Le speech : Georges doit tenir la promesse faite à son ami greco-juif, se rendre à Beyrouth au centre du conflit libanais pour donner une bulle d'oxygène à cette guerre en mettant en scène Antigone d'Anouilh. Le défi est de taille, associer un Créon chrétien face à une Antigone palestinienne, promise à un Druze et entourés d'acteurs chiites, maronites, ... Idée idéaliste, utopique mais qui, malgré tout prend tournure jusqu'au bombardement lors de leur répétition.
Le quatrième mur est cet espace imaginaire entre les spectateurs et les comédiens : on regarde ce qui se passe sans pouvoir y intervenir. Notre narrateur Georges va se laisser dépasser par son rôle de metteur en scène et acteur. Comment monter une pièce de de théâtre au coeur d'un conflit multi-religieux et culturels sans franchir ce quatrième mur ?
Au départ, on se demande "Pourquoi Antigone ?" et au fur et à mesure on se dit "mais bien sûr Antigone ! Aucune autre pièce qu'Antigone !". Pour ses idéaux, pour son orgueil, pour cette quête de paix quitte à passer par des sacrifices.
Ce livre est une tragédie, au sens théâtral, tout comme Antigone. Chaque chapitre représente un personnage de cette histoire et ainsi, tous ont un rôle important dans le défi de Georges mais également dans sa construction personnelle et l'histoire qui se joue en lui. et comme toute tragédie, le destin est décidé à l'avance, il y a des cris, des pleurs, des idéologies et amours à défense et inévitablement la mort.
Ce livre est un bouleversement émotionnel, d'autant plus que cette zone et les intérêts sont toujours et encore sous tension (Liban, Syrie, Palestine, Israel...).
On croise les sentiments d'amitié, de fraternité, d'amour, d'honneur, de patrie, d'idéalisme et bien évidemment, les massacres, les viols, les tortures, les vies brisées physiquement et mentalement.
Au départ, je me disais que j'étais loin de connaitre tous les enjeux de cette guerre, qui est légitime, qui ne l'est pas ? qui est le bourreau, qui est la victime ? Au final, il n'y a pas de bons ni de gentils, il n'y a que l'appartenance à sa Terre et la défendre ou la conquérir, coûte que coûte.
Personne n'apprend du chagrin, des douleurs. La guerre entraîne la guerre.
Dans Antigone, notre tragédienne dit que le plus difficile est de dire NON, alors l'histoire se répète encore et encore, avec d'autres protagonistes, d'autres lieux, ...
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