet de manche qui décrit sobrement les occupations de Marc, cadre dans une cimenterie à Saint Nazaire et sa petite famille. Sa femme Hélène, leurs jumeaux et lui profitent d'une petite maison de famille des années 60 pour passer leurs week-ends sur l'île de Noirmoutier. « Leurs week-ends obéissaient à des règles tacites. le samedi matin, Hélène dormait tard. Marc, lui, se levait vers sept heures trente. Il prenait son petit déjeuner dans la cuisine, comme son père avant lui, puis il se rendait à l'Herbaudière pour son entraînement de tennis. » du terne millimétré donc. Dans des chapitres très courts ne laissant jamais place à autre chose que cette narration imparablement classique et ordinaire.

On ne rentrera pas dans la psyché des personnages car eux-mêmes n'y ont pas accès. Au moment de se rencontrer, Marc et Hélène découvrent « qu'ils avaient une façon commune d'envisager la vie. Avec distance, disait Hélène. Sérieux, complétait Marc. Un mélange de rationalité et de lucidité dont ils ignoraient l'origine – pourquoi cette alchimie les constituait -, mais qu'ils acceptaient chacun comme étant leur nature. » Une telle opacité à soi-même dans un univers qui n'attend rien d'autre de vous, c'est un coup à vivre son existence comme une longue et très plate promenade sur une jetée interminable, immensément grise.

L'arrivée à la cimenterie de Paul Delacroix va faire événement. Enfin, façon de parler car il ne s'agit de rien d'autre que d'un nouveau collègue qui, lui aussi, passe ses week-ends à Noirmoutier et, lui aussi, joue au tennis. Ce qui, vues les origines socioculturelles des deux personnages, n'a rien de très disruptif. Voilà donc les deux hommes commencer à se fréquenter, à s'apprécier. Les couples à se recevoir les uns chez les autres.

C'est là que la narration sans relief prend tout son intérêt. S'en tenant à l'énumération factuelle des événements, les chapitres sont réunis dans des sections dont les titres participent à cette platitude assumée : « Paul et Marc étaient devenus amis » et quelques pages plus loin « le samedi matin, ils se retrouvaient à l'entraînement » ou encore « Les mois passaient ». Pas de quoi écrire à la famille, me direz-vous.

Et pourtant, au sein de ce dispositif exagérément morne, c'est à un anéantissement auquel on assistera. Dans toute la violence que contient en soi un tel effondrement renforcée de notre impuissance à atteindre ceux qui le vivent. Tiédeur fade et grise. Pulvérisation. Conventions gentillettes et petitement snobinardes. Effondrement.

Le tour de force de ce roman réside aussi dans ce qu'il n'est pas. On ne verse pas dans le thriller même si certains ressorts y appartiennent. On n'est pas dans l'explication psychologisante qui ruinerait les effets soigneusement mis en place. Il n'y a pas vraiment de morale ni de message à retenir de cette histoire. L'air de pas y toucher, dans un décor de vacances idéales, pour des raisons qui peuvent rester habilement obscures, on est au plus près de l'abime. Et c'est glaçant.

Je ne verrai plus jamais les roses trémières et les façades blanches, les familles égayées à la pêche aux coques, de la même façon désormais.
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Marc et Hélène Dumont et leurs jumeaux mènent une vie confortable et sans histoires, à Saint-Nazaire pendant la semaine, à Noirmoutier le week-end. Un jour, un nouvel employé, Paul Delacroix, arrive dans l'entreprise de Marc. Lorsqu'ils se rendent compte que les deux familles ont chacune une maison à Noirmoutier et que les deux hommes partagent aussi une passion commune pour le tennis, ces derniers se lient d'amitié ; une amitié de plus en plus étroite, avec un lien de dépendance qui semble s'établir entre Marc et Paul… ● le maître mot de ce bref roman me paraît être la délicatesse. le caractère des personnages est finement ciselé. Mais surtout l'évolution des rapports entre Marc et Paul est remarquablement racontée, rendant la lecture addictive alors même qu'il y a très peu d'action. C'est vraiment très bien fait, je recommande ! ● Je remercie #Netgalley et les éditions #NoirSurBlanc de m'avoir permis de lire cet ouvrage.
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J'ai choisi de lire ce livre sans rien en savoir, seulement intriguée par son titre et la fleur de pissenlit figurant sur la couverture et je dois dire que la découverte fut excellente.
Dès les premières pages, je me suis embarquée dans l'histoire douce-amère de Marc Dumont qui voit sa vie et ses certitudes vaciller lors de l'arrivée de Paul dans l'entreprise où il travaille.
Jusque là Marc était heureux auprès d'Hélène, son épouse et de leurs jumeaux.
La famille partageait une vie harmonieuse entre Saint Nazaire en semaine et Noirmoutier le week-end.
C'est à Noirmoutier que Marc et Paul ont la surprise de constater qu'ils occupent des maisons voisines.
Les deux hommes vont devenir inséparables partageant tous leurs loisirs, les sorties en mer, les balades à vélos, seuls ou en famille, les apéritifs et repas partagés.
Au fil du temps, Marc perd sa personnalité, comme envoûté par son ami Paul.
Il le copie dans ses moindres gestes et sa façon de s'habiller. L'avis de Paul est parole d'évangile pour Marc.
L'emprise devient totale au grand dam de son épouse et des jumeaux.

Les personnages sont minutieusement étudiés, ils sont décrits avec cynisme et un soupçon de cruauté, mais tellement de réalisme, qu'ils semblent être là, tout près.
Stéphanie Chaillou décrit des scènes peu ordinaires d'une vie pourtant bien ordinaire qui étonnent et perturbent.

Ce roman est totalement addictif, je ne l'ai pas lâché avant d'avoir le fin mot de cette sombre histoire.
Voilà tout l'art d'une auteure talentueuse qui sait tenir son lecteur en haleine.
Merci aux Editions Noir sur Blanc et à NetGalley qui m'ont permis cette intéressante découverte.
#LeGoûtdelatrahison #NetGalleyFrance


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Marc Dumont, la cinquantaine, ingénieur à St Nazaire, mène une vie harmonieuse, simple et heureuse avec sa femme Hélène et ses jumeaux, Camille et Benjamin. le week-end , ils partent sur l'île de Noirmoutier dans leur maison familiale pour des moments de détente et de bien-être.
Puis Paul rejoint l'entreprise dans laquelle travaille Marc; il est également propriétaire d'une maison à Noirmoutier. le tennis et l'île les rapprochent. S'installe une amitié forte, prenante, dont sont exclues les épouses. Les deux hommes passent tout leur temps libre ensemble. Paul prend l'ascendant sur Marc au point que celui-ci adopte ses idées, ne le contredit pas , s'efface devant lui. Paul finit par se lasser de Marc et de son adoration silencieuse. Ce dernier, qui avait tant investi dans cette relation, s'effondre.
L'auteure décrit avec beaucoup de justesse le processus d'effondrement psychique qui peut suivre un sur-investissement dans une relation amicale à sens unique au point de s'oublier, de ne vivre qu'à travers et pour l'ami(e) (je pense que cela s'applique aussi à une relation amoureuse avec les mêmes caractéristiques).
Description de la trahison ressentie quand on s'est livré sans fard, de l'humiliation, du vide qui s'installe en soi et autour de soi, de la perte de confiance en soi, de la colère qui donne envie de se venger sans passer à l'acte. S'installent alors la dépression, la difficulté de faire face à la vie, la remise en cause de ce qui faisait cette vie : travail, femme, enfants dont on ne voit plus que l'étroitesse et plus la richesse. Puis vient la lente et difficile reconstruction comme si on était devenu dépendant, drogué à l'amitié et qu'il faille s'en sevrer et retrouver le sens des choses.
J'ai lu ce roman d'une traite, saisie par l'opposition entre la vie sans aspérité, l'évidence tranquille du bonheur d'avant Paul et l'intensité du maelstrom que vit Marc avec et après Paul. Ce texte peut parler à chacun d'entre nous, car qui ne s'est pas senti trahi un jour en amitié ou en amour au point d'être saisi de vertige devant le vide?
Un magnifique roman qui m'a parlé et me parlera encore longtemps une fois le livre refermé.
#LeGoûtdelatrahison #NetGalleyFrance
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Quand il commençait à boire, Marc s'abandonnait sans réserve à ce qu'il appelait ensuite ses démons. Des êtres dont il découvrait la présence, cachés en lui depuis toutes ces années, habitants souterrains, anonymes et tenaces. Des êtres furieux et destructeurs, véritables bêtes féroces qui mangeaient sa vie, la dépeçaient, puis la laissaient sur le flanc, vieille carcasse décharnée, inutile et dérisoire, abandonnée.
Son travail. Ses collègues. La cimenterie KERCIM. Le tennis. Hélène. Les enfants. Noirmoutier. Son père, même son père. Rien ni personne n'était épargné. Sa vie entière se trouvait examinée, par les yeux des bêtes sauvages jaugée, évaluée. Car les yeux voyaient tout. Les masques. Les mensonges. Les faux-semblants. Sous leur regard, tout sortait au grand jour, s'étalait dans sa vérité crue. Des réalités que Marc n'avait jamais soupçonnées, jamais pensées, dans son petit cerveau d'ingénieur jamais osé s'avouer. Le moche. Le sale. Le petit. Le riquiqui. La ridicule petitesse de sa vie. L'étroitesse de ses rêves. La finitude de ses envies. Ses aspirations faibles.
Marc Dumont s'abandonnait aux bêtes voraces... et c'était sa vie entière qui y passait. Toute sa vie qui s'en allait dans une grande débandade, une grande fête à Neuneu. Le carnage était entier.
(pp.143-144)
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Rien ne durait. C'était idiot. Mais il ne l'avait compris que maintenant. A plus de cinquante ans. Il lui avait fallu vivre cette histoire étrange pour mesurer combien les choses étaient fragiles, l'équilibre entre les êtres, la forme que l'on donne à son existence. Trop longtemps il avait vécu en aveugle, comme enfermé en lui-même. Prisonnier de ses peurs et de ses croyances, réduit à une compréhension limitée du monde. Il découvrait que tout était beaucoup plus complexe. beaucoup plus trouble. Lui-même était vulnérable. Dominé par des forces souterraines dont il ignorait jusqu'à l'existence. Des forces comme des êtres vivants à l'intérieur de lui. Impérieuses. Indomptées. Aussi, il lui semblait qu'il ne savait plus rien. Que tout était possible.
(p.182)
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