LE FRANÇAIS VU DU CIEL par
Marion Charreau (Editions le Robert)
Dans quel siècle sommes-nous ? C'est la question que je me suis posée en abordant l'ouvrage de
Marion Charreau, qui n'est pas sans nous rappeler le code graphique souvent utilisé pour ‘
Le petit prince ‘ de A. de
Saint-Exupéry. Cet aspect vieillot, naïf, ce choix délibéré de couleurs mates est déconcertant à l'ère des nouvelles technologies, des jeux vidéo et n'est pas particulièrement jouissif. Par ailleurs, il faut souvent se référer au sommaire pour savoir où l'on est. le manque de visibilité est renforcé par la densité des informations fournies par l'auteur, qui nous offre là, malgré tout, une somme de travail colossale. Certaines cartes mentales sont particulièrement difficiles à appréhender, notamment celle de la « roue du temps » (page 27).
Comment fait un apprenant étranger pour cerner les informations délivrées dans ce livre ? L'approche me parait trop franco-française. Ma première impression a été de me dire : « encore un livre conçu par des Français qui forment « à l'ancienne ». Après des années d'enseignement, je suis arrivée à la conclusion que la grammaire et la syntaxe sont plus accessibles pour un étudiant quand elles sont présentées par un non-natif, qui en a fait lui/elle-même l'apprentissage et donc, par son vécu, sait où le bât blesse ..et qui peut apporter la perspective de l'apprenant, qui me semble faire défaut ici. J'aurais aimé voir la questions suivante : Que souhaites-tu dire » ? La réponse à ta question se trouve page…
Pourquoi ne pas commencer par les mots migrateurs et les apports ? Pour rendre l'apprentissage de notre langue plus proche des apprenants, qui peuvent rencontrer des mots lui rappelant sa langue à lui/elle, et de ce fait, lui montrer que le français n'est pas une île perdue au milieu de l'océan, que notre langue a des cousines, des soeurs, des voisines dont nous sommes fiers et qui ont contribué à sa richesse.
Un jeune qui parle à un poisson ? A quel public s'adresse cet ouvrage ? Un public peu éduqué (selon les normes françaises), peu féru de grammaire, aura du mail à utiliser ces informations sans aide. Les termes utilisés par l'auteur sont trop éloignés de leur apprentissage et de leur usage. Il me semble que
Marion Charreau s'adresse à un public qui maîtrise bien les concepts grammaticaux du français.
Qu'est-ce qu'un pronom tonique, un verbe transitif, un complément d'objet direct, pour ne donner que quelques exemples ? Idem, pour la carte mentale sur le genre des noms, seul un constat y est dressé, j'aurais aimé voir un peu d'étymologie, de comparaisons, de petits « trucs » qui facilitent le travail de mémoire.
Quid du niveau de langue, page 37 ? Monde sans cesse renouvelé, en quête d'actualisation constante et de point d'ancrage. le vocabulaire, les expressions idiomatiques sont différentes selon le locuteur, son âge, sa région d'origine, l'impact des nouvelles technologies avec ses emprunts anglicistes notamment..
Pour conclure ? Un travail titanesque, une description physique des aspects grammaticaux et syntaxiques de notre langue qui mériterait d'être présentée en fonction d'objectifs pédagogiques.
Si tu veux être capable de dire ton nom, ta nationalité, être capable de parler au passé, de rêver, d'imaginer, d'exprimer tes émotions, des sentiments, voici comment il faut le faire. Je doute que savoir reconnaître un verbe transitif soit très utile…..
Le français vu sous forme de cartes mentales, à quelle fin ? pour qui ? pas « user-friendly », sorry !
Cependant,
Marion Charreau a fait preuve de beaucoup d'assiduité et de rigueur dans la production de son ouvrage. La somme de travail fourni est remarquable.