Au vu de la note que j'ai attribuée à ce roman, est-ce la peine que je précise ne pas l'avoir aimé ?
J'avoue que si je ne l'avais pas reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique - et j'en remercie Babelio et les Éditions L'Harmattan -, je ne serais peut-être pas allé au bout.
Sur la base d'une intrigue concernant la mort mystérieuse en 1913 de Rudolf Diesel, l'inventeur du moteur portant son nom, nous avons droit à une succession ininterrompue de discussions particulièrement savantes sur des sujets divers et variés, ayant tout de même un certain lien avec le polar.
Ce livre est très bavard, avec peu ou pas d'action et beaucoup de verbiage, et je reconnais avoir été désagréablement surpris d'un tel roman dans une collection « Noir ». Il faut cependant reconnaître une érudition certaine démontrée par
Paul de Man, le personnage principal, qui fait d'ailleurs dire à Beaulieu son assistant : « Quant à ses interlocuteurs, il devait être en possession d'une bonne culture générale pour digérer cette gigantesque consommation de savoir », affirmation qui peut s'appliquer également au lecteur.
Cet étrange « docteur ès crimes » se targue d'avoir résolu l'énigme de l'assassinat de JFK et de quelqu
es autres, sans avoir quitté ses pénates, grâce à l'utilisation de moyens technologiques, plus spécialement informatiques, permettant d'analyser judicieusement tout un ensemble d'éléments disponibles pour en extraire des informations capitales.
Citations et références émaillent ce qui ressemble à s'y méprendre à des conférences. L'auteur cite par exemple sur la seule page 74,
Marguerite Duras,
Philip Kerr et Wittgenstein, avec la chance pour moi d'en connaître au moins deux – je vous laisse trouver celui qui a échappé à mes connaissances -, alors qu'un peu plus loin apparaissent les noms de
Karl Popper,
Owen Jones et Morris Hoffman, me laissant là avec un score équivalant à un zéro pointé.
J'ai dû faire preuve d'une grande concentration pour retirer quelques éléments intéressants - car il y en a forcément dans la somme qui constitue le récit -, ayant renoncé en revanche assez vite à suivre un fil conducteur. J'ajoute que le nombre important de coquilles ne simplifie pas une tâche déjà ardue à la base.
Deux affirmations m'ont particulièrement interpellé. La première : « Les phrases qui possèdent un sens sont uniquement celles qui décrivent des faits, des événements ayant eu lieu ». Je me suis demandé jusqu'à quel point l'auteur ne faisait pas preuve de dérision, dans un récit policier où les événements manquent aussi cruellement. Et la deuxième, une nouvelle fois placée dans la bouche de l'assistant : « Il glissait d'un sujet à l'autre avec une aisance démoniaque », qui me semble parfaitement définir
Paul de Man.
Pour adoucir un peu mon propos, je reconnais que lorsque
Paul de Man se décide à s'intéresser au sort du malheureux Rudolf Diesel, dont il est chargé depuis le début d'expliquer la mort mystérieuse, ses méthodes d'investigation originales ont nettement, mais un peu tard, fait remonter mon intérêt.
Il y a certainement un lectorat pour ce genre de littérature policière que l'éditeur qualifie de roman-essai, mais je n'en fais pas partie.