AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,27

sur 3172 notes
J'aurais du me douter qu'en ayant pour trame de fond la tragédie Antigone d'Anouilh, ce livre allait me bouleverser... A chaque Chalandon que je lis, je me surprend à ralentir mon rythme de lecture pour ne pas finir trop vite !
C'est très difficile de faire une critique d'un livre qui vous bouleverse autant.

Le Liban : je connaissais évidemment un peu, mais en fait pas du tout. Pour moi la guerre opposait un camp à un autre, ici c'est beaucoup plus complexe tant de communautés différentes y vive. Georges non plus ne connaissait pas le Liban sauf ce qu'il lisait dans les journaux et pour exhausser le souhait de son ami malade il va tenter de faire jouer Antigone au milieu de cette guerre, en prenant un acteur de chaque communauté. Le but : voler un instant de paix grâce au théâtre. Malheureusement la guerre s’immisce dans cette belle entreprise.

Chalandon est un ancien journaliste de guerre et cela se ressent dans ses descriptions, sa manière de parler des massacres, des combats...Il nous fait ressentir des choses que les photos ou vidéos ne font pas.

A lire, vraiment ! Ce livre a reçu le prix Goncourt des Lycéens, cela m'étonne à chaque fois que je lis un livre ayant reçu ce prix de constater qu'ils sont aussi exigeants (et surement plus objectifs) que leur "pairs" du Goncourt général.

CHALLENGE ATOUT-PRIX 2015-2016
CHALLENGE VARIETES 2015 - Un livre dont le titre contient un nombre
Commenter  J’apprécie          250
J'entre par ce quatrième mur sur la scène littéraire de Sorj Chalandon. Sur la pointe des pieds, je fais le tour des personnages qui s'agitent sur la scène parisienne : Georges, l'anarchiste militant de toutes les manifestations, son ami Samuel immigré politique grec et tous leurs camarades. L'engagement est pour Georges la valeur fondamentale de son existence. Lorsqu'il se marie et devient père, il décide de s'écarter du devant de la scène de toutes les luttes politiques et sociales qui l'animaient jusqu'alors. C'est sans compter son ami Samuel. Celui qui l'épaule et qu'il admire depuis toujours est en train de mourir d'un cancer. Ne pouvant laisser son projet d'une vie inachevé, il demande l'aide de Georges qui devra le concrétiser et le mener à terme à sa place : monter l'Antigone d'Anouilh sur une scène de décombres et de larmes, celle de Beyrouth en 1982 quand les affrontements entre palestiniens, druzes, chrétiens, chiite et chaldéens font rage. Cette tragédie sera l'écho de toutes les tragédies, celle de tous les pays en guerre, celle de tous les civils pris en étau et devenus cibles des armées en présence. Elle réunira sur la ligne de front pour une seule représentation un comédien issu de chacune des armées qui s'affrontent dans ce théâtre de guerre au Liban. Contre tout sens commun, portant sa naïveté et sa colère en étendard, Georges le jeune metteur en scène s'engage à coeur et à corps perdu dans ce projet insensé. La vraie guerre, celle qui tue, qui désarme l'âme, qui met à nu le coeur et la chair de l'homme va terrasser tous les idéaux de Georges. Toutes ses certitudes vont s'embourber dans cette terre libanaise gorgée du sang des victimes de massacres perpétrés sans relâche par tous les camps. Comment rester de marbre à la lecture d'une telle oeuvre qui même si elle se réclame « de fiction » dresse les oripeaux de toutes les victimes innocentes de ces tragédies bien réelles : celles du massacre des camps de Sabra et Chatila que Sorj Chalandon a couvert en tant que journaliste au moment des faits. Impossible de ne pas entendre la voix du jeune reporter dans celle de Georges, sa sidération devant toutes ces horreurs. C'est comme si dans ce roman, au sein même de la fiction, Sorj Chalendon pouvait enfin expurger tout le mal qu'il a côtoyé alors, vomir tout le poison que la guerre lui avait fait alors avaler de force. La tragédie se déroule sous nos yeux, sans surprise, ceux qui doivent mourir, meurent, comme annoncer dans le prologue d'Anouilh. Mais de cette noirceur, le lecteur ne retient qu'une incroyable lumière, celle de la vie qui impose ses droits même dans les recoins les plus sombres du monde et telle un petit bourgeon de printemps pousse malgré tout sur un talus de décombres. Une écriture dont la puissance nous emporte tel le souffle d'une bombe explosant dans la rue à côté. J'en ressors éprouvée, pantelante mais riche d'une vérité essentielle : l'écriture donne sens, ouvre l'esprit à la réflexion profonde, fait entendre sagesse et différence. Elle est exutoire et thérapeutique. Et surtout, elle nous ramène humblement à notre place, celle d'un acteur-spectateur emporté malgré lui au sein d'un théâtre dont il ne peut maîtriser les rouages.
Commenter  J’apprécie          249
Un électrochoc, voilà ce que ce livre a provoqué en moi...
J'ai 52 ans, c'est le livre le plus violent qu'il m'ait été donné de lire. le plus bouleversant aussi.
Je viens de le refermer, j'en suis encore toute chancelante...

Quand vous tournez la première page, vous dégoupillez une grenade.
Au début, la tension monte, monte, monte... puis BOUM les mots vous sautent à la figure. Je m'imaginais la guerre, ici je crois l'avoir presque ressentie dans ma chair.
Heureusement des moments de poésie et d'humanité se mêlent à l'horreur dans ce roman déchirant, sinon ce serait indigeste.
Si j'avais pu, j'aurais donné 6 étoiles.
Bravo Monsieur Chalandon, vous avez un talent rare.
Commenter  J’apprécie          242
Le speech : Georges doit tenir la promesse faite à son ami greco-juif, se rendre à Beyrouth au centre du conflit libanais pour donner une bulle d'oxygène à cette guerre en mettant en scène Antigone d'Anouilh. Le défi est de taille, associer un Créon chrétien face à une Antigone palestinienne, promise à un Druze et entourés d'acteurs chiites, maronites, ... Idée idéaliste, utopique mais qui, malgré tout prend tournure jusqu'au bombardement lors de leur répétition.

Le quatrième mur est cet espace imaginaire entre les spectateurs et les comédiens : on regarde ce qui se passe sans pouvoir y intervenir. Notre narrateur Georges va se laisser dépasser par son rôle de metteur en scène et acteur. Comment monter une pièce de de théâtre au coeur d'un conflit multi-religieux et culturels sans franchir ce quatrième mur ?

Au départ, on se demande "Pourquoi Antigone ?" et au fur et à mesure on se dit "mais bien sûr Antigone ! Aucune autre pièce qu'Antigone !". Pour ses idéaux, pour son orgueil, pour cette quête de paix quitte à passer par des sacrifices.

Ce livre est une tragédie, au sens théâtral, tout comme Antigone. Chaque chapitre représente un personnage de cette histoire et ainsi, tous ont un rôle important dans le défi de Georges mais également dans sa construction personnelle et l'histoire qui se joue en lui. et comme toute tragédie, le destin est décidé à l'avance, il y a des cris, des pleurs, des idéologies et amours à défense et inévitablement la mort.

Ce livre est un bouleversement émotionnel, d'autant plus que cette zone et les intérêts sont toujours et encore sous tension (Liban, Syrie, Palestine, Israel...).
On croise les sentiments d'amitié, de fraternité, d'amour, d'honneur, de patrie, d'idéalisme et bien évidemment, les massacres, les viols, les tortures, les vies brisées physiquement et mentalement.

Au départ, je me disais que j'étais loin de connaitre tous les enjeux de cette guerre, qui est légitime, qui ne l'est pas ? qui est le bourreau, qui est la victime ? Au final, il n'y a pas de bons ni de gentils, il n'y a que l'appartenance à sa Terre et la défendre ou la conquérir, coûte que coûte.

Personne n'apprend du chagrin, des douleurs. La guerre entraîne la guerre.

Dans Antigone, notre tragédienne dit que le plus difficile est de dire NON, alors l'histoire se répète encore et encore, avec d'autres protagonistes, d'autres lieux, ...
Lien : http://chezsabisab.blogspot...
Commenter  J’apprécie          240
Début des années 1980. Israël fait la guerre au Liban. Samuel et Georges, metteurs en scène tous les deux, se sont connus et se sont liés d'amitié une dizaine d'années auparavant. Sam, le réfugié juif et grec, a pour projet de réunir sur une même scène à Beyrouth des acteurs de confession religieuse différente. Au quotidien, leurs groupes ethniques s'affrontent en ennemis. Lorsque Sam tombe gravement malade, il demande à Georges de mettre en scène l"Antigone d'Anouilh. Dans la capitale libanaise, Georges rencontre les acteurs druzes, musulmans sunnites et chiites, chrétiens. Mais il est aussi confronté à la violence et au caractère impitoyable de la guerre, Ce roman témoigne avec force de la peur et des déchainements provoqués par un conflit armé.
Commenter  J’apprécie          240
C'est le premier livre de Sorj Chalandon que j'ai lu. Après je suis partie à rebours dans son oeuvre avec les romans irlandais. Dans cet opus, il nous raconte comment un homme peut mettre en oeuvre le rêve d'un autre auquel il est lié par un métier et une histoire commune. Samuel qui a fait tous les combats de libération du 20 ème siècle, s'éteint dans un hôpital parisien, sans renoncer à lutter pour la paix et la fraternité. le challenge qui est de monter Antigone de Jean Anouilh, à Beyrouth à feu et à sang avec des comédiens amateurs issus de toutes les communautés s'avère plus compliqué qu'il n'y parait. Les bombes tombent de partout, et viennent de tous les camps. Qui est Antigone? c'est celle qui au nom d'une éthique supérieure à tout, brave la loi édictée par le roi. Elle donne malgré le danger, à son frère une sépulture digne. C'est la rebelle qui se sait condamnée, mais le devoir à accomplir est plus fort que la mort. le style de Chalandon nous emporte dans les répétitions de la pièce, il nous prend vraiment au dépourvu avec l'évocation des massacres de Sabra et Chatila. C'est réellement à pleurer, et j'ai pleuré. Un roman qui mérite toutes les récompenses qu'il a reçues.
Commenter  J’apprécie          240
Ce roman se déroule dans les années 1980, à Paris et Beyrouth.
Le «quatrième mur» est un terme qui désigne, au théâtre, le « mur » invisible que construit inconsciemment l'acteur qui joue entre la scène et le public, et qui le protège. Il maintient l'illusion théâtrale, et l'acteur brise ainsi le quatrième mur et l'illusion théâtrale lorsqu'il s'adresse au public.
Son ami Sam, Samuel Akounis, pacifiste Grec, juif dont la famille a péri en déportation et réfugié à Paris lors de la dictature des colonels, metteur en scène au théâtre est hospitalisé en phase terminale d'un cancer. Sam avait un projet utopique : monter "Antigone", la pièce de Jean Anouilh à Beyrouth en guerre, pour rassembler des acteurs issus des différentes factions politiques et religieuses impliquées dans le conflit. Il demande à Georges de réaliser ce projet à sa place.
Georges laisse alors Aurore, sa femme, et Louise, sa petite fille, pour partir au Liban, en pleine guerre. A Beyrouth il va rencontrer les acteurs d'Antigone, sélectionnés par Sam : druze, chiites, sunnites, palestiniens, chrétiens, et va aussi découvrir les atrocités de la guerre.
J'avoue ne pas comprendre grand chose à ce qui s'est passé au Liban : guerre civile complexe, massacres de Damour, puis de Sabra et Chatila, intervention militaire israélienne de 1982. La haine mène la danse. Les scènes sont dures, parfois insoutenables.
Le projet de jouer "Antigone" qui choisit de se sacrifier, de renoncer à la vie pour dénoncer une injustice, m'a paru complètement fou mais ces 2 heures de paix auraient pu se multiplier.
La folie qui s'empare de Georges, plongé dans la guerre et incapable de retrouver la paix, est traitée avec beaucoup de réalisme.
L'écriture est superbe, avec des phrases courtes et percutantes, qui placent le lecteur au sein du conflit, entre les tirs, les explosions, les massacres.
J'ai aimé le personnage de Sam qui prône la non violence, le Docteur Cohen qui le soigne.
C'est un livre que je n'oublierai pas.
Lien : https://www.unebonnenouvelle..
Commenter  J’apprécie          235
Et boum…..
Je viens de me prendre le quatrième mur en pleine face.
Ce mur invisible, celui qui au théâtre sépare les acteurs et le public, celui qui sépare le jeu et la réalité.
Georges né peu de temps après la fin de la guerre, orphelin de mère dès sa plus tendre enfance, sera de tous les combats militants des étudiants de gauche de la fin des années 60 jusqu'au début des années 80.
Il n'hésite pas non seulement à aller manifester pour toutes les causes comme l'opposition à l'extrême-droite, les droits des Palestiniens vis-à-vis d'Israël, mais aussi à distribuer des coups quand il faut.
Et des coups il en prend aussi, son corps et surtout son genou s'en souviennent douloureusement.
En ce début des années 80 après avoir vu la gauche prendre le pouvoir en France, Georges rentre dans les rangs de ces jeunes pères de famille trentenaire qui ont maintenant des responsabilités et une marmite à faire bouillir.
Mais c'est sans compter sur son amitié indéfectible pour Sam rencontré quelques années plus tôt dans les grandes heures de son militantisme.
Samuel, dit Sam, juif grec dont toute la famille a été déportée pendant la guerre, qui a été lui-même été un meneur du soulèvement contre les Colonels de la dictature grecque, qui aujourd'hui se meurt dans un hôpital parisien.
Mais Sam avait un projet, un grand projet : jouer Antigone de Anouilh à Beyrouth avec des acteurs issus de toutes les communautés du pays.
Sam va donc charger Georges de reprendre à son compte la mise en scène de la pièce.
C'est ainsi que Georges arrivera à Beyrouth au plus fort de la guerre.
Un livre fort, percutant, dont vous ne sortez pas indemne.
Commenter  J’apprécie          230
A Paris, l'ami, le frère, Samuel Aroukis, Grec et juif, metteur en scène de théâtre veut réaliser son rêve fou : monter Antigone d'Anouilh le long de la ligne verte de Beyrouth, avec des acteurs chrétiens maronites, Palestiniens sunnites, chiites, Druzes. Il a réussi à réunir une troupe invraisemblable, chaque camp de la guerre qui fait rage au Liban est représenté. Mais il tombe malade et charge Georges, l'ancien mao de 68, l'homme de théâtre libertaire, de mener son rêve au bout. C'est une vraie course contre la montre, contre la mort de Sam, contre la guerre qui jaillit de partout dans ce Liban déchiré, torturé, éviscéré, violé, où vivre ne signifie presque plus rien. Mais Georges est décidé : malgré sa femme Aurore et leur fille Louise, laissées en France et dont l'image le torture de remords, malgré les atrocités vues au camp de Chatila et ceux évoqués de Damour, malgré la méfiance au sein de la troupe improbable d'acteurs-ennemis, acteurs-frères humains cependant, il jouera l'Antigone d'Anouilh le 1er octobre 1982. Il le faut, au nom du souffle de la vie qui unit ces ennemis malgré eux, au nom de l'humanité encore défendable, au nom de l'espoir d'un autre futur.

Il y aura même une ouvreuse ! « Une ouvreuse. J'ai pensé à Victor Hugo récité par un assassin. A l'absurdité de la guerre. Nous allions jouer Anouilh écrasés par les ruines, avec une ouvreuse qui prendrait soin de nous. Qui accueillerait le spectateur à la porte. le conduirait à sa place entre les pierres meurtries, les douilles et le verre brisé. »

Quelle connerie la guerre...disait Prévert.

Ce livre est d'une beauté absolue, d'une écriture magnifique, à arracher des larmes au plus sec des lecteurs. La pièce d'Anouilh trouve ici un écho dramatique, d'une humanité bouleversante qui obligera à une relecture des phrases de Créon, d'Antigone, de Hémon, du Choeur. Ici, personne ne juge, personne n'accuse ni ne soutient, sauf à prendre fait et cause pour la douleur humaine, contre l'horreur du massacre. Tous sont regardés comme des frères en humanité, tous sont plaints, de quelque bord qu'ils soient.

Une belle plume. Un grand livre.
Commenter  J’apprécie          238
J'aime beaucoup Sorj Chalandon (comme tout le monde, j'ai envie de dire), assez en tout cas pour avoir versé une larme sur "Le jour d'avant".
Ici pourtant, malgré un sujet irrésistible, je suis restée un peu de côté. La faute je crois à un surcroît d'effets appuyés, de sentiments très (trop?) marqués, au point que le narrateur finit par être légèrement exaspérant. J'ai pourtant bien en tête que l'auteur part d'un vrai vécu, mais malgré tout le respect que l'on doit à l'expérience de ceux qui savent, je ne suis pas arrivée à poser que cela excusait tout.
Après la lecture cependant, il reste sur la rétine et dans le coeur cette très belle histoire d'aventure théâtrale commune entre ennemis réconciliés sur les ruines de Beyrouth, qui résonne d'autant plus fortement aujourd'hui que ce pays peine à se relever d'un nouveau coup particulièrement funeste.
Commenter  J’apprécie          230





Lecteurs (6715) Voir plus



Quiz Voir plus

Le quatrième mur

Quel rôle joue Imane dans Antigone ?

La nourrice
Elle ne joue pas
Le choeur
Antigone

11 questions
422 lecteurs ont répondu
Thème : Le Quatrième Mur de Sorj ChalandonCréer un quiz sur ce livre

{* *}